C/ La « riposte » de l'État
Dans le même temps, les radios d'État voient
leurs audiences baisser de part la présence des radios dites «
périphériques » que sont R.T.L. ou Europe 1, qui
émettent à partir de pays limitrophes. Leurs émissions
sont conçues à partir des attentes de leurs publics. Les radios
du groupe Radio France gardent cependant leurs fidèles : le confort
d'écoute est agréable et la publicité absente. Cependant,
le public demande de plus en plus de diversité.
Un coup médiatique a contribué à une
prise de conscience par l'État de l'existence des radios pirates. Le 10
mars 1977, Brice Lalonde, candidat écologiste aux élections
législatives, présente une vraie/fausse radio pirate au journal
d'Antenne 2 : Radio Verte23. Ce n'était en fait qu'un simple
récepteur qui recueillait le signal d'un mini-émetteur
couplé à un magnétophone déclenché pour
l'occasion. Des radios pirates commencent alors à apparaître dans
toute la France pour exprimer des contestations politiques et sociales.
Ces radios naissent dans un but précis : Radio Verte
Fessenheim, en Alsace, s'insurge contre la construction d'une centrale
nucléaire pendant que Radio Fil Bleu, à Montpellier,
dénonce le monopole d'État. Ce dernier songe à la
possibilité de sanctionner les émissions
irrégulières mais les pirates se multiplient du fait d'un certain
vide juridique. Certains vont jusqu'à parasiter Radio France, parfois
involontairement, à cause d'émetteurs trop puissants ou mal
réglés.
Le nombre de radios pirates va augmenter crescendo : d'une
vingtaine en février 1978, on en dénombrera plus de 70 à
la fin de cette même année. C'est pourquoi la loi du 27 juin 1978
prévoit des sanctions en cas de non observation du monopole de diffusion
: de 10 000 à 100 000 Francs (1 500 à 15 000 euros) d'amende et
des peines de prison pouvant aller jusqu'à un an.
Radio Riposte émet le 28 juin 1978
depuis le siège du P.S. rue de Solferino. Elle diffuse un plaidoyer pour
la liberté, enregistré quelques jours avant par François
Mitterrand. La police arrive dès le début de l'émission.
C'est ainsi que François Mitterrand, Laurent Fabius24 et
quelques autres membres du P.S. sont inculpés pour infraction au
monopole de radiodiffusion. Un comble... Cette arrestation a pour
conséquence que les défenseurs des radios libres
considèrent désormais François Mitterrand comme un des
leurs.
L'État cherche de son côté à
concurrencer les « radios libres » en créant des radios
décentralisées dans certaines villes, et Radio 7 pour les
jeunes.
Dès le début du mouvement des « radios
pirates », trois grandes catégories de radios se dessinent : les
radios sonos, les radios d'expression locale et les radios « super tract
». Les radios sonos se contentent de passer de la musique, souvent
tirée de la discothèque du ou des animateurs. Ces derniers
mettent les disques qui leur font plaisir.
Les radios d'expression locale permettent à des
communautés de s'exprimer dans leurs patois et dialectes. La
frontière avec la catégorie « super tract » est parfois
floue quand la radio prône l'indépendance d'une région.
Les radios « super tract » sont en effet des radios
de combat. Les luttes socialistes et communistes y sont bien
représentées. Ces dernières peuvent également
être féministes, à l'origine d'objecteurs de conscience ou
défendre la cause des homosexuels.
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