Le bouddhisme theravada, la violence et l'état. Principes et réalités( Télécharger le fichier original )par Jacques Huynen Université de Liège - DEA Histoire des religions 2007 |
Le theravada et la formation des nations de l'IndochineLa plus grande partie du territoire de l'Indochine est occupée par des nations, Birmanie, Thaïlande, Laos qui apparaissent relativement tard sur la scène de l'histoire, entre le XIe et le XIIIe EC, comparativement au Cambodge et au Vietnam dont on peut faire remonter les origines aux alentours des débuts de l'ère chrétienne. Ces nations « jeunes » sont aussi celles qui furent d'emblée theravada164(*). Faut-il y voir une des raisons de l'étroitesse du lien religion-nationalité que l'on y observe ? Le theravada fut sans doute présent sur la péninsule dès les débuts du Funan, ancêtre du Cambodge, et du Champa occupant le territoire de l'actuel Sud-Vietnam165(*). Mais il y resta minoritaire pendant près de mille ans. Birmans, Siamois et Lao, peuples neufs, originaires d'une zone encore tribale de la Chine du Sud-Ouest et du Tibet préférèrent-ils aux cultes relativement élaborés du syncrétisme brahmano-mahayaniste khmère qui avait dominé la région jusque là, cette religion/philosophie minoritaire, relativement simple et « raisonnable », facilement conciliable avec les croyances, la morale sociale et l'égalitarisme propres à leur animisme originel, et qui de plus leur permettaient d'établir des contacts, entre autres commerciaux, avec Ceylan où cette tradition ancienne était respectée et connaissait justement une renaissance ? La question reste ouverte mais une chose est certaine ces nouvelles nations indochinoises seraient dès lors moulées par l'idéologie politique du theravada, l'imaginaire pâli, qu'elles finiront par intégrer comme élément constitutif de leurs identités nationales en même temps qu'elles convertiront à ce modèle le Cambodge, foyer le plus ancien du brahmanisme en Indochine. * 164 Si l'on excepte la région relativement marginale du Nord-Ouest birman. * 165 L.FRÉDÉRIC, op. cit., p. 48, 52 et 65. |
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