Il - Un portail collaboratif mondial de la
solidarité numérique
Ayant eu le privilège d'intervenir en amont de la
phase de conception du portail collaboratif mondial de la solidarité
numérique dans le cadre de mon stage, il m'a été
donné à travers cette expérience de mesurer les enjeux
importants que pourraient avoir un tel portail sur le renforcement de la
coopération entre acteurs de la solidarité numérique. La
démarche adoptée a été de concevoir les fondations
de ce portail à partir de réflexions mûries, tenant compte
à la fois des ambitions de l'Agence mondiale de solidarité
numérique, des besoins et des avis de certains experts, de l'existant en
matière de sites portails de référence et enfin des
limites du Web 2.0 et des propositions innovantes pour y pallier via le
portail. Par ailleurs, la présentation du projet, dans les lignes qui
suivent, constitue des extraits du dossier rédigé dans le cadre
de la réponse au 16ème appel à projets du Fonds
Francophone des Inforoutes.
1. Montage et gestion du projet : Contexte, objectifs et
résultats attendus
"La méditation de l'objet par le sujet prend
toujours la forme du projet". (Gaston Bachelard)
Contexte du Web 2.0 pour le
développement
Les sommets mondiaux sur la société de
l'information (SMSI) qui se sont tenus à Genève et Lyon en 2003
puis à Tunis et Bilbao en 2005 ont mis en exergue le rôle des
technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le
développement économique et social des sociétés.
L'ensemble des acteurs de l'info-développement réunis au cours de
ces évènements s'accordent aujourd'hui communément sur la
nécessité de favoriser l'utilisation des TIC pour tous ceux qui
peuvent en tirer des bénéfices. Le dernier rapport de la CNUCED
confirme ce rôle de «levier» pour le développement.
Cependant, la question de la réduction des fractures numériques
reste cependant plus que jamais d'actualité. La solidarité
numérique, en tant que réponse concrète à ces
fractures, vise à favoriser la rencontre, le partage de connaissances et
le soutien mutuel des acteurs des TIC pour le développement.
Elle constitue également un terreau favorable à
l'application des technologies participatives et l'usage d'outils de production
de contenu Web, à la fois plus performants et plus simples, au secteur
du développement humain. L'idée du Web 2.0 pour le
développement réside bien là : Des outils comme les
portails collaboratifs55, offrant des applications multiples, sont
particulièrement bien adaptés aux besoins de la
société civile, des acteurs
55 Le portail collaboratif « Tanmia » de
la société civile et du développement au Maroc,
génère par exemple quelques 300 000 visiteurs uniques par mois ;
les portails dgCommunities de la Fondation Development Gateway environ 800
000.
locaux et privés, des chercheurs et universitaires,...
Or, il n'existe aujourd'hui aucun support officiel d'intermédiation sur
la question des fractures numériques, aucun outil permettant aux acteurs
de l'info-développement de s'informer, d'échanger et d'agir pour
un développement solidaire des technologies de l'information et de la
communication à travers le monde.
Considérant les nombreux canaux de communication et
les applications du Web 2.0 qui permettent de générer le «
buzz » autour d'un concept, il est opportun de mettre en place un portail
qui s'appuiera sur ces outils pour sensibiliser sur une thématique
donnée : la solidarité numérique. Les expériences
faites par des associations ou des ONG internationales du secteur des TIC ou de
l'humanitaire telles que Télécom sans frontières, Croix
Rouge,... montrent qu'on peut susciter l'engagement de personnes
bénévoles, volontaires (ressources humaines) ou de lever des
dons56 des micro-investissements financiers sur des projets (bien
ciblés pour des besoins de développement humain). L'environnement
global semble également très favorable actuellement à
l'appropriation rapide des technologies par les acteurs de
l'infodéveloppement. Créer des communautés virtuelles par
thématiques, s'affranchir de la distance géographique entre
acteurs, réduire les coûts de transports et de communication,
renforcer les capacités à travers des séminaires, des
formations des rencontres et des échanges de bonnes pratiques, valoriser
les compétences locales et le travail collaboratif. Autant
d'impératifs qui constituent des facteurs potentiels de succès au
projet du portail collaboratif mondial de la solidarité numérique
dont voici les objectifs :
~ Objectifs globaux
Le portail Francophone de la solidarité
numérique sera un moteur transversal de solidarité pour le
développement des technologies dans l'ensemble des domaines où
elles peuvent contribuer à l'épanouissement humain à
travers la réduction de la fracture numérique :
|
Société : Egalité des
sexes dans l'usage du numérique, renforcement de la démocratie
grâce aux nouveaux moyens d'expression citoyenne comme les forums
participatifs.
Education : Alphabétisation
numérique des jeunes, renforcement des moyens et méthodes
pédagogiques (Ordinateurs pour les écoles, tableaux interactifs),
accès et partage de contenus éducatifs (Espaces numériques
de travail).
|
|
56 L'application « Causes » sur
Facebook, permet par exemple à des personnes de s'engager dans des
causes et de faire des dons. Même si cela s'avère être
parfois de l'individualisme démonstratif, il s'agit après tout de
gestes de solidarité, de mécénat, et d'engagement.
Culture : Valorisation des langues, des
identités et des traditions sur internet, Préservation du
patrimoine culturel grâce à la numérisation.
Santé : Assistance des médecins,
interventions à distance, (Télémédecine)
Conservation des données médicales (Dossier médical
partagé).
Environnement : Utilisation des TIC comme
outils d'aide à l'agriculture, Observation satellitaire des points
d'accès à l'eau, réduction de l'impact environnemental
grâce aux téléactivités, observation et
prévention des risques naturels.
Economie : Télétravail,
transactions et commerce électronique.
Gouvernement : Développement de
l'administration électronique, Information démocratique des
citoyens (Sites internet communaux, SMS citoyens,...).
~ Objectifs spécifiques
Afin de mettre en lumière les bénéfices
des technologies de l'information et de la communication pour le
développement et favoriser la mise en oeuvre d'actions permettant leur
adoption par tous ceux qui peuvent en bénéficier, le portail
francophone de la solidarité numérique suivra une démarche
à trois niveaux : Informer,
Réunir, Collaborer.
Il s'agira de fournir une veille
informationnelle57 sur les différentes formes revêtues
par la fracture numérique et sur les pratiques les plus exemplaires des
TIC pour le développement. A ce niveau, on inclut premièrement la
reprise de l'ensemble des actualités
publiées par les principales sources d'information sur les
TIC et le développement des flux d'informations et d'actualités
(flux RSS) de divers sites de référence sur la
question des TIC (capitalisation des informations existantes
et des contenus produits par un ensemble d'acteurs). Ces flux seront
accessibles au lectorat via un abonnement gratuit. Ils seront
redistribués ou redirigés vers d'autres plateformes et ressources
du Web par essaimage et avec le support d'une lettre d'info (newsletter).
L'objectif d'informer et de pratiquer une veille qualitative
passera également par la publication de reportages
(professionnels) réalisés par des journalistes de
terrain. Ces reportages seront réalisés par une
équipe de 10 ''journalistes'' de terrain (50% de femmes, 75% de jeunes
de moins de 30 ans) basés dans les pays du Sud. Les journalistes seront
sélectionnés
57 Le portail assurera une continuelle gestion de
l'information pour la fidélisation de son lectorat et de son audience
à travers la publication régulière d'articles et de news
pertinentes.
par appel à candidature sur la base de dossiers
présentant des projets de reportages en lien avec la solidarité
numérique. Une fois sélectionnés, ils seront
intégrés au "Club des reporters de la solidarité
numérique" et formés via un séminaire58 annuel
de renforcement des capacités journalistiques du Sud à
l'ère du Web 2.0. Ce séminaire sera organisé par l'Agence
mondiale de solidarité numérique en partenariat avec des
médias français, acteurs des nouvelles transformations de la
presse en ligne, tels qu'Agoravox, Médiapart, Wikio,. . .etc. A l'issue
des échanges et de la formation au cours de ce séminaire, les
journalistes du Sud, bénéficiaires de la démarche,
signeront un engagement sur l'honneur, attestant qu'ils s'appuieront sur les
enseignements du séminaire pour produire régulièrement (au
moins une fois par mois pendant un an) des articles ou des reportages sur l'une
des thématiques citées plus haut.
Réunir :
La réunion de l'ensemble des acteurs francophones de
la solidarité numérique se matérialisera, quant à
elle, par la constitution sur le portail d'un réseau social (ensemble de
personnes qui peuvent être mises en relation entre elles, et qui peuvent
mettre en valeur leurs activités professionnelles afin d'élargir
leur cercle d'amis autour d'intérêts communs). Ce réseau
social s'élargira aussi par essaimage au sein des plateformes de
réseau social existantes : facebook, linkedin, delicious, hi5,
myspace,... Il réunira concrètement : Le
comité éditorial et ses correspondants de
terrains (le club des reporters de la solidarité
numérique) ; des experts et chercheurs
investis sur des problématiques tangentes à la solidarité
numérique ; des porteurs de projets des
secteurs public et privé définissant des projets de terrain ;
des entreprises du secteur privé faisant la
promotion de leurs solutions techniques auprès du
lectorat et susceptibles d'avaliser les projets les plus
crédibles et les plus innovants formulés sur le portail. Sur ce
dernier aspect les projets qui mériteraient le plus de
crédibilité et d'attention des bailleurs ou des entreprises
privées seraient les projets co-écrits ou co-produits par le plus
grand nombre (mais avec un porteur principal du projet bien
identifié).
Les actions spécifiques liées à la
collaboration se traduiront par la création d'un espace wiki de
co-écriture et de suivi des études et projets de
solidarité numérique. En effet, on associe souvent des valeurs de
partage au Web 2.0 en oubliant qu'avant de pouvoir partager
58 Le séminaire de perfectionnement de
web-journalistes du Sud se déroulera sur deux jours à travers des
ateliers mettant l'accent sur l'acquisition ou le renforcement des
connaissances suivantes : Formation aux bases de l'écriture
journalistique sur le web - Syntaxe - Rythme - Style et mise en forme -
Diffusion de contenus multimédias - Stockage et partage de photos, de
clips vidéos et de podcasts audio - Réalisation d'articles
multimédias,...
du contenu, il faudrait d'abord que celui-ci soit produit. Le
portail à travers cette dimension de collaboration offrira la
possibilité aux utilisateurs d'Internet, acteurs des TIC dans les pays
du Sud de créer eux-mêmes leur contenus et co-produire avec les
acteurs du Nord des réflexions sur des mécanismes et des projets
concrets de réduction de la fracture numérique. Grâce
à l'espace wiki du portail, on passera de «Think global, act
local» à «Think together, Write together and Act
together».
Un centre de ressources documentaires participatif servira
également d'espace d'échange de documents avec la
possibilité de déposer et de consulter des documents selon un
système de « crédits de points » pour maintenir un
équilibre entre le nombre de documents déposés et le
nombre de documents consultés.
~ Résultats attendus mesurables (Les
indicateurs d'évaluation des objectifs) Information :
évaluer le taux de consultation et la qualité des
contenus
· Nombre d'articles totaux publiés par jour
· Nombre de reportages réalisés et
publiés chaque mois par les journalistes de terrain
· Nombre de documents
déposés/téléchargés dans le centre de
ressources
· Nombre de visiteurs uniques pour chaque article
· Taux de consultation journalier de chaque article
· Evaluation par les visiteurs de la qualité de
chaque article
· Localisation géographique des visiteurs du
portail
Réseau social
· Nombre de profils d'acteurs créés par
mois
· Nombre de communautés d'intérêt
formées
· Nombre moyen de liens établis par chaque acteur
Collaboration
· Nombre de contributeurs actifs
· Nombre d'études et de projets co-écrits
· Taux de concrétisation des projets
recensés
En marge des objectifs spécifiques du portail :
· Nombre de reporters de terrain formés
· Quantité relative de femmes et de jeunes
· Nombre de projets lancés sur le terrain à
partir des études et projets co-écrits sur le portail
|
|
2. Architecture et spécifications techniques : recours
aux outils du Web 2.0 Trois entrées
principales :
· Informer : Reportages,
Actualités, Ressources documentaires.
· Réunir : Répertoire,
Profil, Amis.
· Collaborer : Etudes, Plans d'action,
Projets Opérationnels.
Accès thématique
transversal :
· Géographique : International,
Europe, Afrique, Asie Pacifique, Amérique du Nord, Amérique du
Sud, France
· Sectoriel :
Santé: Télémédecine, dossier
médical / Education: eLearning,
matériel pédagogique, recherche /
Société: Femmes,
jeunes, handicapés, analphabétisme
Economie: Télétravail,
transactions, tourisme, commerce / Agriculture:
Eau, exploitations, élevages / Culture: Langues,
accès universel, archivage numérique /
Gouvernement: Démocratie, administration,
information citoyenne Environnement:
Efficacité énergétique, recyclage,
téléactivités, risques naturels
Figure 10 : L'Iceberg Web 2.0 de la
solidarité numérique
Figure 11: Zoning des contenus du
portail (Version 1)
|