Plan :
INTRODUCTION
A. ANALYSE THEORIQUE DU RISQUE CREDIT :
a. Définitions et généralités :
b. Les composants du risque de crédit :
c. Modèles théoriques d'analyse de risque
crédit:
B. PRATIQUES D'ANALYSE DE RISQUE CREDIT : Les pratiques
classiques d'analyse du risque de crédit
a. L'analyse discriminante et le scoring
b. La notation : un score négocié
élargi à des variables qualitatives :
c. La relation entre La probabilité de défaut et
la prime de risque :
d. 4. L'estimation du taux marginal de mortalité :
e. 5. La méthode RAROC :
C. Nouvelle démarche d'analyse du risque crédit
:
a. Les contraintes règlementaires
b. Le système interne de notation des banques:
2.1. Objectifs de la notation :
2.2. Procédure de notation :
2.3. Méthodologie de la notation :
2.4. Mode de calcul de la notation :
CONCLUSION
L'amélioration de l'accès des PME aux
financements en général et au crédit bancaire en
particulier fait l'objet de nombreuses préoccupations qui touchent tant
les établissements de crédit que les instances
réglementaires. Dans un marché du crédit devenu
globalement offreur, les petites et moyennes entreprises rencontrent encore des
difficultés pour trouver les ressources financières dont elles
ont besoin pour mener à bien leur stratégie de croissance et
d'investissement. Mais la satisfaction du besoin de ressources à long
terme n'est pas le seul point qui pose problème à ces
entreprises. Le cycle d'exploitation est également soumis à une
contrainte de financement, les difficultés relatives au financement du
compte demeurant encore nombreuses et intenses pour bon nombre de PME.
De manière unanime, recherche académique et
rapports opérationnels s'accordent à considérer que la
résolution de ces difficultés passe par l'établissement
d'une relation de confiance durable entre les dirigeants d'entreprise et les
établissements de crédit, la constitution d'un tel capital
relationnel étant conditionnée par un repositionnement de
l'évaluation du risque au coeur de l'étude bancaire.
Malchance pour les emprunteurs ou nécessité pour
les créanciers ? Consubstantielle à la distribution de
crédit en nombre, cette situation ne peut pas être modifiée
par la disposition d'un nouvel outil d'évaluation dont useraient les
établissements de crédit pour fonder leur choix. L'utilisation
actuelle des grilles de scoring ou des modalités de notation montre que
l'établissement de critères quantitatifs homogène ne
permet pas d'apprécier correctement la qualité d'une entreprise.
De même, l'analyse financière standard fondée sur la
méthode des ratios et des soldes intermédiaires de gestion ne
suffit pas à donner une vision dynamique de l'entreprise qui est
pourtant la seule pertinente dès lors que l'augmentation des ressources
externes vise à produire une inflexion de sa trajectoire. Les
méthodes alternatives proposées (BDFI, AFDCC,...), ne semblent
pas avoir à ce jour satisfait les établissements de crédit
qui demeurent peu nombreux à y recourir.
Cette problématique s'inscrit dans le droit fil des
orientations du Comité de Bâle II sur le contrôle bancaire
qui a défini les trois piliers sur lesquels repose le nouveau dispositif
d'adéquation des fonds propres:
- des exigences minimales de fonds propres qui constituent
l'ossature fondamentale du dispositif, calculées selon une
méthode dite « standard », version aménagée et
modifiée des règles définies dans l'accord de 1988, mais
aussi selon une méthode dite «modèles partiels» qui
vise à proposer de nouvelles règles fondées sur les
systèmes de cotations internes des banques ;
- un processus de surveillance prudentielle de
l'adéquation des fonds propres des institutions et de leurs
procédures internes d'évaluation ;
- et l'utilisation efficace de la discipline de marché
pour améliorer la communication d'informations et encourager
l'application des pratiques bancaires saines et sûres.
Les systèmes de cotations internes des banques font
l'objet d'une attention privilégiée dans ce dispositif ce qui
soulève d'une part la question de la constitution des portefeuilles
d'actifs et d'autre part, l'évaluation du risque du portefeuille de
crédits. Dans la mesure où les PME constituent une
clientèle privilégiée des établissements bancaires,
la recherche de techniques d'appréciation des risques à court
terme et à long terme que leur financement fait encourir se
présente comme un point dur de la stratégie des banques.
A.
ANALYSE THEORIQUE DU RISQUE CREDIT :
1. Définitions et
généralités :
Les banques, comme beaucoup d'entreprises, sont soumises aux
risques. Toutefois, elles sont soumises à plus de formes de risques que
la plupart des autres institutions et la maîtrise de ces risques
bancaires est un enjeu important.
La liste des risques pouvant affecter une banque est longue :
risque de marché, d'option, de crédit, de liquidité, de
paiement anticipé, de gestion et d'exploitation, risque sur
l'étranger, risque administratif, réglementaire,
événementiel, risque spécifique....
Le risque qui nous intéressera ici est un risque de
crédit aussi appelé risque de contrepartie ; s'il existe
plusieurs types de risques de crédit, celui de non-remboursement est un
risque majeur.
Le risque de contrepartie pour le banquier se définit
comme : « le risque de voir son client ne pas respecter son engagement
financier, à savoir, dans la plupart des cas, un remboursement de
prêt ». Dans un sens plus large, ce risque de contrepartie
désigne aussi le risque de dégradation de la santé
financière de l'emprunteur qui réduit les probabilités de
remboursement : risque de défaillance.
Le marché des PME est essentiellement dominé par
des entreprises de petite taille, c'est la raison pour laquelle ces entreprises
sont de plus en plus sensibles aux changements de l'environnement et
connaissent des freins à leur développement et les causes en sont
les suivantes:
- un accès insuffisant aux technologies et à
l'innovation,
- un manque de fonds propres qui explique l'accès
insuffisant aux technologies et à l'innovation au caractère
très incertains et donc risqué. Avec des fonds propres trop
faibles, il est ainsi difficile d'investir et de s'endetter à moyen ou
long terme;
- une difficulté à attirer les ressources
humaines,
- un cadre juridique inadapté qui est celui des grandes
entreprises.
Les causes de défaillance
|
Principaux facteurs explicatifs
|
Baisse tendancielle de la demande
Défaillance de clients importants
|
Entreprises mono-activité pour la plupart,
situées sur des secteurs traditionnels en déclin et fortement
concurrentiels.
|
Baisse accidentelle ou conjoncturelle de la demande
|
Faible activité à
l'exportation.
|
Perte de clients importants
|
Forte concentration du chiffre d'affaires sur un
nombre limité de clients.
|
Rigidité des prix de vente
|
Capacité d'initiative stratégique
limitée en termes d'innovation, de diversification, d'effort
commercial.
|
Incapacité du dirigeant à gérer
l'entreprise
Choix stratégiques inadéquats
|
Des dirigeants techniciens plutôt que
gestionnaires.
|
Formation technique insuffisante du dirigeant
|
Une expérience professionnelle souvent
limitée.
|
Méconnaissance des prix de revient
|
Une insuffisance des systèmes d'information
interne.
|
Décès, maladie du dirigeant
|
Une forte concentration des responsabilités
(dirigeant « homme orchestre »).
|
Suppression des concours bancaires à court
terme
|
Sous-capitalisation des PMI et insuffisance des
capitaux permanents.
|
Frais de personnel trop importants
|
Insuffisance des systèmes de gestion et
contraintes réglementaires.
|
Outil de production obsolète
|
Effort d'investissement insuffisant.
|
2. Les composants du risque de crédit :
Comme nous avons précité, le risque de
crédit se matérialise par la défaillance possible
d'emprunteurs dans le remboursement de crédits. Ce risque est
assimilé aussi au risque de contrepartie du fait qu'il trouve son
origine chez le débiteur. Toutefois, le risque de contrepartie englobe
outre la défaillance des clients, la défaillance des autres tiers
(institutions financières, créances rattachées à
des filiales...).
Les développements ci-après seront
consacrés à la définition et aux modalités
d'appréciation des risques prévisibles, pour cela, nous
étudierons successivement :
Le risque inhérent à la qualité du
débiteur;
Le risque lié au type de financement
accordé et à l'inadéquation du financement au besoin;
Le risque lié à la prise de garanties;
Le risque inhérent au manque de suivi.
3. Modèles théoriques d'analyse de
risque crédit:
Faire crédit signifie croire. Croire en un projet, en
une personne, à une réussite future. Mais croire, c'est aussi
risquer de se tromper sur ces mêmes choses. De ce fait, le risque est
inséparable du métier du banquier, il est à son quotidien.
L'objet social de la banque ne consiste pas à couvrir des risques mais
précisément à faire en sorte qu'ils ne se réalisent
pas.
Dans le cadre des opérations de prêt et de
placement d'une société, le crédit se définit comme
l'avance de fonds, selon des modalités convenues, à un
débiteur qui est tenu de rembourser les fonds avancés ainsi que
les intérêts payables. Le crédit peut être
accordé, avec ou sans garantie, sous forme de prêts
hypothécaires, d'obligations, de placements privés, de produits
dérivés et de contrats de location.
3.1. Réglementation
prudentielle des activités de crédit :
La réglementation prudentielle recouvre l'ensemble des
contraintes imposées aux établissements de crédit pour une
bonne maîtrise des risques qu'ils font courir à l'ensemble des
acteurs économiques et plus particulièrement à leurs
déposants. Le premier souci des autorités bancaires est de
limiter au maximum une propagation des défaillances pouvant
entraîner de graves perturbations pour le reste des agents
économiques (risque systémique).
En 1988, le risque de crédit a entraîné la
mise en place du ratio Cooke adopté par le
Comité de Bâle. Ce ratio de solvabilité exige que les
établissements de crédit couvrent avec leurs fonds propres au
moins 8% de leurs engagements pondérés. Le taux de
pondération appliqué aux engagements dépend du facteur de
risque lié à la contrepartie ; ainsi un engagement de
prêt sur la clientèle sera pris à 100% tandis que le
même engagement sur un autre établissement de crédit ne
sera considéré qu'à hauteur de 20%.
Par ailleurs, les règles d'adéquation des fonds
propres sont au coeur de la réglementation de 1988. Cette
dernière vise à instaurer un plancher de fonds propres en
fonction des risques pris et se limite dans un premier temps au risque de
contrepartie. Trois catégories de fonds propres sont
distinguées : les fonds propres de base ou « noyau
dur » ou « tier one » (comprenant le capital, les
réserves, etc.), les fonds propres complémentaires ou
« noyau mou » ou « tier two »
(comprenant les titres subordonnés à durée
indéterminée (TSDI)) et les fonds pour risques bancaires
généraux (FRBG).
Les fonds propres complémentaires doivent être
inférieurs ou égaux aux fonds propres de base.
En outre, un établissement de crédit ne peut
s'engager au-delà de 20% de ses fonds propres sur un même
bénéficiaire. C'est la règle de division des risques.
Néanmoins, le ratio Cooke rencontre quelques
problèmes. Tout d'abord, au numérateur, la définition
exacte des fonds propres n'est pas claire. En effet, la différence entre
les fonds propres et les dettes est actuellement atténuée avec
l'apparition de produits hybrides tels que les TSDI, les produits
mezzanines...Ensuite, au dénominateur, les pondérations
imposées sur les actifs ne reflètent pas correctement les risques
de crédit encourus par les établissements de crédit. Si
une banque octroie un crédit à un pays de l'OCDE comme la
Corée et les Etats-Unis, il y a dans les deux cas 0% de
pondération sur les fonds propres !
3.2. Méthodes de gestion
traditionnelle du risque de crédit :
Elles reposent sur la gestion a priori et la gestion a
posteriori du risque de crédit.
L'exposition au risque de crédit est traditionnellement
gérée a priori dans les banques par des méthodes d'analyse
financière et par l'allocation de limites d'engagements. La gestion a
posteriori est celle du suivi des engagements. Une fois le crédit
accordé, si la qualité de l'emprunteur se
détériore, il ne reste généralement que deux
solutions à la banque : avoir recours aux provisions ou bien solder
leur position en enregistrant une perte.
Par conséquent, la gestion a priori est primordiale.
Elle prend en compte l'appréciation et la prévention du risque de
contrepartie.
L'appréciation du risque de
contrepartie :
L'analyse
financière :
L'analyse financière permet de faire une étude
approfondie sur la situation financière d'une entreprise. Ainsi, elle
donne des informations indispensables telles que la qualité de
l'entreprise, sa rentabilité, sa capacité à se
développer et à générer des profits, etc. Il reste
à savoir si cette analyse est suffisante pour quantifier la
rémunération du risque de crédit lors d'une demande de
prêt de l'entreprise. En effet, les ratios financiers évoluent
dans le temps et dépendent du secteur industriel de l'entreprise et de
sa localisation géographique.
La notation des agences de
rating :
La notation est une évaluation indépendante de
la capacité et de la volonté d'un emprunteur à faire face
en temps et en heure à ses obligations financières et une
fonction de la probabilité de la défaillance. Il existe environ
20 notes permettant de caractériser une stratégie
d'investissement, une stratégie spéculative et une dette en
défaut.
Les probabilités de défaut sont fonction du
rating et de la durée d'observation. La probabilité de
défaut est croissante avec le temps ; en d'autres termes, le risque
augmente avec la durée.
En outre, les probabilités de défaut sont
nécessaires pour quantifier les pertes possibles et leur
volatilité. En effet, on peut retenir deux applications majeures de la
quantification des taux de défaut. La première est de permettre
une estimation des provisions économiques nécessaires pour faire
face aux défauts futurs. La deuxième application est d'estimer
les pertes maximales sur un portefeuille d'engagements. Il faut donc veiller
à ce que les fonds propres puissent couvrir les pertes les plus
élevées.
Ainsi, la qualité de la contrepartie fait l'objet d'une
appréciation que l'on vient de présenter. Des statistiques de
défaillances existent et permettent de cerner les pertes
« probables ». En outre, l'appréciation du risque de
défaut en fonction de caractéristiques connues des clients est
possible ; ce sont les techniques de crédit scoring. Mais si ces
techniques conviennent à la clientèle de particuliers, elles sont
plus difficiles à utiliser pour la clientèle entreprise. Et c'est
notamment cette dernière clientèle qui peut représenter un
risque de crédit préoccupant.
La prévention du risque de contrepartie ou
la gestion des lignes de crédit :
Il est nécessaire d'éviter que la
défaillance d'une contrepartie n'entraîne des difficultés
trop importantes pour le prêteur. Pour cela, les banques doivent
déterminer les seuils à ne pas franchir. Mais le plus important
est de savoir de quelle façon, les banques intègrent le risque de
crédit dans leur gestion bilantielle.
L'allocation des lignes de crédit par
contrepartie :
Pour contenir leurs risques dans une enveloppe acceptable, les
banques doivent se donner des limites d'exposition. Les systèmes de
limite de risque consistent à fixer des autorisations d'engagements par
contrepartie et par marché. L'allocation de lignes de crédit est
fonction de la situation financière des contreparties et de la
qualité de leurs signatures. Les autorisations peuvent être
également fixées en fonction des fonds propres de
l'établissement prêteur.
Cependant un suivi constant des utilisations est indispensable
afin de s'assurer que les limites d'exposition sont bien respectées.
Mais c'est justement ce suivi qui pose un problème d'une part,
d'information et d'organisation du reporting des risques, et, d'autre part, de
la mesure en intervalles suffisamment fréquents des expositions au
risque.
Les garanties de compagnies
d'assurance :
Un créancier peut souscrire une assurance-crédit
auprès d'une compagnie d'assurance afin de se couvrir contre le risque
d'insolvabilité de son débiteur.
Cependant, cette assurance-crédit ne couvre que le
risque commercial sur une durée courte et exclue les risques politiques
et les catastrophes naturelles. De plus, le mécanisme de
déclenchement des modes d'indemnisation se caractérise seulement
par une situation d'insolvabilité du débiteur.
La gestion des lignes avec des instruments
inscrits au bilan :
La syndication :
Depuis longtemps, les banquiers ont cherché à
constituer des « pools bancaires », appelés
également « syndicats bancaires ». Ce sont des
regroupements de banques avec un chef de file. La totalité du prêt
est donc accordé par l'ensemble des banques impliquées dans ce
syndicat. La technique de la syndication des prêts répond de ce
fait aux besoins de division des risques car cela permet à chaque banque
de détenir une fraction plus faible de la créance de
l'entreprise.
Les prises de garanties réelles ou
personnelles :
La meilleure garantie de remboursement d'un crédit
réside dans la qualité personnelle de l'emprunteur et dans
l'opportunité et la rentabilité des opérations
financées. Cependant, pour se protéger d'une défaillance
de l'emprunteur provenant soit de son échec personnel, commercial ou
industriel, soit d'événements, le prêteur recherche une
assurance de paiement à l'échéance des concours par la
prise de sûretés ou garanties.
Une garantie ne doit jamais fonder, à elle seule, la
légitimité d'un concours. En revanche, garantir convenablement un
financement pleinement justifié par l'analyse économique est
l'objectif que doit s'assigner tout banquier.
On distinguera les différentes garanties en quatre
grandes catégories: les sûretés personnelles, les
sûretés réelles, les garanties collectives et l'Assurance
Décès Invalidité (A.D.I.).
La diversification :
La diversification des actifs permet évidemment de
réduire les risques. En effet, le risque global d'un portefeuille est
inférieur à la somme de ses risques individuels. Deux entreprises
ont une probabilité de défaut simultanée très
faible si leurs activités sont diversifiées.
Cependant, lorsque les investissements portent sur des
signatures moins rémunératrices, le résultat d'une
diversification d'actifs peut déboucher sur une baisse du profit.
La titrisation de
créances :
La titrisation consiste à rendre négociable sur
un marché des crédits distribués par les
établissements de crédit. L'établissement de crédit
qui recourt à cette technique n'assure plus le financement de certains
crédits et s'en décharge sur le marché.
L'avantage de la titrisation dans une perspective de gestion
de bilan, est d'être un moyen d'économiser des fonds propres pour
faire face aux contraintes réglementaires. Grâce à cette
technique, le risque de crédit lié aux créances
titrisées est transféré aux investisseurs. De ce fait, le
vendeur a désormais un coût de financement et un niveau de capital
réglementaire requis pour couvrir ces actifs plus faibles.
Cependant, une des limites de cette technique est que les
investisseurs ne sont pas informés du détail des créances
et de leur historique. Par ailleurs, cette technique requiert des coûts
élevés (coût du montage de retraitement des risques, la
différence entre le coût de refinancement par dette au bilan et
celui obtenu par la titrisation, le coût des fonds propres
économisés) et des délais de mise en place importants.
Les cessions de créances et les swaps
d'actifs :
Les banques traitent de plus en plus leurs crédits
comme des obligations ou des actions. Ainsi, les cessions de créances
permettent aux banques de gérer un portefeuille en fonction d'objectifs
de rentabilité en lui donnant une certaine flexibilité.
Grâce à cette technique, les banques ont la
possibilité de modifier la structure de leur bilan. Néanmoins,
elle ne permet pas de vendre un risque de crédit qui n'existerait pas au
préalable dans le bilan. De plus, la cession de créances se
traduit dans la plupart des cas par des moins values qu'il faut gérer
dans le cadre du compte d'exploitation de la banque.
Il est également possible de traiter de
véritables swaps d'actifs où sont échangés deux
dettes différentes. Par exemple, une banque vend de la « dette
Renault » et achète en échange de la « dette
Peugeot » ou elle vend 50 millions de francs du crédit
Eurotunnel achète en échange 100 millions d'obligations du
crédit Foncier. De ce fait, tous les échanges possibles sont
envisageables.
La titrisation, les cessions de créances et les swaps
d'actifs représentent des outils importants dans la gestion bilantielle
des banques. Il existe nécessairement une incitation à sortir du
crédit. En d'autres termes, si les banques veulent sortir des actifs de
leur bilan, il existera un prix sur le marché.
Toutes les techniques que l'on vient de voir permettent de
réduire un risque de crédit en le vendant. Cependant, cela n'est
possible qu'à la seule condition que ce risque de crédit existe
déjà dans le bilan des banques. Par ailleurs, le client est
souvent mis au courant que sa contrepartie cherche à diminuer le risque
de crédit initialement contracté, ce qui n'est pas sans poser de
difficultés commerciales.
B.
PRATIQUES D'ANALYSE DE RISQUE CREDIT : Les pratiques classiques d'analyse du risque de
crédit
La recherche d'un moindre risque de défaillance ou de
crédit couplée au besoin de constituer un portefeuille de
crédit de qualité a conduit les établissements à
se pencher sur les méthodes développées soit par des
économistes/économètres, soit par les services de
recherche et développement d'institutions financières ou
d'agences de notation et à les adapter aux PME. La méthode
généralement adoptée consiste à reprendre la grille
proposée et à adapter les valeurs des ratios ou des indicateurs
à la taille de l'entreprise. On se trouve ainsi en présence de
modèles d'évaluation du risque de la PME dont l'architecture est
quasiment identique à celle développée pour la grande
entreprise cotée, les différences consistant principalement en un
relâchement du niveau d'exigences requis.
Plusieurs techniques peuvent être utilisées pour
évaluer le risque de crédit d'un emprunteur:
- L'analyse discriminante et le crédit
scoring ;
- L a notation au sens des agences de rating ;
- L a relation entre la probabilité de défaut et
la prime de risque ;
- L'estimation du taux marginal de mortalité ;
- L a méthode RAROC et ses dérivés.
1. L'analyse discriminante et le
scoring
Les techniques de scoring sont nombreuses mais l'objectif
reste identique ; augmenter l'efficacité des prises de
décision. Cela passe obligatoirement par une meilleure anticipation des
incidents de paiement, une adaptation de l'offre de crédit, un travail
sur la réduction du risque et une planification de son évolution.
Ces méthodes sont ici mentionnées car, en matière de
financement, elles sont représentatives des tentatives
d'évaluation les plus abouties.
Elles sont construites de manière assez conventionnelle
sur la base de données bilantielles, ce qui correspond à
l'hypothèse implicite selon laquelle la comptabilité constitue
l'exact reflet de la réalité complexe de l'entreprise. A une
valeur apparente d'un ratio comptable correspond, de ce point de vue, une
qualité réelle inhérente de l'entreprise.
Néanmoins, la méthode de compilation des données
utilisées, d'une part, et la présentation formelle des ratios,
d'autre part, sont suffisamment appréciées des utilisateurs
potentiels de ce type d'outils pour que, dans une optique opératoire,
l'on s'en préoccupe.
La permanence de l'objectif ne doit pas pour autant cacher une
réelle évolution des méthodes. Les premières
méthodes de scoring étaient largement issues de l'analyse
financière et reposaient sur des ratios financiers fondamentaux en
nombre restreint. Ces méthodes ont ensuite évoluées vers
plus de complexité afin de tenter d'obtenir des notes de plus en plus
fiables et précises, notamment en tenant compte des
spécificités sectorielles.
L'analyse discriminante est privilégiée par les
constructeurs de scores. Il s'agit d'une technique statistique qui sert
à prédire l'appartenance d'un objet à l'un de plusieurs
groupes. Dans le cas d'une classification à deux groupes, l'analyse
discriminante peut être réduite à une analyse de
régression où la variable dépendante prendrait l'une de
deux valeurs, par exemple 0 ou 1. L'exemple le plus célèbre
d'application de cette technique est le modèle de 1968 d'Altman.
Sur un échantillon de 66 entreprises, 33 ayant connu la
faillite et 33 ayant survécues, Altman a développé la
fonction de prédiction suivante :
Z = 1.2 X1 + 1.4 X2 + 3.3 X3 + 0.6X4 + 1.0 X5
X1: Fond de roulement / actif total
X2: Bénéfices non répartis / actif total
X3: Bénéfices avant intérêt et
impôt / actif total
X4: Valeur au marché de l'avoir / valeur au livre de la
dette
X5: Ventes / actif
Si le score obtenu est inférieur à 1.81, le
modèle prévoit la faillite et si le score est supérieur
à 1.81, alors il prévoit la survie.
Depuis cette fonction pionnière, un nouveau
modèle commercial plus élaboré, appelé le
modèle Zeta, a été élaboré. Plusieurs
institutions financières américaines ont acheté ce
modèle dans le but d'améliorer leurs décisions de
crédit. De nombreuses institutions financières utilisent des
modèles semblables pour faire l'attribution de leur carte de
crédit aux consommateurs. Les établissements français ont
également développé un savoir faire certain dans ce
domaine. Sur la base de l'analyse statistique, différents
éléments d'information reçoivent des points, correspondant
à la valeur du coefficient dans la fonction discriminante, et si le
total excède un certain minimum, alors on accorde la carte, si non on la
refuse. De là vient d'ailleurs le terme courant de « credit
scoring ». Le score obtenu dans ces modèles sert non seulement
à prendre la décision d'accorder du crédit ou non, il peut
aussi servir d'indicateur du niveau de risque. C'est ce modèle qui fonde
également la méthode des scores développée par la
Banque de France, le score BDFI mis en place depuis 1995 et applicable à
un grand nombre d'entreprises qui doivent respecter certaines
conditions :
Appartenir aux sociétés de
l'industrie ;
Etre soumises à l'Impôt de
Sociétés ;
Vérifier des conditions de cohérence comptable
et tout particulièrement :
- Valeur brute des immobilisations corporelles en fin
d'exercice >0
- Valeur ajoutée>0
- Capital engagé>0
Le score est construit comme une moyenne
pondérée de ratios soit :
S = á1 R1 +
á2 R2 + ... + á7
R7 + â
Où ái ... (i = 1.7)
sont les coefficients définis à un facteur multiplicatif
près.
â est la constante, tel
que :
- si S> 0, l'entreprise est considérée
saine
- si S< 0, l'entreprise est considérée
en difficulté.
Les caractéristiques de l'entreprise mesurées
par le score sont les suivantes :
1. Deux ratios de rentabilité ;
2. Importance des dettes fiscales et sociales ;
3. Délai crédit fournisseur ;
4. Importance de l'endettement financier ;
5. Structure de l'endettement financier ;
6. Coût de l'endettement financier ;
Ce score, dont la formule est protégée, peut
être obtenu, pour une entreprise quelconque, auprès de la banque
de France.
On présentera, pour information, les variables et les
poids contenus dans la formule de calcul du score Z, établi en 1983 pour
apprécier la probabilité de défaillance des PME
indépendantes de l'industrie.
Le score Z se présentait comme une moyenne
pondérée de ratios économico-financiers qui, sous une
forme synthétique, fournissent une information dont la fiabilité
est supérieure à celle de l'examen de chacun des ratios entrant
dans sa définition.
N° des ratios
|
Ratios
|
Coefficient des ratios de la
fonction
-1-
|
Valeur des ratios
|
Contribution des ratios au
score :
1*(2-3)
-4-
|
De l'entreprise
-2-
|
Valeur pivot
-3-
|
R1
R2
R3
R4
R5
R6
R7
R8
|
Frais Fin. /Résultat
Eco.Brut
Couverture des K investis
Capacité de remboursement
Tx de Marge Brut d'expl.
Délai fournisseur
Tx de variation de la VA
Délai découvert client
Tx d'invest. productif
|
-1.255
+2.003
-0.824
+5.221
-0.689
-1.164
+0.706
+1.408
|
.................
.................
.................
.................
.................
.................
.................
.................
|
62.8
80.2
24.8
6.8
98.2
11.7
79
10.1
|
.................
.................
.................
.................
.................
.................
.................
.................
|
|
|
|
|
100 Z =
Z =
|
Plus la valeur de la fonction est négative plus
l'entreprise risque d'être défaillante.
Probabilités de classe de risque pour le
score Z de l'industrie
Classe de risque
|
Condition sur Z
|
Probabilité de (en %)
|
|
défaillance
|
vulnérabilité
|
normalité
|
1
2
3
|
Z< -1.875
-1.875<Z<-0.875
-0.875<Z<-0.25
|
30.4
16.7
7
|
69.6
56.6
25.5
|
0
26.7
67.5
|
Zone défavorable
|
4
|
-1.25<Z<0.125
|
3.2
|
16.2
|
80.6
|
Zone neutre
|
5
6
7
|
1.125<Z<0.625
1.625<Z<0.25
1.25<Z
|
1.8
1
0.5
|
14.8
13.1
19.3
|
83.4
85.9
80.2
|
Zone favorable
|
A coté du score BDFI, on trouve le score de Canan et
Holder qui utilise cinq variables, lesquelles sont pondérées les
unes par rapport aux autres en fonction de leur importance relative. Il s'agit
des cinq ratios suivants :
EBE sur endettement total,
Capitaux permanents sur le total du bilan,
Réalisable et disponible sur le total du
bilan,
Frais financiers sur chiffre d'affaires,
Frais de personnel sur valeur ajoutée,
Le score final, compte tenu du poids accordé à
chaque variable, est extrêmement sensible à l'importance des frais
financiers et à la capacité de remboursement. Cette
méthode, adaptée aux PME est totalement inspirée des
ratios clés utilisés en analyse financière et en
diagnostic financier. Le score traduit ainsi le risque de faillite dans la
mesure où il est largement issu du niveau de liquidité et de
solvabilité de l'entreprise (au sens de l'analyse financière
bancaire). A noter la présence d'une variable de productivité de
main d'oeuvre.
Le dernier exemple décrit dans cette partie concerne
l'une des dernières innovations remarquées dans le domaine, le
score AFDCC. Ce score, multisectoriel, est construit sur les variables
suivantes :
Frais financiers sur excédent brut
d'exploitation.
Créances et disponibilités sur dettes
court terme
Capitaux permanents sur total passif
Valeur ajoutée sur chiffre d'affaire
Trésorerie sur chiffre d'affaires
Fonds de roulement sur chiffre d'affaires
La définition de groupes qui résulte de
l'utilisation de l'analyse discriminante à des fins financières
permet d'envisager plusieurs usages aux scores. L'étude exploratoire des
variables explicatives permet de mettre en évidence les
différentes familles de facteurs intervenant dans le score et, plus
particulièrement ici dans l'occurrence de la défaillance. Elle
autorise ainsi une compréhension des conditions d'obtention du
résultat et la réalisation d'un suivi sur la construction
même de l'indicateur. Le diagnostic individuel confère au score un
rôle dans la prise de décision par la banque. Cette
dernière peut l'utiliser, à côté d'autres
indicateurs qui définiront la méthode de scoring dans sa
globalité, pour apprécier le risque de défaillance d'une
entreprise ; mais elle peut également s'en servir comme instrument
de gestion interne utilisé dans le calcul de prime de risque à
appliquer. Grâce à la probabilité à posteriori, les
scores tirés de l'analyse discriminante peuvent également
être utilisés comme indicateur du risque individuel pour chaque
entreprise d'une population. C'est là l'usage le plus connu du score qui
fonde l'établissement d'une différenciation entre entreprises
selon leur nature juridique, leur taille ou leur secteur d'activité.
Enfin, dans une optique d'analyse de portefeuille, la
contribution du score permet de déterminer les critères de
performance globale du portefeuille de crédit et ainsi, procéder
à des combinaisons de clients qui tendent vers l'efficience.
L'évolution des méthodes de scoring, vers plus
de complexité, tient essentiellement à la volonté des
praticiens du crédit d'intégrer le recours aux normes
sectorielles pour préciser les scores. Ce qui explique aussi le recours
accru aux outils informatiques dédiés à l'aide à la
décision, comme les systèmes experts. Car le succès
opérationnel de ces méthodes est la preuve de leur
efficacité. Elles présentent de nombreux avantages, dans des
domaines différents.
Sur le plan technique, le premier avantage, fondamental, est
l'anticipation à court ou moyen terme d'une défaillance. C'est
par ailleurs une approche objective, déshumanisée car
indépendante de la relation entre l'entreprise et le
crédit-manager. C'est une méthode simple et rapide de
classification des entreprises. Viennent enfin s'ajouter des avantages
organisationnels évidents : une meilleure compréhension du
portefeuille client, une automatisation possible de la décision pour les
entreprises les meilleures, une possible délégation de cette
décision.
Avec le recul et l'expérimentation, les limites des
fonctions score sont elles aussi assez claires. La première est d'ordre
statistique. La distribution des défaillances est
généralement supposée suivre une loi normale, ce qui est
fort contestable. Par ailleurs les entreprises saines sont
généralement mieux caractérisées que les
entreprises en difficultés. Il est de plus difficile de dire si une
entreprise risquée ne finit pas par être défaillante en
raison de l'aversion qu'elle inspire, ce qui ne manquerait pas de faire
ressembler le score à une prophétie auto-réalisatrice.
Les méthodes de scoring ne peuvent être
évaluées que sur la base de leur efficacité, c'est
à dire ex-post. Elles mériteraient aussi des remises à
jour permanentes, ce qui pourrait aller à l'encontre de leur utilisation
concrète. Enfin, ces méthodes sont extrêmement proches des
ratios financiers et c'est peut-être là leur principale limite,
dans la mesure où elles n'intègrent pas, le plus souvent, des
mesures du risque de défaillance basées sur des variables plus
qualitatives.
2.
La notation : un score négocié élargi à des
variables qualitatives :
Du score à la notation il n'y avait plus qu'un
pas ! Pas si évident pourtant, car les notations faisant
référence sur le marché sont l'aboutissement d'une
démarche d'évaluation concertée et multidimensionnelle (ou
multidisciplinaire) recouvrant des domaines à priori
éloignés de la gestion financière traditionnelle. La
notation, au sens « agence de notation », intègre
beaucoup plus ces éléments qualitatifs. Il est par exemple
possible d'intégrer dans l'analyse du risque des variables
stratégiques, une étude du risque sectoriel, ainsi q'une
évaluation de la qualité du management de l'entreprise.
Le travail sur les données qualitatives des entreprises
n'est pas récent, et de nombreux travaux ont déjà
été réalisés dans ce domaine. Il a cependant connu
un nouvel essor sous l'impulsion d'agence comme Moody's et
Standard and Poors. La plupart des grandes entreprises font
désormais le choix d'être notées, tout spécialement
lorsqu'elles doivent faire appel à l'épargne publique. Un nouveau
lobby semble s'être constitué.
Le travail de fonds réalisé par les agences de
notation ou par des établissements de crédit en matière de
grilles de cotation fait cependant apparaître des dimensions d'analyse
pertinentes. Dans cette partie nous présenterons tout d'abord une liste
de variables qualitatives avant de détailler le processus de notation
mis en place par la plupart des agences.
Les grilles de cotations font, entre autres, apparaître
les variables suivantes (cette liste ne prétend pas être
exhaustive) :
L'appartenance à un groupe
Nature et taille des clients (intermédiaire ou
final)
Concentration du portefeuille clients
Fidélisation des clients
Type de marché (cyclique ou non, saisonnier ou
non,...)
Activités de sous-traitance
Régularité de la croissance de
l'activité (chiffre d'affaires souvent)
Nature des garanties données sur des
crédits antérieurs (hypothèques,...)
Qualité du dirigeant (âge, formation,
expérience entrepreneuriale, antécédents bancaires,
capacité de persuasion au sens commercial, qualité de gestion du
personnel,...)
Nombre de partenaires financiers (banques,
capital-risqueurs,...), leur localisation géographique.
Durée des relations avec les partenaires
financiers
L'avantage concurrentiel de l'entreprise, sa
durée
Evaluation des barrières à
l'entrée dans le métier
Niveau de diversification de l'entreprise (en
matière de produits, de format de produits, géographique)
Risques de rupture technologique
Stabilité et visibilité sur les
cash-flows futurs
La propriété des actifs d'exploitation
La transférabilité ou
spécificité des actifs (revente, approche liquidative)
L'intensité capitalistique du secteur
La maturité des marchés visés
Structure de propriété du capital (risque
de gestion sous-optimale)
Nature du marché géographique (local,
régional, national, international).
Ces variables peuvent être regroupées en
différentes catégories : risque sectoriel, analyse
stratégique, territoire financier, structures de propriété
et de décision, qualité du management et qualité de la
gestion, notamment sur le plan prévisionnel, nature de la relation entre
l'entreprise et les établissements de crédit.
Compte tenu de
l'hétérogénéité de la population de cette
classe d'entreprises, il est probable que les approches qualitatives puissent
être encore plus importantes que pour les autres. Cela ne doit pas pour
autant conduire à perdre de vue les fondamentaux de l'analyse
financière. Par ailleurs, la dimension prévisionnelle semble
devoir être conservée, en ce qui concerne les variables
qualitatives, afin de préserver la dimension
« prévention » du score. Le choix des autres
variables qualitatives s'avère donc relever d'un arbitrage difficile.
3.
La relation entre La probabilité de défaut et la prime de
risque :
On peut établir la relation directe entre le taux
d'intérêt exigé et la probabilité de défaut
de la manière suivante. Soient :
p la probabilité que l'emprunteur fasse le
remboursement tel que convenu
k le taux d'intérêt du prêt incluant
la prime de risque
i le taux d'intérêt sans risque
Et supposons pour commencer qu'en cas de défaut la
banque ne reçoive rien, alors si la banque est neutre face au risque,
c'est-à-dire indifférente entre deux probabilités qui ont
la même espérance de gain, la relation suivante existera :
(1) p(1+k) = 1+i d'où on obtient
p = (1+i) / (1+k)
Pour élaborer sur ce cas, si la banque pense recevoir
une proportion g de son dû en cas de défaut, alors on a :
(2) g(1+k)(1-p) + p(1+k) = 1+I
et on peut alors obtenir que la prime de risque sur ce
prêt devrait être :
(3) k - i = ((1+i)/(g+p-gp)) - (1+i)
Cette formule qui est symétrique par rapport aux
variables g et p montre qu'une baisse dans la probabilité de plein
remboursement peut être compensée par une hausse du facteur g, qui
correspond à la valeur des garanties en cas de défaut.
La relation (1) peut être
généralisée à la situation d'un prêt sur
plusieurs périodes ou années. En utilisant la structure à
terme des taux d'intérêt on peut extraire le taux à terme
pour les obligations du gouvernement (f1) et pour celle de l'entreprise (c1),
et alors on peut calculer la probabilité implicite de défaut (p2)
pour les obligations de l'entreprise pour l'année deux. Les relations
utilisées sont les suivantes :
Gouvernement : (1+i2)2 = (1+i1)
(1+f1)
Entreprise : (1+j2)2 = (1+j1)
(1+c1)
Probabilité de survie : p2 = (1+f1) /
(1+c1)
Cette approche peut être
généralisée pour déterminer le taux implicite de
survie p ou de défaut (1-p) pour toutes les périodes futures.
On peut alors calculer la probabilité cumulative de
défaut pour un groupe de périodes. Ainsi, la probabilité
de défaut pour deux années est donnée par al
formule :
Cp = 1 - (p1 p2) = 1 -
probabilité de survie à l'année 1 x probabilité de
survie à l'année 2
4.
L'estimation du taux marginal de mortalité :
Cette méthode consiste à calculer le taux de
défaut sur la base de données historiques. On définit le
taux marginal de mortalité (TMM) ainsi :
TMM = Valeur totale des titres de catégorie x
ayant fait défaut durant l'année t
Valeur totale des titres de catégorie x en
circulation au début de l'année t
5.
La méthode RAROC :
La méthode RAROC, Risk Adjusted Return On Capital,
consiste à comparer le revenu provenant de la prime de risque et des
autres frais au capital à risque.
RAROC = Revenu annuel lié à la prime
de risque et aux autres frais
Capital à risque
La principale difficulté de cette méthode est
d'évaluer correctement le capital à risque.
Une approche possible consiste à construire à
l'aide de données historiques la distribution cumulative des emprunteurs
en fonction de la fraction de l'emprunt effectivement remboursée. Il
faut alors choisir un certain niveau de risque par exemple 1%. En consultant
ensuite la distribution cumulative, on peut observer la fraction
remboursée au niveau du premier centile de la distribution. Cette
fraction pourrait être de 60% par exemple. Le capital à risque
dans ce cas serait de 40% du montant prêté. Une fois le RAROC
calculé, on doit le comparer à un niveau cible pour juger si le
rendement offert par le prêt est satisfaisant ou non.
La méthode RAROC a été
développée à l'origine par la firme Bankers Trust, qui
offre sur son site la description de son produit : RAROC2020. Une autre
approche similaire et très populaire pour aider à la mesure et au
contrôle du risque de crédit est celle proposée par la
firme J.P. Morgan avec son produit CreditMetrics.
Ces critères illustrent la tendance à
considérer les PME comme des hypofirmes qui ne sont en fait que des
réductions à l'échelle de la grande entreprise
cotée. Elles peuvent donc être décrites et
appréciées à l'aide des mêmes méthodes et
critères, seules les valeurs pivots ou critiques qui sont
assignées à ces derniers variants selon la taille de l'entreprise
considérée. Cette attitude, très largement diffusée
parmi les professionnels de la finance est en grande partie
étayée par un large pan de la recherche académique qui
n'accorde aucune spécificité aux petites entreprises, le
critère de taille étant supposer capturer
l'intégralité des différences entre les entreprises.
C. Nouvelle démarche
d'analyse du risque crédit :
1. Les contraintes
règlementaires
Ce sont des normes et contraintes financières qui
s'imposent à l'ensemble de la profession bancaire et qui consistent en
un ensemble de règles de gestion de bilan destinées à
maîtriser les risques. Ces diverses contraintes dictent le comportement
quotidien des acteurs du monde bancaire.
1.1. Le ratio de
solvabilité :
Ce ratio contraint les banques à maintenir un certain
équilibre entre les capitaux propres et les engagements
pondérés de manière à assurer leur
solvabilité, donc leur capacité à faire face à des
difficultés. Il a un effet régulateur considérable :
il lie la capacité de développement à la
profitabilité.
Le système actuel : le ratio
Cooke
Considéré comme une référence par les
acteurs du marché et mis en pratique dans 140 pays, il n'a cependant
aucun caractère obligatoire. Aujourd'hui le ratio Cooke est le rapport
entre les fonds propres et les risques pondérés de 0 à 100
en fonction de la nature du débiteur, de la localisation du risque et de
la nature et durée des engagements. Il intègre également
les engagements hors bilan avec des pondérations spécifiques.
En tenant compte du quasi-capital, le résultat final
doit au moins atteindre le seuil de 8% pour être jugé
satisfaisant.
Le système futur : le ratio McDonough ou
Bâle II
Il sera normalement applicable à partir de 2007.
Tout en maintenant le principe des 8%, il distinguera
désormais, non plus seulement les risques de crédit et de
marché, mais également les risques opérationnels qui
jusqu'à présent n'étaient pas pris en compte.
La mise en place de ce nouveau système a aussi pour but
de permettre aux banques de choisir une méthode de détermination
des fonds propres adaptée à leur profil réel de risque et
de prendre en compte les techniques de réduction des risques. Pour le
risque de contrepartie, les établissements de crédit auront le
choix entre trois méthodes :
- La méthode standard,
- La méthode IRB - A (Internal Rating Based Approach)
et la méthode IRB - F : avec ces méthodes IRB, les banques
devront mettre en place un système de notation interne des risques,
après les avoir évalués sur la base de séries
statistiques. Ces systèmes de notation et les modèles devront
être validés par les autorités de tutelle.
1.2. Le ratio de division des
risques :
Les établissements de crédit sont tenus en vertu du
circulaire N° 3/G/2002 du 27 Février 2001 de calculer
trimestriellement leur coefficient maximum de division de risque. Cette
circulaire stipule notamment que :
Les établissements de crédit sont tenus
de respecter en permanence, sur base individuelle et consolidée, un
rapport maximum de 20 % entre d'une part, le total des risques encourus sur un
même bénéficiaire affectés d'un taux de
pondération en fonction de leur degré de risque, à
l'exclusion des risques encourus sur l'État, et d'autre part, leurs
fonds propres nets.
Les établissements de Crédit communiquent
chaque trimestre à la DCEC les états donnant, sur base
individuelle et consolidée, les risques encourus sur un même
bénéficiaire, dont le montant est égal ou supérieur
à 5 % de leurs fonds propres. Ces états sont établis selon
les modèles et dans les conditions fixés par circulaire de cette
Direction.
2. Le système
interne de notation des banques:
Au fil des années, la Banque s'est dotée d'un
dispositif de notation afin d'apprécier de façon homogène
l'ensemble de son portefeuille de risque de contreparties (risque de
crédit). Par ailleurs, le comité de Bâle a prévu que
les banques pourront utiliser leur système de notation interne pour
mesurer les risques de crédit, sous réserve que leur
autorité de tutelle valide la méthodologie et les séries
historiques de résultas obtenus.
En corollaire, les fonds propres réglementaires des
banques seront calibrés selon la qualité de leur gestion du
risque et de leurs portefeuilles.
Les banques sont donc invitées à
développer leurs systèmes d'évaluation de leurs risques
autour de la notation qui devient l'élément essentiel de la
culture et de la gestion du risque de crédit.
Bâle II fait en effet obligation à un groupe
d'avoir une méthodologie homogène de notation pour l'ensemble de
ses filiales.
2.1. Objectifs de la notation :
La notation instaure un référentiel commun
à l'ensemble de la clientèle Corporate de la banque. Elle
permet :
D'analyser le risque client hors de toute
considération commerciale ou relationnelle,
D'apprécier la qualité intrinsèque
de chaque risque porté à l'actif du bilan de la banque,
De décrire chacun des portefeuilles par niveau
de risque.
Par ailleurs, la notation est un outil d'aide à
l'évaluation, à la décision (les délégations
sont articulées notamment sur la note de signature) et au suivi du
risque.
Enfin, la notation qui qualifie le portefeuille peut
constituer le support de la stratégie risque.
2.2. Procédure de notation :
Responsabilité de la
notation :
Le demandeur (gestionnaire) est chargé
d'établir une proposition de notation à partir
d'éléments financiers et qualitatifs en sa possession, qu'il
apprécie en fonction de sa connaissance du client, du secteur, du
contexte,...
Les analystes risques de la DDC (Direction des
crédits) procèdent de manière indépendante à
une expertise et à la validation de la note retenue ;
Les délégataires décident de la
note définitive attribuée à la contrepartie.
Pour les deux derniers intervenants, les motifs qui les
amènent le cas échéant à modifier la note
attribuée doivent être justifiés et formalisés.
Périodicité de la
note :
La notation qui constitue un élément du
dossier de crédit soumis à décision est
réévaluée à chaque demande d'autorisation et au
minimum chaque année au moment du renouvellement ou de la revue
annuelle ;
La notation doit aussi être actualisée
lorsque survient un événement de nature à modifier
sensiblement le risque porté sur la contrepartie.
L'initiative en revient généralement au
gestionnaire, mais la DDC ou le délégataire peut être
à l'initiative d'une actualisation.
Périmètre de
notation :
Toute contrepartie Corporate, sur laquelle un engagement est
autorisé où la banque est en risque, doit faire l'objet d'une
notation.
2.3. Méthodologie de la notation :
Les diverses dimensions de la
notation :
La notation fait intervenir plusieurs mesures
considérées comme relativement autonomes, la première
liée à la contrepartie, les autres liées à la
transaction (ligne de crédit):
La note de contrepartie (ou note d'emprunteur ou de
signature ou «rating») qui caractérise la capacité de
la contrepartie à remplir ses obligations ;
Le taux de perte en cas de défaut (Loss Given
Default ou LGD) caractérise le pourcentage de perte probable en cas de
défaut (de 0 à 100%) sur un engagement (contrat ou
facilité) dans le cas où l'emprunteur serait défaillant.
Il prend en compte les éventuelles garanties et
sûretés ;
L'encours en cas de défaut (Exposure At Default
ou EAD), est une projection de risque au moment du défaut,
calculée à partir du taux d'utilisation possible avant
défaut ;
La maturité effective de la transaction.
Principes communs aux méthodologies de
notation de contrepartie :
La notation est bâtie sur une combinaison de
critères quantitatifs et qualitatifs concernant la contrepartie. Elles
reprennent, de manière rapide, la plupart des questions et
réponses qui constituent l'analyse normale d'un risque.
w Note quantitative ou financière
(NOF) :
Cette note est établie à partir de ratios
déduits des états financiers les plus récents de la
contrepartie.
w Note qualitative (NOQ) :
L'application qualitative repose sur 4 groupes de
critères:
Fiabilité des informations
financières ;
Capacité d'accès aux marchés
financiers ;
Environnement économique et positionnement
stratégique ;
· Management.
w Note de contrepartie système
(NSY) :
La combinaison des appréciations quantitatives et
qualitatives permet le calcul automatique de la note de contrepartie
système -NSY-
w Note calculée par l'analyste
(NCF) :
L'analyste calcul la note de contrepartie après avoir
confronté la note système (NSY) à 4 critères
supplémentaires (non pris en compte dans le processus financier et
qualitatif ci-dessus):
La situation de défaut ;
L'évolution récente de la
trésorerie ;
L'intégration à un groupe ;
L'éventuel risque pays.
L'influence de chacun de ces critères doit être
clairement montrée et mémorisée, ainsi que la note
finalement obtenue par la simple application de ces critères.
L'utilisation des critères est décrite dans le
détail dans la deuxième partie « Mode de calcul de
la notation ».
w Note proposée par l'analyste
(NPA) :
L'analyste peut proposer une note de contrepartie
différente de celle qu'il aura calculée
précédemment; cette proposition devra être
justifiée.
w Note finale retenue (NOR) :
Si la note finale retenue (c'est-à-dire validée
par le décideur) est différente de la note calculée par
l'analyste, les raisons doivent en être justifiées dans le
dossier.
Cette modification doit :
Etre circonstanciée et motivée par
écrit : s'il n'y a pas de limite théorique à une
telle modification, il est évident que plus la note retenue est
différente de celle résultant de l'application de la
méthodologie, plus cela doit être expliqué et
justifié ;
Etre, dans toute la mesure du possible, revue et
entérinée par le second signataire du risque avant passage en
comité de crédit ou revue de portefeuille.
Lorsque la note finale retenue diverge des notes externes
éventuellement disponibles, il convient d'en rechercher la raison plus
que de s'y aligner.
w Probabilité de défaut
(PD) :
Les notes des contreparties rassemblées par la banque,
permettent une analyse globale comparative et évolutive dans le temps
afin de constater les migrations et établir les taux de défaut
(PD).
Des contrôles de cohérence (Backtesting)
comparent ensuite le taux de défaut aux probabilités attendus.
Echelle générale de notation des
contreparties :
La note de contrepartie (ou d'emprunteur peut prendre l'une
des valeurs de l'échelle reprise dans le tableau ci-après:
13 positions de A+ à E-, correspondent à
des emprunteurs ou créances performants, c'est à dire où
le service de la dette est assuré sans défaillance.
2 positions (F et Z) correspondent aux situations de
défaut. La définition du défaut, passage en F et des
situations litigieuses, passage en Z.
L'échelle indique également les correspondances
entre la notation interne de CALYON et les notations externes les plus
courantes ainsi qu'un intervalle de valeurs de probabilité de
défaut à un an correspondante. Ces équivalences ne sont
pas définitives, elles relèvent de constatations; elles doivent
être vérifiées et publiées périodiquement (au
moins annuellement).
Echelle de notation d'emprunteur
Note
|
Qualité de l'emprunteur
|
Différentiation
|
Approche PD à 1an
|
Moody's
|
S&P
|
Investment-grade
|
|
|
|
|
A+
|
Exceptionnel
|
Actifs de très grande qualité; capacité
d'endettement très élevée; le management jouit d'une
longue réputation d'excellence
|
La probabilité de défaut à un an (PD) est
quasi-nulle
|
AAA
|
AAA
|
A
|
Excellent
|
Mêmes qualités qu'en A+, à une nuance
prés sur l'un ou autre point
|
PD très faible, de l'ordre de 0.01%
|
AA1
AA2
|
AA+
AA
|
B+
|
Très bon
|
Actifs de grande qualité et de bonne
liquidité ; forte capacité d'endettement, le management
jouit d'une très bonne réputation. L'emprunteur n'est pas
excellent mais ne présente aucune faiblesse.
|
PD comprise entre 0.02% et 0.04%
|
AA3
A1
|
AA-
A+
|
B
|
Bon
|
Actifs de bonne qualité et liquidité, forte
capacité d'endettement, le management jouit d'une très bonne
réputation. L'emprunteur ne présente aucune faiblesse.
|
PD comprise entre 0.04% et 0.08%
|
A2
A3
|
A
A-
|
C+
|
Assez bon
|
Actifs de bonne qualité et liquidité; endettement
modeste; management de très bonne réputation. L'emprunteur peut
présenter un point moyen ou faible qui ne met pas en cause sa
capacité de résistance.
|
PD comprise entre 0.08% ET 0.16%
|
BAA1
|
BBB+
|
C
|
Acceptable
|
Actifs de qualité satisfaisante; endettement
modéré; management de bonne réputation. L'emprunteur jouit
d'une position et d'une taille moyenne dans son secteur. Pas plus de 2 points
faibles et ils sont bien compensés par des points forts.
|
PD comprise entre 0.16% et 0.32%
|
BAA2
|
BBB
|
C-
|
Moyen
|
Actifs de qualité satisfaisante; endettement
modéré; management de bonne réputation. L'emprunteur jouit
d'une position et d'une taille moyenne dans son secteur. Contrairement à
C, au moins un facteur de faiblesse rend très possible la
dégradation en spéculatif.
|
PD comprise entre 0.32% et 0.64%
|
BAA3
|
BBB-
|
Non investment grade
|
|
|
|
|
D+
|
Passable
|
Actifs de qualité acceptable; capacité
d'endettement modérée, voire nulle; management de bonne
réputation. L'emprunteur présente au moins deux facteurs de
faiblesse qui l'excluent de la qualité Investissement.
|
PD comprise entre 0.64% et 0.85%
|
BA1
|
BB+
|
D
|
Médiocre
|
Actifs de qualité acceptable quoique peu liquides,
endettement important, voire maximum. L'emprunteur ne pourrait pas faire face
à de gros revers.
|
PD comprise entre 0.85% et 1.28%
|
BA3
|
BB-
|
D-
|
Très médiocre
|
Actifs peu diversifiés et peu liquidités,
endettement important, voire maximum. Emprunteur de moindre taille par rapport
à la concurrence et qui ne pourrait pas faire face à de gros
revers.
|
PD comprise entre 1.28% et 2.56%
|
BA3
|
BB-
|
E+
|
Faible veille
|
Les actifs peu diversifiés, l'endettement maximum, un
management faible en font un emprunteur non acceptable, sauf confort
particulier externe.
|
PD comprise entre 2.56% et 5.12%
|
B1
B2
|
B+
B
|
E
|
Mauvais sous surveillance
|
Illiquidité marquée, endettement maximum. Pas
d'incident signalé.
|
PD comprise entre 5.12% et 15%
|
B3
|
B-
|
E-
|
Mauvais sous surveillance
|
Illiquidité marquée, endettement maximum. Des
retards de paiement (< 3 mois) ou des covenants non respectés sont
signalés.
|
PD supérieure à 15%
|
CAA
CA
C
|
CCC
CC
C
|
F / Z
|
Défaut
|
Situation de défaut due à un impayé (de 3
mois en général) ou à un doute caractérisé
de la banque sur la solvabilité du débiteur.
F marque le passage en défaut (F+, sans provision
spécifique);
Z marque le passage en litigieux.
|
Défaut constaté = 100%
|
D
|
D
|
Fiche de notation de
contrepartie :
La notation doit être présentée sur une
fiche support, reprenant de manière résumée l'ensemble des
critères explicitant la note de contrepartie calculée et
proposée.
2.4. Mode de calcul de la notation :
Le processus de notation des entreprises est automatisé
au moyen d'un fichier Excel nommé « Notation interne des
entreprises » qui est alimenté par le dépouillement du bilan
de l'entreprise et selon le schéma suivant :
Ratios bornés par secteurs
· Capitalisation
· Levier d'endettement
· Capacité de remboursement
· Couverture charges financières
· Niveau de trésorerie
· Rentabilité d'exploitation
|
|
12 questions 42 réponses
· Documentation financière
· Soutiens financiers
· Environnement et position stratégique
· Management
|
Notation financière NOF
|
|
Notation Qualitative NOQ
|
Note contrepartie Système NSY
|
Correctif Défaut
|
|
Correctif Trésorerie
|
|
Correctif Groupe
|
|
Correctif Pays
|
Note calculée par l'analyste NCF
|
Note finale Retenue NOR
|
2.4.1. Calcul de la note
financière (NOF) :
Le système de calcul de la note financière a
été élaboré à partir des règles
suivantes:
· Les ratios financiers sont appréciés
diversement selon le secteur d'activité ;
· Chaque ratio est noté d'après
l'intervalle de valeurs dans lequel il se place ;
· Les intervalles de valeurs sont au nombre de 10, ce qui
atténue l'effet de seuil ;
· La note financière est obtenue
numériquement en calculant la moyenne, sans pondération, des
notes attribuées aux ratios.
Les secteurs d'activité
économique :
16 grands secteurs caractérisés par un type
d'activité économique ont été définis
d'après les ratios généralement observés dans de
grandes banques de données.
Les 16 segments reconstitués sont:
1. Industries Alimentaires: Collecte et approvisionnement
2. Industries Alimentaires: Collecte et 1ère
transformation
3. Industries Alimentaires: Eaux de vie et champagne
4. Industries Alimentaires: Autres activités
5. Industries Extractives- Production et distribution
d'électricité, gaz et eau
6. Construction - Bâtiments et Travaux Publiques (BTP)
7. Industries manufacturières
8. Négoce de matières premières
9. Commerce de gros
10. Commerce distribution
11. Grande distribution
12. Transports
13. Média et technologies de l'information
14. Services
15. Hôtellerie, loisirs, promotion immobilière
16. Activités financières
Ratios:
La note financière est attribuée à
partir de 6 ratios financiers calculés sur la base des comptes
audités arrêtés en fin d'exercice.
Ces ratios sont:
RATIOS
|
La capitalisation
|
Le levier d'endettement
|
La capacité de remboursement
|
La couverture des charges financières
|
Trésorerie
|
Marge d'exploitation
|
Les 6 ratios sont calculés automatiquement à
partir de la saisie faite par le gestionnaire des éléments du
bilan.
Chaque ratio a été étalonné sur 10
intervalles pour chacun des 16 grands secteurs retenus. Les grilles de bornage
permettent de noter chacun des 6 ratios par une note parmi 10
positionnées entre 3 et 19.
La note financière:
La note financière résulte de la moyenne
arithmétique des 6 notes obtenues ci-dessus, que l'on transforme en une
lettre de A à E-.
2.4.2. Calcul de la
note qualitative (NOQ) :
L'appréciation qualitative repose sur des
critères normalisés, répartis en 4 points :
Documentation financière ;
Soutiens financiers ;
Environnement et positionnement
stratégique ;
Management.
Ces 4 grands types de critères se déclinent au
total en 12 questions pour lesquelles une réponse doit être
sélectionnée dans le choix proposé.
Ces réponses sont valorisées comme
« Critères qualitatifs», et aboutissent à un total
sur 100 points qui est réduit par une division par 5 à une note
sur 20.
L'attention du notateur est appelée plus
particulièrement sur les points suivants:
Certaines réponses comportent une alternative.
Dans ce cas, la réponse sélectionnée doit correspondre
à au moins une des possibilités.
Dans les autres cas, la réponse proposée
implique le respect intégral de toutes les informations données.
Une réponse qui ne correspond pas intégralement à la
réalité du cas traité ne peut pas être choisie.
Le critère « Management »,
certes subjectif, est cependant apprécié à partir des
réponses que doivent apporter les responsables de la relation avec la
contrepartie ou, en cas d'entrée en relation, à partir
d'investigations externes.
L'application des critères qualitatifs peut:
- soit valider la note financière,
- soit dégrader la note financière (dans la
limite de 3 grades),
- soit améliorer la note financière (dans la
limite de 2 grades).
Certains cas sont considérés comme non
admissibles : lorsque l'appréciation qualitative est très
favorable alors que la note financière est la plus faible, et, à
l'inverse, lorsque cette dernière est la plus forte alors que
l'appréciation qualitative est très défavorable.
Dans ces cas, il y a lieu de procéder à nouveau
à une validation de l'ensemble de la notation et de corriger les
anomalies rencontrées.
2.4.3. Calcul de la note
de contrepartie système (NSY) :
La note de contrepartie système résulte du
croisement de la note financière de A à E- et de la note
qualitative.
2.4.4. Note calculée
par l'analyste par application des règles méthodologiques
(NCF) :
L'analyste calcule la note de contrepartie après avoir
confronté la note système (NSY) à 4 critères
supplémentaires (non pris en compte dans le processus financier et
qualitatif ci-dessus):
La situation de défaut ;
L'évolution récente de la
trésorerie ;
L'intégration à un groupe ;
L'éventuel risque pays.
L'influence de chacun de ces critères doit être
clairement montrée et mémorisée, ainsi que la note
finalement obtenue par la simple application de ces critères.
Critère lié au
défaut :
Si la contrepartie est en défaut (selon la
définition du défaut : doute caractérisé selon
les procédures en vigueur et prouvé par l'existence d'une
provision ou impayé de 90 jours sur l'une quelconque de ses obligations
financières), une note de défaut est substitué à la
note de contrepartie système.
Le défaut peut résulter de la situation propre
à la contrepartie ou de la situation des autres sociétés
du groupe (propagation du défaut).
NB: D'une manière
générale, la banque est juge de la matérialité du
défaut.
w Principe de propagation du
défaut :
En application des règles comptables, le
défaut sur une quelconque transaction avec la contrepartie met cette
dernière, quel qu'en soit l'état, en défaut sur tous ses
engagements.
Dans un groupe de risque, la propagation d'un
défaut d'une société à une autre est
décidée « à dire d'expert » (elle est
obligatoirement applicable dans le sens société-mère vers
les filiales).
w Principe de sortie du
défaut :
La sortie du défaut est décidée
dès lors que la cause de l'origine du défaut a totalement disparu
(reprise du service normal de la dette, avec ou sans restructuration et pertes,
passage en post-douteux).
Rappel de la notation du défaut:
F s'applique aux créances en défaut
(partiellement ou totalement) provisionnées (F+ correspond aux
créances mises en défaut mais non provisionnées)
Z caractérise les créances en
défaut faisant l'objet d'une procédure judiciaire de
règlement de litige.
Appréciation sur l'évolution
récente de la trésorerie de l'entreprise :
Pour accentuer le caractère prédictif du
système de notation, il est demandé à l'analyste de porter
une appréciation sur l'évolution de la trésorerie de
l'entreprise.
Cette appréciation peut se fonder sur l'observation des
3 critères suivants:
1. Au-delà des documents comptables, évolution
de la trésorerie brute obtenue en comparant, sur les six derniers mois
précédents l'analyse, le total des crédits à court
terme bancaires au chiffre d'affaires de l'entreprise (chiffres récents
ou projetés) et en étudiant l'évolution de la part de la
banque dans le total ;
2. Evolution, sur les 12 derniers mois
précédents l'analyse, du pourcentage des utilisations par rapport
aux autorisations de limites confirmées ou non et observation du
fonctionnement du compte bancaire en général ;
3. A défaut des deux critères
précédents, modification significative des divers ratios de
trésorerie au cours des 3 derniers exercices.
L'analyste jugera chacune de ces évolutions à
l'aide des appréciations suivantes, justifiant de modifier la note de
contrepartie système (NSY):
Très favorable
+1
|
Neutre
0
|
Défavorable
-1
|
Inquiétante
-2
|
L'absence de tout élément permettant cette
analyse devrait être considérée en elle-même comme
défavorable et négative.
Lorsque l'analyste signale une évolution
défavorable, il doit proposer logiquement de dégrader la note de
contrepartie donnée par le système d'un grade.
Lorsque l'analyste signale une évolution
inquiétante, il est logique qu'il dégrade la note de contrepartie
donnée par le système de deux grades.
Exceptionnellement, l'analyste peut souligner une
évolution très favorable de la trésorerie permettant de
relever la note d'un grade.
Incidence de l'appartenance à un
groupe :
Ceci concerne toute contrepartie faisant partie d'un groupe,
que la banque soit engagée ou non sur d'autres entités de ce
groupe.
Il convient également d'établir une «note
de groupe» à partir des comptes consolidés du groupe s'ils
existent (qui doivent figurer dans le dossier), en s'assurant que ceux-ci
consolident effectivement la contrepartie considérée. La note du
groupe doit figurer sur la fiche de notation.
La procédure qui suit permet de déterminer dans
quelles conditions la note de la contrepartie peut être rapprochée
de la note du groupe :
Une contrepartie ne peut être mieux notée
que le groupe dans lequel elle est consolidée ou dont elle est
l'entité consolidante. Toute exception à cette règle devra
être dûment explicitée dans le dossier et validée par
l'instance décisionnelle.
Une contrepartie, intégrée à un
groupe, moins bien notée (intrinsèquement) que le groupe
consolidé, peut avoir une note améliorée par l'influence
du groupe, selon le degré d'intégration apprécié
suivant les modalités du paragraphe « note
d'intégration».
Enfin, la note retenue est celle du groupe s'il s'agit
d'une filiale totalement intégrée au groupe.
w Notion d'intégration au groupe
d'appartenance :
a) Préalable sur l'emprunteur
bénéficient d'une caution de
maison-mère :
Si dans un groupe, la maison mère apporte une caution
globale (ou omnibus), c'est à dire qui garantit tous les engagements de
l'emprunteur, sans restriction, ou s'il existe une politique de caution
systématique de la part de la maison mère pour garantir le
prêteur sur tous les concours accordés à la filiale
cautionnée, celle-ci bénéficie de la note du groupe (note
de la maison-mère) pour le calcul de l'exigence en fonds propres dans le
ratio de solvabilité.
La caution doit être émise par une
société du groupe analysé et sa validité doit
être approuvée par le service juridique de la banque.
En d'autres termes, l'existence d'une caution de la
maison-mère ne modifie pas le calcul de la note de contrepartie selon
les dispositions générales énoncées ci-après
ainsi que celles concernant le risque pays. Pour les calculs liés au
ratio de solvabilité, la note du garant (vraisemblablement identique
à la note du groupe) est substituée à la note de la
contrepartie.
b) Dispositions
générales :
Pour déterminer le degré d'intégration
d'une contrepartie dans son groupe, il convient de poser les 4 questions
suivantes:
1. Majorité au capital: le groupe détient-il la
majorité du capital de la société et en a-t-il le
contrôle effectif, sans blocage possible par les minoritaires?
2. Métier coeur du groupe: l'activité de la
filiale s'inscrit-elle clairement dans le processus industriel, commercial,
administratif ou financier d'un des métiers coeur du groupe ?
3. Dirigeants communs: pour les actes de gestion non courants,
les dirigeants de l'emprunteur sont-ils issus et dépendants de ceux du
groupe ? A défaut de le savoir, la filiale porte-t-elle le nom du
groupe ?
4. Cautions: l'emprunteur apporte-t-il une caution ou lettre
d'intention établissement clairement ses liens avec le groupe ?
Le nombre de réponses positives sur les 4 doit
être enregistré et figurer sur la fiche de notation. C'est lui qui
détermine le niveau d'intégration de la filiale.
La notation de la contrepartie en fonction du groupe doit
également, si possible, tenir compte de la disponibilité de la
trésorerie à l'intérieur du groupe, en:
Identifiant quelle société centralise la
trésorerie générée par les sociétés
du groupe,
Mesurant la disponibilité de cette
trésorerie pour les entités du groupe,
Vérifiant si la filiale à noter peut
disposer de cette trésorerie.
w Notation des holdings, GIE et
SNC :
a) Holding strictement patrimoniale (ou
intermédiaire non consolidante)
Elle est notée intrinsèquement (en soi):
Retraitement des revenus financiers dans le compte
d'exploitation,
Secteur d'activité : celui qui procure les
revenus les plus importants ou celui sur lequel elle est le plus investie (s'il
y a plusieurs secteurs, l'analyste présente le compromis le plus
pertinent),
Si cette note intrinsèque est meilleure que
celle du groupe consolidé, la note retenue est limitée à
celle du groupe consolidé, le cas échéant.
b) Holding consolidante
Si elle a la maîtrise des flux de trésorerie et
de distribution des résultats des filiales qu `elle consolide, elle
doit être considérée comme totalement
intégrée au groupe consolidé qui lui appartient; sa note
est donc celle du groupe.
c) Groupement d'Intérêt Economique
(GIE) et Société en Nom Collectif (SNC) :
C'est la note de l'associé (entreprise) le mieux
noté qui sera retenue puisque celui-ci est responsable solidairement et
indéfiniment, du fait de sa nature juridique, des dettes du GIE ou de la
SNC.
Cependant, la note de cet associé entreprise doit tenir
compte de sa participation à ce GIE ou à cette SNC et notamment
de leurs dettes qui peuvent impacter sa propre note.
Les méthodes de score,
largement utilisées se perfectionnent sans cesse. Elles sont
également appliquées dans d'autres domaines : en assurance
automobile pour détecter les conducteurs à risque, en prospection
publicitaire pour sélectionner des adresses sur un fichier en vue d'un
courrier commercial, pour analyser le risque de perte d'un client etc.
Cependant, l'utilisateur doit être prudent quant
à l'utilisation de ces outils d'aide à la décision et il
doit s'assurer d'un certain nombre de précautions à la
construction de tels modèles. Il doit aussi se rendre compte de la
sensibilité de ces modèles et être averti que la
prévision peut s'écarter sensiblement de la
réalité, surtout lors de changements conjoncturels.
Les modèles de prévision de défaillance
ne peuvent évidemment pas recenser la totalité des facteurs
essentiels touchant directement ou indirectement l'entreprise. Par exemple, les
modèles font abstraction complète du degré de
spécificité des actifs alors qu'un créancier va en tenir
compte. Il est bien clair que les actifs polyvalents se trouveraient sur un
marché secondaire alors que des actifs très spécifiques ne
pourraient être vendus que très difficilement. Un modèle ne
tient pas compte non plus des opportunités de croissance d'une
entreprise, ce qui peut être essentiel dans un secteur donné.
Considérons par exemple le secteur du e-business qui se développe
très rapidement. Il n'est pas possible d'évaluer une telle
entreprise sur des facteurs observés aujourd'hui alors que sa situation
se modifie profondément dans l'avenir.