3-1-2- Effet d'un
déséquilibre du TCR sur l'acquisition des parts de
marché
L'un des problèmes majeurs posé par les
régimes de taux de change est celui de l'équilibre du taux de
change réel. En effet, la bonne performance économique en
dépend fondamentalement.
3-1-2-1- Taux de change
réel d'équilibre (TCRE)
Edwards (1989) définit le TCRE comme le prix relatif
des échangeables sur les non échangeables qui, compte tenu des
valeurs d'équilibre durable et d'autres variables pertinentes,
résulte en la réalisation d'un équilibre interne et
externe.
3-1-2-2- Les effets d'un
déséquilibre du taux de change réel
On dira qu'il y a un déséquilibre du taux de
change réel lorsque celui-ci est supérieur à sa valeur
d'équilibre (sous-évaluation) ou alors inférieur à
cette dernière (surévaluation).
a- Les conséquences
d'une surévaluation du taux de change réel
La surévaluation est généralement
causée par les politiques expansionnistes relevant ainsi la demande
intérieure à un niveau insoutenable. Elle est également
causée par la perte de revenus à l'exportation (par une baisse du
prix des produits exportés par exemple). Les conséquences de la
surévaluation sont réellement néfastes pour une
économie, car elle rend artificiellement bon marché les
importations, tout en renchérissant la production des biens exportables.
En outre, la surévaluation diminue la compétitivité
extérieure de l'économie, ce qui entraîne une diminution de
la production domestique, relève le taux de chômage, et baisse le
niveau des recettes fiscales.
La diminution de la production, l'accroissement du
chômage et la perte des recettes fiscales sont dus au fait que les
industries écoulent leur produit sur le marché national.
Réalisant ainsi moins de profit à cause de l'augmentation des
importations, elles vont donc fermer progressivement. Les industries
exportatrices quant à elles vont diminuer leur production et fermer
successivement parce que leurs produits ne sont pas compétitifs sur le
marché mondial. La fermeture des industries entraîne alors
l'accroissement du chômage et la diminution des recettes fiscales (Maih,
1998).
b- Les conséquences
d'une sous-évaluation du taux de change réel
La sous-évaluation est une situation
généralement préférable à la
surévaluation. On pourrait se demander s'il est néfaste d'avoir
un taux de change établit de telle sorte que le pays connaisse des
surplus économiques. La réponse à cette question n'est pas
évidente contrairement à ce que l'on est porté à
croire ; et ce pour un certain nombre de raisons :
i) la sous-évaluation du taux de change
détériore le bien être des populations en le situant en
dessous de son niveau soutenable de long terme. En effet, lorsque le taux de
change est sous-évalué, l'économie concernée peut
être très compétitive à l'extérieure et ceci
d'autant plus d'ailleurs que le taux de salaire est bas et que la
profitabilité dans le secteur des biens échangeables est
élevée. Les gains de productivité devraient être
naturellement redistribués dans l'économie et ce en relevant le
taux de salaire. Mais si cette mesure n'est pas prise pour éviter une
appréciation du TCR, ceci impliquerait à la fois un gain dans le
pouvoir d'achat du travailleur et une perte dans la profitabilité du
capital investi par les industries. Ces gains seront réservés
uniquement dans le capital du secteur des biens non échangeables, ce qui
est paradoxal et à la longue insoutenable.
ii) Avoir une forte croissance sur une base
soutenable est essentiel pour l'investissement. Un investissement massif
nécessite une grande épargne domestique.
D'autre part, l'investissement domestique requiert que les
entreprises aient l'espoir que leur profitabilité tant sur le
marché intérieur que sur le marché extérieur sera
soutenu. En cas de sous évaluation du taux de change, ils
n'investisseront pas pour le marché extérieur, les salaires des
agents économiques étant faibles pour acheter leurs produits. On
assistera plutôt à un transfert de ressources à
l'extérieur plutôt qu'à un investissement dans
l'économie.
iii) Des surplus du compte courant se font au
détriment de l'absorption domestique des ressources en incitant les
individus à acquérir des actifs étrangers. Acquérir
des actifs étrangers signifiera constituer des réserves,
rembourser les dettes, permettre aux agents économiques
d'acquérir des actifs financiers et des actifs réels à
l'extérieur. Le secteur des biens non échangeables s'essouffle et
l'économie devient essentiellement dépendante de
l'extérieur si la sous-évaluation persiste.
Le différentiel entre le TCR et sa position
d'équilibre, différentiel qui est encore appelé
" mésalignement " dans la terminologie anglo-saxonne, semble
affecter la performance économique. C'est ainsi qu'une
surévaluation du taux de change ralentit la croissance en relevant
artificiellement le niveau de vie, alors qu'une sous-évaluation
détériore le bien être. (Maih, 1998).
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