Malgré ses difficultés, dont elle est
consciente pour la plupart, la radio sait prendre du recul et voir les choses
de manière pragmatique. C'est ainsi que lorsque la question de la
communication de crise a été évoquée durant
l'entretien avec Pascal Corpart, il nous a semblé évident que
R.I.G. ne se complaisait pas dans sa situation actuelle et était en
recherche permanente de solutions.
Ainsi à la question « Avez-vous un plan de
communication prévu en cas de crise ? », la réponse a
été cinglante : « Nous sommes en permanence en alerte
». Certainement dû à un mauvais souvenir...
Nous avons parlé précédemment d'une radio
partenaire de R.I.G. : AQUI Fm. Ces deux structures travaillent en
étroite collaboration, ce qui permet de mettre en commun les
compétences des salariés lors de manifestations importantes. Un
problème de communication interne est à l'origine d'un
conflit59 qui n'aura pas été géré par
une communication de crise adaptée. Un des articles trouvés sur
Internet relatant la situation est en annexes. La crise se résume au
fait que les salariés de l 'époque, agacés de ne pas voir
venir d'éléments rassurants quant à l'avenir de la radio,
se sont mis en grève.
Pour information, la crise a été
gérée, de l'aveu des salariés et bénévoles
de R.I.G., de manière à ne laisser aucune chance aux
salariés désignés dans l'article : la radio AQUI Fm a
renvoyé ces derniers, sans pour autant les remplacer
immédiatement. L'avenir de la radio, objet de grève des
licenciés, est finalement plus incertain qu'au départ du conflit,
alors que la fréquence de la radio a finalement été
renouvelée...
Ainsi R.I.G. aura-t-elle appris, non pas à ses
dépends mais à ceux de AQUI Fm, qu'une communication de crise
n'était pas un jouet ou une futilité, mais bel et bien un outil
indispensable de la communication moderne.
L'article « La perception du risque dans la
société de la peur60 », même s'il traite
des risques dans le tourisme et les loisirs, cristallise bien le climat de
cette radio qui a amené à ces conséquences. Ainsi une
citation tirée de cet article résume bien ce à quoi la
crise fait appel : « l'angoisse est le contraste entre imagination et
réalité 61».
Cette expérience aura donc permis une chose : faire
prendre conscience à R.I.G. qu'une crise est vite arrivée, et
qu'il est indispensable de la prévoir et d'y faire face non pas dans
l'urgence mais de manière rationnelle. Pascal Corpart nous a ainsi
confié que la création d'une équipe de communication
était à l'étude, afin de pourquoi pas faire d'une pierre
deux coups : d'une part envisager sérieusement les questions de
communication, et d'autre part en faire le projet commun et
fédérateur qui permettrait à toutes les équipes
(direction, salariés, bénévoles) de travailler ensemble
sur un projet de grande envergure.
59 cf. annexes
60 cf. annexes Cahiers Espaces n° 85, Didier
Heiderich, 6 pages 61 Paul Diel, « La peur et l'angoisse »,
éditions Payot, 1985
Cela permettrait ainsi de résoudre tout ou partie des
problèmes de communication interne.
Un service « communication » est donc prévu
à l'avenir, en tant que service intégré, puisque faire
appel à une agence pour toute opération de communication
relève de l'improbable dans le cas de R.I.G., par manque de moyens. Un
service intégré qui pourrait ainsi réfléchir et
travailler sur les questions de communication permanente et sur les questions
de communication ponctuelle. En effet Pascal Corpart nous a confié que
désormais une communication efficace passera par l'information des
publics de la radio, aussi bien en interne qu'en externe. Les outils qui ont
été évoqués durant l'entretien sont
différentes manifestations auxquelles R.I.G. prendrait part, ainsi que
l'utilisation du formidable outil que peut-être l'antenne.
En revanche à la question : « Pensez-vous que les
dossiers de presse et d'activité envoyés chaque année au
F.S.E.R. constituent des actions de communication ? », Pascal Corpart nous
a répondu par la négative. Il soutient en effet que ces derniers
représentent plus une action informative que de communication. Il
insiste néanmoins sur le fait que ces outils peuvent à l'avenir
servir de base pour exposer les actions futures de la radio à ses
différents partenaires. Il s'agirait ainsi non plus de réaliser
des dossiers « bilan » mais des dossiers « prospectives
».
Pour en finir avec les éléments de
réponse qui nous ont été rapportés à travers
notre entretien, il est important de noter que Pascal Corpart considère
que dans le monde des radios associatives, l'argent n'est pas « le nerf de
la guerre ». Il s'en explique parfaitement en précisant qu'une
idée prévaut sur des ressources. Il ajoute que malgré
toutes les analogies que l'on peut faire entre cet environnement et d'autres,
les radios associatives sont bel et bien uniques dans leur fonctionnement, et
donc qu'il serait maladroit de dire que dans ce cas précis l'argent
prévaut sur les idées. Il appuie d'ailleurs cette
hypothèse par un des slogans qui passe sur l'antenne : « R.I.G., on
a pas des millions mais on a des idées... ».
Parmi ces idées, le responsable de la communication de
R.I.G. insinue qu'à l'avenir, sa radio n'utilisera pas ou peu la
communication « coup de poing » qu'a pu utiliser N.R.J. à son
époque : il justifie ce choix par le fait que ce genre d'initiatives, au
jour d'aujourd'hui, seraient mal perçues par l'opinion publique et par
les institutions partenaires de la radio.