Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006 |
b) Un facteur psychologiqueLe second facteur mentionné par Le Monde est le facteur psychologique, la maladie serait liée à un problème d'ordre personnel. En 1994, le discours de la journaliste n'avance qu'une seule cause de l'anorexique : la volonté propre de l'adolescente. Ainsi, le terme « volonté » revient à plusieurs reprises dans l'article : « volonté de fille de fer », « volonté effrayante », et « volonté de puissance absolue sur soi-même ». L'adolescente devient anorexique suite à sa décision de « ne plus jamais avoir faim »411(*). Ces citations nous mettent en présence d'un cas de figure particulier où l'actant sujet est son propre destinateur, l'adolescente décide par sa propre volonté de ne plus manger. Cependant, nous pouvons souligner qu'il est rare qu'une adolescente devienne anorexique seulement parce qu'elle a voulu arrêter de manger. Il y a souvent d'autres facteurs dont elle n'est pas toujours conscience qui se sont combinés et ont contribué à déclencher la maladie. Il faut préciser que le sujet de cet article n'est pas réellement l'anorexie mais un livre autobiographique dont l'auteur a été anorexique. La journaliste qui rend compte de cet ouvrage précise qu'il est normalement interdit d'écrire sur le livre d'un collaborateur du `Monde des livres' mais qu'elle a eu un coup de coeur. Nous pouvons considérer qu'au-delà de son opinion personnelle, c'est l'opinion du journal qu'elle nous livre. Dans un autre article, P. Jeammet, un expert, « souligne » que la maladie se déclencherait chez les personnes qui ont une « vulnérabilité de fond »412(*), donc fragiles psychologiquement. Le facteur déclencheur serait d'ordre personnel. Le verbe introducteur traduit le jugement du quotidien qui approuve cette hypothèse. Si Le Monde privilégie la cause familiale de l'anorexie et la cause psychologique, il est intéressant de noter qu'aucun discours ne fait référence à l'origine polyfactorielle de la maladie, pourtant reconnue par la sphère médicale. De plus, le journal exclut de ses propos l'hypothèse d'un facteur génétique. L'influence socioculturelle est quant à elle évoquée de façon ambiguë. En effet, si le quotidien mentionne bien « la dictature de la minceur »413(*) dans le titre d'un article, c'est de la « petite anorexie » dont il est question et non de l'anorexie mentale. Aucun indice ne permet de savoir si le journal envisage que cette dictature de la minceur soit aussi la cause de l'anorexie mentale. * 411 Le Monde, 4 février 1994, p. 3. * 412 Le Monde, 2 avril 1998, p. 30. * 413 Le Monde, 22 novembre 2003, p. 26. |
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