Dans le cadre de notre étude, le territoire du Scot se
présente comme un espace périurbain sous influence toulousaine.
De par la spécificité géographique des stratégies
familiales, la situation du territoire de la commande interroge quant aux
pratiques qui vont découler de l'effacement de la carte scolaire.
La littérature scientifique ne s'est pas
avérée très foisonnante sur le sujet des stratégies
scolaires des périurbains et plus généralement sur la
question scolaire des périurbains. Néanmoins la question intrigue
de plus en plus22. De nombreux chercheurs commencent à
s'intéresser à la question en pointant du doigt les tensions qui
se font jour dans cet espace en matière scolaire. Pour le
géographe Hervé Vieillard-Baron « c'est dans le
périurbain qu'aujourd'hui se jouent l'essentiel des problèmes
éducatifs, même si on ne s'en rend pas
compte >>23.
Concernant les stratégies des périurbains face
à l'école, si la question est encore peu traitée, nous
pouvons malgré tout utiliser les apports des spécialistes du
périurbain. En particulier deux ouvrages de référence, la
ville émergente et la ville à trois vitesses qui
présentent des lectures différentes mais complémentaires
pour notre approche. Ainsi en faisant une synthèse grossière des
idées, (rappelons au passage que ces ouvrages présentent des
modèles) le périurbain s'explique comme un espace complexe. C'est
le lieu d'accueil des classes moyennes, la plupart du temps des couples
bi-actifs avec enfants. Les extrêmes sociaux (très riches et
très pauvres) ne sont pas présents et pourtant la
spécialisation sociale des espaces est forte. En effet, la classe
moyenne qui se comprend comme un conglomérat de sous-classes (classe
moyenne riche, classe moyenne pauvre, classe moyenne moyenne, pour caricaturer)
tend à se répartir en fonction de ces dernières. Ceci
s'explique en partie par la recherche d'un entre-soi protecteur.
Néanmoins cette aspiration ne traduit pas un repli spatial des
pratiques. Au contraire, la distance est une variable avec laquelle le
périurbain compose. Aussi, si par certains aspects, l'installation en
maison individuelle en troisième couronne apparaît comme un choix
contraint (les prix de la ville centre et de la banlieue excluant les classes
moyennes désireuses d'accéder à la maison individuelle),
la mobilité et la capacité de pratiquer la ville à la
carte sont des aspects du périurbain. En ce sens, Marie Christine
JAILLET explique : « Probablement plus que
22 Colloque international prévu pour le 29 et 30 novembre
2007 sur le thème « Education et territoires : contextes,
organisations et trajectoires scolaires >>
23 Extrait de son intervention à la Réunion de
l'OZP (Observatoire des Zones Prioritaires) du 13 juin 2007.
d'autres, ce sont des espaces de vie plus adaptés
à l'exercice de l'autonomie et du libre choix ».
En termes de pratique de l'espace et d'utilisation du
territoire une typologie ressort. Certains périurbains organisent leur
espace en reconstruisant une proximité non plus par rapport à la
distance mais par rapport à leur accessibilité voiture. D'autres
s'organisent au travers des axes entre leur lieu d'habitation et leur lieu de
travail. Sur ces axes, ils fréquentent un certain nombre
d'équipements et de services en pratiquant une logique de cabotage.
D'autres encore, organisent leurs logiques territoriales totalement selon leurs
aspirations et l'intérêt qu'ils trouvent à
l'équipement ou au service recherché, c'est la pratique de la
ville à la carte. Par exemple ils choisissent de fréquenter les
cinémas de la ville centre, d'utiliser les équipements
récréatifs de la banlieue, d'acheter au marché bio distant
de plusieurs dizaines de kilomètres de leurs lieux de
résidence...
Au travers cette lecture du périurbain sommairement
présentée ici, nous pouvons nous interroger. Quelle logique va
s'appliquer concernant la fréquentation des collèges ?
L'hypothèse première est que plusieurs pratiques vont se mettre
en place. Néanmoins la proximité (au sens d'accessibilité)
devrait selon toute vraisemblance être la logique prédominante et
ce pour au moins quatre raisons.
Tout d'abord, parce que les relations sociales des enfants,
établies dans les écoles de proximité et dans les
voisinages favorisent une fréquentation d'un établissement de
proximité (si mes amis de la commune vont au collège x, je ferais
tout pour aller au collège x). Deuxièmement, les facilités
d'accessibilité du collège via l'utilisation des transports
scolaires (c'est-à-dire sans la nécessaire présence des
parents) incitent à la fréquentation d'un établissement de
proximité.
Troisièmement, en comparaison avec ce que l'on observe
sur l'agglomération toulousaine, le territoire du Scot Sud ne comporte
pas de collège particulièrement ségrégué et
stigmatisé. En ce sens, les logiques d'évitement sont moins
susceptibles de se mettre en place. Il faut cependant analyser les
évolutions dans les prochaines années.
Enfin, concernant les stratégies d'accession à
tel ou tel établissement, André HUSSENET, directeur de
l'académie de Paris entre 1992 et 1995, présente une lecture
intéressante. Pour lui, « le système est piloté par
le haut. Le choix d'un collège est influencé par le lycée
auquel il mène »24 . Dans cette logique il a
remodelé la sectorisation parisienne en mettant en place des parts de
camembert (du centre vers la périphérie). Le choix du
collège était alors relativisé car il n'empêchait
pas, par la suite, de fréquenter les lycées prisés du
centre. Donc dans le cadre d'un effacement de la sectorisation et la mise en
place d'un libre choix, la même logique peut se mettre en place sur le
territoire du SCOT Sud. Ainsi, le choix du collège n'étant pas
déterminant pour l'accession au lycée souhaité, la
volonté de se
24 Article A Paris, une volonté de brassage social
tenue en échec du journal le Monde, paru le 12 juin 2007.
rapprocher de ce lycée au travers le collège a
moins de sens. Et donc le choix d'un établissement plus
éloigné que le collège de proximité recouvre un
intérêt moindre.
Aussi, pour toutes ces raisons, la tendance d'une logique de
proximité me parait (c'est évidement contestable) la plus
probable. Ceci dit, d'autres pratiques peuvent émerger, en particulier
la logique de scolariser ses enfants à proximité de son lieu de
travail. Cette logique semble plutôt s'appliquer aux enfants en bas
âge car pour les préadolescents et adolescents, l'autonomie de
l'individu c'est-à-dire sa capacité à aller lui-même
à l'école et la présence de transport scolaire, ne
justifie plus cette proximité du lieu de travail des parents.
De la même manière une pratique de concentration
peut apparaître. En ce sens, l'éventail d'options proposé
dans les grands établissements peut amener à une concentration
des demandes d'élèves sur ces derniers. Néanmoins, il me
semble que ce type de logique se limite à une concurrence entre des
établissements proches. En ce sens, il est possible que le
collège du Fousseret soit concurrencé par les
établissements plus importants de Carbonne ou de Cazères mais il
me semble peu probable que des collégiens résidant dans la
commune de Montesquieu fréquentent le collège de Auterive.
Il est clair en tout cas, que l'organisation,
l'aménagement du territoire sera un facteur décisif de la
fréquentation des collèges de proximité. Mais la logique
d'implantation des collèges, comme nous l'avons présentée
dans l'introduction ne suit pas les orientations d'aménagement du
territoire. Or dans notre étude, la réflexion d'implantation
s'inclut, d'une certaine manière, dans les grandes orientations
d'aménagement, les SCOT.