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L'adolescence est une période de grands remaniements et de confusion identitaire majeure, au cours de laquelle un enfant se transforme progressivement en un jeune adulte sexué et individualisé. Pour ce faire, l'adolescent doit accepter, dès l'avènement de la puberté, de se détacher de l'enfant qu'il était et de la sécurité que ce statut lui apportait pour découvrir ses nouvelles capacités. Il part alors en quête de sensations et d'éprouvés de sa nouvelle enveloppe, de ses limites, de sa sexualité, de son identité. Malgré la souffrance et la solitude que cela entraîne, il sait que le chemin à parcourir doit se faire seul. Il n'est plus l'enfant de ses parents mais un futur adulte, libre de ses choix et de ses envies. Il doit accepter de s'ouvrir au monde, et déplacer ses attachements premiers sur des personnes extérieures.
Martine, est pleinement occupée psychiquement par la problématique de la séparation et vient la mettre en scène, par le jeu, lors des ateliers thérapeutiques.
L'investissement massif de cette dernière envers ces médiations, semble agir comme un transformateur, de la médiation en objet séparateur. La médiation semble venir en lieu et place du père en sa fonction séparatrice d'avec la mère.
Aussi, le corps de Martine est un véritable parchemin où vient s'inscrire l'indicible et l'irreprésentable de cette séparation d'avec la mère. Ce corps est « trop plein ; il subit une vidange par les actes d'automutilation et les conduites restrictives de Martine.
J'ai bien pris la mesure que tout au long de ce travail, la représentation paternelle (cet autre désiré) et parfois chez certaine mère, la seule fonction professionnelle investie peut tenir lieu de tiers, désiré par la mère qui fait tiers, entre la mère et l'enfant. Cette représentation est peu apparue dans mes développements, ce qui ne veut pas dire qu'elle demeure inexistante dans mon esprit. Je pose aussi l'hypothèse qu'un des axes thérapeutiques possibles reviendrait à réhabiliter (ou tout du moins à l'intégrer dans ce que la patiente donne à penser aux thérapeutes) cette représentation du père, non en tant qu'image mais en tant que fonction.
On peut supposer que l'objet fabriqué dans l'enceinte du théâtre peut être une entrée possible, une ébauche de cette représentation paternelle en tant que fonction séparatrice au sens psychique du terme.
J'ai quand même pu démontrer que dans le cadre de cet atelier, l'accent est mis sur l'objet fabriqué le temps de cette médiation et que ça n'est pas un objet qui s'exhibe.