Partie 1 : Le profil du collectionneur
A. Caractéristiques du collectionneur
A. Le collectionneur et sa trajectoire de vie
Pourquoi collectionne t'on ? Quelles sont les forces qui
incitent un individu à devenir collectionneur ?
Selon Muensterberger, la collection, quête
perpétuelle d'objets nouveaux provient « d'un souvenir
sensoriel - qui n'est pas immédiatement identifié - de privation,
de perte ou de vulnérabilité, et d'un désir
consécutif de substitution, étroitement associé à
la morosité et à des tendances dépressives ».
Toujours selon Muensterberger, à la naissance, le
bébé ne fait pas la distinction entre lui et sa mère et
vit avec elle un état fusionnel. Un jour il s'aperçoit qu'elle
peut s'absenter. Un véritable traumatisme. Pris d'angoisse et de peur,
il tend les mains, saisis un objet et le garde près de lui. C'est
« l'objet transitionnel ». Cet objet -poupée de
chiffon, hochet, carré de tissu, etc - est le prolongement de l'enfant
à l'extérieur. Le collectionneur retrouverait dans chacune de ses
acquisitions, le pouvoir de l'objet transitionnel.
En effet l'observation des enfants nous apprend que les tout
petits cherchent des solutions pour faire face à l'appréhension,
la vulnérabilité, la solitude, l'anxiété. Ils
prennent souvent un objet tangible : une tétine, un pouce, une
peluche, un doudou ... pour trouver une consolation qui ne leur est pas
prodiguée. L'enfant s'agrippe à l'objet qui devient une
protection magique, une sécurité imaginaire et lui apporte un
réconfort instantané face à sa peur de la solitude.
Les choses, objets prennent alors une dimension importante et
Muensterberger affirme que « l'affection se reporte sur des choses
qui, aux yeux de celui qui les regarde, finissent par avoir une âme,
ainsi que les amulettes et les fétiches dans les sociétés
primitives, ou les saintes reliques pour les dévots ». Ce
phénomène qui consiste a donné une
« âme » à un objet est appelé
« animisme » chez les anthropologues,
« attachement » chez les psychologues.
Le fait de prendre, d'agripper et plus tard les tendances
à l'accumulation, caractéristiques très présentes
chez les collectionneurs, viennent souvent de la phase d'individuation mal
vécue. L'absence, physique ou non, des parents et surtout de la
mère engendre un sentiment de manque, de frustration qui restera
à tout jamais et aura des conséquences graves sur la prise de
conscience de soi.
Dans toutes les sociétés et dans toutes les
époques, le phénomène de collectionner est présent.
Tout enfant doit en effet, tôt ou tard, faire face au dilemme de la
substitution (de la mère) Mais dans l'idéal, c'est seulement une
étape transitoire.
Le psychologue Henri Codet a consacré une thèse
au comportement du collectionneur. Il recense quatre caractéristiques
psychologiques du collectionneur :
- Le désir de possession,
- Le besoin d'activité spontanée,
- L'entraînement à se surpasser,
- La tendance à classer.
« On retrouve chez l'enfant tous ces traits
spécifiques, dit-il. C'est peut-être leur survivance à
l'âge adulte qui fait le collectionneur ».
C'est entre 7 et 12 ans qu'apparaissent les premiers
désirs de collection. Ils correspondent au besoin de rationaliser et de
classer les éléments du monde extérieur pour en prendre
intellectuellement possession. C'est aussi le premier moyen de se mesurer au
monde des adultes. En principe, à la puberté, ces tendances
disparaissent. Mais si elles continuent de se manifester à l'âge
adulte, c'est avec un élément supplémentaire : la passion.
D'où la véritable « collectionnite ».
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