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Les auditeurs de Skyrock face à l'intolérance - Fonctionnement, valeurs et portée du discours de l'émission "Radio libre" dans le traitement des problèmes d'intolérance vécus par ses auditeurs

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par Mathieu Sicard
Université Paris III Sorbonne Nouvelle - DEA - Master 2 recherche 2006
  

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Ecrire l'oral

Partant de ces observations et de nos premières analyses, comment envisager une analyse conversationnelle ?

A proprement parler, les retranscriptions que nous allons présenter, n'ont qu'une représentativité limitée de la conversation radiophonique. Elle est dépouillée des signes non verbaux, même si nous tacherons d'en laisser apparaître certains. Ainsi, des didascalies peuvent donner un indice du ton de la... réplique. Ailleurs, des points de suspension, lorsqu'ils ne sont pas entre crochets, ne signifient pas une coupure dans la retranscription mais marquent les hésitations présentes dans l'oralité originelle. En outre, les « euh », « t'as vu », « tu sais », « tu vois » ou autres coupures de parole matérialisées par les points de suspension d'une phrase non finie sont des marqueurs d'un langage oral exprimant ses codes, ses significations sociales, les propriétés de l'espace radiophonique dans lequel il évolue. Ils ont une fonction phatique, ils servent à entretenir le contact interlocutif, selon Jakobson.

Le passage de l'oral à l'écrit, s'il est commode, demeure toujours approximatif et suppose parfois des subjectivités infidèles tant le projet de retranscrire les signes non verbaux en ponctuation est ardu, et lui-même empreint de la subjectivité et de la capacité du dactylographe. Nous n'abuserons donc pas avec certitude de la perception des tonalités dans la conversation et le lecteur pourra confronter à ce propos le regard de l'auteur avec le sien à l'écoute des bandes (disons plutôt des mp3) des séquences qui nous intéressent ici.

Enfin, combinée aux différentes sciences de l'information et de la communication que nous avons appréhendées en première partie, l'ethnométhodologie sera un dernier allié à superposer sur notre approche. Notre projet est d'accorder un intérêt à la construction locale du discours, sur l'antenne que nous avons définie, dans un cadre d'échange singulier, pour comprendre pas à pas, les détails constitutifs de la conversation, intentions des locuteurs et normes sociales, pour

comprendre la distribution de la parole, les statuts des co-constructeurs, la pertinence du discours ainsi élaboré.

Notre propos portant sur l'analyse de la skysolidarité en tant que tel, nous nous emploierons à distinguer des phases dans la conversation, afin d'en tirer quelques conclusions. Nous porterons ensuite notre regard sur les échanges conversationnels pour en décortiquer le discours notamment afin de déterminer les valeurs qui gouvernent cette skysolidarité.

Le processus de skysolidarité

Vouloir comprendre le fonctionnement d'un processus discursif nécessite pour notre tâche une retranscription écrite des séquences sur lesquelles nous voulons travailler.

Ce travail, s'il est fastidieux, permettra néanmoins, à l'inverse des séquences audio, un témoignage de l'interrogation que nous voulons faire du corpus. Il sera un outil plus maniable pour le travail d'étude, de prise de note, et manié pour laisser apparaître les traces d'une première analyse (où nous noterons au fur et à mesure nos observations de découpage des grandes phases du processus, par exemple : « exposé et évaluation du problème de l'auditeur », « témoignage d'un auditeur »...) ; et qui, dans un second temps, servira de corpus référentiel complémentaire, plus commode pour l'occurrence, que les bandes son.

Il va s'agir de retranscrire à l'écrit les conversations des séquences de notre corpus. Nous procèderons en nommant tout d'abord chacune des séquences et en référençant son jour et son heure de diffusion. Puis, nous retranscrirons le dialogue à proprement parler en précédent chaque intervention du nom de son auteur. Certains passages, hors sujets, seront coupés, matérialisés par des points de suspension ou une brève exposition de ce qui vient couper la séquence, toujours entre crochets. L'usage des points de suspension, sans crochets, dans la retranscription de la conversation ne signifie ainsi pas une

interruption mais veut matérialiser une intonation de la voix (hésitation...) ou le fait que la parole a été coupée par l'interlocuteur suivant. D'autres signes de l'oralité seront matérialisés, notamment par des didascalies, entre parenthèses après le nom de l'interlocuteur, par exemple pour exprimer son ton ou son attitude. Le souhait de ces procédés est de conserver une proximité des plus fidèles avec la conversation et son caractère oral dont tous les paramètres ne peuvent pas apparaître à l'écrit. Nous devrons ainsi parfois avoir un second recours à l'écoute des bandes son pour préciser un propos. Par ailleurs, lorsque besoin sera, nous pourrons aussi contextualiser les séquences en quelques lignes.

Afin de rendre possible la citation et la référence, nous aurons ainsi pris soin de numéroter chaque intervention de chaque séquence, afin de pouvoir y faire référence selon le découpage à suivre (par exemple : « à l'intervention 108 du cas 1 des sujets concernant le racisme, nous pouvons noter... »). La référence citationnelle oblige à cet exercice af in de rendre compte de façon rigoureuse et vérifiable de l'exactitude du propos qui suivra dans l'étude. La numérotation s'appliquera pour chaque intervention et non chaque ligne pour rendre plus pertinents et commodes l'usage et la lecture de la citation.

Ainsi, voici ces retranscriptions, pour les trois catégories des huit sujets de notre corpus, séquences après séquences, annotées de titres (en majuscule et en gras) pour mettre en évidence les grandes phases communes à chacune d'elles. Leurs libellés sont ceux-ci :

- exposé et évaluation du problème de l'auditeur (ou de l'auditrice) appelant ;

- témoignage d'un, d'une ou de plusieurs membres de l'équipe ;

- témoignage fictionnel1 d'un, d'une ou de plusieurs membres de l'équipe ;

- témoignages d'auditeurs ou d'auditrices par messages (SMS et internet) et points de vue de l'équipe ;

1 Par << fictionnel >>, on entendra << qui s'imagine en situation sans l'avoir connue >>.

- témoignages d'auditeurs ou d'auditrices à l'antenne1 et points de vue de l'équipe ;

- conclusions (et éventuellement perspectives)

Chaque intervention a été numérotée (en marge gauche) de 1 à XXX pour chacune des séquences. En repartant de zéro à chaque séquence pour rendre compte du volume de chacune d'elle, respecter leurs caractères propres et permettre leur utilisation individuelle.

Nous commencerons par les séquences ayant trait au racisme, puis à l'homophobie et enfin, les intolérances du fait de la religion/tradition. Cette disposition permet de respecter l'ordre de la dominance de ces catégories, en commençant par la plus importante (3 sujets).

1 C'est à dire par téléphone, en direct.

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