-1.2.5) La question du transfert et de la place du
thérapeute :
Le
cadre de cet atelier offre au transfert un espace où il peut se
déployer en donnant corps au lien, rendant possible pour le patient de
l'éprouver.
Le
rire et l'humour permettent d'explorer de façon protégée,
une situation psychique jusqu'ici impensable.
Le
déplacement, les mouvements ici et là s'organisent autour du
transfert qui va et vient entre la scène de la vie réelle et
celle des scènes imaginaires15(*).
C'est
un espace de jeu qui se développe sur la scène extérieure
en lieu et place de l'espace psychique interne inaccessible du jeune.
La
situation groupale permet au transfert d'être diffracté (par la
pluralité des intervenants), évitant ainsi les effets
péjoratifs du transfert duel qui est beaucoup plus excitant, voir
persécutant, aliénant. Il y a une présence constante d'un
tiers réduisant les effets d'un transfert duel et offrant un soutien des
limites entre le soi et l'autre.16(*)
La
notion de transfert et de contre transfert est introduite par Freud.
Tout
d'abord, le transfert permet de désigner un processus qui constitue la
cure analytique par lequel les désirs inconscients du patient concernant
des objets extérieurs viennent se répéter dans le cadre de
la relation analytique, sur l'analyste mis en position des ces
différents objets.
C'est
dans le cas de Dora que Freud expérimente pour la première fois
le transfert négatif où il refuse d'être l'objet de
transport amoureux de sa patiente.
En
1912, dans la dynamique du transfert, il différencie le contre transfert
négatif et le contre transfert positif, ainsi que le contre transfert
mixte (traduisant une ambivalence).
Le
transfert renvoie à une origine érotique. Il entraine une
résistance quand il est composé d'éléments
érotiques refoulés ou quand il est négatif. Dans le
transfert, pendant la cure, chaque sujet à sa propre façon
d'aimer, sa propre empreinte pulsionnelle qui vient se répéter
à chaque émoi17(*).
En
ce qui concerne le contre transfert, il est l'ensemble des manifestations de
l'inconscient de l'analyste en relation avec celles du transfert de son
patient.
Ferenczi,
dans une lettre à Freud (du 22/11/1908) lui mentionne une
réaction de l'analyste aux dire de son patient.
En
reprenant la partie clinique, je me rends bien compte de la massivité de
ce contre transfert induit par Martine. Il peut être négatif,
créant en moi un sentiment de rejet, canalisé par le cadre et le
travail d'équipe et parfois, il peut être positif où le
désir de la rencontrer et de créer un lien avec elle est
présent.
Pour
reprendre mon expression « ce contre transfert agit tel un
balancier ». En y réfléchissant, je constate que ce
contre transfert varie selon le contexte de la rencontre avec Martine.
Effectivement, le transfert négatif est davantage présent dans le
service où les situations duelles sont plus nombreuse (entretiens, temps
de soin...). Cette rencontre duelle est plus directe, plus frontale, ce qui
probablement est plus difficile à supporter pour Martine tant ce
contexte de rapproché peut être persécutant et/ou excitant.
En plus cette rencontre duelle me confronte directement au chaos interne de
Martine, sans qu'il y ait un intermédiaire, un tiers pour faire tampon.
Puis dans le service, mon rôle de soignant est davantage
« actif » où il s'agit de mettre au travail la
problématique de Martine, tandis qu'à l'atelier
Théâtre, j'ai un rôle d'observation, une position plus
passive où je deviens le dépositaire de ce qu'exprime
Martine. Je n'interviens pas directement. La situation de groupe permet de
diffracter le transfert et donc l'investissement que peut avoir Martine pour un
soignant dans un temps donné.
Le
contre transfert semble varier selon les espaces temps dans lesquels la
rencontre se fait.
Pour
finir sur ce point, il me semble que dans le service, le soignant propose,
impose un cadre, donne des directives, fait des actes, alors que dans
l'atelier : au moment de l'improvisation, c'est Martine qui va
définir le scénario de la rencontre, elle prend une position
active.
* 15
P.Attigui. « De l'acte théâtrale au
transfert : une interprétation passionnée » in
Clinique méditerranéenne. N°69, 2004. pp 139-158
* 16 P.Jeammet :
« L'énigme du masochisme » in L'Enigme du
Masochisme. PUF, 2000 pp. 31-67
* 17 C.Masson :
OEuvres complètes de Freud, résumé analytique.
Tome 2 (1905-1913), Hermann psychanalyse, 2007, p.237
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