La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"( Télécharger le fichier original )par Audrey Arnoult Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007 |
3. Václav Havel un fervent défenseur de l'EuropeDès la chute du régime communiste en Tchécoslovaquie, V. Havel envisage le « retour en Europe » des tchèques, un retour dont il fait le slogan du Forum Civique aux premières élections libres en 1990. Depuis, V. Havel n'a cessé de défendre le retour à l'Europe qu'il considère comme une chance historique pour son pays. A plusieurs reprises il s'est exprimé dans les médias français sur la question de l'intégration de la République tchèque dans l'UE. Il a également expliqué sa conception de l'Europe dans différents ouvrages traduits en français. En confrontant articles et ouvrages, nous avons dégagé trois points clés dans sa vision de l'Europe149(*). a) L'Europe n'est pas une menace pour l'identité nationaleL'idée que l'Europe ne représente en aucun cas une menace pour l'identité nationale tchèque revient à plusieurs reprises dans les écrits de V. Havel. Dans un entretien avec Jacques Delors publié dans Le Monde, il explique que l'Europe doit « respecter la souveraineté et l'identité non seulement de chaque nation et de chaque Etat mais aussi de chaque région »150(*). Ainsi, l'Europe à laquelle il souhaite se joindre « est une Europe dans laquelle chaque peuple garde son identité comme le facteur inaliénable de l'esprit européen dans sa diversité [...] ce à quoi nous renonçons ce n'est pas à notre identité mais à une partie de notre souveraineté »151(*). Il réitère cette affirmation dans un entretien accordé à Jacques Rupnik : ce n'est pas l'Europe qui menace l'identité nationale d'un pays mais « la globalisation appelée de tous ses voeux par ces mêmes nations lorsqu'il s'agit d'attirer chez elles les représentants de la World Company, toujours prêts à vendre leurs biens de consommation « universels » dans tous les supermarchés et les multiplex de la planète »152(*). Il est donc intéressant de constater que contrairement à certains hommes politiques, V. Havel n'assimile pas l'entrée dans l'Europe à une perte de l'identité nationale. b) L'Europe est responsable de la division du mondePour V. Havel, il est indéniable que l'Europe occidentale est en partie responsable de la division du monde suite à la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, s'il est un fervent partisan du « retour à l'Europe » dès l'effondrement du bloc soviétique, il n'en demeure pas moins une certaine amertume dans ses discours. Le retour à l'Europe des pays tchèques est inévitable car ils étaient historiquement et culturellement liés à l'Europe occidentale avant d'en être séparés au début de la Guerre Froide. Les pays occidentaux doivent prendre conscience de leur responsabilité dans cette division du monde. * 149 Nous avons privilégié les textes et discours dans lesquels V. Havel consacrait une partie à la façon dont les pays tchèques allaient être intégrés dans l'Europe et aux bénéfices qu'ils pouvaient en retirer. Nous avons tenté également de trouver des écrits dans lesquels il apportait des arguments sur la question de l'identité nationale. * 150 HENARD, Jacqueline ; VERNET, Daniel, « La grande Europe vue par Jacques Delors et Václav Havel », Le Monde, 01/02/01, p. 16 * 151 HAVEL, Václav, « Refaire le monde en commençant par l'Europe », Europartenaires, n°21, janvier 2003, p. 2 * 152 RUPNIK, Jacques, entretien avec Václav Havel, « Ce n'est qu'un au revoir... », Politique internationale, n°98, 2003, http://www.politiqueinternationale.com/revue/read2.php?id_revue=13&id=203&search=&content=texte |
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