2-3- Evolution de la
politique agricole et exportation du coton
Le coton est une culture stratégique au sein de
certaines exploitations familiales agricoles des pays de l'Afrique de l'Ouest,
de l'Est et du Centre. Cultivé essentiellement pour ses fibres et
nécessairement pour ses graines, le coton est une des principales
cultures annuelles d'exportation pour les pays de l'ASS. Il représente
pour des centaines de milliers de ménages la principale source de revenu
monétaire qui permet d'améliorer leur condition
matérielle, d'accéder à l'éducation et à
assurer une meilleure santé. Malheureusement, les évolutions
constitutionnelles de la filière dans chaque pays, les chutes des prix
aux producteurs, les distorsions induites par les subventions accordées
aux producteurs des pays du Nord, ont relancé les débats sur la
viabilité tant économique qu'environnementale et sociale des
exploitations familiales cotonnières en Afrique.
Cependant, malgré son faible poids dans le commerce
international (estimé entre 10 % et 15 % des exportations mondiales), ce
produit constitue une source vitale de recette d'exportation pour un certain
nombre de pays de la zone sub-saharienne et participe pleinement à
l'économie nationale. Il fournit une base d'emploi à une grande
majorité de la population active de la région (dix millions de
personnes sont par exemple impliquées dans la production de coton en
Afrique de l'ouest et du centre). En raison de sa bonne qualité, il
constitue l'un des rares secteurs où le continent noir demeure
compétitif. (CNUCED, INFOCOM).
2-3-1- Commercialisation
du coton
Malgré le développement de la transformation
locale du coton, notamment au sein des pays en développement, celui-ci
demeure l'un des principaux produits agricoles commercialisés avec
environ le tiers de la production mondiale exportée chaque année
et près de 4,6 millions de tonnes de coton brut échangées
annuellement depuis les années 1960.
La commercialisation internationale du coton est régie
par le comité consultatif international du coton (CCIC). Celui-ci est un
organisme gouvernemental basé à Washington regroupant 42 pays
développés et en voie de développement, producteurs,
consommateurs ou engagés dans les échanges internationaux de
coton. Le CCIC est aussi un forum de concertation ayant pour rôle
essentiel de promouvoir une filière cotonnière mondiale plus
transparente, plus efficace et plus équilibrée.
Le coton revêt une importance économique et
sociale considérable pour l'Afrique qui possède un avantage
comparatif à le produire. En un demi-siècle, la production
africaine de coton est passée de 700 000 à 2 millions de
tonnes. Dans le même temps, la production mondiale a presque
triplé, pour atteindre un record de 205 millions de tonnes pendant la
campagne 2004/2005. La part de l'Afrique dans la production mondiale a ainsi
légèrement diminué de 10 % à 8 %. Cependant, les
évolutions ont été très contrastées selon
les groupes de pays. La production de l'Afrique sub-saharienne a
été multipliée par 8,5 passant de 200 000 tonnes
à 1,7 millions de tonnes. Cette progression provient avant tout des pays
de la zone Franc, dont la production est passée de 300 000 tonnes
à un million de tonne en 2000/2002, tandis que la production des autres
pays situés au sud du Sahara ne faisait que doubler pour atteindre
environ 400 000 tonnes (Estur, 2005).
La spécificité du coton en Afrique
réside dans le fait qu'elle n'a pas pour objectif premier de satisfaire
les besoins de filatures locales. Cette forte dépendance par rapport au
marché international rend les filières particulièrement
sensibles aux fluctuations du marché et par voie de conséquence,
les économies de nombreux pays africains. Les pays africains offrent peu
de protection à leurs producteurs en cas de chute des prix. De fortes
distorsions prévalent sur le marché du coton. En 2001/2002 les
cours internationaux se sont effondrés à leur plus bas niveau
depuis 1971/1972. La valeur de la production africaine de coton a ainsi
chuté de 2,9 milliards de dollars en 1997/1998 à 1,6 milliard de
dollars en 2001/2002. Pourtant les pays africains sont très
compétitifs avec des coûts de production parmi les plus bas du
monde.
La vente d'une matière première comme le coton
nécessite cependant la parfaite connaissance de certains
éléments fondamentaux du marché à
savoir : La conjoncture économique mondiale et surtout la situation
économique et financière dans les principaux pays consommateurs
du coton ; les statistiques cotonnières mondiale portant sur la
production, la consommation, les niveaux des exportations et importations ainsi
que la situation des stocks mondiaux et leurs évolutions ; les
différentes politiques agricoles en matière de coton dans les
principaux pays (USA, Chine, Ouzbékistan, Pakistan, Inde...) et
notamment en matière de subventions agricoles.
Il faut noter que le marché du coton souffre de
quelques anomalies.
Première anomalie : Comme d'ailleurs ceux de
l'ensemble des produits de base ; ce ne sont pas les plus gros producteurs
mais les premiers exportateurs qui déterminent les cours mondiaux.
Deuxième anomalie : La production
américaine se trouve artificiellement dopée par l'intervention du
gouvernement fédéral, sous forme d'aides directes aux producteurs
et de subventions aux exportations. Les aides des Etats-Unis et, dans une
moindre mesure, celles de l'Union Européenne aux producteurs espagnols
et grecs, alimentent une surproduction mondiale provoquant une chute des
prix.
2-3-1-1- Marché du coton
au Cameroun
Le Cameroun, comme beaucoup de pays de l'Afrique
sub-saharienne, dépend du secteur agricole pour gagner ses recettes en
devises étrangères non pétrolières. Avant
l'avènement des exportations de pétrole en 1978, le secteur
agricole comptait pour 30 % du PIB et 80 % des exportations totales.
L'agriculture emploie 75 % de la population active.
En ce qui concerne la commercialisation du coton,
l'activité agricole est assurée par les agriculteurs
concentrés dans les trois provinces septentrionales du pays. Ces
agriculteurs sont regroupés depuis juillet 2000 au sein de l'OPCC
(Organisation des Producteurs de Coton du Cameroun). Le coton graine produit,
est acheté directement par la SODECOTON, qui assure l'égrainage.
Le coton fibre produit par la SODECOTON, est pour l'essentiel destiné au
marché mondial. Entre 1999 et 2003, sur une moyenne annuelle de 90 338
tonnes de fibres produites, environ 85 660 tonnes on été
exportées, soit près de 94,7 % de la production totale. Ce qui
traduit pour ce produit, d'une part, une quasi dépendance
vis-à-vis des prix mondiaux et d'autres part, une transformation locale
faible. En valeur les exportations sont estimées à 330 milliards
de FCFA entre 2000 et 2004 soit une moyenne de 66 milliards de FCFA par an
(Hamadjam).
Le coton Camerounais est destiné principalement
à l'Asie (66,5 %) et à l'Union Européenne (27,1%). Les
principaux pays acheteurs sont : La Chine, l'Italie, l'Espagne, la France.
Comme produit d'exportation, le coton brut se situe à la
cinquième place (4,8 % des exportations en valeurs) après les
huiles brutes de pétrole (43,9 %), le bois (12,8 %), le cacao (7,9 %)
les carburants et lubrifiants (6,1 %). Il se positionne ainsi devant des
produits tels que l'aluminium, la banane, le café et le caoutchouc
(Hamadjam). Douya (2008), dans ses travaux estime que les exportations du coton
au Cameroun en 1995 constituent 5 % du total des exportations nationales et
0.7 % des exportations mondiales.
(Figure3 : Exportation totale de coton au Cameroun)
Source : construit par l'auteur
à partir des données du CCIC
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