La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007 |
c) L'Autre, une figure constitutive de l'identité nationalePour A-M. Thiesse « la formation de ces identités, contrairement à une opinion répandue, n'a pas pour vecteur initial le sentiment d'altérité»34(*). Cela nous semble une idée à nuancer. Si l'identité nationale résulte bien d'un processus de création qui mobilise une élite intellectuelle, la constitution de cette identité se fait également en opposition à un « Autre ». Pour Françoise Mayer « elle s'est construite par rapport à l'autre [...]. Que cet autre peut changer au cours du temps, qu'il s'agit en général de « l'autre », le plus proche. Pour les Tchèques, historiquement, la question « Qui sommes-nous ? » s'est d'abord posée par rapport aux Allemands, ensuite aux Autrichiens, puis par rapport aux Russes et enfin aux Slovaques. Aujourd'hui, elle se pose sans doute aussi de nouveau par rapport aux Allemands et par rapport à l'Europe »35(*). La prise en compte de cet « Autre » nous parait indispensable pour comprendre la constitution de l'identité nationale tchèque au XIXème siècle comme pour envisager les enjeux que représente l'intégration dans l'UE. Les Tchèques ont affirmé leur identité en s'opposant au peuple allemand associé dans leur imaginaire à la figure de l'ennemi. En effet, certaines périodes de l'histoire ont contribué à forger le stéréotype de l'Allemand violent et dangereux dans la mémoire collective. Aujourd'hui, il a tendance à s'atténuer mais reste présent dans la plupart des esprits. d) La dimension collective de l'identitéA-M. Thiesse précise que la création de l'identité nationale permet aux membres d'une même nation d'avoir conscience de leur appartenance. Elle envisage ce sentiment d'appartenance comme le résultat d'un processus alors qu'il constitue, à nos yeux, un élément moteur dans la constitution de cette identité. En effet, l'identité a une double dimension : singulière et collective. Il n'est pas possible de la réduire à l'une des ces deux composantes car « le propre de l'identité est bien d'articuler notre appartenance et notre singularité »36(*). La dimension collective se traduit par la nécessité d'appartenir à un groupe, ici la nation. Cette appartenance doit faire l'objet d'une représentation symbolique afin que les individus puissent en prendre conscience et se sentir membres de cette nation. Nous développons cette idée dans la partie suivante. Si la « check list identitaire » d'A-M. Thiesse permet de comprendre ce que recouvre le concept d'identité nationale, la figure de l'Autre et la dimension collective de l'identité sont deux éléments à prendre en compte dans la constitution de l'identité nationale tchèque. * 34 Idem, p. 195 * 35 MAYER, Françoise, Les Tchèques et leur communisme : mémoire et identités politiques, Paris, Editions de l'Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales, 2004, p. 20 * 36 LAMIZET, Bernard, Politique et identité, Lyon, Editions Presses Universitaires de Lyon, 2002, p. 6 |
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