Les processus d'activation et de monitoring :
Le fait que le leurre soit consciemment activé lors de
l'apprentissage des mots complique la discrimination. Ainsi, lorsque Anastasi,
Rhodes, Carter et Gaddy (1998, cités par Rhodes & Anastasi, 2000)
demandent aux sujets de nommer un associé pour chaque item
présenté en condition profonde, ils observent que les
participants commencent généralement leur rappel par le leurre,
c'est-à-dire le mot qu'ils avaient associé à l'item lors
de l'encodage. L'activation consciente du leurre au moment de l'apprentissage
conduit à plus de rappel de leurres. Le processus de monitoring, et donc
de distinctivité se trouvent compromis. Selon eux, les failles dans le
processus de monitoring sont génératrices de faux souvenirs.
Selon Hunt et Einstein (1981, cités par Storbeck et Clore,
2005) le processus d'activation peut se réaliser suivant deux types
d'encodage :
- l'encodage provoquant différentes relations à
d'autres concepts associés en mémoire (« relationnal
processing »). Il s'agit de la propagation de l'activation dans le
réseau sémantique.
- l'attribution de caractéristiques spécifiques de
l'item (« item-specific processing »), faisant appel à la
distinctivité.
Pour Roediger, Watson, McDermott et Gallo (2001), l'activation
du leurre critique ne mène pas forcément au rappel de celui-ci
lors de la récupération. Le processus de monitoring inhiberait
l'effet des faux souvenirs.
La structure Activation/Monitoring suggère que le
rappel de leurres lors de la récupération dépend aussi
bien de l'un comme de l'autre. Selon eux, l'activation et le monitoring sont
tous deux naturellement employés par les participants lors d'une
tâche de rappel ou de reconnaissance. Ils font cependant une distinction
entre le processus relationnel et le traitement spécifique de l'item. Ce
dernier mène à plus de souvenirs distinctifs, alors que le
processus relationnel augmente la probabilité de faux rappels, dû
à une plus grande activation en mémoire, et un nombre plus
important d'associations entre concepts.
La distinctivité mise en oeuvre lors du monitoring permet
de réduire la probabilité de rappel de leurres (Hege &
Dodson, 2004). Il s'agit non pas d'une
réduction de formation des leurres en mémoire, mais
d'une rétention efficace de ceux-ci grâce à une
stratégie de récupération.
La spécificité de l'encodage :
La spécificité d'un encodage permet une
meilleure distinctivité. Pour Israel et Schacter (1997) le traitement
d'images étant plus spécifique que celui des mots, la
distinctivité en est facilité. Ils observent un taux
élevé de rappel correct et moins important de rappel de leurres
avec un encodage imagé, par rapport à un encodage de mots.
En effet les détails perceptifs améliorent la
distinctivité : lorsque l'on demande à un sujet de
spécifier le degré des détails perceptifs des mots
présentés, on observe moins de rappel de leurres (Mather, Henkel
& Johnson, 1997 ; Norman & Schacter, 1997, cités par
Brédart, 2004).
Hege et Dodson (2004) remarquent que la distinctivité
contribue à une réduction des faux souvenirs lors d'un encodage
d'images. Selon eux, ce type d'encodage diminuerait la formation des
représentations en mémoire de stimuli associés aux images.
Cela faciliterait ainsi le processus de distinctivité à la
récupération en provoquant moins de fausses reconnaissances.
En outre, la distinctivité peut être
étudiée grâce à un encodage de
génération qui consiste à déterminer la lettre
manquante du mot présenté.
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