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Le bouddhisme theravada, la violence et l'état. Principes et réalités

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par Jacques Huynen
Université de Liège - DEA Histoire des religions 2007
  

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Après la deuxième guerre mondiale

Après le retrait des Japonais et l'échec des tentatives de recolonisation, dans plusieurs des pays d'Asie du Sud et du Sud-Est on se demanda qui pourrait gouverner. Devant l'influence montante des USA au Japon et en Thaïlande, et l'extension du communisme, certains milieux nationalistes bouddhistes, enflammés par l'approche du 2 500e anniversaire du parinibbâna, où d'après la tradition le Dhamma sasana atteint le point le plus bas de son déclin avant d'entamer une remontée qui amènera 2 500 ans plus tard l'avènement de Metteyya184(*), y virent l'occasion d'une renaissance bouddhiste. U Nu, premier Premier ministre du nouvel état birman après l'indépendance, ainsi que sans doute U Thant qui fut son secrétaire avant d'être désigné comme Secrétaire générale des Nations Unies (1961-1971) comptent sans doute parmi les plus fameux promoteurs de cette idéologie.

[T]he approach of the 2500th anniversary [of the Buddha's parinirvâna] was accompanied by a sense of expectancy, almost of a messianistic kind, in the countries of South-East Asia. It was believed popularly that `a great renovation of Religion and a great expansion of its Law shall come 2.500 years after the Parinirvâna of the Buddha', and that `there shall, when Buddhism will have completed 2.500 years, be established a Buddhist State in Ceylon (Trevor LING, 1979, p. 105).

L'année 1956 fut une année intense ; la célébration du Buddha Jayanti et du 2 500e anniversaire de la mort du Bouddha, coïncidant avec le débarquement au Sri Lanka du premier Singhalais, le Prince Vijaya, s'accompagna de la ré-affirmation des Singhalais comme élément majoritaire dans la structure étatique unitaire héritée de la colonisation britannique--que l'on peut comparer à la ré-affirmation de l'élément hindou dans le cadre de l'Inde unitaire héritée du Raj--de la victoire de Bandaranaïke et de son programme de restauration du singhalais comme langue de l'administration, de nationalisation des écoles chrétiennes subventionnées, de restauration des monuments bouddhistes anciens de Kandy, Anuraddha et Polonaruwa, le tout baignant dans une idéologie millénariste social-bouddhiste (TAMBIAH, 1992, p.118) baptisant les projets de société que l'on peut extraire du Canon bouddhiste de welfare state (état providence) avant la lettre.

Un souffle semblable inspirait différents projets en Birmanie au même moment (TAMBIAH, 1992, p. 64) alors que le VIe concile theravada s'y terminait. Une croyance régnait dans ce pays suivant laquelle le 2 500e anniversaire du parinibbâna marquait l'année la plus auspicieuse depuis l'apparition du Dhamma. Beaucoup de Birmans croyaient que le Bouddha avait chargé Sakya/ Sakka le roi des dieux d'assumer alors le pouvoir sur les affaires du monde pour récompenser les vertueux et punir les méchants.

Rappelons les moments importants de l'histoire birmane après 1956. Le 29 août 1961, sous l'impulsion de U Nu le bouddhisme est déclaré religion officielle. Devant les troubles provoqués par cette innovation mais aussi par la manière peu cohérente dont elle est appliquée, en 1962, le général Ne Win prend le pouvoir au nom d'une idéologie bouddho-marxiste qui rallie en fait les opposants à tout progrès du projet de fédéralisme entre les nombreuses ethnies qui se partagent le territoires, les Birmans n'y représentant que l'ethnie dominante185(*). Dès 1972, l'économie se privatise subrepticement186(*).En 1981 Ne Win démissionne de la présidence mais garde ses fonctions dans le parti (BSPP : Burmese Socialist Programme Party). En 1988 Ne Win manifeste des velléités d'ouverture politique en vue d'un plus grand pluralisme. Il est obligé de démissionner de toutes ses fonctions. En 1989187(*) la référence au socialisme est officiellement abandonnée et le BSPP devient le NUP (National Unity Party), le pouvoir restant aux mains d'une junte (SLORC : State Law and Order Restoration Council) dirigée par le général Than Shwe. La référence au bouddhisme est également quasiment abolie, ce qui entraîne la désaffection du sangha même si ce dernier se signale souvent par un nationalisme bouddho-birman dont les cibles sont les minorités tant ethniques que religieuses. Des moines sont également visés par la répression188(*). Le régime projette désormais l'image d'un « régime hybride proche des idées du national-socialisme »189(*).

* 184 Voir le début de la section consacrée au Cakkavatti Sutta, « Conception indienne du temps ».

* 185 Parmi ces ethnies les Karène et les Kachin comportent une forte proportion de chrétiens; les Arakanais et Rohingya sont musulmans d'origine indienne. Les Chan, Was, Môns, Chin, Pao et autres ethnies sont en général bouddhistes ou animistes mais leur opposition à l'hégémonisme birman n'en est pas moindre.

* 186 Richard SOLA, Birmanie, la révolution kidnappée, l'Harmattan, Paris, 1996, p. 27 et 32.

* 187 Ibidem, p. 105.

* 188 Ibidem, p. 93, 129 et 187.

* 189 Ibidem, p. 34.

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