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L'humanisation des soins en réanimation


par Laurane Gros
Institut interhospitalier Théodore Simon, Paris 13 - Infirmier  2024
  

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3.3 La résilience, le concept

J'ai été amenée à m'interroger sur le concept d'empathie pour étudier comment il impactait la posture soignante, mais aussi et surtout pour étudier les effets qu'une telle posture a dans la relation de soin et sur la résilience des patients. Avant d'en arriver là cependant, je vais faire comme pour l'empathie, un état des lieux sur le concept de résilience, non moins foisonnant. Le médecin et professeur Michel Manciaux, dans son article : La résilience, un regard qui fait vivre, explore les définitions et les intérêts de ce concept pour comprendre une autre condition de la vie humaine : après la vulnérabilité, la résistance. C'est effectivement la signification première de son étymologie. Les anglo-saxons ont appliqué ce terme aux sciences

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humaines au XXe siècle. Ainsi, M. Manciaux écrit que «la résilience résulte de l'interaction entre l'individu lui-même et son entourage, entre les empreintes de sa vie antérieure et le contexte du moment en matière politique, économique, sociale, humaine. Elle résulte aussi de l'interaction entre facteurs de risque et facteurs de protection.». Si je résume, la résilience désigne tout ce qui gravite autour du patient et qui va définir sa capacité à résister aux épreuves de la vie. La résilience implique de ne pas considérer l'individu seul, mais bien comment il s'inscrit dans un milieu social, familial, sociétal. Dans Si c'est un homme, Primo Levi définit la résilience tel «un précieux travail d'adaptation, en partie passif et inconscient, en partie actif». M. Manciaux appui ce point en soulignant le caractère mouvant et évolutif de la résilience, puis la résilience «n'est jamais absolue, totale, acquise une fois pour toutes. Il s'agit d'une capacité qui résulte d'un processus dynamique, évolutif, au cours duquel l'importance d'un traumatisme peut dépasser les ressources du sujet». Il ajoute de plus que la résilience «est variable selon les circonstances, la nature des traumatismes, les contextes et les étapes de la vie. Elle peut s'exprimer de façons très variées, selon les différentes cultures».

Après ces éclairages, nous comprenons l'enjeu principal pour les soignants d'élever la résilience chez nos patients : créer et mobiliser des ressources qui leur appartiennes.

3.3.1 La résilience des patients

Dans ce dernier temps, je vais donc m'atteler à explorer la résilience des patients à travers les possibilités soignantes. J'expliciterai le point de vu de Michel Manciaux, qui écrit : «La résilience nous convie, en effet, à changer notre regard sur ceux qui sont confiés à nos soins, dont nous avons à prendre soin ; à élargir notre réflexion et notre action à leur environnement social et matériel, à leur cycle de vie, à leurs conditions et modes de vie, et ceci dans une démarche où le respect, l'empathie doivent se conjuguer avec de sérieuses connaissances sur les ressources -- trop souvent méconnues, inexploitées -- des êtres humains confrontés aux dures réalités de l'existence.». Ainsi, cette recherche de ressources inhérentes au patient ne passe pas par autre chose qu'une considération holistique de l'humain derrière le patient. C'est donc la considération des composantes des ressources du patient qui nous conduit à envisager sa résilience. Cette considération du patient comme un être complexe, constitué des différentes couches familiales, sociales ou culturelles conduit M. Manciaux à valoriser le «regard empathique». Ce regard serait «valorisant», et aiderait la personne «à croire en elle, à renforcer son estime de soi, à porter sur elle-même un regard plus positif». Thérèse Psiuk va effectivement dans ce sens, dans son article intitulé : La résilience, un atout pour la qualité des

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soins. Elle écrit notamment que la considération de la résilience «nous conduit à positiver notre regard sur autrui et comme le démontre M. Manciaux à modifier nos pratiques en commençant par mieux observer, identifier, utiliser les ressources propres de ceux dont nous avons à prendre soin.». Ceci passe notamment par une compréhension de la souffrance psychique du patient. L'auteure souligne que ce dernier, se sentant «respecté dans son expression et compris dans sa souffrance psychique pose également un autre regard sur le soignant ; un lien de confiance s'établit et nous savons que cette relation est indispensable pour pouvoir construire ensemble». Pour T. Psiuk, la résilience est un processus en deux temps : la stratégie d'adaptation et la reconstruction. Elle met notamment l'accent sur l'importance de recueillir les habitudes de vie du patient afin de l'accompagner au mieux durant la phase d'adaptation puisque le déroulé de celle-ci définira sa phase de reconstruction. Ainsi, cette considération empathique de la résilience enrichit la relation entre le soignant et le soigné et semble au coeur de l'humanisation des soins.

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