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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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c) L'hospitalisation, une question importante même dans la rubrique Littérature

Il est intéressant de noter qu'à deux reprises La Croix utilise cette rubrique pour présenter un livre sur l'anorexie, ce qui en soi n'est pas particulièrement original puisque d'autres quotidiens le font également. Ce qui est plus spécifique, c'est que les livres présentés sont destinés aux parents et ont pour thème l'hospitalisation. Par exemple, dans l'article consacré au livre de P. Jeammet, Anorexie, boulimie, les paradoxes de l'adolescence, le journal centre son attention sur le « chapitre consacré au traitement » et précise que l'auteur aborde « longuement le rôle des parents, ces `alliés du traitement' et tout l'intérêt des groupes de parents qu'il a mis en place, dans son service il y a 25 ans ». Le quotidien précise que P. Jeammet « s'explique sur la nécessité, parfois, de séparer l'anorexique de sa famille lors de l'hospitalisation »647(*). Nous pouvons noter que cette critique insiste sur la collaboration des parents dans la démarche thérapeutique et minimise le recours à la séparation familiale qui est « parfois » nécessaire. Or, P. Jeammet est un fervent défenseur de la séparation d'avec la famille qu'il pratique dans son service, ce qui n'exclut pas l'association des parents au traitement.

Dans cette même rubrique, le quotidien mentionne de la parution d'un livre intitulé Comment vivre avec une anorexique ? et le présente comme un ouvrage destiné à répondre aux questions des parents. « Comment identifier la maladie ? Quels soins existent-ils ? Que faire pour l'aider ? Faut-il l'hospitaliser ? »648(*) : toutes ces interrogations sont celles des parents qui sont confrontés à la maladie mais ce sont aussi les préoccupations du journal auxquelles il essaie d'apporter des solutions dans les articles qu'il publie.

d) La guérison et la prévention

Les discours donnent peu d'indications sur l'espoir de guérison. Un expert affirme que « les deux tiers des patientes anorexiques guérissent de façon satisfaisante »649(*) et un autre souligne qu' « il apparaît nettement en tout cas que la probabilité de guérison est plus élevée lorsque le trouble est détecté précocement »650(*). Nous pouvons souligner que le journal ne parle pas du taux de mortalité de l'anorexie mais se veut optimiste, un discours cohérent avec les propos qu'il tenait sur la capacité des enfants à surmonter leur maladie. Pour La Croix, il est plus important de prévenir la maladie. Un expert conseille qu'« une jeune fille [qui veut] commencer un régime [doit] être suivie par un médecin »651(*), c'est donc en partie au corps médical que revient la responsabilité de prévenir la maladie mais aussi de façon implicite aux parents qui doivent conduire leur enfant chez le médecin.

Outre ces experts que le journal sollicite pour formuler des conseils, nous pouvons considérer les livres conseillés par La Croix dans sa rubrique Littérature participe à cette démarche de prévention. Par exemple, un article débute par la question suivante : « Quels sont les signes de l'anorexie mentale ? » et poursuit en disant « Comment ne pas en arriver là ? »652(*). En posant ces questions, le quotidien considère l'anorexie peut être décelée et ainsi évitée.

L'analyse des articles du corpus de La Croix nous permet de pointer différents éléments. Au premier abord, le quotidien semble se ranger du côté du corps médical en évoquant la nécessité d'une prise en charge nutritionnelle et psychique. L'étude des articles ne remet pas en cause cette position mais permet de la nuancer. En réalité, le journal ne dit rien des différentes modalités de prise en charge qui existent pour soigner l'anorexie. Il inscrit ses propos dans le débat médical autour de la séparation familiale et se montre clairement contre cette pratique. C'est bien la question de la séparation qui est au centre des préoccupations du journal. En conséquent, ce n'est pas aux relations entre le corps médical et l'anorexique ni aux éventuelles stratégies de résistance de la malade que le quotidien s'intéresse. Ce sont les parents et leur souffrance qui sont au coeur des propos du journal. Notons que La Croix est le seul quotidien à accorder une telle place aux parents dans ses discours. Etant donné la valeur que revêt la famille pour le quotidien, la façon dont il aborde la question de la prise en charge de l'anorexie n'est pas surprenante. Cette analyse nous a également permis de confirmer l'évolution de la figure des parents : le destinateur est devenu adjuvant, un adjuvant victime qui doit aussi être pris en charge par la corps médical. Sur ce dernier point, le discours de La Croix ne fait que refléter l'évolution de la prise en charge de la maladie qui englobe aujourd'hui les parents.

* 647 La Croix, 18 janvier 2005, p. 15.

* 648 La Croix, 14 mai 1999, p. 11.

* 649 La Croix, 27 septembre 1997, p. 28.

* 650 La Croix, 30 septembre 2003, p. 6.

* 651 La Croix, 27 septembre 1997, p. 28.

* 652 La Croix, 18 janvier 2005, p. 15.

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