Le bouddhisme theravada, la violence et l'état. Principes et réalités( Télécharger le fichier original )par Jacques Huynen Université de Liège - DEA Histoire des religions 2007 |
La langueLe Pâli est une forme de moyen indo-aryen (MIA) probablement fondé sur un ou plusieurs dialectes du Nord-Ouest de l'Inde mais gardant des traces de magadhismes (Nord-Est, Bihar contemporain) ainsi que de tentatives tardives de sanscritisation et de « corrections » portant la marque de ce que des grammairiens du Moyen-Age considérèrent comme le « bon usage ». O. von HINüBER le considère comme une langue artificielle16(*) K.R. NORMAN comme une « koiné monastique » (Collected Papers, 84). Le pâli serait donc une sorte d'espéranto pour moines parlant des dialectes « moyen indo-aryens » apparentés mais suffisamment différents pour en rendre la compréhension mutuelle difficile pour leurs locuteurs respectifs. L'écritureLes caractères dans lesquels nous sont parvenus les différentes versions qui ont servi à l'établissement de l'édition en caractères romains de la Pali Text Society (PTS) sont les caractères singhalais et birmans, tous deux issus de la brâhmî. La version de Kashyap en devanagari est une production récente. K.R. NORMAN admet avec G.FUSSMAN17(*), se basant sur les historiens grecs, que la kharosthî était utilisée dans le Nord-Ouest de l'Inde à l'époque d'Alexandre (323 AEC) et que, d'après Mégasthène, aucune écriture n'était utilisée au Magadha lorsque ce dernier y résida. Mais c'est probablement la brâhmî d'Asoka qui sera utilisé à Ceylan à partir du Ier siècle AEC pour translitérer le Canon. Les ÉcrituresBien que les Chroniques singhalaises, Dîpa et Mahâvamsa, situent la mise par écrit du Canon au cours des cinquante dernières années avant l'ère commune18(*), le theravada a tendance à considérer la totalité du Tipitaka, y compris l'Abhidhamma, comme Buddhavacana (parole du Bouddha). Mais il est plus probable que l'enseignement originel du Maître fut transmis dans le cadre d'une tradition orale qui s'accompagna certainement de multiples ajouts, modifications, voire altérations, en bref comme le dit Mme Rhys Davids « of an indefinite amoun of editing »19(*). avant de prendre entre Asoka et les débuts de l'ère chrétienne une forme proche de celle que devait être mise par écrit à Ceylan au Ier siècle AEC. Entre la mort du Bouddha et la mise par écrit de la tradition orale en l'état qui était le sien à cette époque tardive, se sont écoulés au moins trois siècles, au plus quelque 463 ans. * 16 (1982) « Pali as an artificial language », Indologia Taurinensia X: 133-40; (1983) et « Die älteste Literatursprache des Buddhismus, » Saeculum, XXXIV, 1:1-9. * 17 Annuaire du Collège de France, 1988-89, p. 513. * 18 K.R NORMAN, Collected Papers, n° 56. * 19 Citée par A.BERRIEDALE KEITH, «Pre-Canonical Buddhism» in The Indian Historical Quarterly, vol. XII, Delhi, 1936. Ré-impression : 1985. |
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