Elevage bovin en Ituri( Télécharger le fichier original )par Aimé Byensi Université de Kinshasa - Licence 2005 |
CHAP.III. STRATEGIES DE RELANCE DU CHEPTEL BOVIN DE L'ITURI3.0. IntroductionUne stratégie est l'art de coordonner des actions, de manoeuvrer habilement pour atteindre un but.31(*) A partir de la définition de la stratégie de la sécurité alimentaire donnée par le Professeur MOKONDA BONZA32(*), nous retenons qu'une stratégie est un ensemble de moyens que se donne un pays, une collectivité, un groupe... en vue d'arriver à une meilleure maîtrise d'une situation donnée ou d'atteindre des objectifs spécifiques. La relance quant à elle est une action de donner un nouvel élan, un essor à quelque chose. Dès lors, nous pouvons entendre par stratégie de relance de cheptel bovin, un ensemble de dispositions à conduire un ensemble d'actions à mener en vue d'assurer au cheptel bovin un mouvement dans le sens du progrès. Aussi, dans ce chapitre, nous proposerons un ensemble d'éléments à considérer pour redonner son dynamisme à l'élevage bovin en Ituri et plus particulièrement à l'Association Coopérative des Eleveurs de l'Ituri. Pour ce faire, nous commencerons d'abord par établir une relation entre élevage et coopérative, nous fixerons ensuite les objectifs à atteindre par la relance, nous présenterons enfin les voies et moyens de la réalisation. 3.1. Relation Elevage - CoopérativesL'élevage est une activité ayant des caractéristiques propres qui la distinguent d'autres formes d'activités. Elle se particularise d'abord par la faiblesse de rentabilité qui engendre un problème de financement, ensuite par l'importance du facteur de production « pâturage » qui la rend fortement tributaire des éléments, naturels et biologiques, d'où le caractère aléatoire de sa production et enfin par l'importance du nombre d'éleveurs constitués en unités de petite dimension, d'où l'asymétrie de leur position vis-à-vis des autres agents économiques avec lesquels ils sont en relation : « les agriculteurs sont des centres de décision dominés qui doivent, pour se procurer des facteurs de production et vendre leurs produits, s'adresser à des unités dominantes ».33(*) Ces problèmes liés aux spécificités de l'élevage se posent avec plus d'acuité lorsqu'il s'agit de petits éleveurs isolés, aux ressources minables. Ceux-ci rencontrent généralement les difficultés suivantes :34(*) - La crise généralisée que connaît le pays et l'insécurité persistante dans la région, - La faillite des structures d'encadrement, - Le délabrement des voies de communication, - L'absence d'infrastructures agricoles, - La carence d'infrastructures socio-économiques de base, - Le manque de semences améliorées et d'outillages. Face à ces problèmes d'une part, et à l'impératif du développement d'élevage bovin d'autre part, le regroupement des éleveurs et leur adhésion à l'Association Coopérative s'imposent comme une nécessité. En effet, les stratégies de développement ne peuvent donner leurs fruits que si la population notamment les couches sociales les plus défavorisées, est motivée, activement concernée et organisée à la base.35(*) Dans la mesure où il est un impératif pour chaque catégorie sociale ou chaque société de poser par elle-même les enjeux de son développement tant il est vrai qu'on ne développe pas mais on se développe36(*), « la redynamisation et la création des coopératives » semble être une solution idéale qui permettrait aux éleveurs, surtout aux petits exploitants de se prendre en charge, en mobilisant davantage les moyens disponibles. En effet, les organisations coopératives présentent l'avantage de : - Faciliter la distribution des services notamment dans le domaine de vulgarisation en comprimant les coûts administratifs, - Fournir des informations sur les besoins et ressources locaux, - Faciliter la mobilisation des ressources locales en main-d'oeuvre et capitaux, - Améliorer l'approvisionnement des éleveurs en intrants vétérinaires, - Modifier les structures de commercialisation en faveur des éleveurs, - Octroyer une personnalité juridique légale, facteur important pour l'extension des débouchés, des sources d'approvisionnement, d'appui technique et financier pour un groupe, - Lutter contre l'exploitation abusive des éleveurs et faire respecter leurs droits, - Rentabiliser en définitive l'activité d'élevage à petite échelle. En mettant en avant plan des efforts collectifs d'un groupe de personnes pour résoudre des problèmes communs, là où les efforts individuels se sont avérés insuffisants, les coopératives, agents de développement, permettent à l'élevage de remonter les faiblesses inhérentes à sa nature spécifique, comme forme d'activités économiques. En effet, les éleveurs regroupés peuvent accéder plus facilement et à moindres coûts aux facteurs de production. Il leur est aussi possible d'améliorer la commercialisation de leurs produits et l'infrastructure de vente alors que les initiatives individuelles risquent d'être infructueuses. La coopérative est une interface susceptible de favoriser la réalisation des plans de développement nationaux : c'est un pont qui permet de rapprocher les différents partenaires de développement37(*) et qui a l'avantage d'être financé essentiellement par des fonds propres de ses membres qui en sont à la fois bénéficiaires. 3.1.1. Nécessité d'une reforme juridiqueLe cadre juridique actuel, caractérisé par l'absence de loi ou leur inadéquation au contexte socio-économique et au rôle assigné aux coopératives, ne peut favoriser leur éclosion. Il devrait alors être modifié en intégrant les éléments suivant : Ø la tutelle : il devrait être précisé les institutions de tutelles (administratives et technique) de coopératives en fixant les limites de leurs attributions ; Ø la constitution : les conditions à remplir pour obtenir les statuts de coopérative devraient être clairement définies par rapport aux autres formes d'entreprises et d'agent de développement ; Ø les procédures administratives : elles devraient être spécifiées et allégées ; Ø la place dans l'économie : le rôle à jouer par les coopératives dans l'ensemble de l'économie devrait être spécifié (droits, devoirs et limites de compétences). * 31 Bertrand EVENO, Larousse encyclopédique illustré, 1997, P.1548 * 32 MOKONDA BONZA, Economie alimentaire, Cours de 2e Licence, Ecorur, FASEC, UNIKIN, 2006 * 33 TIKER TIKER, op.cit., P.17. * 34 MINAGRI, Plan directeur du développement agricole et rural (1992 - 2002), MINAGRI, Kinshasa, 1995. * 35 FAO, Organisation et gestion du développement agricole au service des petits exploitants, FAO, Rome, 1993, P.51 * 36 MBAYA M., Cours d'organisation Coopérative, STD, FCK, Kinshasa, 1997, P.32 * 37 MUHIMA S., Les coopératives et les paysannats au Congo belge entre 1920 et 1959 : essai d'analyse critique, ISPEC Cotonou et Université Laval, Québec, 1993, P.231 |
|