2.1.4. Population
L'Ituri a servi de zone de passage aux divers peuples
africains du Nord vers le Sud, mais pour se diriger soit dans la forêt
équatoriale au cours des grandes migrations, soit dans l'occupation des
savanes et montagnes. Ce passage a permis à l'Ituri de voir des peuples
d'origine et de cultures diverses s'implanter sur ledit territoire. Ceci est
remarquable par la diversité de groupes ethniques. L'Ituri
apparaît comme le carrefour des populations congolaises. En effet, on y
rencontre :
Ø Les Pygmées : qui
occupent la forêt équatoriale (territoire de Mambasa et l'Ouest
ceux de Djugu et d'Irumu). IL semble qu'ils sont en Ituri depuis
l'époque pharaonique et considérés par conséquent
comme les premiers occupants de l'Ituri. Ils ont été
refoulés dans la forêt par les poussées successives venant
du Nord de l'Afrique. Ils s'adonnent à la cueillette, au ramassage,
à la chasse et à la pêche.
Ø Les Bantous : sont venus du
Nord du Cameroun dans la région du bassin du Niger, de
Bénoué et du Congo. Il s'agit des Banyali, Babira et Babila
(Babira de la forêt). Les Babira de la savane en contact avec les
pasteurs ont acquis du bétail de sorte qu'en plus de l'agriculture,
certains possèdent de cheptel bovin.
Ø Les Nilotiques : ont suivi la
vallée du Nil en descendant le plateau Abyssin. Eleveurs dès le
Néolithique entre 4400 et 4200 avant Jesus Christ. Il s'agit de Bahema,
des Alur, des Kakwa, des Mambisa et des Ndoo ; mais d'autres s'adonnent
également à l'agriculture.
Ø Les Soudanais : comprennent les
Lugbara, Kaliko, Walendu, Mabendi, Walese. Venus du Soudan Oriental, ils sont
spécialement agriculteurs et devenus éleveurs par
contiguïté.
2.1.5. Principales
activités rurales de l'Ituri
L'économie rurale est la branche de l'économie
générale qui s'occupe des activités économiques se
déroulant en dehors des agglomérations urbaines, ou en dehors de
villes. C'est ainsi qu'il s'agira dans cette partie d'analyser les
activités telles que : agriculture, élevage, pêche,
chasse, cueillette, exploitation forestière, exploitation artisanale de
l'or, artisanat et aussi le petit commerce.
a. Agriculture :
C'est l'activité principale qui occupe la
majorité de la population active rurale au Congo et
particulièrement aussi en Ituri.
L'agriculture de subsistance, de tenure, de traite, paysanne,
d'entreprise et l'agriculture à temps partiel sont les différents
types d'agricultures qui existent en Ituri sous diverses formes parfois non
perceptibles.
D'après le rapport d'évaluation des
réalisations des activités annuelles du service de l'inspection
de l'agriculture et d'élevage de l'Ituri (1997), la dégradation
successive de la situation salariale, la prise en charge par les parents de la
collation des enseignants ont mis une partie de la population active dans un
état de chômage. Celle-ci s'est déversée dans
l'agriculture d'où l'accroissement des agriculteurs. Cette situation a
poussé ceux-ci à pratiquer beaucoup plus l'agriculture de
subsistance leur servant à subvenir aux besoins physiologiques. Les
caractéristiques de cette agriculture sont : traditionnelle,
basée sur une technologie archaïque avec une très faible
productivité. Elle a aussi un caractère
héréditaire, ancien et presque figé ou immuable de cette
technologie issue de plusieurs générations d'ancêtres.
A part la production vivrière qui est l'apanage de la
majorité des agriculteurs, l'Ituri se distingue dans des plantations
essentiellement de café arabica dans les régions de Mahagi, Djugu
et Irumu et robusta à Mambasa ; mais aussi de coton dans la plaine
du lac Albert, et de palmier à huile dans le territoire de Mambasa
surtout. Quant au plantations du thé, de quinquina, ...
exploitées autrefois par les colons belges se retrouvent aujourd'hui
dans un état de délabrement total.
b. Elevage
L'élevage occupe également une place de choix en
Ituri parce qu'il est pratiqué dans tous les territoires du district.
Les peuples pratiquent l'élevage du gros bétail, du petit
bétail voire de la basse cour comme le révèle le tableau
ci-dessous.
Tableau III. Recensement exhaustif de bétail en
1998
TERRITOIRE
|
GROS BETAIL
|
PETIT BETAIL
|
BOVINS
|
%
|
CAPRIDES
|
OVIDES
|
SUIDES
|
BASSE COUR
|
ARU
|
93.552
|
29,6
|
128.011
|
61.686
|
18.386
|
159.704
|
MAHAGI
|
50.229
|
15,9
|
122.682
|
50.940
|
73.354
|
166.549
|
DJUGU
|
43.814
|
13,8
|
96.146
|
23.531
|
48.874
|
144.641
|
IRUMU
|
128.890
|
40,7
|
-
|
-
|
-
|
-
|
MAMBASA
|
32
|
0,01
|
4.667
|
171
|
1.784
|
9.764
|
TOTAL
|
316.517
|
100
|
351.506
|
136.328
|
142.398
|
480.658
|
Source: Ministère de l'agriculture et
élevage, Rapport annuel, 1998, P.64
Selon ce tableau l'Ituri occupe une place enviable dans la
pratique de l'élevage sur l'ensemble du pays. Pour ce qui concerne le
gros bétail, le territoire d'Irumu compte à lui seul 40,7% du
cheptel bovin de l'Ituri. Les autres territoires se repartissent le reste de
pourcentage : pour le territoire d'Aru 29,6% ; 15,9% pour
Mahagi ; 13,8% pour Djugu et Mambasa 0.01%.
Toutes les données dans ce tableau montrent qu'en
dehors de l'agriculture les peuples ituriens restent très sensibles
à la pratique de l'élevage. Ainsi, la prolifération de
l'élevage en Ituri est fonction de climat dont jouit celui-ci, donc le
climat tropical humide d'altitude qui occupe la majorité de l'Ituri,
avec la température annuelle de 15° et 25°c, les
précipitations annuelles de l'ordre de 1.200 et 2.200 mm et le climat
tropical dominé par la plaine du lac Albert. Ce climat enregistre la
température élevée que les vaches supportent mieux, comme
dans le territoire d'Irumu avec 128.890 têtes de bétail.
Par contre le territoire de Mambasa enregistre le taux de
bétail le plus bas soit 0.01% suite à son climat
équatorial type dominé par la forêt équatoriale
rendant difficile la pratique de l'élevage.
c. Pêche
La pêche est une activité aussi très
pratiquée en Ituri. Elle est surtout lacustre et en majorité
artisanale, à part l'exploitation effectuée par quelques
commerçants Grecs (exemple la COGEPA) qui produisaient une grande
quantité des poissons. Les autres entreprises comme la SGA sont
tombées en faillite suite aux multiples crises qu'a connues le pays.
Le lac Albert situé à l'Est de ce district,
à la frontière avec l'Ouganda, réputé être le
plus poissonneux du Congo, permettait à l'époque de fournir une
grande quantité de poissons dans la majeure partie de la Province
orientale et du Nord Kivu.
d. Exploitation Forestière
La forêt équatoriale couvre la majeure partie de
l'étendue nationale. En Ituri, elle occupe tout le territoire de
Mambasa, l'Ouest et le Sud-Ouest de territoire d'Irumu et l'Ouest du territoire
de Djugu.
Son exploitation a toujours été l'apanage des
commerçants locaux. Ceux-ci ont installé des scieries ça
et là dans la forêt et vendent les bois de toute sorte soit sur
place soit dans leurs dépôts au village ou encore à Bunia
(centre urbain).
e. Exploitation artisanale de l'or
Cette activité occupe aussi une grande partie de la
population iturienne surtout dans les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa,
la société Kilo-Moto créée depuis l'époque
coloniale exploite l'or d'une façon industrielle.
Depuis la libéralisation de l'exploitation de l'or par
l'Etat, cette activité n'avait cessé d'attirer une grande partie
de la population rurale qui abandonna d'autres activités comme
l'agriculture au profit des carrières.
f. Artisanat
L'artisanat c'est l'ensemble des métiers des artisans
qui font un travail manuel à leur propre compte, aidés souvent
par leur famille, les compagnons, les apprentis, etc.
On peut citer l'exemple des forgerons, des vanniers, des
potiers, des cordonniers, des bijoutiers, etc.
Leurs travaux dépendent beaucoup plus du pouvoir
d'achat des clients. La plupart d'entre eux habitent la
périphérie du centre urbain.
g. Le Petit commerce
Cette activité est pratiquée partout dans le
district de l'Ituri, à différents niveaux. Les marchandises
vendues en gros ou en demi-gros dans le centre urbain sont
détaillées de village en village selon les besoins et les moyens
des autochtones. Cette activité est influencée surtout par la
stabilité du pays, le pouvoir d'achat des clients, le prix du carburant
à la pompe, l'état des routes et aussi les différentes
taxes imposées par l'administration locale.
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