Le bouddhisme theravada, la violence et l'état. Principes et réalités( Télécharger le fichier original )par Jacques Huynen Université de Liège - DEA Histoire des religions 2007 |
Conflits entre Laos et ThaïlandeLa tension et les conflits récurrents entre ces deux pays s'expliquent en partie par le fait que Thaïs et Laos sont ethniquement et linguistiquement très proches, d'où la tentation permanente pour la Thaïlande d'attirer ou maintenir son petit cousin dans son orbite. En 1777 Vientiane est prise par Phaja Tak, restaurateur de l'indépendance siamoise. Il s'empare du Phra Keo, précieuse statue du Bouddha taillée dans une seule émeraude, ou en tous cas dans une seule pierre précieuse, et l'emmène à Bangkok où elle peut être vénérée depuis lors au Wat Phra Keo. En 1828 les Siamois envahissent à nouveau le Laos détruisent Vientiane, en déportent une partie de la population vers le Nord-Est thaï, peu peuplé, et occupent Champassak. À la veille de la colonisation, le Nord et l'Est étant occupés par le Vietnam, il ne reste du Laos que la principauté de Luang Prabang162(*) Inter-fécondation des lignages orthodoxes par delà les frontièresHAZRA suggère (1981, p. 121) qu'en général Ceylan fut l'élément donneur ou réformateur dominant avant que les rôles s'inversent à partie du XVIIIe lorsque le Royaume de Kandy passa sous le joug colonial des Britanniques. Mais ce fut pourtant la Birmanie qui assuma ce rôle la première. XI-XIIe Sous Vijayabâhu I (1065-1120), suite à une série de conflits avec la dynastie tamoule des Chola, le sangha singhalais ayant été décimé; on n'aurait pu trouver le quorum minimum de cinq moines valablement ordonnés pour le rétablir. Les Singhalais firent appel au Birman Anuruddha, roi de Pagan au nord, récemment converti au theravada pour reconstituer un sangha singhalais163(*). Après cela, jusqu'au XVIe les échanges s'effectueront plutôt dans le sens inverse, ne fût-ce sans doute que parce que la situation politique fut globalement moins agitée sur l'île qu'en Indochine. XVe Sous Parâkramabâhu VI (1412-1468), roi de Kotte, des moines birmans môns du Râmañña (Nord) vinrent étudier à Kalyânî, près de Colombo, en compagnie de moines siamois et retournèrent en compagnie de moines singhalais, après avoir reçu l'ordination dans le sangha singhalais. D'après le Jinkâlamâli, le XVe siècle est la grande période de l'influence singhalaise sur le Siam, la Birmanie centrale et le Cambodge. Les moines circulent dans les deux sens soit que des moines indochinois aillent se former et recevoir l'ordination à Ceylan, soit que des moines singhalais viennent implanter des lignages en Indochine. Ainsi des moines de Chiang Mai (Nabbisipura) et du Cambodge vont recevoir l'upasampada à Ceylan en compagnie de moines môns du Râmañña et des moines singhalais viennent implanter leurs lignages à Sukhodaya. XVIe On peut par contre qualifier le XVIe EC de siècle birman (HAZRA, 1981, p.120-121). Suite à la crise du sangha consécutive au règne du sivaïte Râjasimha à Ceylan, la Birmanie y envoie des copies du Tipitaka et des Commentaires. Au Siam, après la prise d'Ayutthaya par Bayin Naung, ce dernier réforme le sangha siamois local sur le modèle birman. XVIIIe Ceylan est à nouveau demandeur et va se ressourcer en Thaïlande et en Birmanie (HAZRA, 1981, p. 128 et 167). Le sangha étant à nouveau presqu'éteint, le roi Kirti de Kandy envoie des candidats à la vie monastique au Siam pour s'y faire ordonner, fondant ainsi le Siam nikâya, réservé à la caste des goyigama ou propriétaires terriens. Pour redresser cette injustice, par ailleurs complètement contraire à l'esprit du bouddhisme, des candidats membres d'autres castes vont se faire ordonner en Birmanie fondant ainsi le deuxième grand ordre singhalais, l'Amarapura nikâya. * 162 Xavier ROZE, Géopolitique de l'Indochine, Paris, Economica, 2000, pp. 2 et carte p. 107; voir aussi Francis GARNIER Dans notes au Voyage de Van Wusthof au Laos, p. 1 et 25. * 163 K.L.HAZRA, op.cit., 1981, p. 83. |
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