UNIVERSITE DE KINSHASA
Faculté des Lettres et sciences
Humaines
Département de philosophie
La contribution d'une éthique de la discussion
et de l'action à la lutte contre la pauvreté à
l'échelle planétaire
Par l'Assistant
Jean-Barnabé Milala Lungala
Travail de fin d'étude présenté en vue de
l'obtention de titre de Diplômé d'études
supérieures.
Directeur : Professeur Mutunda Mwembo
Année académique 2003-2004
REMERCIEMENT
Je remercie Dieu notre Père Céleste, Père
de Jésus-Christ Notre Seigneur et Sauveur.
Je remercie particulièrement le Professeur Mutunda
Nwembo pour la direction de ce travail.
Que tous les Professeurs qui m'ont formé trouvent ici
l'expression de ma profonde reconnaissance. Les Professeurs Gambembo Fumu Wa
Utadi, Kinyongo Geki, Mutuza Kabe, Tshiamalenga Ntumba,Elungu Pene Elungu,
Mbambi Monga, Okolo Okonda, Mbolokala Imbuli, Ngwessia, Nzege Alaziamina,
N'kwasa Bupele, Mbongopasi, Ngoma Binda, Mayola Mavunza, Kamwuiziku Wonzol et
Mpoyi.
DEDICACE
Je dédie ce travail à ma femme Arlette Bongondo
Kumbi
Pour tant d'amour et de soutien
A mon frère Kanyambu Kalama
Grâce à qui j'ai reçu la parole de Dieu
droitement divisée
Et connu le ministère de la Voie internationale.
A mon regretté grand frère Tshimuanga Kalama
Que je reverrai au retour du Christ
Qui nous a laissé Arely Ekole Ntumba.
INTRODUCTION
1.
Problématique.
La validité rationnelle universelle intrinsèque
du Programme de lutte contre la pauvreté et son acceptabilité
rationnelle, sa légitimité de principe, ne peuvent être
d'office acquises sans un examen attentif de sa justification et de l'analyse
des conditions de son application. Une telle objection exige un examen des
présupposés empiriques, liés au processus des
« conditions modernes »générales d'une part,
et d'autre part, des présupposés internes d'un Etat tel qu'il
doit être, qui appellent des normes éthiques de justice politique
et d'un choix motivé d'un Projet de vie commune obligatoire d'un Etat
moderne et complexe.
Une telle problématisation s'impose tant que le
Programme de lutte contre la pauvreté gît dans une
conditionnalité exprimée dans une proposition
telle : « Pour toute forme de coopération
multilatérale et bilatérale, ce Programme s'applique ou rien
d'autre ». Un Etat démocratique poursuit toujours
déjà nécessairement les objectifs de lutte contre la
pauvreté dans le sens très extensif de ce terme tel qu'il englobe
tous les secteurs de la vie. Y a- t-il une différence principielle entre
un Etat cabré sur un Programme de cette nature et un Etat
traditionnel ? Quel est le contenu civique et moral d'un tel
Programme ? Quels sont les fondements de la validité, sinon la
justification d'une telle théorie de lutte contre la
pauvreté ? Est-ce pour des raisons morales ou
stratégiques ou même idéologiques ? Les conditions de
partenariat sont -elles justes et équitables ? Sinon faut-il partir
des conditions équitables d'un partenariat juste et
inégalitaire ? Pouvons - nous avoir une interprétation
légitime de la dynamique de l'évolution des
sociétés préindustrielles comme les nôtres vers des
sociétés post-industrielles ?
L'éthique de la discussion concerne
l'acceptabilité rationnelle motivée et la validité
justifiée de la nécessité de la mise en oeuvre d'un tel
Projet de vie,étant donné l'existence supposée des projets
de vie concurrentiels.
Par delà l'extension possibles des pressuposés
d'une théorie de l'éthique de la discussion elle-même (la
socialité, l'égalité des partenaires dialogaux en ce qui
concerne tant le devoir, la recherche de la vérité, la
nécessité, la conformité au bon usage des expressions
linguistiques utilisées, i.e., la conformité impliquée par
la composante performative ou illocutoire de tout acte de parole), nous allons
nous astreindre et nous en tenir à ce minimum.
Les philosophes peuvent revendiquer une compétence
spéciale pour l'analyse des problèmes de la justice politique et,
en particulier, des questions de la marginalisation sociale et de l'exclusion
culturelle. Dans ce cadre, l' « éthique de la
discussion », une des grandes théories philosophiques de notre
temps, dont Karl-Otto Appel et Jürgen Habermas ont contribué
à construire, tente de reconstruire à la hauteur du contexte
contemporain la morale et la philosophie politique depuis l'antiquité
grecque.
La question doctrinale centrale de cette
éthique n'est plus la question existentielle de savoir comment mener une
vie bonne, mais la question déontologique de savoir à quelles
conditions une norme peut être dite valide. Autrement dit, le
problème de l'éthique chez Habermas, se déplace de la
question du bien, vers la question de la justesse, de celle du bonheur vers
celle de la validité prescriptive des normes.
Par conséquent, dans l'éthique de la
discussion, c'est la procédure de l'argumentation morale qui prend
le pas sur l'impératif catégorique.
Dans nos sociétés investies par les
médias, ce n'est pas le prolétariat international tentant de se
substituer au sujet de l'Histoire, mais l'opinion publique qui doit
réaliser un Programme d'émancipation en tant qu'Humanité.
Or, l'espace public qui doit être homogénéisé se
différencie, c'est un tissu d'une grande complexité,
ramifié en une multiplicité d'arènes qui se chevauchent,
aussi bien internationales que nationales, régionales, municipales ou
subculturelles. Il est différencié en niveaux en fonction de la
densité de la communication, de la complexité de l'organisation
et de l'ampleur de rayon d'action. Ces différents niveaux allant de
l'espace public épisodique du bistrot, des cafés et des rues, de
l'espace public abstrait créé par les mass media et
composé des lecteurs, d'auditeurs à la fois isolé et
globalement spécialisés et de l'espace public organisé,
en présence des participants, qui est celui des représentations
théâtrales, des conseils de parents d'élèves, des
concerts de rock, des réunions de partis ou des conférences
ecclésiastiques, doivent former un espace autonome par rapport et
à l'Etat et à la sphère économique. Cet espace doit
partager une même culture politique tout en sauvegardant les
identités subculturelles particulières.
Au demeurant, la pauvreté
socio-économique contre la quelle des Programmes sont mises en route,
est une des formes de marginalisation sociale, et de
« paupérisation anthropologique » (une expression
d'Engelbert MVENG), une situation particulière subséquente
à la perte pour des peuples de leur histoire, de leur langue, de leur
dignité, de leur humanité,...telle la situation d'esclavage et de
colonisation, qui sont des un cas atypique d'exclusion culturelle,qui restent
une situation d`oppression persistante et d'injustice avérée.
2. Hypothèses.
Le Programme de lutte contre la pauvreté doit
obéir à une acceptabilité légitimante transparente
de l'opinion publique en général, sinon
spécialisée. Ce programme ne devient crédible que s'il est
sans conditionnalité sinon à travers une conditionnalité
bien négociée, inscrite dans un Partenariat juste et
équitable. La dynamique locale exigée ne pose pas des
problèmes en soi, ce sont les conditions de son application.
La théorie de l'agir communicationnel possède,
une interprétation de la dynamique et du schéma de
l'évolution de la modernité sociale et culturelle. Ce qui est le
cadre théorique de notre analyse.
0.3. Approche méthodologique et délimitation du
sujet.
Notre approche est reconstructive, critique, réflexive,
et in fine post-analytique. Au niveau critique et réflexif nous
analysons les différents concepts mis en jeu. Au niveau
post-analytique nous nous attelons à donner une approche
institutionnelle et procédurale parce que dans l'éthique de la
discussion c'est la procédure de l'argumentation morale qui prend
le pas sur l'impératif catégorique. D'un point de vue de la
reconstruction méthodologique, pour nous, nous choisirons le concept de
procédure des discussions et de négociations officielles et non
officielles dans la définition et la réalisation des programmes
et des fins collectives. Ainsi, verrons-nous ce qui permet
d'institutionnaliser des procédures qui fixent les règles suivant
lesquelles une coopération doit se dérouler afin de venir
à bout de certaines tâches et comprendre les normes de
procédure qui règlent la manière dont se prennent des
décisions dans les organismes.
Notre approche est un effort de réflexion qui tente de
subsumer une conception, à l'occurrence celle des Programmes de lutte
contre la pauvreté, dans ses présupposés et ses
préalables.
Dans la ligne méthodologique spécifique de
Jürgen Habermas, nous allons montrer la trame discontinue des traditions
de pensées telles qu'elles structurent nos sociétés
contemporaines. Toutefois, la reconstruction passe de cette étape de
principes (de l'Etat de droit démocratique), au demeurant plus
déterminante, pour se pencher sur la question de savoir comment faire
circuler ces flux d'expertise dans la procédure de décisions.
L'ordre social, la construction de la réalité sociale et
l'intégration sociale se tiennent lorsque nous allons de
l'éthique de la discussion à l`action.
Finalement, ramener cette conception aux conceptions devenues
pertinentes, i.e. les rattacher au paradigme de la communication. Une telle
tâche s'applique à toutes les formes de théories sociales
dans leur ensemble, tant et si bien que pour Habermas les
catégories philosophiques ne constituent plus un langage à part,
ne forment plus, en tout cas, un système global, mais simplement des
moyens permettant de reconstruire, et par là, de s'approprier la
connaissance scientifique.
Reconstruire une idée, c'est la critiquer. Tel que nous
le ferons avec l'idée de la paupérisation anthropologique. Le
chercheur la « démonte », la déconnecte pour
la soustraire quelquefois du chaos où elles gisent avec d'autres
idées enchevêtrées qui assaillent nos
sociétés. A l'issue d'une telle entreprise, lorsqu'elle est bien
menée, jaillit de la lumière sur son origine, sa place et son
dessein. Le philosophe procède ainsi pour rendre topique et proprement
féconde la prégnance des principes, les idées dirigent le
monde, entend- on dire.
Dans la même ligne, nous pouvons, à dessein,
prolonger la reconstruction jusqu'au niveau des traditions de pensées
africaines. Nombre des théories de la société et
d'idées sociales rencontrent, en effet, de réelles limites quant
à leur opérationnalisation en termes d'organe et de
procédures de décision sociale.
La démocratie représentative a trouvé une
forme procédurale et institutionnelle usuelle à partir des
conceptions politiques classiques des temps modernes européens, qui ont
donné à la souveraineté populaire une forme
procédurale (i. e. les suffrages universels). Bien entendu, ces
conceptions classiques de l'institutionnalisation des procédures
démocratiques ne vont pas sans poser des problèmes aujourd'hui.
4. Plan de travail.
Mise à part une Introduction qui pourra circonscrire,
la Problématique, les hypothèses et la Méthode à
utiliser, le Premier Chapitre intitulé la pauvreté comme
préoccupation de la philosophie, passera en revue les questions
préalables à la compréhension de notre sujet,
notamment : les théories de l'Eudémonisme (Aristote) ;
la problématique des inégalités ; le passage de
l'impératif catégorique à la procédure morale de la
décision (Kant) ; les notions de travail,
d'aliénation, de modernisation et d'émancipation (Kant, Weber,
Arendt, Habermas) ; la problématique de la pauvreté
anthropologique (MVENG) et enfin la théorie de la justice comme
équité (J.Rawls).
Au deuxième Chapitre, que nous intitulons,
évaluations des réponses au problème de la
pauvreté, nous permettra d'exposer les points ci-après : une
brève historique des théories du
développement ainsi que les Programmes
d'Ajustement structurel et le paradigme actuel de la lutte contre la
pauvreté.
Le troisième Chapitre, va s'apésantir sur
l'éthique de la discussion en rapport avec la question :
« Que devons nous faire » ?
Enfin, nous terminerons notre Dissertation par le
Quatrième Chapitre intitulé de la discussion à
l'action, pour pouvoir illustrer concrètement les Plans d'actions issus
des différents espaces discursifs intégrés du monde.
CHAPITRE PREMIER : LA
PAUVRETÉ COMME PRÉOCCUPATION DE LA PHILOSOPHIE
1. Théories de
L'Eudémonisme.
En son chapitre V, de l'Ethique à Nicomaque,
Aristote utilise une méthode qui consiste à partir des
définitions de sens commun, des sens contraires d'une seule notion, et
monter peu à peu pour introduire des notions connexes. Il applique cette
méthode à ce qu'il appelle la plus grande des vertus,
c'est-à-dire, la justice. En effet, il définit la justice au sens
commun : « par justice tout le monde entend la disposition par
laquelle on est propre à faire ce qui est juste et à vouloir le
droit ; de la même façon on entend par injustice la
disposition par laquelle on commet l'injustice et on veut ce qui est
injuste »1(*).
Comme nous pouvons bien le remarquer, Aristote prend comme point de
départ, deux définitions contraires d'un seul sujet.
« Nous admettons ces définitions à titre de
prémisse, dira-t-il par la suite»2(*). En effet, « en
raison de la proximité de sens l'équivoque n'apparaît pas
et n'est pas évidente comme dans le cas des termes dont les sens sont
plus éloignés les uns des autres »3(*).
De proche en proche, Aristote atteint une définition
plus avancée : « nous appelons juste ce qui produit et
conserve le bonheur de la communauté politique ou les constituants de
celui-ci »4(*). Le
bonheur en ce lieu est ce qui constitue la toile de fond qui donne sens
à la doctrine morale d'Aristote.
Les morales prescriptives se scindent habituellement en deux
groupes,celles des morales dites absolutistes(ou déontologiques),dont
les actions sont bonnes ou mauvaises en soi,et celles qualifiées des
morales conséquentistes,dont les actions doivent ,en effet,être
évaluées uniquement en rapport avec leurs résultats.
L'utilitarisme est du second groupe, et en tant que tel, se fixe pour ultime
fin : « le plus grand bonheur du plus grand
nombre. » 5(*)
L'utilitarisme antique renvoie à la philosophie grecque,
spécialement à l'analyse de l'eudaïmonia, bonheur.
L'eudémonisme est donc une philosophie morale, qui consiste en une
recherche et à la possession du bonheur pour le Souverain Bien. Chez
Aristote, dans Ethique à Nicomaque, le bonheur est pris comme
l'activité de la raison, en ce qu'elle s'accompagne de santé, de
la considération, des plaisirs et de la richesse, pour culminer dans la
contemplation6(*). Or, le
problème de l'éthique chez Habermas ,se déplace de la
question du bien,vers la question du juste,de celle du bonheur vers celle de la
validité prescriptive des normes.
Nous choisissons de prendre la conception
aristotélicienne du bonheur telle qu'elle s'applique à la
richesse au chapitre V de l'Ethique à Nicomaque. Aristote
distingue de prime à bord les notions qui renvoient à la morale
et celles qui relèvent de la philosophie politique. :
« l'homme de bien n'est vraisemblablement pas toujours la même
que le bon citoyen »7(*).
Rappelons que partant du sens commun, « la justice
est souvent considérée comme la plus importante des
vertus »8(*).
Parce que dans la « justice toute vertu est
réunie ». La justice fait ce qui est utile à un autre,
soit au chef, soit à la communauté.
Finalement, il définit la justice comme étant
« ce par quoi l'homme juste est dit agir selon un choix de ce qui est
juste, et partager entre lui-même et autrui ou entre un homme et un
autre) non pas de manière à avoir plus de ce qui est souhaitable,
et que son prochain en ait moins (et inversement pour ce qui est nuisible),
mais selon une égalité proportionnelle »9(*).
Le droit au sens de ce qui est placé droitement au
milieu (se dit du Droit et de la monnaie), et « présuppose
alors nécessairement quatre termes au moins : car les personnes
pour qu'ils se trouvent être juste sont deux, et les choses dans les
quelles consiste ce qui est juste sont deux ». De telle sorte que
s'en suivent plusieurs principes :
- « si les personnes sont inégales, elles
n'auront pas des parts égales, et voilà d'où viennent des
conflits et des accusations, soit quand des personnes égales ont et
reçoivent en partage des parts inégales, soit quand des personnes
inégales reçoivent des parts égales »10(*) ;
- « l'union du terme A au terme B et du terme C au
terme D définit alors le juste distributif »11(*) ;
- le juste réside dans la proportion ;
- Celui qui commet l'injustice a plus de bien, celui qui est
victime de l'injustice en a moins12(*) ;
- le droit dans la distribution des biens communs est toujours
conforme à la proportion ;
- le Droit dans les échanges est quelque chose
d'égal, l'injuste quelque chose d'inégal ;
- le grand est le milieu entre le plus grand et le plus petit,
l'avantage et le dommage constituant respectivement le plus grand et le plus
petit, le plus de bien et le moins de mal est un avantage, le contraire pour le
dommage ;
- en cas des désaccord on a recours au juge, et aller
vers le juge, c'est aller vers le droit : car le juge veut être
comme le droit incarné.13(*)
Une série des conséquences sont
inhérentes à la vie publique :
- la cité conserve son unité grâce
à cette réciprocité ;
- les citoyens se maintiennent ensemble grâce à
l'échange. La monnaie est apparue et elle est d'une façon un
milieu ;
- s'il n'y avait pas de réciprocité il n'y
aurait pas de communauté ;
- ni communauté sans échange, ni échange
sans égalité sans commune mesure.
Aristote culmine dans les droits politiques proprement dits.
Le droit politique concerne des gens qui forment une communauté de vie,
sont égaux et libres en vue d'une certaine auto-suffisance. Pour ceux
qui ne sont pas dans cette situation, il n'y a pas entre eux de droit
politique. Le chef est le gardien, et s'il est le gardien du droit, il est
aussi le gardien de l'égalité. Les règles de droit qui
résultent de la convention de l'utilité sont comparables aux
unités de mesure. Les règles de droit et des prescriptions
légales se comportent comme l'universel à l'égard du
singulier.14(*) Nous
pouvons voir plus en détail cette question de l'inégalité
qui résulte de l'injustice.
Bien de choses sont contestables de notre point de vue.
L'ordre social de paradigme de la philosophe du langage dépasse une
telle société qui basée sur l'agir
téléologique et stratégique d'échange des biens
communs, tant et si bien que cet ordre social suppose explicitement l'a
priori de l'agir communicationnel orienté vers
l'intercompréhension. Le nouvel ordre social chez Habermas, c'est
l'instauration d'une communauté dialogale ou communicationnelle. Il se
trouve qu'en Afrique cet ordre coïncide avec cette conception.
2. La problématique
des inégalités.
Jean Jacques Rousseau,dans l'origine des
inégalité parmi des hommes,affirme qu'il conçoit
« dans l'espèce humaine,deux sortes
d'inégalités :l'une ,que j'appelle naturelle ou
physique,parce qu'elle est établie par la nature,et que consiste dans la
différence des âges,de la santé,des forces du corps et des
qualités de l'esprit ou de l'âme ;l'autre,qu'on peut appeler
inégalité morale ou politique ,parce qu'elle dépend d'une
sorte de convention,et qu'elle est établie ou du moins autorisée
par le consentement des hommes. Celle-ci donne les différents
privilèges dont quelques uns jouissent au préjudice des autres,
comme l'être plus riche, plus honoré, plus puissants qu'eux, ou
même de s'en faire obéir »15(*).
L' « égalité et la
hiérarchie » sont des problèmes permanents de la
philosophie. En effet, la priorité donnée à la notion de
l'égalité dans les sociétés modernes
n'empêche nullement celles-ci d'être traversées par les
inégalités de richesse, de pouvoir, d'influence, etc.16(*)
Pour la tendance naturaliste, l'égalité, la
liberté et la propriété sont déduites des
conditions de la Création. Tout ce qui appartient en propre à un
individu, ne peut lui être enlevé sans son consentement. Dieu a
donné à tous les hommes la possession et la jouissance commune.
17(*)
Du point de vue de la compréhension profonde de
l'histoire de la pensée moderne, il y a trois tendances à travers
cette analyse : proche de la nature, celle qui est près de
l'histoire ou une synthèse de deux. Il se remarque au Temps moderne
européen, nettement le refus de la référence à la
Nature au profit de calculs stratégiques de l'homo oeconomicus, une
interminable expropriation du sujet.
« La pensée contemporaine tient volontiers
pour évident que l'homme est un « être
historique » et que cela restait méconnu de la philosophie
antique. De Descartes et Hobbes aux lumières, la première
modernité a tendu, au contraire, à se réclamer de la
« Nature » et à réaffirmer contre
l'autorité de l'histoire, les droits de la
« Raison ». En effet, « pour s'en tenir
à la philosophie politique, les grandes oeuvres des « Droits
naturels modernes » se présentent comme une enquête sur
la « Nature ». Du Léviathan à Hobbes, de
Rousseau, « la genèse de l'Etat continue d'apparaître
comme un processus rationnel, fondé sur la nature humaine, et non comme
instrument pour penser l'historicité »18(*). La genèse ne doit
rien à l'histoire. Ces présupposés éclairent donc
la pensée des uns et des autres.
L'histoire semble parfois remplacée la nature comme
problème central de la philosophe. Les lois « découlent
de la nature des choses ». « On peut considérer que
la place centrale que l'histoire a fini par occuper dans la philosophie moderne
tient à la manière dont se pose dans celle-ci le problème
ontologique des relations entre la « Nature » et la
« liberté »19(*). Il faut d'abord, comprendre comment
l'action « libre » de chaque individu (qui suit sa
nature propre ou qui au contraire, obéit à son « libre
arbitre ») est conciliable avec la cohérence de
l'ensemble : c'est le problème de la
« théodicée » qui, de Leibniz à Hegel,
va conduire de faire de l' « histoire » le
véhicule de la « Raison » dont la ruse consiste
à réaliser ses fins universelles à travers le jeu
apparemment irrationnel des intérêts et des passions.
« Il faut comprendre comment l'existence d'un être libre (dont
l'action par définition irréductible à tout
déterminisme naturel ) est possible dans l'histoire ;la
« perfectibilité » dans la quelle Rousseau voyait le
propre de l `homme va ainsi apparaître comme l'indice de la destination
morale de l'Humanité(Kant ,Idée d'une histoire d'un point de
vue cosmopolitique) et c'est à partir delà que l'on pourra
comprendre ce qu'a voulu la Nature,qui ne fait rien en vain en nous donnant la
Raison,qui ne fait pas notre bonheur(Fondement de la métaphysique
des moeurs,1ère section) »20(*).
L' « être se déploie (et se voile)
dans une histoire dont les époques sont radicalement
hétérogènes parce qu'irréductible au principe de
raison suffisante : on peut donc voir dans la pensée de l'Etre la
négation de l'unité de la Nature au nom de la
« différence » ;mais l'être ne peut
mieux se comprendre qu'en méditant le sens originel de la Physis dont se
fait encore l'écho la Physique d'Aristote,qui est
« en retrait ,et pour cette raison jamais suffisamment
traversée par la pensée,le livre de fond de la philosophie
occidentale. »(Martin Heidegger, 1968)21(*)
A l'illusion platonicienne de la
« vérité »absolue, Nietzsche oppose
un « perspectivisme » qui n'est pas cependant un
simple relativisme, ce qui nous ramène au « problème de
la hiérarchie ». Le perspectivisme n'est pas
égalitaire, parce que toutes les perspectives ne se valent pas, et c'est
précisément cela qui permet à Nietzsche de dépasser
l'antinomie de l'apparence et de la réalité, sans pour autant
« admettre qu'il y ait une opposition radicale entre le vrai et le
faux. » Si Nietzsche critique la fondation platonicienne de la
vérité, c'est, pourrait-on dire, parce que chez lui la
hiérarchie prend la place de la vérité.22(*) Il est illusoire de fonde
l'inégalité, comme le faisait Platon, sur l'inégale
capacité des hommes à parvenir à
vérité ; il faut, au contraire, partir du fait de
l'inégalité pour dépasser l'opposition entre
vérité et apparence23(*).
La singularité de Nietzsche vient du fait qu'il se
démarque de deux tendances : «
l'émancipation à l'égard de la tradition ne peut venir que
d'une folie créatrice- et non de la raison critique (Aurore,
§6 ; cf., chez Max Weber, l'analyse des relations entre la tradition
et le « charisme »)24(*). Seul celui qui est apte à la domination est
vraiment digne d'être libre. « Le problème de la
hiérarchie » est celui-là même
des « esprits libres »25(*). Dériver les formes politiques du rapport
entre les puissances, au lieu de réduire le gouvernement au rang
d' « organe du peuple. » La dévalorisation de
la vie domine l'histoire de l'Occident dont le Christianisme a
été le principal relais culturel.26(*) Au lieu de la culture qui crée au terme d'un
dur processus de « dressage et sélection », la
loi est valorisée comme instrument d'éducation.
La « justice » qui veut la
hiérarchie, doit aussi établir un équilibre entre les
forces opposées et le plaidoyer de Nietzsche pour les
« Maîtres » a surtout valeur de réparation,
dans un monde dominé par les valeurs d égalitaires27(*).
A une société fondée sur l'agir
stratégique d'échanges matériels nous opposons l'a priori
d'un l'agir communicationnel. Bien que restant dans une perspective de
l'historicité, ici nous opposons l'égalité des partenaires
dialogaux qui, au moyen de l'interchangeabilité des rôles sociaux,
s'éloigne de la hiérarchie. Tout cela à partir des
présupposée de la structure du dialogue. En plus, Habermas
développe en morale une position constructiviste : « le
monde moral que, en tant que personnes morales nous avons à faire
advenir, possède une signification constructive. C'est la raison pour la
quelle la projection d'un monde social inclusif, constitué par les
relations interpersonnelles bien ordonnées intervenants entre les
membres, libres et égaux, d'une association s'auto-déterminant -
traduction du Royaume des fins de Kant-,peut servir comme substitut à la
référence ontologique à un monde
objectif »28(*).
Cette conception de la réalité inclut essentiellement la notion
d'une communauté sans limites bien définies. Peirce explicite la
vérité dans le sens d'une acceptabilité rationnelle,
c'est-à-dire de la réalisation d'une prétention à
la validité critiquable dans les conditions de communication d'un
auditoire idéalement élargi dans l'espace social et dans le temps
historique, et composé d'interprètes capables de jugement.
29(*)
Contre Nietzsche, « les problèmes n'est pas
de devenir plus fort que l'autre, mais de le laisser emporter tous deux par la
force de la vérité en présence. Le dialogue suppose dans
une visée commune, un horizon commun
d'interrogation »30(*).
La « justice », comme nous l'avons vu,
qui veut la hiérarchie, doit aussi établir un équilibre
entre les forces opposées et le plaidoyer de Nietzsche pour les
« Maîtres » a surtout valeur de réparation,
dans un monde dominé par les valeurs d égalitaires31(*). Mais une telle attitude
est-elle fondée ?
3. Homme : moyen ou
fin ?
3.1. L'homme doit être
une fin en soi.
Emmanuel Kant dispose qu'à cause de la nature de tout
homme, d'être autonome, libre et raisonnable, il doit être
considéré comme une fin en soi. L'homme dans son humanité
est saint, il est de ce fait le sujet de la loi morale. « L'homme
sans doute est assez profane mais l'humanité dans sa personne, doit
être sainte pour lui »32(*).
L'autonomie et la liberté de l'homme constituent sa
personnalité. Il se peut de ce fait, en aucun cas, être pris comme
un moyen. « Ce n'est autre chose que la personnalité,
c'est-à-dire la liberté et
l'indépendance »33(*). Emmanuel Kant le réaffirme ce
précepte :en effet,« dans la création tout
entière, tout ce qu'on veut et ce sur quoi on a quelque pouvoir peut
être employé simplement comme moyen, l'homme seulement, et avec
lui toute créature raisonnable est fin en soi. C'est qu'il est sujet de
la loi morale, qui est sainte en vertu de l'autonomie de sa liberté.
Pour cette raison, toute volonté, même la volonté propre
à chaque personne, dirigée vers la personne elle-même, est
astreint à la condition de l'accord avec l'autonomie de l'être
raisonnable, c'est-à-dire à ne le soumettre à aucun but
qui n'est pas possible d'après une loi pouvant tirer son origine de la
volonté du sujet passif lui-même, par conséquent à
ne jamais employer le sujet simplement comme moyen, mais conjointement avec
elle-même comme fin »34(*).
L'homme ne peut être assujetti à un quelconque
but qu'à condition que son accord motivé soit expressément
pris en compte. Puisque, même le Créateur n'a jamais jugé
de soumettre l'homme à la contrainte en violant son libre arbitre.
L'homme est lié à la fin de sa vie. Il est soumis à sa
propre volonté. Il « est soumis à sa propre
personnalité, en tant qu'elle appartient en même temps au monde
intelligible »35(*). « Nous imposons, poursuit-il, cette
condition avec raison, même à la volonté divine,
relativement aux êtres raisonnables qui sont dans le monde comme ses
créatures, puisqu'elle repose sur la personnalité, par laquelle
seule elles sont des fins en soi »36(*).
Critiquement, Emmanuel Kant valorise la nature humaine sans
être conséquent, puisque la nature humaine est tout :
animalité et raisonnabilité. Cette base ne peut être
suffisante pour élever tout l'homme à cette dignité. La
philosophie du langage place la moralité dans la procédure de la
détermination collective des normes morales.
3.2. De l'impératif
catégorique au primat de la procédure morale d'argumentation
processuelle.
Les questions morales qui concernent le juste, et qui sont
décidables au terme d'une procédure argumentative sont à
distinguer des questions éthiques concernant les choix axiologiques
préférentielles de chacun, par nature subjectifs. Kant
développe une morale réaliste dans un monde objectif. La
philosophie du langage développe une morale constructiviste qui suppose
seulement un monde ontologique objectif, au niveau des présuppositions
d'un monde idéal.
L'éthique de la discussion tente de défendre la
prééminence du juste, (compris dans son sens
déontologique), sur le bien. La question centrale de cette
éthique n'est plus, la question existentielle de savoir comment mener
une vie bonne, mais la question déontologique de savoir à quelles
conditions une norme peut être dite valide. « Une
éthique déontologique, comprend la justesse de normes ou de
commandements comme analogue à la vérité d'une proposition
assertorique. Cependant, la vérité morale de propositions
déontologiques ne doit pas être assimilée à ce qui
est fais dans l'intuitionnisme ou dans l'éthique des valeurs, à
la validité assertorique de propositions
descriptives »37(*). Par conséquent, dans l'éthique de la
discussion, « c'est la procédure de l'argumentation morale qui
prend la place de l'impératif catégorique »38(*).
Les hégéliens de droite voient plutôt
cette question à partir de Hegel, celui qui se démarque de
philosophie de la nature de Kant pour une philosophie de la culture de Hegel.
Dans cette tradition, qu'en est - il au juste ?
4. Modernisation, travail,
aliénation et émancipation (Kant, Weber, Arendt, Habermas).
Nous tentons de mettre en
contribution ici, Max Weber, Karl Marx, Hannah Arendt, Habermas, et les autres
auteurs connexes pour discuter de la modernisation dans une perspective
plutôt hégélienne d'une philosophie de l'Histoire. Hannah
Arendt semble avoir ceci de différent qu'elle élabore une
Histoire faite concrètement des événements, moins avec des
forces et des idées. Les « spéculations ont un sens
dans la mesure où elles nous rappellent que l'Histoire est faite
d'événements, et non pas de forces, ni d'idées au cours
prévisible»39(*).
Quelle est l'avancée réalisée par
Jürgen Habermas à propos de la notion de la rationalisation sociale
par rapport à Max Weber? On peut se poser la question de savoir, est-ce
pour Weber, le modèle téléologique d'action ou bien est-ce
le concept d'interaction sociale, qui doit servir de fondement pour introduire
les aspects de l'agir susceptibles de rationalisation? Pour Habermas, il nous
faut « une théorie de l'activité communicationnelle si
nous voulons assumer une reprise adéquate de la problématique de
la rationalisation sociale, largement refouler depuis Weber hors de la
discussion sociologique spécialisée ».40(*) Cette question nous semble
être compréhensible à travers la position centrale de
l'action stratégique d'échange dans la philosophie politique
d'Aristote. En effet, l'objection d'un agir communicationnel reste la
même, d'autant plus que pour Habermas l'interaction sociale postule en
même temps l'intercompréhension langagière.
4.1. Les conditions
modernes.
Hannah Arendt se sert de l'Histoire concrète pour
décrire le processus inexorable dans le quel le monde s'est
engagé depuis le Temps moderne européen. De tous les processus
qu'elle décrit, celui qui semble le plus cynique est celui qui
débouche sur la force irrésistible de tout avaler, la seule
exception qui a résisté mais pervertie jusque - là est la
réalité des Etats nations, qui plus, est une exception
étonnante du processus. Aujourd'hui, ces Etats-nations ne semblent
plus avoir les moyens de résister à l'inexorable processus.
La morale mise en place par Luther et Calvin engendra son
contraire, l'expropriation des biens ecclésiastique et monastique,
aboutit à l'accumulation des richesses, processus maintenu par la
volupté des hommes et le processus biologique de procréation
continue, et enfin engendra l'économie capitaliste et la
révolution industrielle.
L'expropriation élimine la raison et les
possibilités matérielles d'exister, le droit des autres hommes
d'exister. Parce que pour Hannah Arendt, « la
propriété, distincte de la richesse et de l'appropriation,
désigne la possession privée d'une parcelle d'un monde commun et
qu'elle est par conséquent la condition politique
élémentaire de l'appartenance-au-monde ».41(*) C'est ce que Engelbert MVENG
appelle l'annihilation anthropologique.
Au demeurant pour Hannah Arendt, « il est vain,
naturellement, de se demander ce qu'aurait pu être l'évolution de
notre économie sans cet événement dont l'influence a
précipité l'Occident dans une Histoire telle qu'on l'a vu
détruire la propriété dans le processus de son
appropriation, les objets dévorés dans le processus de leur
production, la stabilité du monde sapé dans un processus
perpétuel de changement »42(*). Il s'agit de détruire pour accumuler des
richesses. Il faut détruire les Indiens, les Juifs, animaliser les
Noirs, pour créer des richesses, et prendre les richesses sociales des
autres.
Il faut consommer les objets, puisque c'est de la nature
humaine mondaine de consommer, en vue de maintenir la nécessité
du processus de la production. Cette aliénation est un processus vital
pour le monde moderne. « Dans les conditions modernes ce n'est pas la
destruction qui cause la ruine, c'est la conservation, car la durabilité
des objets conservés est en soi le plus grand obstacle au processus de
remplacement dont l'accélération constante est tout ce qui reste
de constant lorsqu'il a établi sa domination »43(*).
Tout cela obéit finalement à l'homme
lui-même, au moi. L'affirmation majestueuse du moi. Puisque les besoins
et les désirs sont inassouvis ; l'appropriation engendre une plus
grande expropriation, ainsi continue le processus. C'est le
« processus vital » de la société dira Marx.
La classe des travailleurs est accaparée par le processus
engendré originairement par l'aliénation du monde.
Disons le tout de suite ,que la lecture de Hannah Arendt est
une critique de Temps moderne européen dont le ressort profond de cette
vaste oeuvre d'aliénation du monde réside dans la perte du sens
de la transcendance qui culmine dans la laïcité. Kant a cru fonder
la métaphysique alors qu'il la ruinait.
En effet, pour Hannah Arendt, « l'époque
moderne a commencé par une soudaine, inexplicable éclipse de la
transcendance, de la croyance à
l'au-delà »44(*). Autrement dit, « une
tendance persistante de la philosophie moderne depuis Descartes, sa
contribution la plus originale peut-être à la philosophie, est le
souci exclusif du moi, par opposition à l'âme, à la
personne, à l'homme en général »45(*).
Tout commence quelque part par
l'expropriation et l'aliénation. Les « trois grands
événements dominent le seuil de l'époque moderne et en
fixent le caractère : la découverte de l'Amérique
suivi de l'exploration du globe tout entier ; la Reforme qui, en
expropriant les biens ecclésiastiques et monastiques, commença le
double processus de l'expropriation individuelle et de l'accumulation de la
richesse sociale ; l'invention de télescope et l'avènement
d'une science nouvelle qui considère la nature terrestre du point de
vue de l'univers »46(*).
Les trois étapes de cette aliénation
sont :
1) La misère imposée à un nombre toujours
grandissant de « pauvres travailleurs »que l'expropriation
privait de la double protection de la famille et de la propriété.
Il faut exproprier l'Eglise, détruire les Indiens, exproprier et
décimer les Juifs, animaliser les Noirs, pour créer des
richesses, et accumuler des richesses sociales.
2) La société remplace la famille comme sujet
du nouveau processus vital. La classe sociale assura à ses membres la
protection que la famille procurait autrefois aux siens.
3) La famille se transmue à la classe laborieuse et
la propriété en Etat national au service du processus vital. De
même que la famille et la propriété furent
remplacées par la classe et le territoire national, l'humanité
commence à se substituer aux sociétés nationales, la Terre
aux territoires des Etats. C'est toujours une expropriation, parce que l'homme
social ne possède pas la propriété collective comme la
famille et l'homme du foyer possèdent leur propriété
individuelle.
Dramatiquement, « la grandeur de la
découverte de Max Weber à propos des origines du capitalisme est
précisément d'avoir démontrer qu'une énorme
activité strictement mondaine est possible sans que le monde procure la
moindre préoccupation ni le moindre plaisir, cette activité ayant
au contraire comme motivation profonde le soin, le souci du
moi »47(*). Une
aliénation par rapport au monde pour moi.
Le capitalisme est né de l'expropriation, en tant qu'il
consiste « à priver certaines personnes de leur place dans le
monde et à les exposer sans défense aux exigences de la vie,
à créer à la fois l'accumulation originelle de la richesse
et la possibilité de transformer cette richesse en capital au moyen de
travail. Telles furent les deux conditions de l'avènement d'une
économie capitaliste. »48(*) Le capitalisme et l'urbanisation forcent le transfert
de la solidarité familiale vers une solidarité perverse de
classes sociales,par ce fait même déracinent les travailleurs de
leur sol et de la solidarité familiale élargie qui est
fondée sur la propriété collective.
L'accumulation de richesse sociale est réintroduite
dans le processus d'expropriation à grande échelle au lieu
d'aboutir à une nouvelle répartition des richesses. Ce processus
reste lié au principe qui lui a donné naissance : celui de
l'aliénation par rapport au monde. Le processus ne peut continuer
qu'à condition de ne laisser intervenir ni durabilité ni
stabilité de-ce-monde, c'est la contradiction foncière du
capitalisme régnant.
Tout est exproprié par le processus, la famille, le
sol, les Etats -nations sujets au processus vital, aidé pour cela par le
processus biologique des besoins et des désirs. On fît
finalement dépendre de la terre et du sang des
aïeux les relations entre ses membres. La limite de ce processus est
la propriété collective des Etats sapés à la base
par l'expropriation individuelle. La perte de cette parcelle du monde que
l'homme possédait en privé est centrale dans la
déchéance.
En effet pour Habermas, Max Weber conçoit la
modernisation de la vielle Europe comme le résultat d'un processus de
rationalisation qu'il tente d'identifier au modèle capitaliste de
modernisation. En fait, pour Hannah Arendt, le modèle capitaliste
naît du processus d'expropriation individuelle et d'accumulation des
richesses sociales, et simultanément avec la possession de l'outil de
la science moderne qui permet l'exploitation du monde, notamment
l'aliénation de l'Amérique et l'exploration du monde. 49(*)
Max Weber analyse la rationalisation ou la
sécularisation sociale telle qu'elle est vécue et telle qu'elle
s'effectue à l'âge moderne, au moyen de la notion de
rationalité technique et scientifique. La science moderne telle qu'elle
est mise en contribution dans d'exploration du monde.
Cette option, Weber le partage d'un côté avec
Karl Max et de l'autre côté avec Horkheimer et Adorno. Pour K.
Marx, la rationalisation technique et scientifique est incarnée dans la
rationalisation des forces de production. Cependant, pour Hannah Arendt le
processus de la production, aidé pour cela par le processus
biologique des besoins et des désirs sans fin, ne répond
qu'à sa propre logique. C' « est une
prospérité prodigieuse qui ne dépend pas de l'abondance
des biens matériels ni de quoi que ce soit de stable et de donné,
mais simplement du processus de production et de
consommation »50(*). Marx qualifie ce processus de « processus
vital ».
Ainsi l'économie capitaliste et l'Etat moderne ne
sont-ils que les systèmes d'activité rationnelle où se
déploie socialement le rationalisme occidental.51(*) La science aide à la
domination. Une éthique protestante d'expropriation y prend forme et la
perte de la transcendance. Hannah Arendt va si bien le dire, « la
grandeur de la découverte de Max Weber à propos des origines du
capitalisme est précisément d'avoir démontrer qu'une
énorme activité strictement mondaine est possible...ayant au
contraire pour motivation profonde le soin, le souci du moi ».
52(*) Le ressort profond
de cette exploitation se trouve dans l'homme.
Karl Marx théorise la société
productiviste au moyen de la rationalité technico-instrumentale,
dévalorisant par le fait même, la spécificité d'une
rationalité normative, morale et culturelle. Il reconduit dans ses
traits principaux les mêmes apories, avec une attitude cependant plus
pessimiste à l'égard de rationalisation capitaliste.
« L'expropriation, pour Hannah Arendt (qui sera à la base du
capitalisme), consiste à priver certains groupes de leur place dans le
monde et à les exposer sans défense aux exigences de la vie, a
crée à la fois l'accumulation originelle de la richesse et la
possibilité de transformer cette richesse en capital au moyen du
travail »53(*).
En effet, pour Marx, le processus de rationalisation sociale
suit un mouvement qui organise la production des biens en tant que production
des valeurs d'échange sur base d'un travail salarié et intervient
aussi dans un sens désintégrateur pour les conditions de vie des
classes qui participent à ces transactions.54(*) Le processus de production,
d'accumulation, de la banalisation des biens de ce monde obéit à
sa propre loi.
Ainsi avec le progrès de processus de rationalisation,
l'Etat et l'économie capitaliste en tant que sous-systèmes
d'activité rationnelle cognitivo-instrumentale s'autonomisent-ils
vis-à-vis des attentes des membres de ces sous-systèmes et vis
à vis d'un fondement voulu éthique. L'administration, incarnation
de l'Etat devient un système anonyme fermé, immunisé face
à la volonté des masses. Les conditions de vie de la classe
ouvrière se désagrégent par le fait de
l'aliénation.
Les néo-marxistes, tels que Lukacs et Horkheimer, eux
parlent en terme de déformation de la conscience interprétative
du capitaliste qui assimile l'humain à des objets par le
phénomène hégélien
« d'objectivation » des rapport sociaux.
Théoriquement, ils vont donc tenter d'élucider
le rapport entre la différenciation d'une économie capitaliste
régie par les valeurs d'échange et la déformation de la
conscience interprétative objectivante, utilisant pour ce faire le
modèle du fétichisme de la marchandise.55(*)
La chosification des rapports sociaux comme critique de la
rationalité calculatrice et formelle, sous la plume de Lukacs, est plus
que dramatique et invite à l'insurrection sociale. Le progrès de
réification, le devenir marchandise du travailleur annule certainement
celui-ci tant qu'il ne se rebelle consciemment contre cette situation. Les
coûts socio psychologiques externalités par la
société, déchargés sur les individus, se
manifestent sous plusieurs formes. Ils s'étendent sur un espace allant
des maladies psychiques entrant dans la nosographie, névrose,
phénomènes pathologiques chroniques, troubles psychosomatiques,
problèmes de motivation et d'éducation, aux secteurs religieux de
jeune et aux groupes de délinquants marginaux (incluant aujourd'hui le
terrorisme anarchiste).56(*)
C'est cette situation singulière qui advient lorsque ce
ne sont pas des valeurs, ni des normes éthiques ou
l'intercompréhension dialogale qui coordonnent les actions sociales,
à la place se substitue le médium de la valeur
d'échange.57(*)
Habermas ne cède les pas à une vision
objectiviste de l'Histoire, ni à une vision exclusivement productiviste
de la société, et il reconnaît la spécificité
des superstructures normatives de la tradition culturelle (droit, morale,
religion, art,...), au lieu de les discréditer.58(*) Une société
globale, doit prendre au sérieux la spécificité des
superstructures normatives de la tradition culturelle, notamment le droit, la
morale, la religion, l'art, le mythe en tant que modes de régulation
sociale.
Le développement du capitalisme avancé exige un
certain nombre de révisions. Plus encore, Habermas réagit en
s'interrogeant « est-ce qu'en critiquant le caractère
incomplet de la rationalisation qui se présente comme
réification, on ne fait pas prendre conscience d'un rapport de
complémentarité entre la rationalité
cognitivo-instrumentale, d'une part, et la rationalité morale pratique
et esthétique pratique d'autre part, de sorte qu'on pourrait y
reconnaître le critère d'un concept non restreint de la pratique,
nous pouvons dire, de l'agir communicationnel lui-même ».59(*)
Il va pousser la logique jusqu'au bout :
l'économie et l'Etat se transforment en incarnation de la
rationalité cognitive instrumentale, tout en soumettant d'autres
sphères de vie à leurs impératifs, ils refoulent vers la
périphérie tout ce dans quoi peut s'incarner la
rationalité pratique, morale et esthétique.60(*) Le refoulement doit
s'entendre par exemple comme impératifs du capitalisme avancé qui
suspendent à ses guises toutes les autres sphères
d'activité à l'échelle mondiale. En commençant par
la sphère morale et juridique.
Il y a prééminence des aspects
économiques qui imposent ses impératifs à d'autres
sphères de vie sous forme de processus continu et global, et ayant des
effets néfastes sur l'existence habituelle de nos sociétés
et sur les Etats-Nations.
4.2. Le travail.
Le travail et le langage (la parole) doivent être pour
Habermas exemptes de toute domination pour envisager un quelconque
progrès social. Cette libération est pour cela la condition
socio-historique de tout progrès social.61(*) Nous l'avons dit, le travail est soumis au processus
primitif d'expropriation et d'accumulation des richesses.
Nous partons du postulat suivant lequel: « les
processus du travail sont l'éternelle nécessité
naturelle de la vie humaine »62(*) Un travail naît des nécessités de
la vie ne se confond pas avec la force de travail, celle qui fructifie les
richesses et le capital. Or, les processus du travail par
nécessité, cette création continuelle, cette production
est la base du monde tel qu'il existe aujourd'hui.63(*) Le travail (l'emploi) doit
être promu par le capital contre la tendance actuelle qui veut que le
capital assujettisse ou élimine le travail.
D'un point de vue philosophique, la catégorie du
travail acquiert le sens d'une pratique vécue en général
qui constitue le monde. Cette conception se présente ainsi, surtout si
nous interprétons les écrits anthropologiques de Marx en nous
laissant guider par les analyses du monde vécu (Lebenswelt).64(*)
Jürgen Habermas cite Karl Marx tel qu'il donne une
lecture instrumentaliste de la philosophie transcendantale.65(*) Ce n'est pas la combinaison de
symboles effectués selon les règles, mais les
processus sociaux de vie, la production
matérielle et l'appropriation des produits, qui fournissent la
matière que la réflexion peut prendre comme point de
départ pour porter à la conscience les réalisations
synthétiques fondamentales. C'est contre l'idéalisme de Kant
que Habermas réagit.
Selon Habermas, après Marx, cet instrumentalisme
transcendantal ne sera thématisé comme tel que par le pragmatisme
américain.66(*)
Pour Habermas, deux activités restent au coeur des
sociétés modernes : le travail et l'interaction
communicationnelle. En effet, l'articulation anthropologique opposant travail
(sujet au processus vital) et l'interaction sociale est au principe même
de la réflexion de Jürgen Habermas, c'est elle qui commande la
distinction entre « activité instrumentale » et
« activité communicationnelle ».67(*) Ce couple contradictoire est
donc partout à l'oeuvre aussi bien dans sa pragmatique universelle, dans
son anthropologie que dans son épistémologie.
Au demeurant, « C'est chez Marx que Jürgen
Habermas va chercher les bases de son anthropologie
matérialiste.»68(*) La catégorie du travail doit acquérir
le sens d'une pratique vécue en général qui constitue le
monde. Cette conception se présente surtout si nous interprétons
les écrits anthropologiques de Marx en nous laissant guider par les
analyses du monde vécu (Lebenswelt) dans les écrits tardifs de
Husserl au sens de savoir et savoir-faire oublié.69(*)
Dans le même ordre d'idée, la tradition
théorique qui consiste à camper les catégories
économiques au centre de la théorie sociale remonte à
l'école économique classique avec Adam Smith, David Ricardo, John
Mill,... Une telle tradition a l'avantage de présenter les lois
invisibles qui déterminent la marche des sociétés
modernes, contre la tendance régnante, depuis les contractualistes comme
Hobbes, Rousseau,...qui imposent l'habitude de placer les catégories
juridiques - vecteurs d'une intégration simplement intentionnelle- au
centre de la théorie sociale. Cette reconstruction historique des
théories sociales a l'autre avantage de présenter une
intégration non intentionnelle mais réelle, de nos
sociétés fondées sur les échanges. Habermas garde
par ailleurs ce cap, même si nos sociétés ont
engendré une image d'elles-mêmes, qui n'ont plus à
proprement parler, ni sommet ni base.
Le système Habermas est tout aussi bien factuel que
normatif, il fait cas des rapports de forces et des enjeux par le changement
de perspective théorique liée à la tradition
économique ,qui, en amont, dans la structure sociale,
hypothèquent les pratiques langagières.
Au demeurant, selon Habermas, le travail désigne
une activité rationnelle par rapport à une fin, une
activité instrumentale qui obéit à des règles
techniques qui se fondent sur un savoir empirique. L'interaction, quant
à elle, est médiatisée par des symboles. Elle se conforme
à des normes en vigueur de façon obligatoire, qui
définissent des attentes de comportements réciproques et doivent
être nécessairement comprises par deux sujets agissants au moins.
L'une et l'autre correspondent à des intérêts
anthropologiques. Les actions instrumentales sont normalement
insérées dans des relations d'actions communicationnelles (les
activités productives sont en général organisées
socialement). En réalité une action instrumentale et une
interaction sont ouvertes à des valeurs communes.
4.3. La dimension
libératrice de la domination.
Habermas insiste sur la dimension libératrice, celle
d'une anticipation de la communication qui serait à la fois
débloquée et exempte de domination. La référence
à la domination sur le travail et du langage (parole libre), indique
les conditions socio-historiques pour une dimension libératrice -une
restriction à l'activité communicationnelle qu'il convient de
dépasser. En même temps ces conditions théoriques dictent
la conduite de Habermas qui prend à bras-le corps les sciences
émancipatrices : la philosophie critique et la sociologie de
compréhension linguistique ou la critique des idéologies.
La domination n'est pas exclusivement de l'ordre
économique, elle se situe à plusieurs niveaux :
- le désechement du monde vécu contre les
systèmes : la dialectique de la rationalisation et du
progrès fait apparaître l'époque moderne comme un projet
problématique : « le progrès » comporte
un certain coût et on assiste à une
« colonisation » du monde qui est nôtre vécu
à travers les impératifs du système
socio-économique avec la rationalité restreinte, technique et
scientifique.
- aussi l'exigence d'un dialogue a-t-elle à connecter
les deux moments : système socio-économique qui s'atomise
sans dialogue et société civile qui présuppose le
siége de la vie.
- la domination bureaucratique (une contrainte dominante
anonyme d'une administration qui se détache des attentes du peuple) et
celle des élites.
Contre le capitalisme, Habermas reproche autrement son
incapacité aujourd'hui de se domestiquer de façon pratique et
morale à l'échelle planétaire au moyen de l'Etat
providence et de l'écologie. « Le parti qui se croit
victorieux ne parvient pas à se réjouir de son
triomphe ».70(*)
Finalement, il peint une situation sombre contre laquelle il faille mener un
combat des gladiateurs: « face aux conflits primordiaux que
constituent la limitation écologique de la croissance économique
et la disparité croissante des conditions de vie du Nord et du
Sud ;devant la tâche historiquement inédit d'introduire dans
les sociétés naguère fondées sur le socialisme
d'Etat , les mécanismes d'un système économique
différentié ; sous la pression des flux migratoires venant
des régions appauvries du Sud et aujourd'hui de l'Est ; compte tenu
des risques que constituent les nouvelles guerres ethniques,nationales et
religieuses,les chantages nucléaires et les luttes internationales pour
le partage des richesses ».71(*)
Les évolutions et les continuités de la
modernité sont décrites par Habermas dans quelques uns de ses
écrits. Dans son ouvrage, Après Etat -Nation .une
nouvelle constellation politique, Habermas présente une
évolution des événements majeurs de l'époque
contemporaine. Il présente la continuité des tendances longues
qui caractérisent la modernité sociale contemporaine en trois
grandes dates historiques : 1914,1945, et 1989. « Un consensus
existe sur le fait qu'au « long » 19e
siècle (1789-1914) a succédé un « court »
20e siècle (1914-1989) » (72(*)) Seuls les Etats-Unis sont
sortis renforcés de deux guerres mondiales, et de la guerre froide, au
plan à la fois économique, politique, culturelle et militaire.
Ils ont un investissement militaire de près de 800 milliard de dollar de
part le monde : des déploiements des troupes, de flottes de guerre
sur les mers et les océans, des bases militaires en Europe, en Asie,
dont 6,7 milliard de dollar d'investissement en Afrique. Ils détiennent
près de 51% de PNB mondial, près de quart des flux aériens
du monde, etc. Ces résultats ont valu, au dire d'Habermas, au 20e
siècle le nom de siècle
« américain ».
La force la plus imposante qui dicte la césure
calendaire est sans appel les différentes guerres. L'année
1945 est la serre chaude des idées sans la quelle l'innovation
culturelle incontestable du siècle n'aurait guerre eu lieu. Le
changement de climat obtenu en 1945 constitue l'arrière-plan des
évolutions ultérieures. La décolonisation s'inscrit dans
ce changement structurel nonobstant quelques résistances.
« Dès 1945, l'empire du Japon vaincu n'est pas le seul
à se désintégrer ; la même année, la
Syrie et la lybie acquièrent leur indépendance .En 1947, les
Britanniques se retirent de l'Inde ; l'année suivante a vu la
naissance de la Birmanie, du Sri lanka, d'Israël et de l'Indonésie
.Ont ensuite conquis leur indépendance les régions de l'Islam
« occidental » de l'Iran au Maroc, puis, petit à
petit, les Etats de l'Afrique centrale. » 73(*)
C'est à partir d'une raison globale et non
restreinte :technique et scientifique que J. Habermas entreprend de
valoriser les structures normatives, dévalorisées par Marx, comme
le droit ou la morale elle-même et qu'il pense l'échéance
d'une « identité collective » universelle à
la quelle se trouvent maintenant confrontées nos
sociétés ; c'est elle qui est à l'oeuvre comme espace
idéal de dialogue à l'horizon de « l'opinion
publique », présente dans les légitimations dont se
soutiennent de plus en plus toutes les sociétés.74(*) Ce système semble
être à la hauteur de l'expérience de notre temps parce qu'
englobante.
Il reste que le dialogue démocratique est la seule voie
permettant d'assurer la médiation politique entre notre pouvoir
technique et notre vouloir « pratique » et
d'échapper à l'illusion technocratique ou
« décisioniste ».
Il n'est guère d'alternative institutionnelle à
la démocratie, même si de grandes « démocraties
occidentales des masses » se sont assez largement
discréditées tant qu'il est vrai que la dictature du
prolétariat n'est ni souhaitable ni même proprement possible.
Jürgen Habermas renvoie dos à dos et le marxisme
et le capitalisme. Il propose une démocratie dite radicale : il
tente de présenter « une tradition ( ) de l'idée de
démocratie radicale telle qu'elle est développée par la
théorie de la discussion.»75(*) La critique
contre marxisme se focalise entre autre sur la théorie de la
Révolution. Il y a trente ans, rappelle Habermas, « j'ai
critiqué la tentative marxienne de transformer la philosophie
hégélienne du droit en une philosophie matérialiste de
l'histoire ». 76(*) La conséquence est qu'il s'est
discrédité parce que tombant sous le coup des mêmes
griefs : les droits comme expression des forces sociales, i.e. le droit
colonial que l'on semble sans ménagement perpétuer dans certains
Etats post-coloniaux.
Le marxisme n'abolirait pas les idéologies !
« En critiquant l'idéologie de l'Etat constitutionnel
bourgeois, (Marx) a discrédité de façon si durable pour le
marxisme à la fois l'idée même de la légalité
et, par sa dissolution sociologique de ce qui faisait la base des droits
naturels, l'intention de droit naturel comme tel, l'union entre droit naturel
et Révolution s'est dissoute». Habermas va entreprendre de traiter
cette question largement dans son livre intitulé Droit et
démocratie. Entre faits et normes.
Chez Marx la critique de l'économie politique est une
condition de libération des travailleurs qui sont dominés et
exploités. 77(*)
Les intérêts de classe sont véhiculés dans les
différents types de savoir. Habermas s'y oppose pour évacuer les
intérêts socio-historiques, pour mettre à la place les
intérêts liés à l'espèce humaine.
Finalement pour Habermas, la construction de la
réalité sociale est une question importante parce que les
participants à un projet social doivent s'entendre eux-mêmes sur
la forme de vie qu'ils veulent instaurer. En effet,si on comprend le
« socialisme » comme « la quintessence des
conditions nécessaires aux formes d'une vie émancipée,
à propos desquelles les participants doivent eux-mêmes s'entendre,
on voit que ce projet trouve lui-même son noyau normatif dans
l'auto-organisation démocratique d'une société
juridique »78(*).
5. La problématique
de la pauvreté anthropologique (MVENG).
5.1. La paupérisation
anthropologique en Afrique.
Pour MVENG, « la colonisation était un
système de paupérisation anthropologique d'asservissement et de
dépendance »79(*). Tout cela a été
précédé par l'annihilation anthropologique à
travers l'esclavage comme négation de ce qu'on appelle les droits de
l'homme, la négation pure et simple de leur humanité. Le travail
doit consister à extirper des expropriateurs les préjugés
racistes d'autant plus que la Traite négrière
opérée a été sur des bases d'une certaine
religion pour les « hommes sans âmes ».
S'en sont suivis les « néo-systèmes de
dépendance qui se cachent derrière le masque de la
coopération »80(*).
Ce qui est plus important ce que « la
pauvreté économique et sociologique dont souffre le peuple est le
résultat de son aliénation par les forces d'exploitation et
d'oppression »81(*). De là il est possible de lutter
véritablement contre tous les maux qui y découlent : la
discrimination sous toutes ses formes, le désarmement, les injustices
sociales, le droit révolutionnaire des peuples.
L'homme africain incarne au cours des cinq derniers
siècles, le type même du pauvre, du faible, de l'opprimé.
Voilà donc la réalité africaine, telle qu'elle est
vécue, ici, à tous le niveaux, dit-il82(*).
Il faut donc s'attaquer du mal à la racine, la
cognée est à la racine de l'arbre : il faut s'attaquer
à la racine du mal africain. Dans son livre intitulé,
l'Afrique dans l'Eglise, paroles d'un croyant, il présente le
problème africain comme la perpétuation de la dépendance.
Sa méthode est simple, elle consiste à analyser
le contexte de l'Afrique pour y déceler sa
singularité, « le point de départ est l'analyse du
contexte dans le quel vivent les communautés
concernées ». Ce contexte s'avère être un
contexte d'oppression et d'injustice. La paupérisation
anthropologique renvoie à une situation semblable,
où « la condition humaine est une condition de
précarité, de fragilité. ... Cette situation embrasse
l'homme, tout homme, tous les hommes, à tous les
niveaux »83(*).
Qu'il suffise de prendre quelques mots des poètes pour
s'en rendre compte : « Dans l'Afrique des indépendances,
ils sont légions, selon le mot du poète, ces princes ( ) qui sont
venus nus de leur provinces, ont tout perdu, leur langue, leur histoire, leurs
traditions, leurs arts, leur société, et tous les trésors
spirituels qui ont fait la vitalité de leurs peuples. Il n'y a rien de
plus tragique qu'un peuple qui a perdu ses racines, et qui se trouve, sans
guide et sans soutien, livré à l'océan
déchaîné de l'histoire contemporaine, à la merci de
faux timoniers qui souvent ne sont que des tyrans ou d'aveugles aventuriers
drogués par un pouvoir de marionnettes manipulé de
l'extérieur. Les pauvres d'Afrique ne sont pas seulement quelques
clochards, quelques mendiants aux recoins des rues. Ce sont des peuples
entiers, errants, dans la nuit, enivrés des slogans,
bâillonnés, muselés, attelés à des trains
fous, dans les scènes dantesques de désespoir.»84(*)
Les noirs ont été « assimilés
aux bêtes de somme, et exploités pendant plus de trois
siècles dans les plantations du nouveau monde »,85(*) au nom des falsifications
bibliques, notamment la malédiction de Cham.
Puis vint la colonisation, préparée par la
gigantesque campagne philanthropique de l'abolition de la Traite. L'Afrique en
sortie exsangue et étranglée. Pour Léopold II de Belgique,
un Jules Ferry de France, les africains sont de grands enfants, par
conséquent le partage de l'Afrique est tout à fait
normal86(*).
Une telle situation pour Engelbert MVENG est un aveuglement et
une perversion ontologique pour une Europe qui se croit
supérieure.87(*) Le
refus aux autres d'être le créateur de leur destin, au nom du
plus fort. Le destin des peuples noirs perpétue leur
anéantissement anthropologique. Ayant passé loin de
génocide, les noirs passent à l'ethnocide, c'est-à-dire
à la mort de leur âme, de leur culture, de leur identité,
au spectacle précipité de la fin de leur histoire, de
la « fin des Temps »88(*).
L'assimilation elle-même abolissait notre
identité et notre droit à la différence, c'était
une des formes extrêmes de paupérisation anthropologique.
89(*) La philanthropie
paternaliste nous revient sous la forme de lutte contre la pauvreté
aujourd'hui.
Selon Engelbert MVENG l'étude systématique de la
pauvreté en Afrique, n'a pas encore était faite.90(*) C'est une question
épistémologique. Toutes les recherches portent sur le
sous-développement, c'est-à-dire sur les aspects
socio-économiques de la pauvreté. Tout cela n'est qu'un aspect
seulement de la réalité africaine. L'échec de la
décennie du développement, lancée par les Nations unies, a
montré que pour l'Afrique, comme pour le reste du Tiers monde, la
réalité est à la fois plus complexe et plus dramatique.
La paupérisation anthropologique est une situation et
non un état. Nous avons perdu notre langue, notre histoire, nos
traditions, nos arts, etc.91(*)
Les maux qui en découlent ont causé :
- l'absence de l'Afrique là où l'on
décide de son destin, des grands centres de décision du monde
parce que c'est le lot des faibles.92(*)
- la dépendance, au moyen des
néo-systèmes de dépendance qui se cachent derrière
le masque de la coopération.
- le vide spirituel. MVENG est décidément celui
qui dit à tout le monde qu'en dépit du fait que la Tradition
africaine est bien vivante dans des campagnes africaines, le vide spirituel est
béant. En effet, « le vide spirituel est peut être
la conséquence la plus dramatique de cette paupérisation. Ce vide
fait de ravages dans des quartiers surpeuplés des villes, où le
menu peuple, aux prises avec les dures réalités d'une la vie
quotidienne souvent inhumaine, se laisse exploiter par les marabouts et les
charlatans de toutes catégories. Même dans la campagne où
la tradition n'est pas morte, les maîtres à penser, les
maîtres à prier, les maîtres à guérir sont
devenus rares »93(*). Cette idée est peut-être celle qui a
fondé l'ossature de son combat. En effet, les peuples africains sont
ceux habitués, « familiarisés avec une tradition
millénaire de contact avec l'au-delà, et à qui le
christianisme offre une piètre trop dépaysante, et une doctrine
faite des formules momifiées, outrecuidantes94(*),
inintelligibles » ! Je considère qu'il s'agit ici d'un
christianisme confessionnel.
L'Afrique est débordée, « ce sont
les familles qui implorent pour leurs enfants une éducation que ni
l'Etat, ni l'école importée, ni la société
traditionnelle, n'arrivent à leur donner »95(*).
« La pire misère c'est la
déchéance morale ; la corruption, la vénalité
qui rongent nos sociétés et nos institutions »96(*). L'Afrique « aux
foules plongés dans l'ignorance, le sous-développement, la
déchéance morale et la corruption,... »97(*). Les jeunes sont livrés
à la fumée des idéologies.
Il faut donc s'attaquer à la racine de mal pour
« rendre à l'homme africain sa dignité, son
identité, sa présence au monde ».98(*)
5.2. La source de ces
maux : de l'annihilation anthropologique à la paupérisation
anthropologique.
MVENG nous situe dans deux péripéties :
celle de la Traite des Nègres qui représente notre annihilation
anthropologique et celle de la colonisation qui présente notre
paupérisation anthropologique. « La colonisation, au fond est
une nouvelle forme d'exploitation où le Noir va être être
utilisé non dans les plantations d'Amérique, mais dans celles de
son propre pays »99(*).
5.3. Les conséquences
de ces maux.
La fragilité de l'Afrique pour MVENG est le
résultat d'un impitoyable système de paupérisation
structurelle et elle continue d'être alimentée par ces
néo-systèmes de dépendance qui se cachent derrière
le masque de la coopération. « Les maux qui en
découlent ont causé pour l'Afrique, cette carence d'être,
et cette multiple fragilité »100(*). Il découle donc de
tout ceci « la fragilité de l'Afrique politique ; celle
économique, sociologique, culturelle et
spirituelle »101(*). La cognée est à la racine de
l'arbre : Il faut s'attaquer à la racine de l'arbre.
Pour montrer l'ampleur et la profondeur des désastres,
reprenons encore les paroles de ce regretté digne fils d'Afrique,
Prêtre camerounais, Engelbert MVENG qui pose la question suivante :
« Qui, en Afrique, est pauvre, et qui ne l'est pas ? Tout le
monde vit dans l'incertitude et l'insécurité,les Chefs d'Etat et
leurs ministres,les fonctionnaires,le soldat,le policier,le travailleur,le
chômeur,le paysan,la population des villages, celles de la villes,...
Tout échappe à l'homme africain ; il n'est sûr ni de
son indépendance, ni des richesses de son sol et de son sous-sol. Il n'a
le contrôle ni de son or, ni de son uranium, ni de son pétrole, ni
de son cuivre, ni de ses diamants, ni de ses bois précieux, ni de son
cacao, ni de son café, ni de sa banane, ni de son coton. Pour comble de
malheur, la famille, la solidarité, l'autorité, l'encadrement
tribal si chaud, si tonifiant, tout a été miné à la
base par le système colonial, tout ou presque tout, a été
pulvérisé »102(*).
Les causes historiques les plus profondes sont liées
à la nature du système capitaliste depuis l'effondrement de la
féodalité en Europe comme l'a si bien démontré
Hannah Arendt.
6. Théories de la
justice.
Dans le contexte de la recherche de fonder le refus de
l'exploitation de l'homme par l'homme, John Ralws présente des principes
philosophiques très pertinents. Le Professeur Mutunda Mwembo ressasse
ces principes d'une admirable façon, en citant entre autre John Ralws.
En effet, pour Mutunda, « il n'est donc pas question que des
sacrifices soient imposés à des hommes et à des peuples
pour le bien d'autres, comme cela s'est fait dans le contexte de l'exploitation
de l'homme illustré par la colonisation et une certaine
globalisation »103(*). John Ralws écrit : « Chaque
personne possède une inviolabilité fondée sur la justice
qui, même au nom du bien être de l'ensemble de la
société, ne peut être transgressée. Pour cette
raison, la justice interdit que la perte de la liberté de certains
puisse être justifiée par l'obtention, par d'autres, d'un plus
grand bien »104(*).
D'autre part, John Ralws procède par une projection
presque à vide d'un ordre de justice à installer à marche
forcée. La distribution de la justice distributive qu'il
préconise, telle qu'elle doit être faite au moyen des prix, du
marché ou carrément par le gouvernement, démontrer des
lieux d'ajustement qui appellent chaque fois un arbitrage. Sa terminologie
rappelle en n'en point douter une conception très proche des Programmes
d'Ajustement structurel.
Dans la théorie de la justice comme
équité, John Ralws nous gratifie d'une construction
philosophique sur des questions de jugement politique sur la fonction
distributive du marché ou des prix. Il en présente la
possibilité de réalisation et les possibilités
d'ajustement en cas de problèmes ou d'inégalité indue sur
la question de la redistribution. Il y a une distribution des
tâches entre une décision collective et le marché.
Ici, émerge, de divergences entre une théorie cohérente et
tentaculaire, et une théorie plutôt de plâtrage.
Dans le chapitre consacré à la distribution, de
prime abord il prend des précautions
d'usage : « nous ne nous occupons que de certains
problèmes moraux de l'économie politique. Par exemple, je
demanderai quel est, à long terme, le taux d'épargne
adéquat, comment organiser l'impôt et la propriété,
à quel niveau fixer le minimum social ? En posant ces questions, je
ne cherche pas à expliquer ce que dit la théorie
économique de fonctionnement de ces institutions, encore moins à
y ajouter quoi que ce soit »105(*). Il s'agit de « tester les conceptions
morales »106(*).
On peut donc voir, dit-il, « le rôle du
marché pour décider de taux d'épargne et de l'orientation
de l'investissement. Tous les régimes utilisent le marché pour
repartir la consommation des biens. Dans le même sens, les
prix résultant de la concurrence dans les conditions normales soient
justes et équitables. Cependant dans le cas des biens publics, cela
échoue complément. Ici, nous recourons quant à nous,
à la société civile au lieu du gouvernement tel qu'il le
fait.
En effet, les Biens publics sont des conditions sine qua none
de toute prospérité nationale sur les quels doit discuter la
société civile. Ce sont ces Biens publics qui régulent
véritablement l'économie de l'Etat. Parce que les marchés
sont capables aussi bien de soutenir que de détruire le plein emploi, la
sécurité de l'environnement, la santé publique, les
services sociaux, l'enseignement, la diversité culturelle et la
véritable concurrence. En effet, nous pouvons même dire que les
Biens publics et la démocratie sont indispensables aux marchés
(aux sociétés transnationales). Ainsi, « des biens
aussi différents et manifestement publics que l'enseignement, la
culture, le plein emploi, le bien-être social et la survie
écologique (ne) devraient (pas) être livrés au secteur
commercial aux fins d'arbitrage et de décision. »107(*)
Point n'est besoin de nous étendre plus longuement,
nous nous en tenons à ce seul argument, qui, du reste est la pierre
angulaire de cette Dissertation. Les ajustements tels que les préconise
John Ralws dans un environnement néolibéral reste toujours
problématiques. Nous allons voir tel que cela s'effectue par
l'entremise des Programmes de lutte contre la pauvreté aujourd'hui, qui
sont des Programmes d'ajustements structurels revisités.
CHAPITRE
DEUXIÈME : EVALUATIONS DES RÉPONSES AU PROBLÈME DE LA
PAUVRETÉ
1. Les origines lointaines
des programmes de développement.
L'élaboration des programmes de développement
aujourd'hui est la résultante d'une longue histoire qui remonte à
la fin de la deuxième guerre mondiale. Nous allons en donner une
brève historique. En effet, l'Aide aux pays appauvris par cette guerre,
a engendré le discours du développement, notamment par
l'élaboration d'un certain nombre des concepts, des catégories et
d'idées (souvent morales). Ce discours a réussi à
construire le premier monde, le deuxième monde et le troisième
monde.
Les pays sous-développés sont ainsi
définis sur base d'une échelle liée à la
pauvreté, à la famine et au malheur. Les théories du
développement seront de lors formalisées, qu'il suffise de parler
de celle de W.W.Rostow (les étapes de la croissance
économiques, 1960), qui par ailleurs sera critiquée pour
avoir négligé les facteurs historiques, culturels et politiques
des pays pauvres. Ajoutons à ces critiques celles plus décisives
de la post-modernité, à la quelle Jürgen Habermas apportera
sa touche. Plusieurs autres critiques seront formulées à l'instar
de la théorie de la dépendance (Samir Amin), du
système-monde (la semi-dépendance), et les théories des
modes de production. Dans ces dernières, il sera conclu que par rapport
aux nombreux pays pauvres, la cohabitation entre les modes de production
locales et le mode de production capitaliste avait pour effet de renforcer un
peu plus l'emprise de ce dernier sur les premiers. Le système
capitaliste empêche le développement des pays pauvres.
Les années 80 ont marqué l'arrivée dans
les sciences sociales du courant post-moderne sur lesquels nous nous sommes
étalé déjà, dont la pensée stigmatisera
l'influence des Lumières sur la science occidentale et la
nécessité de nuancer cette philosophie. Habermas va plutôt
tenter de les reconstruire.
L'augmentation de la pauvreté ,les menaces
environnementales feront finalement que le développement soit
abordé sous l'angle de la déconstruction du discours
développement en portant plus attention aux particularités
locales, à la diversité culturelle,aux mouvements sociaux comme
acteurs réels dans la politique locale et régionale,en conservant
la dialectique local et global, ... Tout aboutit à la prise en compte
des savoirs locaux dans l'élaboration des programmes de
développement ( principalement agraire et médical),sur les quels
nous allons abondamment nous attarder.
2. Les Programmes
d'Ajustement structurel.
2.1. Les aspects
connexes : le sous-développement et les aspects
socio-économiques de la pauvreté.
Ces genres d'études ont été longtemps de
mise dans le monde.
Citons à titre d'exemple, le Programme de Kennedy pour
la suppression de la pauvreté en Amérique, les programmes
anti-pauvreté en Europe, en Angleterre et en France. Le
phénomène de la pauvreté se révèle, dans les
Tiers Monde plus compliqué. « Il faut reconnaître que
l'étude systématique sur la pauvreté en Afrique, n'a pas
encore été faite. Toutes les recherches portent sur le
sous-développement, c'est-à-dire sur les aspects
socio-économiques de la pauvreté »108(*). Pour les causes de
multiples échecs de ce genre des programmes, qu'il suffise
d'évoquer le Programme d'Ajustement structurel des années
1980.
Le consensus de la communauté internationale sur le
Programme contre la pauvreté est attesté aujourd'hui. Bien
entendu, une pauvreté socio-économique, c'est-à-dire le
sous-développement persiste en Afrique, en tant que tel il est devenu
structurel, plus encore à cause des exacerbations dues à la
répression ou à la guerre. En effet, « la misère
liée à la répression, à la guerre civile et
à la pauvreté n'est plus un problème
local ».109(*)
Cette pensée de Jürgen Habermas donne le ton pour parer à
l'illusion qui ferait de la misère des problèmes exclusifs
à certaines contrées, en dépit de fait que l'extrême
pauvreté est quand même l'apanage du Tiers-monde.
Aujourd'hui, après des multiples désastres
sociaux des Programmes de Réajustement Structurel dans les Tiers -
monde, réduction de la scolarité, mortalité infantile,
augmentation de la pauvreté, une nouvelle génération des
Programmes surgissent. Une vague de contestations sur le plan mondial
s'organisent autour des mouvements aussi célèbres que les
Alter-mondialistes et les autres, etc. Davos (Forum économique mondial),
Porte Alegre (Forum social mondial), tous pour des raisons différentes
sont tombés d'accord pour s'attaquer en priorité contre la
pauvreté.
Le consensus international autour de la problématique
du pauvre socio-économique est ce que nous appelons paradigme
« pro-pauvre ». Cependant, le cinquième et tout
dernier forum social mondial du genre tenu à Bombay en Inde n'est pas
favorable aux FMI (Fond monétaire international) et à la Banque
mondiale qui octroient l'ECS (l'évaluation conjointe des services),
document qui permet d'entrer en Programme avec eux, pour la lutte contre la
pauvreté et l'initiative PPTE (pays pauvres très
endettés). La majorité des Aides et d'octroi de crédits
à taux réduit, bilatéraux ou multilatéraux, se
conclus sous leur égide.
Le Programme de lutte contre la pauvreté est pour
certains critiques une machine néolibérale, qui octroi des fonds
réduits à court terme qui ne permettent pas de gros
investissements des infrastructures de base et autres (l'industrie lourde
-pétrochimie, sidérurgie), le programme forme des
mécanismes d'agression et de pillage.
En ce qui concerne la lutte contre la pauvreté,la mise
en route des Programmes subséquents se focalise entre autre autour de
trois axes principaux : le renforcement de la capacité
institutionnelle, la nécessité d'un partenariat entre les
institutions internationales, les agences des Nations Unies, la population
à travers les ONG(les organisations non gouvernementales) nationales et
les structures locales, les institutions religieuses, les ONG internationales
et les gouvernants,et enfin l'exigence d'une approche qui puisse être
participative. Un tel dispositif vise la mobilisation des moyens
matériels, juridiques, politiques, sociaux disponibles de recouvrement
des certains avantages sur le plan national et international, accroître
la capacité de négociation à travers les alliances et la
création des réseaux, etc.
Plusieurs actions peuvent être pensées
pragmatiquement pour parer à la situation de pauvreté
socio-économique. Il peut être envisagé en effet, une
logique de la distribution de la culture (l'accès à
l'enseignement et à l'instruction en vue d'une égalité de
compétence), de la division du travail (la structure du travail entre
hommes et femmes) et celle de procédures de décisions. Que le
plus grand nombre aille une juste part aux biens sociaux.
La lutte contre la pauvreté doit permettre la mise en
oeuvre d'une égalité de chances pour que les individus et les
Etats puissent prendre eux-mêmes leurs initiatives. Une chance
équitable dans la compétition entre les hommes et les Etats.
Faciliter l'accès sans discrimination aux institutions existantes de
systèmes éducatif et de l'emploi. Garantir
l'égalité des chances quant aux ressources dans la concurrence
à la fois pour l'achèvement de la formation professionnelle, pour
l'emploi, pour le revenu, pour le prestige et pour le pouvoir
politique.110(*) Une
telle tâche de la distribution touche donc également à la
structure des décisions dans une société moderne.
Tous ces programmes ont été longtemps
essayés dans les pays riches sans des résultats spectaculaires.
Le gros d'études sur la pauvreté aborde ce
phénomène sous l'angle économique et
sociologique.111(*)
Au demeurant, la pauvreté socio-économique
contemporaine telle que perçue est due à plusieurs causes :
à une insuffisance des ressources, à l'exclusion d'un mode de vie
matériel et culturel dominant ou à la précarité de
statut social. 112(*)
En effet, les indicateurs de la pauvreté contemporaine
sont les suivants :
1) Les indicateurs symptomatiques traduisent la non
accessibilité du pauvre à certains biens et services jugés
indispensables pour la réalisation d'un niveau minimum de
bien-être : consommation calorique, structure de dépenses,
accès à l'eau potable, accès à l'éducation,
accès au service de santé ;
2) Les indicateurs qui renvoient à l'incapacité
du pauvre à gérer les moyens nécessaires à la
réalisation de ses objectifs de bien-être : capacité
de suivie et de revenus (opportunité d'emploi, d'entreprise,...),
capacité de mobilisation et de participation (actes de
solidarité), capacité de gestion du patrimoine naturel, culturel,
bonne gouvernance.113(*)
En effet, la pauvreté concerne d'une part, un pays en tant qu'il doit
pourvoir à certains biens et services indispensables à la survie
de la population et d'autre part, une personne physique qui peut être
frappée de la pauvreté psychologique.
L'exclusion sociale, la misère et l'extrême
pauvreté sont des problèmes de degrés différents.
Cette situation est due dans certains cas au phénomène de
domination, sous cet angle, elle est vécue avec acuité dans les
tiers - monde et appelle une dimension libératrice. La nature de la
pauvreté est perçue soit comme un phénomène
monétaire, soit sociologique ou soit encore psychologique pour une
personne physique ou morale (individu, ménage, pays).
Il existe plusieurs types de pauvretés
socio-psycho-économique dans le monde. En effet, plusieurs
critères sont mis en oeuvres pour mesurer le phénomène de
la pauvreté ; ils sont soit de l'ordre alimentaire et
diététique (la quantité de calorie à consommer),
soit de l'ordre économique ou sociale :
1) La pauvreté économique, celle qui semble
être la plus visible, se manifeste en tant que manque de capital
monétaire ;
2) La pauvreté sociologique, est vécue
plutôt comme, l'expression d'un déficit du capital humain et d'une
carence en relations sociales ;
3) La pauvreté psychologique, est le manque de ressort
personnel à compenser le déficit.114(*)
Comme nous pouvons bien le remarquer, le programme de lutte
contre la pauvreté se focalise sur toutes ces catégorise de la
pauvreté, et en tant que tel comporte une visée globale de la
société : le programme veut palier à la carence de la
consommation calorique, à la structure des dépenses
ménagères, à l'accès à l'eau potable,
à l'accès à l'éducation, à l'accès au
service de santé, à la capacité de la gestion du
patrimoine naturel, culturel et à la bonne gouvernance.
II.2.2. De la genèse de
l'approche programme.115(*)
Nous nous proposons de présenter l'historique de
l'approche programme à travers ses différentes phases.
Cette approche apparaît en 1991 au PNUD (Programme des
Nations Unies pour le développement) et à la BIRD (Banque
Internationale pour le reconstruction et le développement) au cours des
débats sur la dimension institutionnelle du sous -développement.
Le débat de la conférence annuelle de la Banque mondiale de Mars
1991 portait principalement sur la « gouvernance ». Au
PNUD, cette « approche programme» trouve ses premiers
développements conceptuels à Genève en 1991 et ses
applications pratiques en 1992 avec les premières approches nationales
des programmes en Côte d'Ivoire, Sénégal, Malawi, Rwanda,
Gambie, qui consacre le renforcement des institutions, la participation
populaire et la défense des droits de l'homme. Enfin, pour eux, toute
reforme qui ne s'attache pas à réexaminer le système de
gouvernance risque d'échouer.
L'approche programme prend la configuration suivante :
- le développement humain durable,
- la dimension institutionnelle du développement (la
capacité à
construire le développement),
- et une approche nationale du programme de
développement.
Le Programme de lutte contre la pauvreté participe
d'une dynamique multiple initiée par la communauté
internationale. Il prend en compte les questions du sous-développement.
En effet, les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)
constituent un programme ambitieux de réduction de la pauvreté
à l'échelle mondiale.
Les experts ont fait remarquer notamment l'inexistence
d'aucun plan concret ad hoc, en appellent à la mise en oeuvre d'une
feuille de route qui prévoit :
- l'élaboration d'une stratégie nationale par
chaque pays en voie de développement ;
- l'alignement du DSRP (Document de Stratégie pour la
réduction de pauvreté) sur les OMD (objectifs du
millénaire pour le développent) ;
- l'augmentation de l'Aide au développement ;
- l'ouverture des marchés des pays à revenu
élevé aux profits des pays en voie de
développement ;
- le financement de la recherche.
Par ailleurs, il existe plusieurs dimensions de l'Ajustement
structurel tel qu'il a été déjà mis en
oeuvre : la dimension économique, la dimension sociale et la
dimension institutionnelle. Ces conceptions de l'Aide au développement
et les Projets inhérents se succèdent sans garantie des
résultats (assistance technique interne et résidente d'antan, les
premiers plans d'Ajustements structurels des années 1980, et finalement
une logique actuelle dite des Programmes).
Le programme de lutte contre la pauvreté est lié
la question du sous-développement. Cette conception du
développement a une double dimension, il est humain et durable, il
se réalise sous une approche dite institutionnelle du
développement (ou d'Ajustement). En tant que telle elle renvoie
à la reforme des institutions par l'entremise de l'automatisation,
de la modernisation, et de la participation accrue de la société
civile à la gestion de l'économie nationale, et au
problème de gouvernance, c'est-à-dire de démocratie, en
vue de relier la croissance et la conflictualité. Nous allons
également insister sur la question de la démocratie dans
l'optique qui est la nôtre.
Une approche nationale des programmes est un corpus
élargi de normes de développement qui risquent d'entrer en
contradiction les uns avec les autres. Il est conçu comme une approche
pragmatique, étape par étape, de la capacité à
construire une gestion de développement.
En effet, l'an 2000, l'Assemblée générale
des Nations Unies s'est fixée comme objectifs, l'abolition de
l'extrême pauvreté et de la misère d'ici 2015. Pour ce
faire, plusieurs solutions ont été envisagées pour les
tiers-monde, le renforcement de la sécurité sociale, l'abolition
de la dette extérieure, l'amélioration de l'instruction, la
reforme et le renforcement des capacités des institutions, la
réhabilitation des infrastructures de base qui constituent le Programme
de lutte contre la pauvreté ou programme amélioré
d'Ajustement structurel (PPTE).
CHAPITRE
TROISIÈME : L'ÉTHIQUE DE LA DISCUSSION FACE À LA
QUESTION : « QUE DEVONS NOUS FAIRE » ?
I. De la discussion et des
questions connexes.
I.3.1. Le processus de
traitement des problèmes.
Notre réflexion ici pourra tenter, à la suite de
la structure de la procédure d'argumentation morale, une
élucidation des mécanismes institutionnels à travers les
processus de l'adoption des programmes adéquats, notamment ceux de la
lutte contre la pauvreté, dans la version qu'en donnerait la
théorie de la discussion au niveau national et donner le sens de cette
entreprise au niveau international.
Pour cela, nous pensons qu'il est important d'abord de
présenter cette vision des institutions, inspirée de la
théorie de la discussion dans laquelle va s'insérer notre
analyse. Toutefois il sied de bien le rappeler, la méthodologie de
l'élaboration de l' « approche programme » est
fondée sur la discussion et les négociations, la
démocratie, le respect de droits de l'homme, la bonne gouvernance, la
participation de la société civile, etc.
L'aliénation et l'émancipation des peuples ne
dépendent plus seulement de l'ordre économique, elles tiennent
aujourd'hui à la manipulation de l'espace publique investi par le
pouvoir. En effet, l'approche du paradigme procédural de Droit et de la
démocratie que présente Jürgen Habermas dans Droit et
démocratie. Entre faits et normes,
(116(*)) indique un
modèle de traitement des problèmes de la société
fondé sur la théorie de la discussion. Ce modèle
s'élargit concrètement à plusieurs domaines. Notamment au
processus des décisions de l'Administration publique et du Gouvernement
ou du circuit complet que parcourt les avis et les décisions,
c'est-à-dire, de la circulation de l'expertise à travers tout
l'Appareil de l'Etat et de la société. La société
ou carrément l'opinion publique en tant qu'elle peut exercer des
multiples pressions.
Rappelons que le Gouvernement a l'avantage de disposer des
moyens fiscaux, de la prérogative d'inscrire des points à traiter
à l'ordre du jour des réunions des conseils des ministres, d'en
établir les priorités, et surtout d'en décider. La
société a l'avantage de conférer la
légitimité, elle se compose concrètement du tissu
associatif, des personnalités, de l'espace public, des
communautés.
Finalement il est question de faire un usage adéquat de
la rationalité collective tout entière, source
d'efficacité plus accrue. Bref, il s'agit de la théorie qui
explicite le processus de communication sociale en général sur
des discussions spécialisées ou non spécialisées
qui aboutissent à la formulation des programmes in fine.
Pour revenir au modèle procédural et au
schéma institutionnel en question, le modèle que nous avons
choisi, il se situe, pour le comprendre, sur un axe explicatif qui va du centre
à la périphérie. Au centre, nous trouvons le coeur du
système politique, qui est composé de système
institutionnel : dont l'Administration (Gouvernement inclu), la Justice
(les Cours et tribunaux), et les institutions que nous pouvons qualifier de la
formation démocratique de l'opinion et de la volonté, entendez
(les organismes parlementaires, les élections, les programmes
politiques, la concurrence des partis, etc.).
A la périphérie interne de l'Administration
publique : nous pouvons trouver les différentes institutions, notamment
celles qui sont dotées de droit d'autogestion ou de fonction de
contrôle, celles qui ont des compétences
déléguées par l'Etat (les Université, les Instituts
supérieurs, les centres de recherches, les sociétés
d'assurance et leurs systèmes, les représentations corporatives,
les Chambres professionnelles, les associations de bienfaisance, les fondations
et j'en passe.)
A la périphérie externe du centre dans son
ensemble : il y a des utilisateurs et des fournisseurs. Cela renvoie
concrètement au pouvoir social (les communautés, le tissu
associatif, les personnalités et l'espace public) et aux partenaires
extérieurs.
Au demeurant, dans les critiques qui sont actuellement
formulées contre les Documents de Stratégie pour la
réduction de la pauvreté (DSRP), qui restent les Documents de
base qui donnent accès à la Facilité pour la
réduction de la pauvreté et à la croissance (FRPC) ainsi
qu'à l'initiative envers les Pays très endettés (PPTE), il
est reproché notamment le fait que les DSRP sont influencés ,et
parfois même préparés par les pays étrangers ,
la faible participation de la société civile, des ONG à la
réalisation de DSRP alors qu'il doit être orienté vers un
partenariat ,c'est-à-dire qu'il doit bénéficier de l'appui
de tous les membres de la société civile ,organisation de la
société civile (OSC) et des ONG . Rappelons que la RD Congo
a conclu son DSRP- Intérimaire en 2002 et a conclut le DSRP final cette
année 2005 avec les Institutions financières
internationales.117(*)
Ce qui a aboutit àl'échec.
La société civile fait entendre des
problèmes sociaux, expriment des exigences, articulent les
intérêts ou des besoins et exercent une influence sur la
formulation des projets de loi ou sur des programmes vis-à-vis du
Parlement et des Administrations, même par voie judiciaire. Ces
fournisseurs forment des Associations qui représentent des
intérêts de groupes, jusqu'aux groupes d'intérêts
publics.
« Ces associations formatrices de l'opinion
spécialisées dans la formulation des thèmes et de
contributions et d'une façon générale dans l'exercice
d'une influence publique, font partie de l'infrastructure propre à la
société civile d'un espace public dominé par les mass
media et qui (...) forment le véritable contexte
périphérique.»118(*) Il faut noter qu'en dehors des élections, et
donc en temps normal, l'espace public tel que dominé par les mass media
constitue la périphérie de ce système institutionnel.
La discussion civique est l'acte fondamental de la
démocratie.119(*)
A la suite de Sondra Myers qui cite Vaclav Havel, nous soutenons la
thèse selon laquelle « la démocratie est une discussion
( ) c'est toujours une question d'accord et de mobilisation et de compromis, (
) et de mobilisation des instincts pour déterminer quel genre de
compromis est acceptable et quel genre n'est pas. »120(*) La participation des
citoyens à la discussion de questions publiques, en vue de prendre des
décisions avisées, de résoudre des conflits, de rechercher
des terrains d'ententes et d'affirmer leurs droits et de leurs
responsabilités, est essentielle au progrès.121(*)
Le coeur de la société civile est en fait
constitué par un tissu associatif qui institutionnalise, dans
le cadre d'espaces publics organisés, les discussions qui se proposent
de résoudre les problèmes surgis concernant les sujets
d'intérêt national.
L'espace public est dominé à la fois par les
mass media et les grandes organisations.122(*) L'espace public s'étend à des
questions d'ordre politique. « L'espace public se décrit le
mieux comme un réseau permettant de communiquer des contenus et des
prises de position,et donc des opinions ;les flux de communication y sont
filtrés et synthétisés de façon à se
condenser en opinions publiques regroupées en fonction d'un thème
spécifique »123(*). L'espace public se
différencie, « c'est un tissu d'une grande
complexité, ramifié en une multiplicité d'arènes
qui se chevauchent, aussi bien internationales que nationales,
régionales, municipales ou
subculturelles ()différencié en niveaux en fonction de la
densité de la communication,de la complexité de l'organisation et
de l'ampleur de rayon d'action,allant de l'espace public épisodique du
bistrot,des cafés et des rues,jusqu'à l'espace public abstrait
créé par les mass media et composé des lecteurs
,d'auditeurs à la fois isolé et globalement
spécialisés,en passant par l'espace public organisé ,en
présence des participants,qui est celui des représentations
théâtrales ,des conseils de parents d'élèves,des
concerts de rock,des réunions de partis ou des conférences
ecclésiastiques »124(*).
Toutefois,les structures communicationnelles de l'espace
public sont liées aux sphères de la vie privée, la
périphérie qu'est la société civile
possédant, vis-à-vis des centres de la politique ,l'avantage
d'une plus grande sensibilité pour la perception et l'identification des
problèmes nouveaux. C'est au système politique que l'opinion
publique abandonne le traitement spécialisé de ces questions.
Bien plus, les Biens publics sont des conditions sine qua none
de toute prospérité nationale sur lesquels doit discuter la
société civile. Ce sont ces Biens publics qui régulent
véritablement l'économie de l'Etat contre l'envahissement des
capitaux privés extérieurs. Parce que les marchés sont
capables aussi bien de soutenir que de détruire le plein emploi, la
sécurité de l'environnement, la santé publique, les
services sociaux, l'enseignement, la diversité culturelle et la
véritable concurrence. En effet, nous pouvons même dire que les
Biens publics et la démocratie sont indispensables aux marchés
(aux sociétés transnationales). Ainsi, « des biens
aussi différents et manifestement publics que l'enseignement, la
culture, le plein emploi, le bien-être social et la survie
écologique (ne) devraient (pas) être livrés au secteur
commercial aux fins d'arbitrage et de décision. »125(*)
Par ailleurs, l'intention de la pragmatique universelle par
exemple, est de tenter de briser le prétexte d'un appareil de l'Etat qui
agit pour et au nom d'un bien commun indifférencié. Il faut une
société auto domestiquée par la participation de tous, au
moyen de la discussion la plus large possible, au lieu d'une emprise anonyme
d'une Administration centralisée des élites fermées
à eux -mêmes, coupées des délibérations des
peuples ou du pouvoir social (tissus associatifs, communautés, espaces
publics et personnalités), le système déconnecté du
monde vécu (de la tradition en dépit du fait que les citadins
semblent toujours se situer assez distants de leur tradition souvent à
fossiliser ) en tant qu'interactions humaines quotidiennes et continues, de la
société civile et de l'opinion publique tout en les colonisant.
Cette brève explicitation est une des traductions de
l'interprétation de la démocratie telle que donnée au
moyen de la théorie de la discussion, parce qu'il y a l'exigence interne
de l'argumentation (au Parlement) et l'exigence externe de la communication
digne de ce nom (dans l'espace public et à travers l'opinion publique).
Les flux communicationnels sont ainsi des medium régulateurs des
décisions qui engagent pour ainsi dire le corps social, l'Etat et monde.
Nous pouvons bien remarquer qu'en fait, le pouvoir est ici
fondé sur la communication. C'est sous la pression de l'opinion publique
que les problèmes sont traités par les responsables politiques, y
compris les problèmes de la pauvreté, telle qu'elle est devenue
centrale dans la conduite de la chose de l'Etat dans les pays dits pauvres. Le
fait de disposer d'un pouvoir social permet d'agir sur le processus politique.
126(*)
Ce point de vue qui est institutionnel tel que
développé dans l'optique de la théorie de l'information et
de la discussion présente plusieurs avantages : il y a ici le
« mouvement canalisé » des informations à
l'échelle de tout le système institutionnel, du pouvoir social et
de l'appareil administratif. L'Etat ne prend une forme institutionnelle solide
qu'à travers l'organisation administrative de la fonction publique.
I.3.2.De l'intérêt de la théorie de la
discussion.
M.Kriel trouve la fécondité de la théorie
de la discussion dans ce qu'elle « défend une forme
d'Etat fondée sur la discussion - autrement dit l'Etat constitutionnel
démocratique - contre les théories politiques qui soumettent ses
fondements philosophiques à une mise en cause
principielle.»127(*) La théorie de la discussion, loin de
remettre en cause les fondements de la théorie de l'Etat constitutionnel
démocratique en cause, lui restitue son sens plein. En fait comprendre
la cohérence et l'harmonie générale du système
institutionnel.
C'est justement dans ce décor d'analyse que nous avons
placé plus la question de la pauvreté socio-économique.
En effet, nous nous attelons à analyser le
fonctionnement de la société civile et son importance parce que
beaucoup des pays dits pauvres n'ont pas l'expérience d'une
société civile organisée et efficace (des syndicats des
corporations non corrompus et non infiltrés). Cette faiblesse et ses
effets néfastes ont un impact sur des Etats ou des Administrations en
crise, sur le processus collectif d'élaboration et de suivi des
programmes.
Cette question-ci « Que devons-nous
faire ? », lorsque analysée selon le modèle de
Jürgen Habermas prend donc trois formes différentes :
pragmatique, éthique et morale ; cela diffère selon que la
collectivité poursuit une fin, veut acquérir un Bien public ou
sinon si elle veut atteindre ce qui est juste.
Les questions pragmatiques se posent du point de vue d'un
acteur qui cherche les moyens appropriés permettant de réaliser
des fins et des préférences données. En effet, ces fins,
peuvent faire problèmes si du point de vue éthico-politique (ici
nous nous referons à la terminologie de Habermas), elles ne
répondent pas à la forme de vie intersubjectivement
partagée d'une communauté.
Dès lors, la question de la finalité à
atteindre, question éthico-politique telle que les conçoit
Habermas, appelle un éclaircissement quant à la vision que la
communauté se fait d'elle-même : en fonction de quels
idéaux les personnes devraient projeter leur vie commune ?
L'angle éthique considère donc l'aspect
éthico-éxistenciel en posant la question suivante au
singulier: Qui suis-je ? Qui aimerais-je être ? Quelle forme de
vie est bonne pour moi ? « La manière dont, tout en les
développant de façon sélective, nous nous approprions les
traditions et les formes de vie dans les quelles nous venons au monde,
détermine les genres d'individu dans lequel nous nous reconnaissons
à l'intérieur de ces traditions
culturelles. »128(*) Les questions éthiques ne dépendent
pas de fins ou de préférences subjectives mais indiquent les
modes d'actions qui, à longue échéance et dans l'ensemble,
sont « bons pour nous ».
De façon récapitulative, dans les discussions
pragmatiques, nous examinons l'opportunité des stratégies
d'action qui présupposent que nous sachions ce que nous voulons. Dans
les discussions éthico-politiques nous examinons une configuration des
valeurs en présupposant que nous ne savons pas encore ce que nous
voulons en réalité.
Nous pouvons dire qu'une conception procédurale de la
démocratique envisage la politique comme une controverse portant non pas
simplement sur des questions de préférence, mais sur des
questions de valeur,par exemple la corruption et les anti-valeurs.
« Elle envisage la politique comme un processus fondé non pas
simplement sur la volonté mais sur la raison, pas simplement sur le
pouvoir mais sur la persuasion orientée vers un accord concernant la
façon bonne ou juste, en tout cas acceptable, d'ordonner les aspects de
la vie incluent les relations sociales et les caractères sociaux des
gens. » 129(*)
La discussion politique menée de façon continue possède
également une force d'engagement pour la manière dont la
domination politique sera exercée.130(*)
I.3.3. La transformation de la
question éthique kantienne dans la résolution des
problèmes.
Devant des problèmes,notamment ceux liés
à la pauvreté , toute la collectivité et tous les acteurs
partent donc ,d'une seule question moins individualiste que celle posée
par Emmanuel Kant : « Que devons-nous
faire ? ».
1) Premièrement, dans la terminologie de
Jürgen Habermas, les discussions pragmatiques se limitent à
échafauder des Programmes possibles.
2) Deuxièmement, les discussions
éthico-politiques, sur base des discussions pragmatiques appellent la
compréhension qu'un groupe a de soi-même, et de son
identité, c'est-à-dire la réappropriation des
traditions dans un esprit critique.
3) Troisièmement, les discussions morales sont
totalement décontextualisées et universalisables.
4) Quatrièmement, les discussions politiques, puisque
englobantes, se posent d'abord sous la forme pragmatique d'un choix de
finalités collectives en fonction de certaines orientations axiologiques
et d'un examen attentif, au nom d'une rationalité fins- moyens ,des
stratégies que le Législateur politique souhaite adopter
131(*).
Bien entendu, un tel travail suppose une bonne
interprétation de la situation, d'une description adéquate du
problème à résoudre, de l'obtention d'informations
significatives et fiables, et du bon traitement de ces informations,
effectué le cas échéant à l'aide d'une
théorie.
Ramenées à des questions spécifiques ,les
questions morales sont celles ayant trait à la politique
sociale,à l'organisation de système scolaire ou encore à
celui des soins médicaux,à la distribution des richesse,etc. Les
questions éthiques sont celles liées à l'écologie,
au réseau routier et à l'urbanisme, à l'exode rural,
à la fuite des cerveaux, à la discrimination culturelle et
ethnique, ou à la culture politique en général.
I.3.4. Les présupposés
d'une approche post-analytique.
Notre démarche à ce niveau consiste à
pouvoir présenter le Programme de lutte contre la
pauvreté, par la suite tenter de montrer les points d'encrages
avec la philosophie, spécialement la philosophie du langage, dans sa
phase post-analytique ou discursive avec Jürgen Habermas.
L' « approche programmes » dans la lutte contre la
pauvreté renvoie à la primauté d'une philosophie de la vie
qui englobe l'humain et le suprahumain, à la modernisation sociale,
à la participation de la société civile, à la
démocratie, à la gestion des conflits, tout en impliquant une
large concertation de la dynamique interne sur les Projets, -
l'aspect discursif constitue la stratégie de base de l'approche
Programme -, tous ces éléments constitueront l'objet de notre
Dissertation. C'est donc une étude globale.
L' « approche programme » des
programmes non décrétés qui ont cours maintenant devaient
être mise en oeuvre dans le contexte d'un environnement d'un Etat
ordonné, réhabilité au nom de la dimension
institutionnelle de l'Ajustement. Toute fois, en arrière -fond se
profile le débat bien intéressant sur la nature du
développement (le développement durable est de plusieurs
cotés une vision nouvelle en ceci qu'elle est soucieuse de
préserver la nature dans son ensemble). Cette approche est toute
récente, elle demande à être explicitée.
L'humain signifie que l'homme est mis au centre, non seulement
du point de vue des objectifs mais aussi de la méthode.
« Durable » veut dire que l'environnement humain et
physique doit être préservé tout en assurant le suivi des
Programmes. Il y a ici le primat d'une conception de la vie qui englobe
l'humain et le suprahumain.
Cette approche est nationale dans le sens où une
expertise nationale est mise en place dès le lancement du programme et
se substitue à l'expertise étrangère. Elle implique une
large concertation ou de consultations sur les projets. Disons le tout de
suite, c'est cet aspect discursif qui constitue la stratégie de base de
l'approche Programme. En tant que tel elle anticipe énormément
sur la philosophie post-analytique dont nous allons parler.
L'approche programme doit cohabiter avec les recommandations
des programmes économiques à moyen terme, adoptés sous
conditionnalité : privatisation, ouverture à
l'échange international, réduction des dépenses publiques,
etc.
Nous pouvons remarquer plus aisément que la conception
du développement durable, bien que n'étant pas le sujet principal
de notre Dissertation, coïncide avec la philosophie du langage. Au niveau
du tournant pragmatique, elle postule la primauté de la
communauté sur le sujet, et donc une anthropologie philosophique non
individualiste à l'instar de l'anthropologie solipsiste inaugurée
par Descartes et poursuivi par Kant.
La transformation de cette philosophie par la philosophie du
langage nous donne de façon générale un cadre
théorique très fécond capable de trouver des points
d'ancrage pour ce faire. Déjà, lorsque nous partons de la
question transformée de Kant, devant un problème :
« Que devons nous faire ? », cette voie nous offre
sans conteste des prolongements capables d'aborder cette question de la
pauvreté.
Cette architecture théorique met ensemble la discussion
et le monde vécu. « Le monde vécu dont les
institutions sont une composante ,se présente comme un ensemble
cohérent des convictions culturelles ,d'ordres légitimes et
d'identités personnelles ,enchevêtrés les unes avec les
autres et reproduites par le moyen de l'activité
communicationnelle »132(*). Le concept de « monde
vécu », riche d'occurrences, antidote à la
synthèse transcendantale kantienne, englobe un type de savoir et de
savoir -faire qui nourrissent les intelligences aptes à résoudre
des problèmes récurrents de la société soucieuse
de leur identité. « L'idée de la possibilité
d'honorer les prétentions à la validité critiquables
requiert des idéalisations qui soient opérées par les
acteurs de la communication eux-mêmes et qui se trouvent du même
coup, non plus au ciel transcendantal, mais sur le terrain même du monde
vécu ».133(*)
Le concept de l'agir communicationnel, pour autant qu'elle
renvoie à la discussion en vue d'une entente, offre lui aussi une des
clés théoriques qui soutend une société
réflexive, autoréflexive et éthiquement responsable dans
la distribution des biens publics. Une discussion soit elle scientifique ou
politique répond aux mêmes présupposés.
En outre, nous pouvons le dire ici, la communauté
dialogale précède le « contrat
social » ; elle est la condition de possibilité de
celui-ci. D'un point de vue éthique, la philosophie post-analytique
postule par le fait même, des normes tout compte fait éthiques
,sans les quelles tout dialogue est impossible.
Une anthropologie proprement communautaire et une
éthique de la discussion sont des présupposés de notre
recherche au niveau fondamental. La théorie de la discussion134(*), au niveau de la philosophie
(du langage) appliquée, entendez les discussions et les
négociations, forment la logique de base de la vie en commun et des
institutions étatiques, dans l'optique qui est la nôtre.
I.3.5. L'Etat comme macro
« je ».
Jürgen Habermas présente, selon les
périodes, les missions qui incombent à l'Etat, des
problèmes qui ont par ailleurs assez accru aussi bien quantitativement
que qualitativement : par exemples, le contrôle de la
pauvreté engendrée par le capitalisme, la domestication du
pouvoir de l'Etat absolu et, enfin la prévoyance des risques
entraînés par la science et la technique, et les déficits
actuels de l'appareil de l'Etat (i.e.,la légalité de
l'Administration, la séparation fonctionnelle des pouvoirs,...).
135(*) Nous allons tenter de discuter de ces
points de vue d'Habermas sur base des principes de l'Etat de Droit.
L'ombre d'une philosophie du sujet
plane sur les traditions de pensées jusque là dominantes. Le
primat est accordé à l'Etat comme un macro
« je ». L'Etat moderne opère justement comme un
macro-individu providentiel qui vise la réalisation du bonheur de tous
les individus indistinctement. Un appareil de l'Etat qui agit pour et au nom
d'un Bien commun indifférencié.136(*)
Notre analyse, n'oublions pas, se fait à partir du
Nous communautaire en tant qu'a priori de la communauté de la
communication. Habermas partage en gros un même projet avec Karl Otto
Apel en ceci qu'ils essaient de transformer la philosophie transcendantale
kantienne en la détachant du sujet traditionnel pour l'ancrer dans les
jeux du langage communicationnel ; ils partent tous à quelques
exception près de l'a priori de la communauté de la
communication. (137(*))
L'intention de la pragmatique universelle par exemple, est de
tenter de briser le prétexte d'un appareil de l'Etat qui agit pour et au
nom d'un bien commun indifférencié. Il faut une
société auto domestiquée par la participation de
tous, au moyen de la discussion politique la plus large possible, au
lieu d'une emprise anonyme d'une Administration centralisée des
élites auto formées, coupée des
délibérations des peuples et du pouvoir social (tissu associatif,
communautés, espace public et personnalités), le système
déconnecté du monde vécu en tant que interactions simples,
de la société civile et de l'opinion publique tout en les
colonisant.
La politique doit mettre la gestion des informations à
la base du processus politique et à la disposition de tous, pour
dépasser les problèmes de nos démocraties existantes,
notamment celui du paupérisme.
Aujourd'hui, les idées dominantes libérales sont
incontestablement les plus assises et les plus institutionnalisées. Nous
devrons perpétuellement mesurer le potentiel de raisonnabilité et
de moralité de ces idées sociales à l'aune de
leur efficacité ou gouvernabilité face à nos
problèmes, tel celui de la pauvreté socio-économique.
I.3.6. Les principes de l'Etat de Droit dans la version de la
théorie de la discussion.
Jürgen Habermas se propose de développer
l'idée de l'Etat de droit et de la législation
édictée légitimement, à travers les principes de
l'Etat de droit.137(*)
« Dans la mesure où, conformément à une
structure qui est celle de la discussion ,la formation de l'opinion et de la
volonté du Législateur politique est supposé s'effectuer
dans les formes de communication qui permettent de donner ,sous
différents aspects,une réponse rationnelle à la question
« que devons-nous faire ? »138(*) Il s'agit des quelques
principes suivants : le principe de la souveraineté populaire, le
principe de la protection complète de l'individu, garantie par une
justice indépendante, les principes de la légalité de
l'Administration et du contrôle de celle-ci par la Justice et le
Parlement ainsi que du principe de la séparation de l'Etat et de la
société.
Ce principe de la souveraineté populaire pour
être exhaustif, appelle d'autres principes subsidiaires qui peuvent
être compris comme des présupposés: 139(*) Ce sont en effet, les
principes garantissant l'existence des espaces publics autonomes, le principe
de la concurrence des partis, et du principe parlementaire.
Tous les citoyens ne peuvent se
« rassembler » au niveau d'interactions simples et directes
pour dégager une décision unanime sur les programmes () et les
lois, étant entendu que cela suppose la consultation et la prise de
décision dans un débat face à face.140(*) La solution est alors
offerte par le principe parlementaire consistant à créer des
organes représentatifs qui délibèrent et décident.
A la lumière du principe de la discussion, ces
questions de procédure doivent être réglées de
telle façon que, d'une part, les présuppositions pour les
discussions pragmatiques, éthiques et morales soient respectées,
et de l'autre, que les conditions de négociations équitables
puissent être respectées de façon suffisante.141(*)
Quelques présupposés :
- le principe de l'existence d'espaces publiques autonomes et
non investis par le pouvoir, du principe de la concurrence des partis et du
principe parlementaire ;
- l'institutionnalisation juridique de certaines
procédures et de certaines conditions de communication qui permettent de
recourir effectivement à des libertés communicationnelles
égales ;
- les communications politiques des citoyens s'étendent
à toutes les affaires d'intérêt public, mais elles
finissent par déboucher sur les décisions des organes
législatifs ;
- la publicité des débats parlementaires et le
rôle de l'opinion informée dans le contrôle du
Parlement ;
- la discussion est un processus qui a pour fonction de
résoudre les problèmes ;
- toutes les questions, tous les thèmes et toutes les
contributions qui ont une pertinence sont évoqués et
traités, sur la base des meilleures informations et raisons
accessibles, dans le cadre de discussion et de négociations ;
- les consultations sont programmées en fonction d'une
décision à prendre, qui se déroulent entre personnes
présentes dans un même lieu ;
- les arènes doivent être protégés
par les droits fondamentaux ;
- le principe de la protection complète de l'individu
doit être garanti par une justice indépendante ;
- le principe de séparation de pouvoir doit être
préservé.
I.3.7. Le monde social.
Ici nous nous proposons de sélectionner quelques sujets
importants qui nous serviront par la suite à l'analyse du monde social.
Nous parlerons notamment des notions du capitalisme, de la démocratie,
du journaliste, etc. Cette section tente de définir ces
réalités dans la terminologie plus ou moins technique,
liées au pouvoir social à proprement parler. En effet, il y a une
sorte de hiérarchie qui s'établit dans le pouvoir social entre la
société civile et l'espace public.
Nous énumérons tout simplement certaines de
réalités qui s'impliquent. En effet, nous devons le savoir, ce
n'est pas le capitalisme qui a engendré la démocratie. Le
capitalisme a besoin de la démocratie, mais il ne sait ni la
créer ni l'entretenir et il engendre fréquemment des conditions
susceptibles de la miner. La démocratie est indispensable aux
marchés s'ils veulent perdurer. Ils sont tout aussi capables de soutenir
que de détruire le plein emploi, la sécurité de
l'environnement, la santé publique, les services sociaux,
l'enseignement, la diversité culturelle et la véritable
concurrence.
La participation des citoyens à la discussion de
questions publiques, en vue de prendre des décisions avisées, de
résoudre des conflits, de rechercher des terrains d'ententes et
d'affirmer leurs droits et de leurs responsabilités, est essentielle au
progrès et au maintien de la démocratie.142(*) Le bon et responsable
journaliste est celui qui « est prêt à renoncer à
sa neutralité sur certains sujets, tels la question de savoir si la
population participe, si un véritable débat intervient le moment
où c'est nécessaire, si une communauté s'efforce de
résoudre ses problèmes. »143(*)
I.3.8. La spécification de l'Etat et de la
société civile dans la théorie de la discussion.
Cette section essaie d'introduire certaines autres
réalités de la vie moderne qui conditionnent la marche de l'Etat
et de la société. Pour notre gouverne,le concept de l'Etat
renvoie à l'appareil de l'Etat ou à l'Administration publique, et
la société en général quant à elle, renvoie
au système des relations, structurées par l'économie du
marché, des particuliers et de leur travail.144(*)
Le processus social est fondé sur
l'autodétermination autonome de la société et sur la
mobilisation de la société tout entière. En effet, pour
la pratique de l'autodétermination que nous pouvons appeler civique, on
suppose l'existence d'une société civile, base autonome,
autrement dit indépendante de l'Administration publique et des
échanges privés effectués par l'intermédiaire des
marchés, et qui permet à la communication politique de
n'être ni absorbé par l'appareil de l'Etat ni assimilé
à la structure du marché.145(*)
Dans ce contexte, les droits politiques offrent aux citoyens
la possibilité de faire valoir leurs intérêts
privés, de façon à ce que ceux-ci finissent par constituer
à la fois au moyen de vote, la composition des corps parlementaires, la
formation du gouvernement et en s'associant à d'autres
intérêts privés, une volonté politique capable
d'exercer une influence sur l'Administration.146(*) Nous pouvons affirmer même le primat des
droits liés à la communication sur les droits de l'homme en
général.
Sous cet angle discursif, ce qui légitime l'existence
de l'Etat n'est pas en premier lieu le fait de protéger des droits
subjectifs égaux, mais de garantir un processus inclusif de formation de
l'opinion et de la volonté, dans lequel des citoyens libres et
égaux s'entendent à propos des fins et des normes qui
correspondent à l'intérêt commun de tous.147(*)
Le droit de vote est interprété comme des
contributions autonomes et des prises de position personnelles. Le droit de
vote devient paradigme par excellence des droits ; ce n'est pas seulement
parce qu'il est constitutif de l'autodétermination politique, mais parce
que sa structure révèle le lien existant entre l'inclusion
à une communauté des sujets ayant des droits égaux, et le
droit individuel à faire des contributions autonomes et des prises de
position personnelles.148(*)
Le mot -clé, comme nous pouvons bien le remarquer n'est
autre que la communication, et communiquer sur base des informations fiables,
des raisons valables, quelques fois au moyen de certaines théories.
D'où la nécessité de la formation de l'opinion.
I.3.9.De la mondialisation.
Habermas définit la mondialisation comme étant
le processus qui se manifeste par « l'extension croissante et
l'intensification au-delà des frontières nationales à la
fois des transports, des communications et des
échanges. »149(*) Autant dire que ce processus aboutit à la
montée de la sphère économique quelques fois non
régulée au détriment du politique (contre le respect des
frontières Etatiques). En effet, « L'éviction de la
politique par le marché se traduit donc par le fait que l'Etat national
faible perd progressivement sa capacité de protéger ses
frontières, à recouvrer des impôts, à stimuler la
croissance et à assurer par là la base de sa
légitimité. Car on sait que, lorsque les Etats « sont
abandonnés à la régulation par le marché, de
nombreuses infrastructures de la vie publique et privée sont
menacées de destruction et de dépravation »150(*).
Un tel processus affecte plusieurs secteurs de la vie,
notamment l'Etat, conduit à exacerber la pauvreté. Mais en
même temps, la pauvreté est de nature soit étatique soit
individuelle. « Il va de soi que cela ne concerne pas seulement le
noyau central de l'Etat social, à savoir la politique de redistribution,
bien qu'elle soit de première importance pour la vie des citoyens. De la
politique en matière de l'emploi et de celle qui est menée en
faveur de la jeunesse jusqu'à la protection de la nature et à
l'urbanisme, en passant par les politiques en matière de santé,
de famille et de l'éducation,la « politique
sociale » au sens large s'étend à tout
l'éventail des prestations fournies par les organisations et les
services qui apportent des biens collectifs et contribuent à la mise en
oeuvre de conditions de vie d'ordre social,naturel et culturel ;il s'agit
de ce point de vue de préserver du déclin l'urbanité et,
d'une façon générale,l'espace public d'une
société civilisée ».151(*)
Finalement, « la cohésion des
communautés nationales est mise à l'épreuve par la
mondialisation. Les marchés mondiaux et la consommation de masse, les
médias et le tourisme de masse assurent la diffusion mondiale - ou du
moins la connaissance - des produits standardisés d'une culture de masse
qui porte majoritairement l'empreinte des Etats -Unis. »152(*) Ainsi définir la
nature des biens que l'on veut devient ardu pour préserver son
identité. Le conflit identitaire devient le moteur de l'histoire.
Pour Habermas, « dans les
sociétés complexes, ni la productivité d'une
économie organisée en fonction du marché, ni la
capacité de régulation de l'administration publique ne sont les
ressources les plus rares. Les ressources qui demandent à être
traitées avec ménagement sont avant tout celles de la nature,
aujourd'hui au bord de l'épuisement, et de la solidarité sociale,
en voie de désagrégation. » 153(*)
Toutefois, les droits fondamentaux, civiques et politiques,
autorisent les citoyens démocratiquement unis à modifier par voie
de législation leur propre statut. A la longue échéance,
seul un processus démocratique qui munit les citoyens de droits à
la fois appropriés et équitablement répartis pourra
être considéré comme légitime et engendrer la
solidarité.
I.3.10.L'Etat-nation.
L'institutionnalisation des organes politico- sociaux tels
qu'ils se sont stabilisés au sein de la structure de l'Etat-Nation pose
maintenant des problèmes face à la mondialisation
économique.154(*)
Produit de la centralisation monarchique et des révolutions modernes,
l'Etat-Nation apparaît aujourd'hui bien mal adapté à
l'intégration économique mondiale. Le contenu contrefactuel de
l'autonomie républicaine subséquente n'a pu s'affirmer que parce
qu'il a trouvé son « assise » dans les
sociétés ayant la structure d'Etat-Nation. (154(*)) Avec la tendance
évolutive sous le nom de « mondialisation » ,les
principes centraux de la démocratie libérale -l'autonomie
politique ,le demos ,la condition de « commun accord » , la
représentation et la souveraineté populaire deviennent
incontestablement problématiques.(155(*)) Au regard plus précisément de
l'alternative « souverainisme/fédéralisme ».
I.3.11.De l'Afrique.
Dans la perspective africaine
traditionnelle, une société peut être entendue comme une
communauté discursive, une société à Palabre d'une
part et d'autre part comme un sous-système en évolution - un
Etat.
La palabre en Afrique était l'axe central autour de
quoi la vie était vécue. Nous assimilons la palabre au paradigme
de la communication. Les flux communicationnels sont ainsi aujourd'hui des
mediums régulateurs des décisions qui engagent pour ainsi dire le
corps social. Nous prolongeons cette réflexion philosophique
africaine sur le concept de la palabre.
Il peut sembler étrange dans le cadre de cette
théorie, pour la question mise à
l'étude de prendre comme point de départ la
palabre. Au delà de l'institution parlementaire moderne, le principe de
la discussion et de négociation restent au coeur de tout fonctionnement
institutionnel moderne. Une reconstruction philosophique institutionnelle et
procédurale systématique de l'Afrique traditionnelle faite
à partir de la Palabre (autrement appelée discussion ou
négociation) à la hauteur de l'expérience contemporaine
s'impose.
En effet plusieurs réflexions ont eu à aborder
cette pratique sociale fort fréquente en Afrique traditionnelle. Au
demeurant, la palabre donne l'occasion d'une démonstration fort riche en
littératures et genres fort mêlés (sentences, maximes,
apophtegmes, proverbes, danses, dictons, proverbes, récits,
légendes, devinettes, etc.).
La lutte contre la pauvreté,la version revue des
Programmes d'ajustements structurels tant décriés , en tant que
stratégie de mobilisation des moyens pour atteindre des fins
collectives, se fait sous forme des programmes ou des projets coulés en
forme des lois. Les contributions discursives des différents
arènes (espaces publics, opinion publique, etc.), du Parlement et du
Gouvernement le cas échéant, sont de ce fait d'une importance
centrale ici.
II.3. 1. Quelques considérations théoriques
par-delà la « discussion ».
Au-delà de la limite des discussions, s'impose la
négociation. Dans le cas des intérêts
irréconciliables, il faudra comme nous le savons recourir aux
négociations au lieu des discussions. En ce sens les négociations
sont la limite des discussions. Ces deux réalités
diffèrent sur un certain nombre des points. Les processus de
négociation sont appropriés à des situations dans
lesquelles les rapports sociaux de pouvoir ne peuvent pas être
neutralisés comme les présupposent les discussions rationnelles.
Par leurs menaces et leurs promesses, les parties introduisent
à l'interaction une force de négociation. Les négociations
non réglementées visent des compromis et sont acceptables
à certaines conditions, dont le fait de savoir que de tels compromis
prévoient un arrangement qui est pour tous avantageux que l'absence de
tout arrangement.
Dans les négociations politiques, les partis
intéressés sont obligés de rendre leurs menaces et leurs
promesses crédibles au moyen de leur pouvoir social. Autrement dit,
l'input des voix et l'output du pouvoir correspondent à un seul et
même modèle d'action stratégique : « A
la différence de délibération, l'interaction
stratégique vise à réaliser la coordination plutôt
que la coopération. Son medium n'est pas l'argumentation, mais la
négociation. Les moyens de persuasion mis en oeuvre ne sont pas des
revendications et des raisons, mais des offres conditionnelles de service et
d'abstention ».156(*)
II.3.2. La fonction sociale et intégrative de
l'herméneutique.
Disons le de prime abord que notre approche n'autorise pas une
sorte de dualisme entre la raison pure et la raison pratique. Les paroles sont
des actes. Nous prenons donc en compte la réalité du langage en
tant qu'elle a une double articulation, la partie grammaticale et la partie
performative. Les actes de langage (les promesses, les voeux, les aveux, les
serments, les bénédictions, les prières, les ordres(dans
un contexte social de travail collectif ),...) sont des actes sociaux. Ces
actes de paroles sont mis en contribution pour coordonner l'action de
différents acteurs. 157(*)
En effet, le monde en tant que somme des faits possibles ne se
constitue que pour une communauté d'interprétation dont les
membres, situés à l'intérieur d'un monde vécu
intersubjectivement partagé, s'entendent sur quelque chose qui existe
dans le monde.158(*) Ici
Peirce se refaire au présupposé de la philosophie du langage
selon lequel les limites de mon monde sont les limites de mon langage, et
à chaque forme de vie correspond un langage.
S'installe ici la tension entre l'idée et le fait,
validité et factualité, une communauté
d'interprétation et un monde vécu, utile pour la
compréhension de la réalité sociale. La transcendance ici
est interne, immanente au langage même.
Ainsi, la théorie de la « situation de la
parole » est -elle le point de départ chez Habermas pour
comprendre les liens qui existent entre la construction de la
réalité sociale (la communauté d'interprètes), la
stabilité de l'ordre sociale et l'intégration sociale au niveau
de ce qu'on appelle les actes de langage. Charles Sander Peirce
développe le tournant linguistique en tenant compte de l'utilisation du
langage, de la catégorie de la communication ou plus
généralement de l'interprétation des signes comme
étant le centre de sa philosophie, et Habermas tente de le mettre au
centre de la théorie sociale.« Les présuppositions
contrafactuelles des acteurs qui fondent leurs actions sur des
prétentions à la validité, acquièrent une
importance immédiate pour la construction et le maintien des ordres
sociaux ».159(*)
Habermas débouche sur l'objet sociologique à
partir de la compréhension herméneutique :
l'intégration sociale et l'ordre social. «Dès lors qu'elle
se fonde sur la compréhension du sens et voit que son domaine d'objet
renferme (la)tension entre factualité et validité ,la sociologie
doit réviser la conception empiriste qui est traditionnellement la
sienne comme une science sociale reconstructive ».160(*) « Au moyen de
cette pragmatique formelle Habermas développe l'analyse du monde
vécu et le lieu de l'activité communicationnelle dans
l'architecture théorique, entre discussion et monde vécu.
Celui-ci est à la fois l'horizon des situations de parole et la source
des opérations d'interprétation ; à son tour, il ne
se reproduit qu'à travers des actes de communication. »
161(*)
Pour illustrer ce point nous présentons l'analyse de la
base de la validité du discours à travers deux exemples. Les
actions instrumentales sont normalement insérées dans des
relations d'actions communicationnelles (les activités productives sont
en général organisées socialement).
Exemple 1. Un ordre est un acte de parole en tant
qu'il contient une force illocutoire. Prenons la phrase impérative
suivante :
« Je vous ordonne (par là même) de
disposer de votre cigarette ».
Cette expression présuppose des
normes reconnues, par exemple, les consignes de sécurité du
trafic aérien international, ainsi qu'un cadre institutionnel qui, dans
des situations déterminées, au moment de l'atterrissage, habilite
des détenteurs d'une certaine position, à donner l'indication de
ne plus fumer à un cercle déterminé de personne dans le
cas présent, les passagers, en se referant à certaines
prescriptions.162(*)
Toute cette structure subséquente implicite constitue les conditions
pragmatiques d'un agir dialogal, et par ce fait même les conditions de
validité des expressions. «L'ordre que le destinataire tient pour
réalisable rappelle que les participants de l'interaction s'expriment
toujours dans une situation qu'ils doivent définir ensemble dès
lors qu'ils agissent en vue d'une intercompréhension ».
Exemple 2.
Le vieux maçon qui envoie un collègue plus jeune
et récemment arrivé chercher de la bière ,qui lui demande
de filer et de revenir à la minute,présuppose que pour les
participants ,ici le destinateur et les collègues qui se trouvent
à portée de la voix ,la situation est claire. 163(*)
Quelle est la situation de la parole ? La situation de
la parole se présente sous les thèmes suivants :
-Plan d'action : ordre donné au nouveau
collègue maçon.
-situation de l'action :
. Temporel : pause café,
. Spatial : la distance entre le chantier et le
débit de boisson,
-Thème : petit déjeuner,
-But de ce thème : la fourniture en boissons,
-Cadre normatif : la hiérarchie du groupe des
maçons,
-Définition la situation : si le plan d'action est
irréalisable, les participants à l'interaction peuvent ensemble
redéfinir le plan. Si le débit de boisson est assez
éloigné pour la durée de la pause, le jeune
collègue peut répondre : « je n'ai pas de
voiture. » Les pathologies du dialogue peuvent être
détectées ici parce que on ne peut tronqué les
présupposés des actes de la parole.
Pour comprendre la réalité, Habermas
théorise la société à la suite du paradigme de la
philosophie du langage à travers les différentes phases du
tournant linguistique, pragmatique et herméneutique.
Au niveau du tournant
strictement linguistique, l'objection centrale contre la philosophie de la
conscience est dans la position suivante : « Nous ne
sommes pas porteurs des pensées comme nous sommes porteurs de nos
représentations. »164(*) En effet, les représentations sont les
miennes ou les tiennes ; elles doivent être attribuées
à un sujet identique dans l'espace et dans le temps, tandis que les
pensées dépassent les limites de la conscience individuelle et
conservent un contenu strictement identique, même si elles sont
appréhendées par différents sujets, en des lieux et
à des moments différents.
Or, les pensées sont articulées sous forme de
propositions. Peirce développe le tournant linguistique de façon
conséquente, en tenant compte du langage. Le concept binaire d'un monde
représenté au moyen du langage est remplacé chez lui par
le concept ternaire d'une représentation linguistique de quelque chose
pour un interprète possible. Le monde en tant que somme des faits
possibles ne se constitue que pour une communauté
d'interprétations dont les membres ,situés à
l'intérieur d'un monde vécu intersubjectivement partagé
,qui existe dans le monde ,s'entendent sur quelque chose. La communauté
d'interprétations en tant savoirs communs d'arrière-plan,
condition de possibilité d'un ordre social, renvoie au tournant
herméneutique et pragmatique.
La situation de la parole est donc ici le point de
départ pour comprendre la construction de la réalité
sociale, la stabilité de l'ordre sociale et l'intégration
sociale. Cette question est hautement existentielle en ceci que la
problématique d'un ordre social qui prend sa source dans un paradigme
philosophique dit instrumentaliste est finalement une des questions centrales
d'Habermas. Il faut organiser l'héritage du monde non sur base des
mécanismes individualistes et instrumentalistes, mais sur base d'une
mentalité d'entente. Le 11 septembre 2001 en est un appel cynique et
déplorable. Habermas entreprend de critiquer la philosophie de la
conscience sur cette basse en fustigeant le teleologisme.
II.3.3. La communauté dialogale ou
communicationnelle.
Le nouvel ordre social chez Habermas, c'est l'instauration
d'une communauté dialogue ou communicationnelle. Cette dernière,
est le dépassement d'une société fonctionnaliste
basée sur l'agir téléologique, vers une communauté
dialogale, qui opère avec l'agir communicationnel orienté vers
l'intercompréhension. En effet, le dialogue authentique digne de ce nom,
pense Habermas, est l'élément fondamental pour la socialisation
de l'être humain. Par le lien illocutoire, Habermas a
délimité les actions communicationnelles. « Les
problèmes n'est pas de devenir plus fort que l'autre, mais de se laisser
emporter ( ) par la force de la vérité en présence. Le
dialogue suppose dans une visée commune, un horizon commun
d'interrogation »165(*).
II.3.4. De l'évolution des contextes sociaux
La situation de la parole ne peut
ignorer l'évolution des contextes, il y a d'abord : 1° Le
changement structurel de la nature du travail dû à
l'émergence du secteur d'activité fondé sur la science. Ce
qui caractérise aujourd'hui les sociétés
post-industrielles, c'est la naissance d'un quatrième secteur
d'activité fondée sur la science, hormis les trois secteurs
traditionnels.166(*) Ce
secteur dépend des flux d'informations nouvelles et, en dernière
instance, de la recherche et de l'innovation. L'innovation dépend
à son tour d'une « révolution de
l'éducation », qui non seulement supprime
l'analphabétisme, mais conduit à une extension drastique du
système d'éducation secondaire et universitaire. A partir de
cela, un pays comme la Corée a réussi à passer, à
l'espace d'une génération, de la société
préindustrielle à la société postindustrielle. Un
tel processus a accéléré en général, la
migration de la campagne, dépeuplées par la productivité
d'une agriculture mécanisée, à la ville. C'est une
véritable rupture avec le passé.
2° Nos avons également, le développent
démographique ou une croissance de la population, grâce aux
progrès de la médecine, est un atout de puissance notamment pour
les Etats.
3° Finalement, pouvoir nous approprier le progrès
scientifique et technique. « Les nouvelles matières plastiques
et les nouvelles formes d'énergie, les nouvelles technologies
industrielles, militaires et médicales, les nouveaux moyens de transport
et de communication qui, au cours du XXe siècle, ont
révolutionné à la fois l'économie, les rapports
sociaux et les formes de vie, sont fondées sur les connaissances
scientifiques et les développements techniques du
passé »167(*).
Conclusion partielle
A l'heure où l'Afrique est confrontée au
problème de sa survie, de sa libération politique,
économique et culturelle, la créativité signifie
répondre en priorité aux questions théoriques
posées pour la lutte et pour la liberté. C'est pourquoi sans
nullement mettre en veilleuse le retour aux sources de l'Africanité, le
philosophe africain devra en collaboration avec les philosophes du monde
entier, de chercher les réponses théoriques originales aux
questions reconnues universelles au sujet de l'homme, de son activité
et de son destin. Contre ceux qui prônent une rupture aussi bien avec
la tradition qu'avec la modernité, le Japon a bien tenu compte de sa
tradition ! Identifier les ressources, se les réapproprier dans un
esprit critique et désamorcer les pièges de la domination
politique millénaire. Voilà la tâche de l'Africain
aujourd'hui.
Nous prolongions justement la reconstruction jusqu'au niveau
des traditions des pensées africaines. Il y a lieu de montrer la trame
discontinue des traditions de pensées telles qu'elles structurent et
déstructurent nos sociétés africaines. 168(*) Il faut identifier les
différentes conceptions de l'histoire à partir de quoi
reconstruire.169(*)
Plusieurs théories de la société se chevauchent, l'effort
de les distinguer à partir de certains principes distincts liés
à chaque école théorique, se ferait justement sous le nom
générique de « reconstruction philosophique
». En suite les ramener à des conceptions pertinentes.
Nous allons maintenant illustrer la théorie de la
situation de la parole, notamment la théorie des Plans d'actions
à travers des partenariats.
CHAPITRE
QUATRIÈME : DE LA DISCUSSION À L'ACTION
Nous avons jusqu'ici cerné
les différentes façons dont la philosophie a pris en charge le
paradigme de la pauvreté. De la recherche universelle du bonheur humain
au souci de l'équité, nous avons fait ressortir les
différentes morphologies de la pauvreté qui se présentent
sous la forme matérielle, sociale et anthropologique.
La philosophie problématise souvent des questions
vitales et que la praxis s'efforce en suite de prendre en charge. C'est ainsi
que de nombreux programmes d'actions se sont efforcés de répondre
à la quête de l'homme pour la plénitude et de
déployer un éventail diversifié d'armes face au combat
contre la pauvreté.
Les hommes ne peuvent efficacement lutter contre la
pauvreté que s'ils conjuguent leurs efforts à l'échelle
mondiale, et font de la concertation et de la discussion l'espace
privilégié des initiatives et des décisions relatives
à la lutte contre la pauvreté.
Mais la concertation et la discussion menées dans un
espace public de dialogue ne suffisent pas, comme une baguette magique à
transformer les visions théoriques les plus judicieuses en
résultats concrets et efficients. Il faut qu'à la discussion
s'articule l'action planifiée. C'est ce que s'efforce d'illustrer ce
dernier chapitre de notre Dissertation.
En ce qui concerne l'Afrique, l'articulation des actions
efficientes sur les discussions concertées exige un renouvellement non
seulement des paradigmes mais également celui des modes d'implication
des femmes et des hommes d'Afrique dans des programmes d'actions de
développement et de lutte contre la pauvreté. Cette implication
concerne en priorité l'identification des problèmes à
résoudre selon les aspirations particulières et les besoins des
communautés qui vivent certes les vicissitudes universelles mais qui
réalisent leur existence dans des conditions particulières
où l'acuité de ces problèmes prend des résonances
inégalement aiguës.
Il ne suffit pas d'identifier les problèmes et de les
soumettre à la providence ou à la bienveillance d'une
communauté internationale toujours prête à courir au chevet
des pays pauvres. Les nations africaines doivent faire montre d'initiatives et
des idées concrètes et clairvoyantes à faire
prévaloir dans l'arène de la discussion.
Des plans de développement comme le NOPADA (le Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique) représente des
exemples des programmes d'action qui peuvent être mis en pratique de
manière profitable au continent africain face au partenariat
international.
Le Nouveau Partenariat pour le développement
de l'Afrique (NOPADA) définit les secteurs prioritaires
suivants :
- Infrastructures,
- Ressources humaines,
- Santé,
- Technologie de l'information et de la communication,
- Agriculture,
- Energie,
- Accès des exportations africaines aux marchés
des pays développés.
Dans le secteur des infrastructures, les actions
envisagées sont entre autres les suivantes :
- avec l'assistance des institutions
spécialisées dans chaque secteur, mettre en place des cadres
politiques et législatifs pour encourager la concurrence. Dans le
même temps, créer de nouveaux cadres de réglementation et
consolider la capacité de formation de personnes responsables de la
réglementation afin de promouvoir l'harmonisation des politiques pour
faciliter les connexions transfrontalières et l'élargissement du
marché ;
- promouvoir la participation des communautés et des
utilisateurs à la construction, l'entretien et la gestion des
infrastructures, en particulier dans les régions urbaines et rurales
pauvres,en collaboration avec les Initiatives de gouvernance du NOPADA.
Au niveau de l'Initiative pour la gouvernance
économique et la gouvernance des entreprises, il devrait être
institué une équipe des ministres de finance et des banques
centrales chargée d'examiner les pratiques de gouvernance
économique et de gouvernance des entreprises dans les différentes
régions et pays en vue d'élaborer les normes et les codes de
bonne conduite170(*). Un
tel mécanisme de coordination qui lierait tous les pays membres au
niveau continental favoriserait certainement une intégration
avantageuse. A l'issue de quoi des mécanismes doivent être
prévus afin de permettre à tous les pays membres de respecter les
normes minimales et les codes de bonnes pratiques convenues mutuellement.
En ce qui concerne les technologies de l'information et de la
communication,ce nouveau partenariat vise les actions suivantes :
- collaborer avec les institutions régionales comme
l'Union panafricaine des télécommunications (UPAT) et Africa
connection pour concevoir une politique et une législation modèle
pour la réforme de télécommunication,ainsi que le
protocole et des références permettant d'évaluer la
préparation à l'utilisation des communications
électroniques ;
- collaborer avec les institutions régionales pour
consolider les capacités de réglementation ;
- mettre sur pied un réseau d'institutions de formation
et de recherche pour consolider la base de compétence de haut
niveau ;
- promouvoir et accélérer les projets existants
visant à connecter les écoles et les clubs de jeunes ;
- collaborer avec les institutions de financement du
développement en Afrique, les initiatives multilatérales (G8
DotForce, Equipe spéciale des Nations Unies) et les bailleurs de fonds
bilatéraux pour mettre sur pied des mécanismes financiers visant
à atténuer et à réduire le risque dans le secteur.
Dans le domaine de l'énergie, le programme
prévoit de :
- mettre sur pied des équipes spéciales qui
auront pour tâche de recommander des priorités et des
stratégies de mise en oeuvre pour les projets régionaux, y
compris la génération d'énergie hydro-électrique,
les réseaux de transport d'énergie électronique et les
gazoducs ;
- élargir la portée du programme de la
communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour la
conservation de l`énergie de la biomasse au reste du continent.
Dans le domaine de transport, le programme préconise de
:
- mettre sur pied des commissions spéciales dans le
domaine des douanes et de l'immigration afin d'harmoniser les passages de
frontières et les procédures de délivrance des
visas ;
- mettre en place et favoriser des partenariats entre les
secteurs public et privé pour l'octroi de concessions pour la
construction des ports, des réseaux routiers, des réseaux
ferroviaires et de transport maritime ;
- promouvoir des partenariats entre les secteurs public et
privé pour la rationalisation de l'industrie de transport aérien
et le renforcement des capacités dans le domaine du contrôle du
trafic aérien.
Dans le domaine de l'eau et de l'assainissement le programme
se propose de:
- accélérer les travaux de projets sur les
ressources en eau à multiples objectifs, comme par exemple
l'étude du Secrétariat de la SADC de l'exploitation du fleuve
Congo et l'Initiative du Bassin du Nil ;
- s'associer à l'initiative mondiale pour
l'assainissement de l'environnement afin de promouvoir des méthodes et
des projets sanitaires d'élimination des déchets ;
- appuyer le Programme Habitat des Nations Unies sur la
conservation des ressources en eau dans les villes africaines.
Au niveau de l'agriculture,le NOPADA prévoit de :
- réduire la prépondérance des
dépenses publiques dans les zones urbaines en Afrique en
transférant des ressources des activités urbaines aux
activités rurales ;
- créer des mécanismes souples pour
accroître l'échange de l'information et du savoir-faire technique
avec la communauté internationale ;
- améliorer la sécurité du régime
foncier pour des autochtones, et promouvoir les réformes
foncières nécessaires dans le sens de partenariat avec
l'Etat et les partenaires étrangers ;
- améliorer les mécanismes de crédit et
de financement agricole ainsi que l'accès au crédit des petits
exploitants et des agricultrices, si possible aux clans (dans le sens de
l'expérience japonaise de la restauration de Meiji en 1868), d'autant
plus que la problématique de régime foncier lui reste
omniprésente ;
Dans le domaine de l'industrie extractive, le Programme
prévoit de :
- combattre le trafic mafieux continental contre le diamant
sale et d'autres matières premières, au moyen des services
spéciaux intégrés et des mécanismes de
répression légale au niveau continentale en y associant les
milieux des acheteurs internationaux;
- harmoniser et valoriser l'expertise continentale au moyen
des rencontres spécialisées régulières;
- harmoniser les politiques et réglementations pour se
conformer aux niveaux raisonnables convenus en matière d'exploitation,
en terme de l'étendue de la cession, de la durée, de parts
sociales investies par rapport à l `Etat hôte, la
rétribution financière aux autochtones et à l'Etat,...
Dans le domaine de la manufacture, il est prévu dans
le programme :
au niveau de l'Afrique de :
- procéder à une planification dans le processus
de la création ou de renforcement des capacités de celles qui
existent,des industries selon les besoins régionaux ou
sous-régionaux suite à une mise en commun des
avoirs ;
au niveau international de :
- promouvoir les transferts de technologies nouvelles et
appropriées vers les pays d'Afrique.
Dans le domaine des exportations de l'Afrique, les actions
suivantes sont envisagées :
au niveau de l'Afrique de :
- promouvoir le commerce intra-africain afin que les pays
d'Afrique se procurent sur le continent des importations qui provenaient
jusqu'à présent du reste du monde ;
- promouvoir et améliorer les accords commerciaux
régionaux, harmoniser les tarifs douaniers et les normes des
produits.
au niveau international de :
- négocier des mesures et accords de facilitation pour
améliorer l'accès des produits africains aux marchés du
monde entier.
Dans le secteur privé le NOPADA envisage les actions
suivantes:
au niveau de l'Afrique de:
- organiser le dialogue entre pouvoirs publics et secteur
privé pour mettre au point une vision commune de stratégie du
développement économique et supprimer les obstacles au
développement au secteur privé ;
- améliorer l`accès à des capitaux en
consolidant les programmes de microfinancement. Au niveau
international :
au niveau international de :
- offrir une assistance technique pour contribuer à la
promotion de petites et moyennes entreprises et de micri-entreprises.
Dans le domaine touristique, le programme se propose de
:
- tirer meilleur parti possible de la forte demande
inter-regionale d'activités touristiques en concevant des campagnes de
marketing spécialisés pour les consommateurs ;
- forger des relations de coopération qui permettent de
tirer parti d'un partage des connaissances tout en offrant une base aux autres
pays souhaitant s'engager activement au niveau des activités relevant de
tourisme ;
- commercialiser les produits touristiques africains, comme le
tourisme d'aventure, l'écotourisme et le tourisme culturel.
Dans le secteur de l'éducation, le programme projette
les actions suivantes :
- l'augmentation les dépenses gouvernementales
effectuées dans le domaine de l'éducation par les pays
africains ;
- accélérer l'introduction de l'informatique et
de la télématique dans les écoles primaires ;
- examiner les capacités de recherche dont le continent
a besoin dans chaque région et présenter des propositions
à ce sujet.
Dans le secteur de la santé, il est prévu
de :
- renforcer la participation de l'Afrique aux processus visant
l'obtention de médicaments à des prix abordables notamment ceux
auxquels sont engagés les compagnies pharmaceutiques internationales et
la société civile internationale ;
- mettre en place des solides systèmes
sanitaires ;
- encourager les pays africains à accorder la
priorité aux soins de santé dans leurs propres budgets et
à accroître progressivement à un certain niveau d'un commun
accord ;
- mener une campagne en faveur d'un appui financier
international accru pour lutter contre le VIH/SIDA et les autres maladies
transmissibles ;
- améliorer pour tous les pays africains les
infrastructures et la gestion des soins de santé.
Le développement de l'Afrique exige certes de grandes
actions à l'échelle du continent, il ne faut cependant pas perdre
de vue l'importance, l'utilité et l'efficacité de la
coopération régionale. L'avenir de l'Afrique réside dans
la conjugaison des énergies au niveau des programmes d'actions
régionalement intégrés.
Il est regrettable que presque toutes les tentatives
d'intégration régionale comme la CEPGL (communauté
économique des pays de Grands Lacs)par exemple, aient été
étouffés par des crises, des conflits armés, des
rebellions et de malheureuses agressions entre Etats. Ces initiatives doivent
être reprises, affermies à la faveur d'une paix durable et
génératrice de développement et de restructuration. Les
constructeurs de l'Afrique doivent s'inspirer des modèles constructifs
comme celui esquissé par Cheik Anta Diop, dans les Fondements
économiques et culturels d'un d'Etat fédéral d'Afrique
noire.
Cet ouvrage-programme171(*) gravite autour de trois points saillants, qui
constituent les trois parties du livre :
La première partie
s'intitule : «Unité historique : restauration de la
conscience historique africaine ».Cette unité doit se
construire autour de l'exhumation et de l'animation de leur histoire, et du
processus d'unification linguistique à l'échelle continentale.
Il est donc question de travailler à l'essor d'une « seule
langue africaine de culture et de gouvernement, devant coiffer toutes les
autres ; les langues européennes, quelles qu'elles soient, restant
ou retombant au niveau de langues vivantes de l'enseignement
secondaire ».L'unité fédérale débute par
l'intégration régionale de l'Afrique occidentale francophone et
anglophone. Concrètement, un cartel de Présidents ou des Chefs
d'Etat animerait un Etat fédéral caractérisé par
le bicaméralisme, et l'égalité de sexe.
La deuxième partie intitulée :
« Recensement des sources d'énergie » fait
l'inventaire détaillé de toutes les sources d'énergie dont
regorge l'Afrique : hydraulique, solaire, atomique,
thérmo-nuclaire, éolienne, thermique des mers,
marémotrice, de la houille rouge, de l'énergie thermique de
volcan, et de l'énergie géothermique. Cet inventaire a pour
objectif : « L'utilisation par les africains eux
-mêmes, non pas pour créer des industries complémentaires
de celles de l'Europe, mais pour transformer les matières
premières que recèle le continent ».
La troisième partie
s'intitule : « Industrialisation de l'Afrique
noire Ȉ partir de huit zones : le bassin du Congo, la
zone tropicale (Sénégal, Mali, Niger), la région de golfe
de Bénin, le Soudan nilotique -Grands Lacs - Ethiopie), le Ghana et la
Côte d'Ivoire, le Bassin de Zambèze, La Guinée Sierra-
Leone- Liberia, l'Afrique du Sud.
C.A.Diop finit par conclure que l'industrialisation de
l'Afrique noire n'est réalisable que par l'unité politique ou
tout au moins l'établissement d'Accords bilatéraux. Toutefois, il
faudrait avant tout compter sur soi en créant une armée moderne
afin de faire face soudainement aux tâches historiques qui pourraient
nous attendre encore.
CONCLUSION
Notre réflexion a été un effort de
clarification de la question de la pauvreté à travers un certain
nombre des thèmes philosophiques. Au premier chapitre intitulé,
la pauvreté comme préoccupation de la philosophie, nous
avons passé en revue quelques notions de philosophie : la
théorie de l'eudémonisme, qui, chez Aristote par exemple,
énoncent que le juste conserve le bonheur de la communauté
politique.
Nous avons également traité de la
problématique des inégalités morale et politique. La
priorité donnée à la notion d'égalité dans
les sociétés modernes apparaît selon que
l'égalité est déduite des conditions de la Création
ou selon qu'elle est liée au problème ontologique des relations
entre la « Nature » et la
« liberté ».Nous sommes passés à la
question de savoir : « l'homme est-ce un moyen ou une
fin ? », il est en effet absolument une fin en soi. Nous
soulignons la priorité que nous donnons à la procédure
morale d'argumentation dans une morale issue du paradigme de la philosophie du
langage au lieu de la morale prescriptiviste de l'impératif
catégorique de Kant.
Sous l'éclairage de la post-modernité et de la
néo-modernité, nous avons analysé les différentes
conceptions de la modernisation, du travail, d'aliénation et
d'émancipation. Il s'est avéré que la modernisation
sociale s'est apparentée au processus du capitalisme en Occident. Le
travail a été dévalué au point de devenir sujet du
processus d'expropriation et d'accumulation des richesses sociales depuis les
Temps modernes européens. Il est advenu finalement que
l'aliénation et l'exploitation continuent
sans aucune possibilité de redistribution ; la
famille s'étant transformée en classe laborieuse
expropriée, en même temps laminée par la fragilisation de
la solidarité de base. L'exigence d'émancipation devait
être amorcée par le dialogue politique entre le pouvoir technique
et le vouloir pratique, en libérant la parole et le travail du processus
vital d'accumulation des richesses.
La pauvreté anthropologique, selon l'expression
d'Engelbert Mveng,est un cas atypique de la pauvreté en Afrique,qui lui
ravit son histoire,ses langues,son Art,et finalement son
humanité ;elle garde l'Afrique dans la dépendance
totale,dans l'oppression et l'injuste. Il faut donc sortir de cette oppression
et de cette injustice avant toute autre initiative. Pourtant dans la
même ligne,la théorie de la justice comme équité
énonce un des principes de droits de l'homme selon lequel, nul ne peut
être privé de sa liberté pour un plus grand bien de la
communauté ou des autres.
Au deuxième chapitre, intitulé
évaluation des réponses au problème de la pauvreté,
nous avons scruté les résultats obtenus après
l'application des Programmes d'Ajustement structurel, son origine et les
différentes péripéties de son amélioration. Les
résultats ont été globalement négatifs pour
l'Afrique : la réduction de la pauvreté, le taux de la
mortalité infantile très élevée, l'augmentation de
la pauvreté, etc.
Au troisième chapitre, intitulé :
l'éthique de la discussion face à la question :
« Que devons nous faire ? », nous avons mis en
exergue, la nécessité de la circularité de l'expertise
générale de la société à travers le
modèle procédural et le schéma institutionnel du centre
à la périphérie, du système politique au pouvoir
social et le rôle éminent de la société civile dans
une régulation concurrente avec la mondialisation économique, des
Biens publics et communs (enseignement, culture, environnement, eau,
électricité, etc.).
Enfin, au tout dernier chapitre intitulé : de la
discussion à l'action, nous avons illustré les initiatives
concrètes que doit prendre l'Afrique par exemple pour éradiquer
la pauvreté, à travers deux projets, celui de NOPADA (la Nouveau
Partenariat de l'Afrique pour le Développement), et celui de Cheik Anta
DIOP, sur l'Etat fédéral de l'Afrique noire.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
(1) LES LIVRES DE Jürgen HABERMAS
1) Jürgen HABERMAS, Connaissance et
intérêt, Gallimard, 1976,386p.
2) Jürgen HABERMAS, Droit et démocratie.
Entre faits et normes, Gallimard,
Paris, 1997,554p.
3) Jürgen HABERMAS, Logique des sciences et autres
essais, P.U.F., Paris,
1987,459p.
4) Jürgen HABERMAS, Théorie de l'agir
communicationnel, rationalité de
l'agir et
rationalisation de la société, T.1, éd.Fayard,
1987,448p.
5) Jürgen HABERMAS, Théorie de l'agir
communicationnel, critique de la
raison
fonctionnaliste, T2, éd.Fayard, 1987,480p.
6) Jürgen HABERMAS, Morale et communication,
Cerf, Paris, 1987,213p.
7) Jürgen HABERMAS, Après Etat-Nation, une
nouvelle constellation
politique,
Fayard, Paris, 2000,201p.
8) Jürgen HABERMAS, l'éthique de la discussion
et la question de la vérité,
Bernard Gasset, Paris,
2003, 278p.
(2) AUTRES LIVRES
8) Hannah ARENDT, Condition de l'homme
moderne (the human condition),
traduit de l'américain
par Georges FRASIER, partie 2,
Calmann-Lévy, Paris,
1961,324p.
9) Jean LACHIA, Ethique à Nicomaque, livre V
(1-10)-la justice, Aristote,
Ellipses/Marketing S.A., 1998, 208p.
10) Emmanuel KANT, Critique de la raison pratique,
François Picavet,
Introduction de Ferdinand
Alquié, puf, 1943, 292p.
10) Engelbert MVENG, l'Afrique dans l'Eglise Parole
d'un croyant,
L'harmattan, Paris, 1985,
297p.
11) John RAWLS, Théorie de la justice,
éditions du Seuil, Paris, 306p.
(3) ARTICLES
12) MUSASA ULIMWENGU, U., « Comment les Kinois
perçoivent-ils la
pauvreté dans
Congo-Afrique, nov. 1998,
Kinshasa, 1998, Pp.
529-561.
13) Max KASONGO MWEY, « Cheik Anta DIOP, les
fondements économiques et culturels d'un Etat fédéral de
l'Afrique noire, Paris, Présence africaine, 1974 ,124
pages » dans les projets d'union africaine, bilans et
perspectives, Alternative, oo5, juillet 2001, p.32.
14) MUTUNDA MWEMBO, « Des fondements
philosophiques des droits de
l'homme », dans
Traité d'Educations de l'Homme
en République
Démocratique du Congo, Sous la
Direction de Prof. KALINDYE BYANJIRA,
Editions
de l'Institut Africain des Droits de
l'Homme et de la
Démocratie, Kinshasa, 2004,
70-81p.
(4) DICTIONNAIRES
15) André LALANDE, Vocabulaire technique et
critique de
la philosophie,
9°édition, PUF, Paris, 1962.
16) HUISMAN (Dir.), Dictionnaire des philosophes,
PUF, Paris, 1984.
17) Philipe RAYMOND et Stéphane RIALS, (Dir.),
Dictionnaire la philosophie
politique, puf, Paris, 1996.
18) Edouard PRIVAT, Dictionnaire des grandes
philosophies, Toulouse, 1978.
(5) DOCUMENT
19) Nouveau Partenariat pour le développement de
l'Afrique (NOPADA), Octobre 2001, Abudja, Pp.13 - 54.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENT
1
DEDICACE
2
INTRODUCTION
3
1.
Problématique.
3
2.
Hypothèses.
5
0.3.
Approche méthodologique et délimitation du sujet.
5
4.
Plan de travail.
7
Chapitre
Premier : La pauvreté comme préoccupation de la
philosophie
9
1.
Théories de L'Eudémonisme.
9
2.
La problématique des inégalités.
12
3.
Homme : moyen ou fin ?
16
3.1.
L'homme doit être une fin en soi.
16
3.2.
De l'impératif catégorique au primat de la procédure
morale d'argumentation processuelle.
18
4.
Modernisation, travail, aliénation et émancipation
(Kant, Weber, Arendt, Habermas).
18
4.1.
Les conditions modernes.
19
4.2.
Le travail.
26
4.3.
La dimension libératrice de la domination.
29
5.
La problématique de la pauvreté anthropologique (MVENG).
33
5.1.
La paupérisation anthropologique en Afrique.
33
5.2.
La source de ces maux : de l'annihilation anthropologique
à la paupérisation anthropologique.
36
5.3.
Les conséquences de ces maux.
37
6.
Théories de la justice.
38
Chapitre
deuxième : Evaluations des réponses au problème de la
pauvreté
41
1.
Les origines lointaines des programmes de développement.
41
2.
Les Programmes d'Ajustement structurel.
42
2.1.
Les aspects connexes : le sous-développement et les aspects
socio-économiques de la pauvreté.
42
II.2.2.
De la genèse de l'approche programme.
46
Chapitre
Troisième : L'éthique de la discussion face à la
question :
« Que devons nous
faire » ?
49
I.
De la discussion et des questions connexes.
49
I.3.1.
Le processus de traitement des problèmes.
49
I.3.2.De
l'intérêt de la théorie de la discussion.
54
I.3.3.
La transformation de la question éthique kantienne
dans la résolution des problèmes.
56
I.3.4. Les présupposés
d'une approche post-analytique. 57
I.3.5. L'Etat comme macro « je »
60
I.3.6.
Les principes de l'Etat de Droit dans la version de la théorie
de la discussion.
61
I.3.7.
Le monde social.
63
I.3.8.
La spécification de l'Etat et de la société civile dans la
théorie
de la discussion.
64
I.3.9.De
la mondialisation.
65
I.3.10.L'Etat-nation.
67
I.3.11.De
l'Afrique.
67
II.3.
1. Au-delà de la limite des discussions.
68
II.3.2.
La fonction sociale et intégrative de l'herméneutique.
69
II.3.3.
La communauté dialogale ou communicationnelle.
73
II.3.4.
Des remèdes
73
Chapitre
quatrième : De la discussion à l'action
76
CONCLUSION
85
BIBLIOGRAPHIE
SELECTIVE
87
TABLE
DES MATIERES
89
* 1 Jean LACHIA, Ethique
à Nicomaque, livre V (1-10)-la justice,
Aristote,Ellipses/MarketingS.A.,1998, Paris, p.9.
* 2 Ibidem.
* 3 Ibidem.
* 4 Ibidem, p.10.
* 5 Philipe RAYMOND et
Stéphane RIALS, (Dir.), Dictionnaire la philosophie politique,
puf, Paris, 1996, P.711.
* 6 Edouard PRIVAT,
Dictionnaire des grandes philosophies, Toulouse, 1978, p.144.
* 7 Jean LACHIA,
op.cit., p.13.
* 8 Ibidem, p.11.
* 9 Ibidem, p.19.
* 10 Ibidem,
p.14.
* 11 Ibidem.
* 12 Ibidem.
* 13 Ibidem,
p.15.
* 14 Ibidem,
Pp.17-21.
* 15 Jean Jacques
ROUSSEAU, « Discours sur cette question proposée par
l'académie de Dijon :
Quelle est
l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est
autorisée
par la loi
naturelle », dans oeuvres philosophiques de Jean Jacques
Rousseau, Garnier, PARIS, 1966, p.39.
* 16 Philipe RAYMOND et
alii, op.cit., P.194.
* 17 Ibidem,
Pp.354-355.
* 18 Philipe RAYMOND et
alii, op.cit., P.428.
* 19 Ibidem,
p.429.
* 20 Ibidem,
p.430.
* 21 Ibidem.
* 22 Ibidem.
* 23 Ibidem.
* 24 Ibidem,
p.432.
* 25 Ibidem.
* 26 Ibidem,
p.433.
* 27 Ibidem,
p.434.
* 28Jürgen HABERMAS,
l'éthique de la discussion et la question de la
vérité, Bernard Gasset, Paris,
2003, p.78.
* 29 Ibidem,
p.29.
* 30) Jürgen. HABERMAS,
Théorie de l'agir communicationnel. Rationalité de l'agir et
rationalisation de
la
société, Fayard, tome 1, Paris, p. 315.
* 31 Ibidem,
p.434.
* 32 Emmanuel KANT,
Critique de la raison pratique, François Picavet, Introduction
de Ferdinand
Alquié, puf, 1943,
p.92.
* 33 Ibidem.
* 34 Ibidem.
* 35 Ibidem,
p.91.
* 36 Ibidem,
P.93.
* 37 Jürgen HABERMAS,
Morale et communication, Cerf, Paris, 1986, p.17.
* 38 Ibidem.
* 39 Hannah ARENDT,
Condition de l'homme moderne (the human condition),
traduit de l'américain par Georges FRASIER, partie 2,
Calmann-Lévy, Paris, 1961, p.284.
* 40 Jürgen HABERMAS,
Théorie de l'agir communicationnel, tome 1, p. 23.
* 41 Hannah ARENDT,
Condition de l'homme moderne, p.285.
* 42 Ibidem,
p.283.
* 43 Ibidem,
p.284.
* 44 Ibidem,
p.285.
* 45 Ibidem,
p.286.
* 46 Ibidem,
P .279.
* 47
Ibidem.,p.286.
* 48 Ibidem.
* 49Jürgen
HABERMAS, Théorie de l'agir communicationnel, critique de la
raison fonctionnaliste, T2, éd.Fayard, 1987, Paris,
p.333.
* 50Hannah ARENDT,
Condition de l'homme moderne, p.284.
* 51 Ibidem,
p.160.
* 52Ibidem, p.286.
* 53 Ibidem, p.286.
* 54 Jürgen HABERMAS,
Théorie de l'agir communicationnel, T.1, p.351.
* 55. Ibidem,
p.361.
* 56 .Ibidem,
p.374.
* 57 Ibidem,
p.384.
* 58 Voir .HUISMAN
(Dir.), Dictionnaire des philosophes, PUF, Paris, 1984, p.1126.
* 59. Ibidem,
p.370.
* 60.Ibidem.
* 61Jürgen
HABERMAS, Connaissance et intérêt, Gallimard, Paris,
1976, p.24.
* 62 Ibidem, p.67.
* 63 Ibidem,
p.65.
* 64Ibidem,
p.60.
* 65 Ibidem, p.19
(préface)
* 66 Ibidem,
p.20.
* 67 Jürgen
HABERMAS, Connaissance et intérêt, p.19.
* 68Ibidem.
* 69Ibidem,
p.60.
* 70 Ibidem.
* 71 Ibidem.
* 72 Jürgen HABERMAS,
Après Etat-Nation, une constellation politique, Fayard, Paris,
p.19.
* 73 Ibidem,
p.25.
* 74 Voir HUISSMAN
(Dir.), Dictionnaire des philosophes, p.1130.
* 75 Ibidem,
P.400.
* 76 Ibidem,
p.11.
* 77Ibidem, p.63.
* 78 Ibidem, P. 12.
* 79 Engelbert MVENG,
l'Afrique dans l'Eglise Parole d'un croyant, L'harmattan, Paris,
1985, p.207.
* 80 Ibidem,
P.211.
* 81 Ibidem,
p.202.
* 82 Ibidem,
p.203.
*
83Ibidem, p. 201.
* 84 Ibidem,
p.210.
* 85 Engelbert MVENG,
l'Afrique dans l'Eglise Parole d'un croyant, p.204.
* 86
Ibidem,p.204.
* 87
Ibidem,p.206.
* 88
Ibidem,p.206.
* 89 Ibidem,
p.208.
* 90 Ibidem,
p.209.
* 91 Ibidem,
p.210.
* 92 Ibidem,
p.211.
* 93Ibidem,
p.211.
* 94 Ibidem.
* 95 Ibidem,
p.212.
* 96 Ibidem,
212.
* 97 Ibidem,
p.213.
* 98 Ibidem,
p.213.
* 99 Ibidem,
205.
* 100 Ibidem,
211.
* 101 Ibidem,
211.
* 102Ibidem,
210.
* 103 MUTUNDA
MWEMBO, « Des fondements philosophiques des droits de
l'homme », dans Traité d'Educations de l'Homme en
République Démocratique du Congo, Sous la Direction de Prof.
KALINDYE BYANJIRA, Editions de l'institut Africain des Droits de l'Homme et de
la Démocratie, Kinshasa, 2004, p.73.
* 104 Ibidem,
cité par MUTUNDA, John RAWLS, Théorie de la justice,
Paris, Seuil, 1987, Pp.30-31.
* 105 John RAWLS,
Théorie de la justice, éditions du Seuil, Paris,
p.206.
* 106 Ibidem.
* 107
Benjamin BARBER, « Démocratie et économie
de marché », dans La démocratie est une
discussion, l'engagement civique dans les nouvelles démocraties et
anciennes, Connectitut College, 1997, p.32.
* 108 Engelbert MVENG,
l'Afrique dans l'Eglise Parole d'un croyant, p.209.
* 109 Jürgen HABERMAS,
Après l'Etat-nation, P.65.
* 110 Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie, p.449.
* 111 Engelbert MVENG,
l'Afrique dans l'Eglise, p.209.
* 112 MUSASA ULIMWENGU,
U., « Comment les Kinois perçoivent-ils la
pauvreté » dans Congo-Afrique, nov. 1998, Kinshasa,
1998, p. 529.
* 113 Ibidem.
* 114. MUSASA ULIMWENGU,
U., « Comment les Kinois perçoivent-ils la
pauvreté », dans
Congo-Afrique, nov. 1998, Kinshasa, p. 529.
* 115
http://www.un.org/french/millenniumgoals/index.html
* 116Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie, P .381.
* 117
http:// w w w.
Forestpeoples.org/FPProj
* 118 Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie, P .382.
* 119
SONDRA MYERS, « A Propos du Manuel »,
dans La démocratie est une discussion, l'engagement civique dans
les nouvelles démocraties et anciennes,Connectitut College,
1997, p.viii .
* 120 Ibidem.
* 121 Ibidem.
* 122 Ibidem,
p.394.
* 123 Ibidem,
p.387.
* 124 Ibidem,
p.401.
* 125
Benjamin BARBER, « Démocratie et économie
de marché », p.32.
* 126 Ibidem,
p.194.
* 127 Ibidem,
p.177.
* 128 Jürgen
HABERMAS, Droit et démocratie, entre fait et norme, p.179.
* 129 Ibidem,
p.296.
* 130 Ibidem,
p.297.
* 131 Ibidem.
* 132 Ibidem,
37.
* 133Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie .Entre faits et normes, p.33.
* 134bidem,
p.183.
* 135Ibidem,
P .460.
* 136 Ibidem,
P.17.
86. Voir .HUISMAN (Dir.), Dictionnaire des
philosophes, p.98.
* 137Ibidem, P.
188.
* 138 Ibidem,
p.189.
* 139 Ibidem,
p.189-191.
* 140 Ibidem, P.
190.
* 141Ibidem.
* 142 Ibidem.
* 143 JAY
ROSEN, « Le journalisme public - premiers
principes », dans La démocratie est une discussion,
l'engagement civique dans les nouvelles démocraties et
anciennes,Connectitut College, 1997, p.17.
* 144 Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie, p.292.
* 145 Ibidem,
p.293.
* 146Ibidem,
p.293.
* 147Ibidem,
p.294.
* 148 Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie, p.295.
* 149 Jürgen HABERMAS,
Après l'Etat-nation, P.54.
* 150 Ibidem,
P.72.
* 151 bidem,
P.72.
* 152 Ibidem,
P.68.
* 153.Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie, p.10.
* 154 Ibidem,
p.46.
* 155 Ibidem.
* 156Ibidem, p.
296.
* 157Ibidem,
p.31.
* 158 Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie, p.28.
* 159 Ibidem.
* 160
Ibidem,p.35.
* 161 Ibidem,
p.36.
* 162 Jürgen
HABERMAS, Théorie de l'agir communicationnel, critique de la
raison fonctionnaliste, T2,
éd.Fayard,
1987,133.
* 163Ibidem.
* 164 Jürgen HABERMAS,
Droit et démocratie, p.24.
* 165) Jürgen.
HABERMAS, Théorie de l'agir communicationnel, tome 1, p. 315.
* 166 Jürgen HABERMAS,
Après l'Etat-nation, P.14.
* 167 Ibidem,
P.17.
* 168 Ibidem,
P.130.
* 169 Jürgen Habermas
partage en gros un même projet avec Karl Otto APEL en ceci qu'ils
essaient de transformer la philosophie transcendantale Kantienne en la
détachant du sujet traditionnel. Voir D. HUISMAN, (dir.),
Dictionnaire des philosophes, P. 98.
* 170Nouveau
Partenariat pour le développement de l'Afrique (NOPADA), Octobre
2001, Abudja, Pp.13 - 54.
* 171 Max KASONGO
MWEY, « Cheik Anta DIOP, les fondements économiques et
culturels d'un Etat fédéral de l'Afrique noire, Paris,
Présence africaine, 1974 ,124 pages » dans les
projets d'union africaine, bilans et perspectives, Alternative, oo5,
juillet 2001, p.32.
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