Nous avons étudié le fonctionnement financier
des radios associatives en général, et de la radio girondine
R.I.G. en particulier. Cela nous permet donc de savoir qu'en plusieurs points
ses actions sont soumises à un fonctionnement financier instable.
Nous avons parlé du fait que la communication de la
radio R.I.G. était pour le moins vacillante. Et pour cause,
au-delà du fait qu'elle ne soit pas ou peu organisée et prise au
sérieux comme étant une véritable opportunité, elle
est soumise au fonctionnement financier de la structure. Car c'est là
que le bât blesse : comment R.I.G., qui a suffisamment de ressources pour
survivre pourrait-elle dépenser de l'argent pour une notion si
éloignée de la réalité du terrain ? En effet si au
quotidien les questions financières prennent le pas sur les actions, il
lui est difficile d'envisager autre chose que de ne pas perdre de temps et
d'argent dans un budget « communication ». Comment conserver les
subventions, comment payer les salariés, comment diversifier ses actions
pour avoir de meilleurs moyens, comment remplacer un matériel
défectueux ou obsolète, comment trouver des annonceurs
intéressés par de l'achat d'espace sur ses ondes, sans toutefois
dépasser le seuil de 20 % du chiffre d'affaires annuel fixée par
le F.S.E.R., autant de questions qui régissent la vie au quotidien de la
structure.
Mais il serait négligent de notre part de ne pas prendre
en compte toutes les difficultés d'une radio associative à
s'affranchir du dogme financier pour exister.
En effet, outre toutes les recommandations possibles et
imaginables qui peuvent être faites, reste un problème
idéologique, et de taille. Comment peut-on considérer une radio
associative, et a fortiori R.I.G. comme indépendante de ses actions et
de sa ligne éditoriale si son existence même est soumise à
un système qui fait que la dépendance est inéluctable ?
Nous parlions plus haut du mode d'attribution des subventions. Comment
considérer R.I.G. indépendante lorsque tout ou partie de son
budget provient du F.S.E.R., qui lui-même édicte des règles
de fonctionnement strictes, correspondant à la notion de
communication sociale de proximité ?
Il serait naïf de penser que malgré ces contraintes,
la radio garde une totale indépendance de penser et d'agir.
La radio associative se doit de répondre, si elle
souhaite obtenir des subventions, à certaines exigences
édictées par les deux organisations dont nous parlions plus haut,
à savoir le C.N.R.A. et le S.N.R.L. . C'est ainsi que lui incombe des
missions de communication sociale de proximité donc,
entendue comme « le fait de favoriser les échanges entre les
groupes sociaux et culturels, l'expression des différents courants
socioculturels, le soutien au développement local, la protection de
l'environnement ou la lutte contre l'exclusion ». Cela doit
évidemment se traduire dans les actions de la radio, notamment au
travers d'un dossier d'activité qui doit être envoyé chaque
année au F.S.E.R., ce dernier décidant ou non de
ré-attribuer une subvention, fonction donc de la cohérence de
l'action de la radio avec ses missions de départ. Toutes ces
démarches sont donc étroitement liées les unes avec les
autres, les organismes que sont le F.S.E.R., le C.N.R.A. ou le S.N.R.L.
travaillant également de concert.
Voilà donc une limitation dans la liberté
d'action, pour ne pas parler abusivement de liberté d'expression, qui
confirme donc le fait que les radios associatives sont dépendantes
financièrement, en tout cas en ce qui concerne ses actions, ou pour
être plus précis ses missions. On comprend donc aisément
pourquoi la radio R.I.G. ne concentre pas d'efforts particuliers à autre
chose qu'à sa survie, au jour le jour. Et comme si cela n'était
pas suffisant, récemment l'avenir des radios associatives s'est assombri
un peu plus lorsque le Ministère de la Culture et de la Communication a
récemment proposé une aide qui viendrait se substituer à
celle attribuée par le F.S.E.R. . Le Ministère de la Culture qui
a d'ailleurs été soutenu en ce sens par le Sénat, qui dans
le cadre d'une enquête sur le F.S.E.R. en arrive aux mêmes
conclusions que le Ministère de tutelle. Seul problème : il
s'agit d'une aide aléatoire et non plus « automatique », d'une
part, et jugée purement et simplement liberticide d'autre part par les
radios concernées.
Selon les propres termes employés par la commission du
Sénat chargée du dossier, « les aides publiques devraient
davantage s'orienter vers des aides à projets », sous-entendant la
mort des aides provenant du F.S.E.R. . Cela implique a priori un
interventionnisme exacerbé de l'État dans la vie des radios
associatives, autrefois appelées « radios libres ». En
d'autres termes, les radios ne veulent pas d'une subvention qui ne
dépende que d'un bon vouloir et de la cohérence d'avec une ligne
éditoriale fixée arbitrairement. Autre point de discorde non
négligeable : le plafond de 20 % de recettes publicitaires pouvant
être rehaussé : ce serait jouer sur le terrain des radios «
commerciales », puisque la taxe servant la distribution des subventions
par le F.S.E.R. provient pour partie des recettes de ces radios.
Enfin sur un plan purement idéologique et toujours
selon le point de vue des radios associatives, ces décisions pourraient
remettre en cause leur liberté d'expression et leur pluralité
d'actions. C'est ainsi, outre les articles et autres sites Internet qui ont
fleuri à cette occasion, qu'un Collectif National s'est monté, 1
631 signatures ayant été collectées.
Et c'est là que notre travail devient
intéressant. C'est à ce moment qu'il est important de faire
prendre conscience à la radio que toutes ces questions peuvent trouver
une solution dans l'utilisation à bon escient de la communication.