Contribution d'une éthique de la discussion et de l'action à la lutte contre la pauvreté à l'échelle planétaire( Télécharger le fichier original )par Jean Barnabé Milala Lungala Université de Kinshasa - Diplôme d'études supérieures(DES) 2005 |
3. Homme : moyen ou fin ?3.1. L'homme doit être une fin en soi.
Emmanuel Kant dispose qu'à cause de la nature de tout homme, d'être autonome, libre et raisonnable, il doit être considéré comme une fin en soi. L'homme dans son humanité est saint, il est de ce fait le sujet de la loi morale. « L'homme sans doute est assez profane mais l'humanité dans sa personne, doit être sainte pour lui »32(*). L'autonomie et la liberté de l'homme constituent sa personnalité. Il se peut de ce fait, en aucun cas, être pris comme un moyen. « Ce n'est autre chose que la personnalité, c'est-à-dire la liberté et l'indépendance »33(*). Emmanuel Kant le réaffirme ce précepte :en effet,« dans la création tout entière, tout ce qu'on veut et ce sur quoi on a quelque pouvoir peut être employé simplement comme moyen, l'homme seulement, et avec lui toute créature raisonnable est fin en soi. C'est qu'il est sujet de la loi morale, qui est sainte en vertu de l'autonomie de sa liberté. Pour cette raison, toute volonté, même la volonté propre à chaque personne, dirigée vers la personne elle-même, est astreint à la condition de l'accord avec l'autonomie de l'être raisonnable, c'est-à-dire à ne le soumettre à aucun but qui n'est pas possible d'après une loi pouvant tirer son origine de la volonté du sujet passif lui-même, par conséquent à ne jamais employer le sujet simplement comme moyen, mais conjointement avec elle-même comme fin »34(*). L'homme ne peut être assujetti à un quelconque but qu'à condition que son accord motivé soit expressément pris en compte. Puisque, même le Créateur n'a jamais jugé de soumettre l'homme à la contrainte en violant son libre arbitre. L'homme est lié à la fin de sa vie. Il est soumis à sa propre volonté. Il « est soumis à sa propre personnalité, en tant qu'elle appartient en même temps au monde intelligible »35(*). « Nous imposons, poursuit-il, cette condition avec raison, même à la volonté divine, relativement aux êtres raisonnables qui sont dans le monde comme ses créatures, puisqu'elle repose sur la personnalité, par laquelle seule elles sont des fins en soi »36(*). Critiquement, Emmanuel Kant valorise la nature humaine sans être conséquent, puisque la nature humaine est tout : animalité et raisonnabilité. Cette base ne peut être suffisante pour élever tout l'homme à cette dignité. La philosophie du langage place la moralité dans la procédure de la détermination collective des normes morales. * 32 Emmanuel KANT, Critique de la raison pratique, François Picavet, Introduction de Ferdinand Alquié, puf, 1943, p.92. * 33 Ibidem. * 34 Ibidem. * 35 Ibidem, p.91. * 36 Ibidem, P.93. |
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