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UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE INSTITUT
CATHOLIQUE DE YAOUNDE
FACULTE DE PHILOSOPHIE LICENCE III
L'EDUCATION PROGESSIVE DANS LA PENSEE PEDAGOGIQUE DE JOHN
DEWEY : PERSPECTIVES ET ENJEUX PROFESSIONELS AFRICAINS.
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DISSERTATION PHILOSOPHIQUE DE FIN DE PREMIER CYCLE EN
VUE DE L'OBTENTION DE LA LICENCE EN PHILOSOPHIE
PRESENTEE PAR
DONGMO KENFACK RONEL CHRISTIAN
SOUS LA DIRECTION DU Professeur. FORBI
Kizito
ANNEE ACADEMIQUE 2019-2020
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DEDICACE
A mon père, KENFACK Jean Mari, à ma mère,
ANETSOP Rose pour avoir tout donné de leur affection qui a
façonnée notre personnalité.
A tous ceux et celles qui se donnent corps et âme au
service de l'éducation pour l'avènement d'un monde meilleur.
II
REMERCIEMENTS
Nous rendons grâce au Seigneur pour nous avoir
donné pendant ce temps d'étude l'in-telligence et la
lucidité pour tenter de comprendre ce qu'est la Sagesse et de la mettre
en pratique.
Nous tenons à remercier de prime à bord notre
directeur et Professeur FORBI KIZITO Stephen, qui, de par ses multiples
occupations s'est rendu disponible pour nous accompagner dans ce travail. Sa
patience, son zèle, son abnégation au travail, sa rigueur
scientifique ainsi que ses remarques et suggestions ont permis l'aboutissement
de ce travail.
Aux autorités de la Faculté de philosophie, aux
enseignants pour leur disponibilité et leur réel désir de
contribuer à la formation intégrale de l'Homme. Qu'ils trouvent
ici l'expres-sion de notre reconnaissance.
Nos sincères remerciements vont à l'endroit de
l'Ordre des Pères Piaristes, et particulièrement la province de
l'Afrique Central, qui, par le biais du provincial, nous a fait confiance pour
cette mission à l'Université Catholique d'Afrique Centrale.
Aux scolastiques de la maison de théologie nous leur
disons infiniment merci pour leurs divers soutiens sur le fond que sur la forme
du travail.
A NGUIMATSIA Agnès, qui n'a ménagé aucun
effort pour la réussite de ce travail. Malgré son programme
surchargé, elle s'est donnée corps et âme. Nous exprimons
notre gratitude.
Nous disons un grand merci du fond du coeur à la
communauté des Bienheureux Martyrs Piaristes de Yaoundé, qui a
mis à notre disposition les moyens nécessaires pour mener
à bien cette mission qui est pour la plus grande gloire de Dieu.
A nos amis et promotionnaires avec qui nous avons pu cheminer
ensemble durant ces trois années à côtoyer la sagesse
humaine, nos sincères reconnaissances.
Merci à notre famille biologique ainsi que tous ceux
qui nous aident à devenir meilleur et à donner le meilleur de
nous-même afin d'être un homme pour et avec les autres.
1
INTRODUCTION GENERALE
La personne humaine reste au centre de l'éducation.
Elle est le moteur du développement de la société, sa
formation intégrale doit être un but à atteindre, un objet
de préoccupation dans l'oeuvre éducationnelle. Ainsi,
l'éducation est une préoccupation dans toutes les
sociétés et toutes les cultures. En tout temps, elle a
été un sujet fondamental sur lequel plusieurs
sociétés se sont penchées pour assurer l'avenir de leurs
nations. A regarder notre société contemporaine, nous nous
rendons compte que nous assistons à une crise de valeurs. Eduquer est
devenu quelque chose de complexe, malgré les moyens mis en jeu. En
regardant de près, certaines personnes dites «
éduquées », nous nous rendons compte de l'incohérence
entre l'éducation reçue et leur vécu quotidien. On note,
donc, ici une disparité entre les connaissances acquises en classe et la
mise en pratique de ces connaissances sur le terrain ce qui conduira à
certains maux tels que : la corruption, le tribalisme, l'abus des droits de
l'homme, l'égocentrisme qui règne dans notre
société actuelle. Toutes ces lacunes sont les conséquences
d'une éducation non intériorisée. L'éducation de
nos jours est beaucoup plus tendue vers la recherche des diplômes afin
d'assurer un poste ou métier bien lucratif dans l'avenir. Ce constant
fait surgir en nous une question très fondamentale : comment
remédier à cela ? le problème reste sans doute au niveau
du système éducatif qui reste traditionnaliste où le
maître est le modèle à suivre, le centre d'attention.
Penser à une éducation progressive sera
bénéfique.
Dans le domaine de la philosophie, bon nombre de
réflexions ont été menées par de nombreux auteurs
sur le thème de l'éducation. Aussi, dans ce travail, nous allons
nous intéresser à la conception de l'éducation progressive
de John Dewey, d'où l'intitulé de notre travail : :
L'EDUCATION PROGESSIVE DANS LA PENSEE PEDAGOGIQUE DE JOHN DEWEY : perspectives
et enjeux professionnelles africains. Cas spécifique du
Cameroun.
Fondateur de la pédagogie « progressive »,
Dewey est un acteur central du « pragmatisme américain ». Ce
courant a réuni, dans les années 1890-1900, un petit groupe de
penseurs - C.S. Peirce, A. Bain, W. James, etc. - soucieux de placer au centre
de leurs pensées la pratique, les actions, les usages ; pour
élaborer des concepts qui puissent être aussi des outils, les
pragmatiques considéraient qu'il fallait tenir compte des effets
pratiques, que les concepts en somme avaient des conséquences et
modifiaient nos habitudes de penser comme d'agir. John Dewey naît
à Burlington dans le Vermont en 1859 ; il est diplômé de
l'université en 1879 et exerce brièvement les fonctions
d'instituteur. À l'université John Hopkins, il reprend des
études de philosophie : il est alors influencé par le philosophe
George S. Morris, idéaliste néo-hégélien.
2
En 1884, il soutient sa thèse sur la psychologie de
Kant. C'est dans les années 1880 que ses idées
pédagogiques se forment, il a, alors, l'opportunité de les mettre
en pratique en rejoignant la toute nouvelle université de Chicago
où il demande à être nommé à la tête du
département de pédagogie. Il obtient la création d'une
école expérimentale. S'invente alors « l'école
laboratoire », que beaucoup nommeront « l'école Dewey
».
Selon John Dewey, l'éducation doit être
progressive c'est-à-dire l'apprentissage par l'expérience
couramment appeler « learning by doing ». Pour lui donc
l'enfant doit être le centre d'attention, il doit être
éduquer sur tous ces aspects, c'est-à-dire de veiller à sa
croissance physique, émotionnelle et intellectuelle.
Face, donc à ce constat nous nous posons un certain
nombre de questions : Qu'est-ce-que l'éducation progressive ? En quoi
consiste l'éducation progressive chez John Dewey ? En quoi est-elle un
dépassement de l'éducation traditionnelle ? Quel héritage
intellectuel et pratique pourrions-nous tirés de ce style d'enseignement
de John Dewey pour sortir l'Afrique de sa léthargie ?
Notre travail sera ainsi reparti en trois chapitres :
premièrement nous essayerons de voir en quoi consistait
l'éducation bien avant l'éducation progressive de John Dewey.
Ensuite, dans le deuxième chapitre on présentera
l'éducation progressive, proprement dite, de John Dewey tout en tenant
compte de son contexte et des moyens qui favorisa son éclosion. Enfin,
dans le dernier chapitre nous essayerons de dégager ces enjeux et
perspectives professionnelles pour le bien de l'Afrique avec pour cas
spécifique le Cameroun. Pour mener à bout notre travail on
utilisera la méthode analytique.
3
CHAPITRE I
SPECIFICITES DE L'ECOLE TRADITIONNELLE
D'entrer de jeux, soulignons que, par traditionnelle l'on ne
se réfère pas à l'école antique ou
inférieur, mais plutôt à une façon de percevoir la
relation éducative, le savoir, l'autorité1, l'effort
et la sanction. L'école traditionnelle, dès son origine a pour
principale but la « transmission » des connaissances. Elle
est faite par un enseignant qui transmet ses connaissances et valeurs suivant
un système pré-élaboré.2 Selon Jean
Houssaye, à travers son triangle pédagogique, cette école
privilégie la relation entre l'enseignant et le savoir. Autrement dit,
l'enseignant expose un savoir sous forme de cours magistral,
généralement suivi d'exercices ou/et de leçons à
apprendre. L'apprenant doit intégrer et appliquer le savoir
exposé par l'enseignant. C'est donc une pédagogie du savoir, de
l'autorité, du modèle et de la sanction. G.Snyders dira : «
éduquer, c'est proposer des modèles, choisir des modèles
en leur conférant une netteté, une perfection, bref un style
auxquels la réalité habituelle ne peut atteindre. »3
L'apprenant est considéré ici comme être statique et
imparfait qu'il faudra perfectionner. Dewey nous dira : « l'enfant est
l'être à modifier et à mener vers la maturité.
»4 La tâche qui incombe donc à l'école
traditionnelle est de dompter la nature mauvaise, dans le but de la ramener sur
le chemin de la perfection.
Comme il a été souligné plus haut,
l'objectif de l'école traditionnelle est de transmettre les
connaissances d'un cerveau plein (enseignant), à un cerveau vide
(l'élève). Dans cette partie de la dissertation il sera, donc,
question d'élaborer les spécificités de l'école
traditionnelle. Quels sont ses processus ? L'apprenant, est-il au centre de
l'apprentissage ? Quelles sont les valeurs qu'elle préconise ?
Pour une meilleure compréhension de ce chapitre, il
sera partitionné en trois sections : premièrement on traitera de
la pédagogie du savoir, deuxièmement la pédagogie de
l'effort et troisièmement on abordera la pédagogie de
l'autorité.
1. La pédagogie du savoir.
1 Gianna PALLANTE et P. Thierry ELOBO, L'autre
éduqué, Yaoundé, Presse de l'UCAC, 2007, p.64
2 Franc MORANDI, Modèles et méthodes
en pédagogie, Paris , Nathan, 1999, p.37
3 Georges Snyders, Pédagogie
progressiste : éducation traditionnelle et éducation nouvelle,
Paris, PUF, 1975, 3e éd., p. 16.
4 John Dewey, L'école et l'enfant,
(trad. Louis-Samuel Pidoux), Paris, Delachaux et Niestlé
Neuchâtel, 8e éd., 1967, p. 95.
4
Selon le triangle pédagogique de Jean Houssaye,
l'apprenant doit correspondre au côté de l'enseignant, qui a une
avance sur celui qui apprend. L'enseignant transmet ou fait apprendre le
savoir. Il détient ainsi le savoir, l'enfant le reçoit dans un
rapport de formation. Gabaude nous dit à cet effet que, « le
rapport pédagogique s'établit sur la base d'une relation
interpersonnelle à sens unique ; allant du professeur vers
l'élève, à l'occasion de la transmission d'un objet
(notion ou valeur). »5 John Dewey trouvera en cette
méthode, une claustration et cela constitue pour lui une erreur dans la
pratique de l'enseignement. Plus loin, Dewey dira que cette pédagogie a
pour objectif de « perpétuer aux générations
nouvelles le savoir »6. Le maitre transmet ce qui lui convient,
il distribue son savoir dans une relation à sens unique ;
c'est-à-dire, du maitre aux élèves. Le maître est
ainsi considéré comme « un agent transmetteur
»7, le maître est ici comme ce que Freinet appelle «
une classe sanctuaire dans laquelle un clerc ânonne des savoirs pendant
que les élèves tentent de recopier dans leur cahier.
»8 Le maître est donc pris ici comme possesseur du savoir
et l'enfant comme simple récepteur passif.9
En outre, cette pédagogie peut aussi être
qualifiée de frontale dans la mesure où le savoir est
versé à partir du haut vers le bas dans le cerveau de l'apprenant
par le maître afin que ce dernier n'ait qu'à ouvrir son esprit
pour apprendre et mémoriser. A ce niveau, l'apprenant n'est que simple
observateur. C'est aussi dans une mesure, une pédagogie
héritière de la pensée cartésienne,
c'est-à-dire, visant à fractionner l'âme du corps tout en
privilégiant l'esprit. Cette éducation vise le perfectionnement
intellectuel de l'élève et Dewey nous dira à ce sujet :
« posséder le monde entier par la connaissance et perdre son
âme, c'est un sort aussi épouvantable en éducation qu'en
religion »10 ; on voudrait qu'il soit intelligent et sage, on
veut tout leur apprendre. Le problème que soulève ici la
pédagogie du savoir est celui du non-respect de la liberté, le
non-respect de l'histoire et des aspirations de l'enfant ; Ce qui nous
amène à nous poser la question suivante : Quel rôle joue le
maître dans le programme scolaire ?
a) Le maître et le programme scolaire
Les enseignants de l'école traditionnelle suivent
à la lettre les grandes lignes préconisées dans le manuel
d'étude. Ainsi, quand le sujet proposé par l'ouvrage est
jugé réalisable par
5 Jean Marc Gabaude, La pédagogie
contemporaine, Paris, Ed. Privat, 1972, p. 14.
6 John Dewey, Expérience et éducation,
Paris, Armand Colin, Collection U2, 1968, p. 58.
7 Ibid., p.59.
8 Philippe Meirieu, Célestin Freinet,
comment susciter le désir d'apprendre ? , Paris, Pemf, «
l'éducation en question », 2001, p.7.
9 John Dewey, L'école et l'enfant,
(trad. Louis-Samuel Pidoux), Suisse, Delachaux et Niestlé
Neuchâtel, 8e éd., 1967, p. 95
10 Ibid., p.96.
5
l'enseignant, ce dernier l'effectue devant les
élèves ; il manipule les objets à la place des
élèves en les expliquant. On note ici une absence
d'expérience, les apprenants ne sont que des observateurs face au
spectacle. Et quand bien même l'apprenant est invité à
expliquer une illustration, il doit l'expliquer tel que l'a fait le
maître. Il n'y a donc pas la possibilité pour l'apprenant de
sortir du programme préétabli dans le manuel. Dès lors, on
peut dire que l'objet central de l'enseignant est sa matière, sa
leçon, le programme et en aucun cas l'apprenant de sorte que le
maître est médiateur entre l'élève et la
vérité nous dit Estrade. L'apprenant est seul face au
maître, avec pour seul tâche d'écouter la leçon,
l'appliquer ensuite des exercices pour s'entraîner à progresser
vers la vérité. Le savoir se voit donc être imposé
à l'enfant en succession d'étapes conditionnées par la
logique du programme scolaire qui s'avère abstrait, artificiel car
négligeant l'unicité de l'enfant et sans rapport avec les besoins
réels de l'enfant11. Chaque matière est bien
distincte, et comme le précise Dewey, ce sont les « disciplines
séparées qui n'ont d'autre fin qu'elles-mêmes. »12
Au regard de ces pratiques, l'on s'interroge : est-ce le
dressage ou l'endoctrinement ? Peut-on affirmer qu'elles impliquent la
neutralité de l'élève ? En d'autres termes, la
confrontation avec le modèle que présente le maître ne
constitue-t-il pas déjà un appel à l'action qu'à la
passivité ?
b) Le modèle comme référence
L'éducation traditionnelle, bien qu'ayant entre autres
un programme pré élaboré avec les manuels fixes, se donne
aussi pour but la valorisation des modèles dans l'espoir que les
élèves suivront leur voix et chercheront à s'élever
à leur niveau. Guéhenno nous dit : « mettons les jeunes gens
devant de grands individus, de grands artistes singuliers ; alors, nous
l'espérons, ils écouteront leur voix, ils reconnaîtront
leur tourment et peut-être, ainsi il leur prendra envie d'aller
eux-mêmes au fond d'eux-mêmes. »13 Cette assertion
nous introduit à une autre dimension de l'éducation
traditionnelle où le maître sera le centre de toute attention. Le
maître doit se livrer à une activité qui consiste à
présenter des modèles d'individus, des personnages de
littérature, voir, le maître lui-même à
l'élève.
Cependant, on se demande en quoi ces modèles
peuvent-ils vraiment susciter l'intérêt chez les enfants. Des
auteurs tels que De Alain pense que cela peut avoir un impact dans la
formation
11 John Dewey et Evelyn Dewey, Les Ecoles de
demain, (trad. R. Duthil), Paris, Ernest Flammarion, 1931, p. 15.
12 John Dewey, Expérience et
éducation, Paris, Armand Collin, Collection U2, 1968,
p.40
13 Guéhenno, cité par Georges
Snyders, Pédagogie progressiste : éducation traditionnelle et
éducation nouvelle, Paris, P.U.F, 1975, 3e éd.,
p.16.
6
de l'apprenant. Il dit que l'apprenant est appelé
à écouter « le trésor des poètes, des
politiques, des moralistes, des penseurs. »14 D'autres,
à l'instar de Georges Snyders, soulignent que « le fondement de
l'éducation traditionnelle est l'ambition de conduire l'apprenant
jusqu'au contact avec les très grandes réalisations de
l'humanité. »15 Par ailleurs, ces contacts ne sont pas
encore définitifs, encore moins derniers. Ils sont « bien
plutôt premiers et fondamentaux. »16 Toutefois, si
présenter les grandes figures livresques, poètes, aux enfants est
fondamental dans ce modèle traditionnel, que signifie donc
éduquer ?
En effet, éduquer revient à choisir et à
proposer des modèles, tout en leur attribuant une perfection, un style
auquel la réalité habituelle ne peut atteindre, qui permettront
à l'élève de s'élever. Par contre, selon ces
pédagogues citer plus haut, cette position au modèle ne peut
être possible sans l'intervention du maître. Il est ici
présenté comme un facteur fondamental qui puisse relier
l'écart existant entre l'apprenant et ces oeuvres, car c'est à
lui que revient la tâche de simplifier le contenu et le rendre accessible
pour les enfants qui n'auront qu'à mémoriser. A cet effet,
Snyders affirme que « entre l'enfant et les oeuvres (...) la distance est
si grande qu'un médiateur se révèle indispensable.
»17 En outre, on se demande si cette éducation
pourrait-elle s'adapter au monde actuel ? Pourrait-elle atteindre ces buts
qu'elle vise ? Selon Durkheim, éduquer c'est confronter
l'élève aux grandes idées morales de son temps et de son
pays18, car, l'enfant devrait être en face avec les valeurs
essentielles, s'adapter au milieu social où il va évoluer.
En somme, la référence au modèle vise
aussi à mettre l'élève dans une situation qui
répond à ses besoins. En effet, « le fondement de
l'éducation traditionnelle est l'ambition de conduire
l'élève jusqu'au contact avec les très grandes
réalisations de l'humanité. »19 les maitres
proposes des modèles et se proposent eux-mêmes parfois comme
modèles, sans prendre le soin de savoir qui sont ceux parmi les
élèves, aptes à atteindre où suivre ce
modèle20. Alors, ce sont les plus doués, très
souvent minoritaire qui sont mieux formés pour reproduire les
performances des modèles et les autres, de simples spectateurs. Il y a
donc ici sélection entre les plus doués, c'est-à-dire,
ceux qui comprennent et ceux que le modèle
décourage.21 L'on s'interroge donc,
14 De Alain, Georges Snyders, Pédagogie
progressiste : éducation traditionnelle et éducation nouvelle,
Paris, P.U.F, 1975, 3e éd., p.16.
15 Ibid., p. 15.
16 Ibid., p.16.
17 Ibid., p.22
18 Emile Durkheim, Education et sociologie,
Paris, Quadrige/PUF, 1989, p. 58.
19 Georges Snyders, Op. cit., p. 17.
20 Olivier Reboul, Qu'est-ce qu'apprendre ?
Paris, P.U.F, 9ème éd., 2001, p. 156.
21 Idem.
7
comment intégrer les autres élèves moins
doués ? La référence aux modèles est-elle mauvaise
en soi ?
2. La Pédagogie du Savoir
Ici l'on se basera sur une mémorisation du savoir par
l'apprenant ou plus encore par l'élève. L'enseignant ici
sollicite la mémoire de l'élève, qui lui demande de
respecter une assimilation du message reçu. Dans le triangle de
Houssaye, ce processus prend en compte l'élève et le savoir. La
question fondamentale est donc, quelle relation l'enfant entretient-il avec le
savoir ? selon une critique de Dewey, dans cette pédagogie, apprendre
consiste à « acquérir ce qui est dans les livres et dans la
tête des aînés. »22 En occurrence celle du
maître. Il est donc question dans cette section d'analyser l'attitude de
l'apprenant face au savoir.
a. L'enfant et élève
L'enfant, nous dit Dewey, ne vit pas hors de
l'expérience de la vie courante, c'est-à-dire, qu'il vit en
contact permanent avec ses semblables. Il précise l'unicité de
l'enfant qu'il faudrait considérer comme un tout, or l'école
traditionnelle vient la fractionner. « L'école, (...) divise et
fractionne le monde. La géographie en étudie, en abstrait, en
analyse une série de faits, à un point de vue spécial.
(...) l'arithmétique opère une autre division, la grammaire une
autre, et ainsi de suite. »23 Cette citation nous situe sur la
conception de l'enfant, comme un être vide venu au monde, sans
expérience, comme une page vierge qu'il faut remplir par des
leçons. L'enfant ici est mal connue, si oui sur les fausses idées
au point de s'égarer quelque fois. Il y a un oubli de l'enfance et une
conception haute de l'enfant puisqu'il est amené à
résoudre les problèmes de l'adulte en oubliant ce qu'il est
capable d'apprendre à son niveau. L'élève dans cette
éducation est moins valorisé que le maître et les
réponses aux besoins de l'enfant sont recherchés hors de lui, il
ne reçoit donc qu'une infirme partie de ce qu'est l'éducation.
Mémoriser, c'est tout ce qu'on demande à l'enfant ; « il
apprend sa leçon, (...) il emmagasine, il se grave, sans guère
comprendre, de quelques pages indigestes qu'il confie à sa
mémoire pour les réciter à la prochaine leçon.
»24 Il s'en suit donc que tout le processus d'apprentissage se
transforme en une opération mécanique. Mécanique parce que
mémoriser est une activité qui consiste juste à ordonner
des mots dans la mémoire sans que ceux-ci ne soient utilisés pour
une fin quelconque. En effet, la mémorisation mécanique se
justifie dans la conception qu'on a de
22 John Dewey, Expérience
et éducation. Paris : Armand Colin, Collection
Ué, 1968, p.60.
23 John Dewey, L'école et
l'enfant, ( trad. Louis-Samuel Pidoux), Suisse, Delachaux et
Niestlé, 1967, p.93.
24 Alexandre Renard, La
pédagogie et la philosophie de l'Ecole Nouvelled'après l'oeuvre
d'Adolphe Ferrière, Paris, Collection Science de l'Education Don
Bosco, 2008, p.42.
8
l'enfant. L'enfant est vu comme celui-là qui peut
focaliser son attention sur des connaissances sans qu'elles ne soient
liées à son expérience ; sans que les enseignements ne
répondent aux besoins des élèves en particulier, et
à ceux de l'être humain en général.
Ainsi, s'il y a donc cet écart entre l'enfant et le
programme scolaire, entre l'enfant et le monde, c'est parce que cette
pédagogie divise l'enfant en le considérant comme étant
hors du monde et sans expérience. Plus tard cela peut poser un
problème de sélection sociale, plus loin encore un
problème d'autorité scolaire dans la mesure où cette
pédagogie envisage introduire l'enfant dans ce « monde
étrange » et ce dernier se devant de suivre, écouter le
maître dans le silence sans objection. Rousseau nous dit à cet
effet que : « la nature veut que les enfants soient enfants avant
d'être hommes. Si nous voulons pervertir cet ordre, nous produirons des
fruits précoces, qui n'auront ni maturité ni saveur, et ne
tarderont pas à se corrompre ; (...). L'enfance a des manières de
voir, de penser, de sentir, qui lui sont propre. »25 L'enfance
doit donc être vécue, car à travers elle, l'enfant se
développe et croit en même temps, il apprend aussi à
connaitre son milieu, ses limites et ses capacités. Donc imposer le
silence à l'enfant et lui demander de se tenir tranquille c'est nuire
à son épanouissement et à son unique moyen
d'éducation. Il importe donc de revoir et de repenser cette approche qui
semble enfermer l'enfant, le privant ainsi de jouir pleinement de son
enfance.
Cerner cette pédagogie, dans son contexte reste du
moins fondamentale en dépit des reproches dont elle est victime de nos
jours. Néanmoins, cette pédagogie reste à questionner du
fait qu'elle ne se préoccupe que d'enseigner des recettes permettant aux
élèves de passer avec succès les examens impériaux,
plutôt que de comprendre à travers son expérience. Le
savoir transmis est considéré comme une « science certaine,
absolue, épurée de toute erreur possible. Il n'y a qu'à
recevoir, retenir, assimiler. »26 L'enfant est ainsi
habitué à apprendre les leçons par coeur, il n'approfondit
pas les connaissances qu'il reçoit. En plus, il a même de la
difficulté à utiliser ces connaissances en dehors du contexte
scolaire ; « ... ils s'habituent à les traiter comme ayant une
réalité liée à des leçons à
réciter et des examens à passer. »27 Il y' a un
problème de continuité, c'est-à-dire que l'enfant ne
parvient pas à faire un lien entre ces savoirs et les problèmes
qu'il rencontre dans son quotidien. Par conséquent, l'apprenant n'a rien
à apporter ; car dans son contexte de déploiement, tout est fait,
tout est prévu, tout est préétabli, l'enfant n'a
qu'à s'ajuster à la planification scolaire, tout recevoir et
mémoriser, bourrer,
25 Jean-Jacques Rousseau, Emile
ou de l'éducation, Paris, Flammarion, 1993, p.108
26 Idem.
27 John Dewey,
Démocratie et éducation, (trad. Gérard
Deledalle), Paris, Armand Colin et Nouveau Horizons, 1990, p.99.
9
étouffer son crâne. L'école constitue
dès lors une entorse à son enrichissement ; il n'apprend
qu'à penser qu'à travers ces leçons ; il s'habitue
à apprendre par coeur, par répétition. Les leçons
répondant ici aux inquiétudes et aux besoins des adultes.
Pourquoi sommes-nous arrivés à cela ? qu'est-ce qui motive ou
sous-tend cette orientation ?
3. La Pédagogie de l'Autorité
Dans l'école traditionnelle, la méthode
d'instruction est largement autoritaire. Ici, nous n'essayerons pas de
dissocier l'autorité et la discipline car l'autorité a à
voir avec la discipline. Les méthodes parfois utilisées ici pour
cultiver la discipline se font par des tâches difficiles et parfois
désagréables. L'exercice de la contrainte est régulier et
fondamental pour le maître. Dès lors, l'usage de l'autorité
implique-t-elle a tout prix la contrainte ? Quel rapport peut-on établir
entre autorité du maître et liberté de l'enfant ?
Il est à noter que le caractère autoritaire dans
l'enseignant reflète l'atmosphère sociale de l'école, et
cela s'inscrit dès lors contre le principe de la socialisation car le
type de relation ne peut être que de relations de subordination. Le
maître se comporte comme un monarque, la soumission et
l'obéissance sont plus importants que la liberté de
l'élève. Rousseau, s'insurgeant en faux, nous dit : « le
premier de tous les biens n'est pas l'autorité, mais la liberté.
»28 Dès lors, peut-on réellement dire si l'enfant
dans ce type d'école autoritaire apprend par contrainte ou en toute
liberté ? Rien en effet ne peut nous le dire quand on sait que les lois
et les principes de conduite des élèves sont dictés par le
maître. Ainsi, la relation entre le maître et l'élève
se fonde sur la frayeur, parce que le premier exerce une autorité
absolue sur le second, qui n'est ni autorisé à lui poser des
questions ni libre d'apprendre sur le plaisir.29
En tout état de cause, le rapport entre
éducation et autorité s'avère nécessaire à
comprendre ; il y'a un intérêt à concilier les deux dans la
mesure où l'école devrait encourager un agir libre de
l'élève. Il y a souvent une confusion entre autorité et
pouvoir, telle fut le cas dans la pédagogie traditionnelle.
Décliner ici les différents types d'autorité ne nous
intéresse pas dans notre travail, ce qui nous intéresse, c'est le
lien qui peut exister entre les deux. Tandis que l'autorité trouve son
fondement dans le pouvoir, le pouvoir, lui est une capacité et
l'autorité vient comme une augmentation de cette capacité. C'est
pourquoi l'autorité doit porter sur un domaine spécifique, non
pas une soumission absolue et absurde mais une capacité.
L'autorité telle qu'exercé dans l'école traditionnelle
pose cependant, un problème de volonté et de plaisir
28 Ibid., p. 99.
29 Tarek Saker, Said Mezroua,
Revue des sciences de l'homme et de la société,
Septembre, 2013, n07, p.12.
10
dans l'apprentissage. Selon la maxime fondamentale de
Rousseau, « L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut, et fait ce
qu'il lui plaît. »30 Il s'agit donc pour le maître
de l'appliquer à l'élève et toutes les règles de
l'éducation vont suivre.
L'originalité de ce modèle pédagogique
réside en effet, dans l'acception de vérités toutes faites
; en d'autres termes, elle « est une lente conquête, arrachée
à la banalité première. »31 L'enfant est
entrainé par des idées toutes faites et c'est plus tard qu'il
pourra avoir son point de vue, un style personnel, propre à lui. Le
modèle traditionnel d'enseignement devient inadapté lorsque ses
modèles ne suscitent pas d'intérêt, joie et enthousiasme de
la part des élèves et des maîtres. Ce n'est pas que les
méthodes sont aussi mauvaises qu'on le pense, mais le véritable
problème réside sur le contenu. Même si l'on change les
méthodes, cela ne résout nullement le problème du contenu,
car ça sera les mêmes réalités
présentées de manière différente. Inadaptation,
perte d'identité et de repère, absence de déterminisme et
de moyen pour parvenir au bout de ses exigences, scepticisme, crainte,
incapacité à trouver les oeuvres et sujets qui répondent
aux attentes, aux besoins des élèves et aux mutations culturels,
interculturel de notre environnement ; voilà ce qui caractérise
aujourd'hui l'éducation traditionnelle. Par conséquent, les
pouvoirs se méfient de l'éducation traditionnel et orientent les
maîtres vers la pédagogie nouvelle. Ces derniers à leur
tour se laissent persuader que l'enseignement traditionnel constitue un terrain
stérile et qu'il n'y a rien à chercher de ce
côté-là, en faisant des emprunts timides et contradictoire
à l'éducation nouvelle. Or, l'éducation traditionnelle
bien que passive et théorique n'est pas totalement dépourvue de
sens, Dewey, bien que pragmatiste n'annihilera pas cette approche, mais donnera
encore plus de signification à l'expérience, l'unicité de
l'enfant et la liberté dans l'apprentissage. Va-t-il rompre totalement
avec les méthodes traditionnelles ou s'inscrira dans une logique de
continuité ou de dépassement ? L'éducation progressive
qu'il nous propose peut-elle apporter les réponses auxquelles
l'éducation traditionnelle n'a pas pu répondre ? Nous pensons
être à même de répondre à ces interrogations
après avoir parcouru la pensée pédagogique de John
Dewey.
30 Jean-Jacques Rousseau, Op.
Cit., p.99.
31 Georges Snyders,
Pédagogie progressiste : éducation traditionnelle et
éducation nouvelle, Paris, P.U.F, 1975, 3e éd., p.18.
11
CHAPITRE II
ESQUISSE DE L'EDUCATION PROGRESSIVE DE JOHN DEWEY.
Dewey de son vivant mettra sur pied une éducation
progressive qui renvoie à une réaction au style d'enseignement
traditionnel. C'est un mouvement pédagogique qui valorise
l'expérience plutôt que l'apprentissage des faits au
détriment de la compréhension de ce qui est enseigné.
Lorsqu' on examine les styles d'enseignement et les programmes d'enseignement
du XIXe siècle, on comprend pourquoi certains éducateurs ont
décidé qu'il devait exister un meilleur moyen.
La philosophie de l'éducation progressive stipule que
les éducateurs devraient apprendre aux apprenants à penser
plutôt qu'à mémoriser. Ainsi l'apprentissage par la
pratique sera l'épicentre de ce style d'enseignement.
Dewey a fait valoir que l'éducation ne devrait pas
simplement impliquer de faire apprendre aux élèves des faits
insensés qu'ils oublieraient bientôt, mais il a estimé que
l'éducation devrait être un voyage d'expériences
(professionnelles), s'appuyant les unes sur les autres pour aider l'apprenant
à créer et à comprendre de nouvelles
expériences.
Dewey a également estimé que les écoles
de l'époque (traditionnelle) essayaient de créer un monde
séparé de la vie des élèves. Les activités
scolaires et les expériences de vie des élèves devraient
être liées, a estimé Dewey, sans quoi un véritable
apprentissage serait impossible. Couper les élèves de leurs liens
psychologiques - société et famille - rendrait leur parcours
d'apprentissage moins significatif et rendrait ainsi l'apprentissage moins
mémorable.
Ce style d'éducation a pour objectif d'éduquer
l'enfant sur tous ces aspects, c'est-à-dire de veiller à la
croissance physique, émotionnelle et intellectuelle. La question
centrale est donc de savoir : Comment est-ce-que cette éducation
progressive assure ou garantit la continuité de la formation de
l'apprenant ? Pour apporter des éléments de réponse
à cette interrogation, nous allons articuler ce chapitre en trois
sections. Premièrement nous allons nous attarder sur les fondements de
l'école progressive, ce qui fait sa spécificité ;
deuxièmement nous allons voir en quoi cette éducation est
pragmatique ceci en s'attardant sur l'expérience et ses valeurs et
troisièmement nous verrons le lien qu'il peut avoir entre
démocratie et éducation dans la pensée progressiste Dewey
enne.
1. Fondements de l'école progressive
Dewey est l'initiateur du « hands-on learning »
(« apprendre par l'action ») ou pédagogie du projet. Son
école-laboratoire est loin de l'autorité habituelle. Le
maître est un guide et l'élève
12
apprend en agissant. Dewey souhaite réconcilier esprit
et action, travail et loisir, intérêt et effort. Il pense que
l'enfant doit agir plutôt que d'écouter. C'est pourquoi le terme
d'expérience est capitale pour sa pédagogie. L'école sera
donc considérée par Dewey comme étant : « une
institution sociale (...), une forme communautaire dans laquelle sont
concentrés tous les moyens d'action qui seront les plus efficaces pour
amener l'enfant (...) à employer ses propres capacités à
des fins sociales. »32 Dans cette école, l'enfant
viendra en première position puis l'enseignant et enfin le programme
scolaire englobant la méthode.
a. L'enfant
Les enfants, affirme Dewey, n'arrivent pas à
l'école comme « autant d'ardoises vierges passives sur lesquelles
l'enseignant inscrirait les leçons de la civilisation ». Lorsque
l'enfant entre à l'école, il est déjà
intensément actif, et il s'agit pour l'éducateur de prendre en
main cette activité, de lui donner une direction. L'enfant qui commence
sa scolarité apporte avec lui quatre « impulsions innées
» -celles « de communiquer, de construire, de chercher à
savoir et d'affiner son expression » - qui sont « les ressources
naturelles, le capital non investi, dont la mise en valeur conditionne la
croissance active de l'enfant ». L'enfant apporte également avec
lui les intérêts et les activités du foyer et du voisinage
dans lequel il vit, et il incombe à l'enseignant d'exploiter cette
matière première en orientant les activités de l'enfant
vers des « résultats positifs. Car l'individu se réalise en
utilisant ses talents propres pour contribuer au bien-être de la
communauté. « La fonction cruciale de l'éducation dans une
société démocratique est donc d'aider l'enfant à
acquérir le caractère, somme d'habitudes et de vertus, qui lui
permettra de se réaliser pleinement de cette façon. »33 Cela
veut dire d'aller à l'encontre des méthodes à orientation
fortement individualiste qui obligent tous les élèves d'une
classe à lire en même temps les mêmes livres et à
réciter les mêmes leçons. Dans ces conditions, les
impulsions de l'enfant s'atrophient et le maître ne peut tirer parti du
désir inné qu'à l'enfant de donner, de faire,
c'est-à-dire de servir.34 L'enfant n'est plus
considéré comme un sujet passif destiné à
l'imposition d'informations externes mais est considéré comme un
être vivant, ses intérêts doivent être stimulés
par la participation à une expérience socialement significative.
Il est ainsi le point de
32 John Dewey,
Démocratie et éducation, (trad. Gérard
Deledalle), Paris, Armand Colin et Nouveaux Horizons, 1990 (1er
éd. 1975), p. 16
33 Ibid., p. 105.
34 WESTBROOK, Robert B. John Dewey
(1859-1952). Perspectives : revue trimestrielle d'éducation
comparée, 1993, vol.XX
13
départ, le centre, le but.35 L'idéal
étant son développement et sa croissance, tout le programme
d'étude doit donc être au service de la croissance de l'enfant.
Dewey a, en outre, soutenu que pour que l'éducation
soit la plus efficace possible, les enfants devraient avoir des
possibilités d'apprentissage qui leur permettraient de lier le contenu
actuel aux expériences et connaissances antérieures.36
Encore une fois, c'était une idée révolutionnaire pour la
période. Une autre caractéristique des théories de Dewey
était la nécessité pour les apprenants de s'engager
directement avec leur environnement, dans ce que l'on a appelé
l'apprentissage expérientiel, où la connaissance vient des
impressions que nous font les objets naturels. Cette approche a conduit plus
tard à un certain nombre d'autres approches similaires telles que
l'apprentissage par problème et l'apprentissage par
enquête.37 Pour achever cette éducation, l'enfant a
nécessairement besoin d'un guide. C'est ainsi que le maître jouera
un rôle important dans la pédagogie progressive de John Dewey.
b. Le Maître
Bien que l'éducation soit fondée sur l'enfant
cela n'exclut pas l'intervention du maître dans le processus de
croissance de l'enfant. Selon Dewey l'éducation progressive ne peut pas
se passer du maître. Il joue un rôle indispensable car la nature
changeante de l'enfant ne lui permet pas d'avoir une orientation objective dans
ses travaux. Le maître a donc le devoir d'assister l'enfant pour qu'il
puisse atteindre des fins précises, utiles et adaptées pour son
développement. Pourquoi donc le maître dans cette
éducation, si l'enfant n'est pas considéré comme une
« tabula rasa » ? Comment est vu le maître dans cet
éducation progressive ?
Pour Dewey, l'enseignant est un guide et metteur en
scène. Il dirige le bateau, mais l'énergie que les gens lui
doivent provient de ceux qui apprennent. Plus un enseignant est au courant de
l'expérience passée des élèves quant à leurs
espoirs, leurs désirs et leurs intérêts principaux, mieux
ce sera. Il est engagé non seulement dans la formation des individus
mais aussi dans la formation de la vie sociale appropriée. De cette
façon, le maître est toujours le prophète du vrai Dieu.
Pour Dewey le maître qui réussit en classe
possède une passion pour la connaissance et une curiosité
intellectuelle dans les matériaux et les méthodes qu'il enseigne.
Cette propension est une curiosité et un amour inhérents à
l'apprentissage qui diffèrent de la capacité d'acquérir,
de réciter et de reproduire les connaissances des manuels scolaires.
« Personne, » selon Dewey,
35 John Dewey, L'école et l'enfant,
(trad. Louis-Samuel Pidoux), Suisse, Delachaux et Niestlé,
8e éd., 1967, p. 95.
36 John Dewey, Démocratie et
éducation, (trad. Gérard Deledalle), Paris, Armand Colin et
Nouveaux Horizons, 1990 (1er éd. 1975), p. 159-161.
37 Ibid., p. 300.
14
« ne peut vraiment réussir à remplir ses
fonctions et à répondre à ces exigences [d'enseigner] qui
ne conservent pas [sa] curiosité intellectuelle intacte tout au long de
[toute] sa carrière »38. Selon Dewey, ce n'est pas que
"le maître doit s'efforcer d'être un érudit de haut niveau
dans toutes les matières qu'il ou elle doit enseigner", plutôt,
"un maître doit avoir un amour et une aptitude inhabituels dans une
matière : histoire, mathématiques, littérature, science,
beaux-arts, etc. 39 Le maître en classe n'a pas à
être un universitaire dans toutes les matières; au lieu de cela,
un véritable amour en un suscitera un sentiment d'information
authentique et de perspicacité dans toutes les matières
enseignées.
Le meilleur indicateur de la qualité d'un maître,
selon Dewey, est la capacité de regarder et de réagir au
mouvement de l'esprit avec une conscience aiguë des signes et de la
qualité des réponses qu'il ou ses élèves
présentent en ce qui concerne le sujet
présenté.40 Comme le note Dewey, « on m'a souvent
demandé comment certains maîtres qui n'avaient jamais
étudié l'art d'enseigner étaient toujours des enseignants
extraordinairement bons. L'explication est simple. Ils ont une sympathie
rapide, sûre et inébranlable avec les opérations et le
processus des esprits avec lesquels ils sont en contact. Leurs propres esprits
évoluent en harmonie avec ceux des autres, appréciant leurs
difficultés, entrant dans leurs problèmes, partageant leurs
victoires intellectuelles ".41 Un tel maître est
véritablement conscient de la complexité de ce transfert d'esprit
à esprit, et il a le courage intellectuel d'identifier les succès
et les échecs de ce processus, ainsi que la manière de le
reproduire ou de le corriger de manière appropriée à
l'avenir.
Il est essentiel, selon Dewey, que le maître en classe
ait la propension mentale à surmonter les exigences et les facteurs de
stress qui lui sont imposés parce que les élèves peuvent
sentir quand il n'est pas véritablement investi dans la promotion de
leur apprentissage.42 De tels comportements négatifs, selon
Dewey, empêchent les enfants de poursuivre leurs propres propensions
à l'apprentissage et à la croissance intellectuelle. On peut donc
supposer que si les maîtres veulent que leurs élèves
s'engagent dans le processus éducatif et emploient leur curiosité
naturelle pour la connaissance, ils doivent être conscients de la
façon dont leurs réactions aux jeunes enfants et les contraintes
de l'enseignement influencent ce processus.
En somme, il était question dans cette partie de
comprendre l'implication de l'éducateur dans l'éducation
progressive. Le maître, guide, collaborateur, observateur, accompagnateur
et
38 To those who aspire to the profession of
teaching (APT). In Simpson, D.J., & Stack, S.F. (eds.), Teachers, leaders
and schools: Essays by John Dewey (33-36). Carbonale, IL: Southern Illinois
University Press, 2010. P.34.
39 Ibid., p. 35.
40 Ibid., p. 35.
41 Ibid., p. 36.
42 Professional spirit among teachers (PST). In
Simpson, D.J., & Stack, S.F. (eds.), Teachers, leaders and schools:
Essays by John Dewey (37-40). Carbonale, IL: Southern Illinois University
Press, 2010.
15
facilitateur à l'égard de l'élève,
tels sont les caractères clés qui font du maître un agent
principal dans la formation du caractère de l'enfant. On note donc que
le maître n'est pas un observateur passif, mais qu'il existe entre lui et
l'enfant une relation d'échange, c'est-à-dire du donner et du
recevoir mais l'enfant reste l'acteur de ses apprentissages. Quel est donc la
place de l'expérience dans la pédagogie progressive ? Quelles
peuvent être ces valeurs ?
2. Expérience et ces valeurs
Dans la section qui précède, nous avons mis en
relief la place qu'occupe le maitre dans l'éducation progressive, il
serait anodin de ne pas constater qu'à ce niveau l'autorité du
maître sera remise en question ; la discipline dans les salles de classes
sera également exposée. Pour comprendre l'apport de John Dewey en
ce qui concerne la discipline scolaire il serait judiciable pour nous de
premièrement comprendre en quoi consiste l'expérience
(maître mot de Dewey) ; puis la place du travail manuel (une
éducation professionnelle).
a) L'expérience
Dewey a développé la conception de
l'expérience dans ses oeuvres Expérience et Nature
(1925) ; l'Art en tant qu'expérience (1934).
L'expérience sera considérée comme le point de
départ de la pensée pédagogique de Dewey. L'enjeu central
de la conception de l'expérience de Dewey est de savoir si un lien
d'autorité et des modes de pensée et d'action courants peuvent
être remplacés par une manière réflective. L'on
s'interroge donc : Quel intérêt accorde John Dewey à
l'expérience ? Garantit-elle l'éducation effective de l'enfant
?
John Dewey distinguera principalement deux types
d'expérience : Primaire et Secondaire. L'expérience primaire est
composée d'une interaction matérielle avec le physique et
l'environnement social. Pour Dewey, les choses sont plus au moins, comme il le
dit dans Expérience et Nature :« objets à traiter,
à utiliser, à manipuler et à utiliser, à
apprécier et à endurer, encore plus que les choses à
savoir. Ce sont des choses qu'il y avait avant d'être des choses connues
».43 L'expérience secondaire est une
expérience réflective qui fait de l'environnement et de ses
choses comme objets de réflexion et de connaissance. C'est
l'échec et l'incertitude de l'expérience primaire qui donne lieu
à la pensée et à l'apprentissage réflexifs.
L'enfant sera donc pris comme sujet de cette expérience afin de
développer en lui des capacités à apprendre par soi.
La philosophie de l'éducation expérientielle,
selon Carver44, peut être attribuée à Platon
43 The Later Works, 1925-1953, 17 volumes,
edited by Jo Ann Boydston, 1: 28.
44 Carver Rebecca, Continuity and Interaction in
the Context of Practice. Paper presented at the AERA International
Meeting. Seattle WA, April 2001.
16
et à ses principes de base ce qui a été
développé par John Dewey. Ce n'est pas pour suggérer que
les programmes d'éducation expérientielle sont toujours
informés par la pensée de John Dewey, mais plutôt qu'au
coeur de tout exemple d'éducation expérientielle se trouve
l'incarnation de ce que Dewey a exprimé. L'éducation
expérientielle intègre la vie des apprenants dans le programme.
Des exemples de formation expérientielle peuvent être
trouvé dans une variété de paramètres, y compris
les types de programmes suivants : aventure en milieu sauvage,
développement communautaire, plaidoyer, art et musique,
service-apprentissage, étudier à l'étranger, stage
professionnel et développement des jeunes.
Cependant, la croyance que toute véritable
éducation passe par l'expérience ne signifie pas que toutes les
expériences sont véritablement ou également
éducatives. Pour Dewey, l'expérience et l'éducation ne
peuvent être assimilées l'une à l'autre.45
Les apprenants des écoles traditionnelles ont des
expériences. La difficulté n'est pas l'absence
d'expériences, soutient Dewey, mais leur caractère
défectueux et erroné - erroné et défectueux forme
le point de vue de la connexion avec une expérience
supplémentaire. Cette méthode traditionnelle est, par essence,
celui de l'imposition d'en haut et de l'extérieur. Il impose des
standards adultes, Dewey dira, le sujet et les méthodes s'appliquent
à ceux qui croissent lentement vers la maturité. 46
L'expérience ne se passe pas simplement à
l'intérieur d'une personne, ajoute Dewey.47 Cette
expérience continue à l'extérieur de la personne, car elle
influence la formation d'attitudes, de désir et de but. Cependant, ce
n'est pas toute l'histoire. Chaque expérience authentique a un
côté actif qui modifie dans une certaine mesure les conditions
objectives dans lesquelles les expériences se déroulent.
Dans son ouvrage Démocratie et Education,
Dewey clarifie cette distinction entre les côté actif et passif de
l'expérience. Du côté actif, l'expérience essaie -
un sens qui est rendu explicite dans le terme connecté
expérience. Au passif, c'est en cours. Lorsque nous faisons
l'expérience de quelque chose, déclare Dewey, nous agissons en
conséquence, nous faisons quelque chose avec ça ; alors nous en
subissons les conséquences.48 Nous faisons quelque chose
à la chose et puis il nous fait quelque chose en retour. La connexion de
ces deux phases de l'expérience mesure la fécondité ou la
valeur de l'expérience. La simple activité, dit encore Dewey, ne
constitue pas une expérience. Après avoir réfléchi
sur le concept d'expérience, une
45 John Dewey, Expérience et éducation.
Paris: Armand Colin, Collection U2, 1968, p. 14.
46 Ibid., p. 4
47 Ibid., p. 33-34
48 John Dewey, Démocratie et
éducation, (trad. Gérard Deledalle), Paris, Armand Colin et
Nouveaux Horizons, 1990 (1ez éd. 1975), p. 139.
17
prochaine étape est nécessaire. Dewey pense,
comme cela a été dit, que toutes les expériences ne sont
pas également éducatives. Quels sont donc les critères,
pour évaluer une expérience pertinente et éducative ? Il
dit que la mesure de la valeur d'une expérience réside dans la
perception des relations ou des continuités auxquelles ça
mène.49 Dans son ouvrage Expérience et
éducation, il approfondit ces deux concepts, c'est-à-dire
l'interaction et la continuité.
b) Continuité Et Interaction : La Valeur De
L'expérience
Dans le travail de Dewey, une idée clé est que
l'interaction et la continuité sont
deux caractéristiques d'un enseignement et d'un apprentissage efficaces
par l'expérience. L'interaction caractéristique souligne
l'importance du dialogue et de la communication sous-jacents l'apprentissage.
La caractéristique de continuité souligne que l'apprenant doit
être considéré comme l'élément de conception
clé. En d'autres termes, l'instruction doit être conçu de
telle sorte que l'apprenant peut s'appuyer efficacement sur ce qu'il sait et
disposer des ressources qui l'aident à l'apprentissage. Ces deux
caractéristiques seront discutées en détail.
Ø L'interaction
Au cours des deux dernières décennies, nous
sommes devenus beaucoup plus conscients de notre interdépendance
écologique. Nous avons commencé à voir les choses moins
dans une relation de cause à effet ou selon le mode linéaire et
plus en mode système. Comme il a été indiqué
ci-dessus, l'une des prémices de Dewey est que l'expérience de
l'apprenant résulte de l'interaction entre lui et l'environnement. C'est
le principe d'interaction de Dewey. Facteurs qui affectent l'expérience
de l'élève qui comprend celles qui sont internes à
l'élève et celles qui font « objectivement » parties de
l'environnement. La perception et les réactions des élèves
aux facteurs objectif sont influencés par leurs attitudes, croyances,
habitudes, connaissances antérieures et émotions.
À cet égard, Dewey dit que nous pouvons
regrouper les influences de conditionnement de l'environnement de
l'école sous trois formes50: (1) les attitudes mentales et
les habitudes des personnes avec lesquelles l'élève est en
contact ; (2) les sujets étudiés ; et (3) actuel objectifs et
idéaux éducatifs. Pour lui, tout ce que fait l'enseignant, ainsi
que la manière dont il le fait, incite les élèves à
répondre d'une manière ou d'une autre.
Pour Dewey, l'interaction attribue des droits égaux
aux deux facteurs dans l'expérience-
49 Ibid., p. 140.
50 John Dewey, How We Think, Dover
Publications: Mineola NY, 1997, p. 46
18
objective et conditions internes51. Toute
expérience normale est une interaction de ces deux ensembles de
conditions. L'interaction se poursuit entre l'individu et les objets et
d'autres personnes. Les notions de situation et de l'interaction sont
indissociables l'une de l'autre. Une expérience, poursuit Dewey,
« est toujours ce qu'elle est à cause d'une transaction qui
prends place entre l'individu et ce qui, à ce moment, constitue son
environnement. »52 L'expérience de chaque individu
est ainsi, le résultat d'un échange entre un organisme et son
environnement. L'Apprentissage, selon Fishman et McCarthy53,
est ancré dans les moments émotionnels lorsque l'individu et
l'environnement s'affrontent. Autrement dit, l'apprentissage dans son plus
large sens sans l'école, est une réconciliation de tension entre
le soi et son environnement. Cela arrive quand « le désir est
frustré, l'attention est éveillée et nous étudions
notre environnement avec un objectif, apprendre de nouvelles façons
d'atteindre nos fins recherchées. »
Ø La continuité
L'autre prémices de la théorie de Dewey est
appelée le principe de continuité. Il déclare que chaque
expérience prend à la fois quelque chose de ceux qui l'ont
précédé et modifie-en quelque sorte la qualité de
ceux qui viennent après.54
Les expériences sont complexes dans le temps, se
pénétrant les unes les autres, les premières laissant des
dépôts ou des résidus qui influencent les dernières.
Dewey explique que les gens développent des habitudes de réponse
émotionnelle, de perception, d'appréciation, de
sensibilité et d'attitude. Ces habitudes, développées
à partir des expériences passées, affectent les
expériences futures.
Chaque expérience a une continuité ; elle est
perméable, prenant quelque chose du passé et laissant des traces
qui façonnent l'avenir. En ce sens, Fishman et McCarthy disent : «
La continuité est efficace sur le plan éducatif lorsqu'une
séquence d'expériences, malgré des «Cul de sacs»
et détours, est tellement motivée par des objectifs
profondément ancrés qu'elle développe, et trouve son
accomplissement. "55
Pour Dewey, toute expérience est trompeuse si elle a
pour effet d'arrêter ou de fausser la croissance d'une expérience
supplémentaire. Dans son ouvrage Démocratie et éducation,
il souligne que « la mesure de la valeur d'une expérience
réside dans la perception des relations ou continuités auxquelles
elle conduit. Elle inclut la cognition dans la mesure où elle est
51 John Dewey, Expérience et éducation.
Paris: Armand Colin, Collection U2, 1968, p. 39.
52 Ibid., p. 41.
53 Fishman, Stephen M. and Lucille McCarthy,
John Dewey and the Challenge of Classroom Practice, Teachers College
Press: New York NY, 1998. p.16.
54 John Dewey, Op. cit., p. 27.
55 Fishman, Stephen M. and Lucille McCarthy, Op.
cit., p. 32.
19
cumulative ou équivaut à quelque chose, ou a un
sens »56. Pour lui, le principe de continuité,
également appelé continuum expérientiel, est
impliqué dans chaque tentative de faire la distinction entre les
expériences qui valent la peine sur le plan éducatif et celles
qui ne le sont pas. Pour cette raison, Dewey met en garde contre les «
observations inutiles » 57.
Ayant vu donc la place qu'occupe l'expérience dans
l'éducation progressive puis ses valeurs, que peut-on penser de la
démocratie dans la pensée progressive de John Dewey ? Y'a-t-il un
lien qui puisse exister entre ces deux entités ? Quel sera donc la
finalité de l'éducation en démocratie ?
3. Démocratie et éducation
De prime à bord il faut noter que John Dewey va
rédiger un ouvrage ayant pour titre Démocratie et
éducation, publié en 1916 pour mettre en relief la place de
l'éducation dans la démocratie.
Partout dans le monde, l'éducation promeut la
démocratie en enseignant aux peuples à interagir les uns avec les
autres, en encourageant l'engagement civique.58 Dans les
sociétés démocratiques d'aujourd'hui, la relation entre
l'éducation et l'engagement civique commence d'abord par une
éducation formelle. Pourtant, tous les pays disposant d'un
système d'éducation formel ne sont pas une société
démocratique. Quel est la vision que Dewey accorde à la
démocratie ? Quel rôle les institutions formelles
d'éducation doivent-elles jouer dans la formation des
sociétés démocratiques ? Ce sont les questions qui seront
discutées dans cette partie.
a. L'idéal démocratique
Pour Dewey, la foi en l'expérience est indissociable de
la foi en la démocratie. Alors que tous types d'autoritarisme,
intellectuels, sociaux ou politiques, impliquent un schéma
hiérarchique dans lequel quelques commandements et les autres
obéissent, la démocratie est une disposition horizontale dans
laquelle des individus réfléchissants librement peuvent
travailler ensemble sur un pied d'égalité, proposer et
réaliser des objectifs individuels et sociaux.
Dewey considère la démocratie dans les affaires
humaines comme un arrangement idéal qui a été
partiellement réalisé. L'exigence que les êtres humains
travaillent ensemble pour
56 John Dewey, Démocratie et
éducation, (trad. Gérard Deledalle), Paris, Armand Colin et
Nouveaux Horizons, 1990 (1ez éd. 1975), p. 140.
57 John Dewey, How We Think, Dover
Publications: Mineola NY, 1997, p. 191.
58 Glaeser, E. L., Ponzetto, G. A., & Shleifer,
A. (2007). Why does democracy need education?.Journal of economic growth,
12(2), 77-99
20
résoudre les problèmes épineux implique
qu'en tant qu'individus, ils ont acquis des capacités de
réflexion librement et de façon imaginative et critique, à
des fins de cadrage et d'évaluation, et pour agir de manière
décisive et coopérative. En un mot, la démocratie
nécessite une éducation. Ce qui est appris en plus du contenu de
l'éducation formelle et de l'apprentissage informel sont les habitudes
d'ouverture, de réflexion et de dialogue. En ce sens, Gordon L.
Ziniewicz59 souligne que l'éducation signifie
l'éducation au sens classique de «paideia», de la
nutrition et la croissance des personnes en tant qu'individus et citoyens. Cela
nécessite une stimulation des capacités intellectuelles et
sociales, capacités par le biais de la communication des idées.
La communauté éducative, comme la communauté politique ou
sociale au sens large, appelle à approfondir et à élargir
les horizons de sens par une communication partagée des idées.
Quand même la victoire partielle de la démocratie sur
l'autoritarisme dépend de la libération de la pensée afin
de créer des individus qui pensent par eux-mêmes, donc la
démocratie nécessite un système libéral et
libérateur pour une éducation universelle. Elle ne peut exister
sans gratuité et l'accès sans préjugés à
l'information et aux idées. Élitisme ou autoritarisme
intellectuel, d'autre part, n'existe que dans la mesure où la
majorité des esprits sont maintenus dans l'obscurité, tandis que
quelques privilégiés sont éclairés.
b. Rôle de l'éducation dans la
démocratie
L'éducation a toujours occupé une place de choix
dans la vie des citoyens des sociétés démocrates car
à travers elle, l'on assiste à un changement d'état, par
exemple le passage d'un être asocial à un être social. L'une
des préoccupations de Dewey dans son ouvrage Démocratie et
éducation sera d'établir le lien entre démocratie et
éducation suivant ces aspirations démocrates. Quel est donc ce
lien qu'il y a entre démocratie et éducation ? L'éducation
n'a-t-elle pas un rôle à jouer dans la construction d'une
société démocrate ?
La démocratie ne consiste pas seulement à
étendre le droit de vote, un grand problème en 1916 ; mais aussi
à doter les citoyens de la capacité de prendre la
responsabilité de faire des choix et des décisions
éclairés et intelligents menant au bien public. Dewey a
estimé que la démocratie n'est pas seulement un système
politique mais un idéal éthique avec une participation active et
informée des citoyens.60 Pour que la démocratie
fonctionne, il faut des citoyens informés, et sages, et par
conséquent, l'éducation a un but moral. Les enseignants et
59 Ziniewicz, Gordon L, Experience, Education
and Democracy. Available [Online):
http://www.fred.net/tzaka/preface.html
60 John Dewey, Démocratie et
éducation, (trad. Gérard Deledalle), Paris, Armand Colin et
Nouveaux Horizons, 1990 (1ez éd. 1975), p. 255.
les écoles ont la responsabilité de nourrir le
caractère ainsi que d'enseigner les connaissances et les
compétences.61
Dewey a souligné que l'éducation doit
préparer les élèves à un avenir incertain et, par
conséquent, une priorité élevée devrait être
accordée au développement d'habitudes efficaces et à la
capacité de s'adapter et d'apprendre à apprendre.62
Cela est remarquable étant donné que pendant sa vie, à
l'exception notable de la grande dépression et des deux guerres
mondiales, la vie de la plupart des gens était relativement
prévisible. L'industrialisation et la production de masse signifiaient
que de nombreuses personnes avaient un emploi à vie et l'accent dans
l'éducation était de préparer les individus à leurs
rôles respectifs dans un lieu de travail assez prévisible.
Ainsi, le succès ou l'échec de la
démocratie repose sur l'éducation. L'éducation est la plus
déterminante pour savoir si les citoyens développent les
habitudes nécessaires pour enquêter sur les croyances et les
situations problématiques, pour communiquer ouvertement tout au long.
Alors que chaque culture vise à transmettre des valeurs et des croyances
à la génération à venir, il est essentiel, pensait
Dewey, de distinguer entre l'éducation qui inculque l'hypothèse
collaborative et créative de l'éducation qui encourage
l'obéissance.
John Dewey a sans doute à travers sa pédagogie
faire évoluer le système éducatif américain ou
apporter un plus à cette dernière raison pour laquelle il est
considéré comme l'un des plus importants pédagogues de son
époque. Il fut donc question pour nous de présenter
concrètement à quoi renvois cette pensée
pédagogique de Dewey tout en insistant sur ces fondements (enfants,
maître) ; la place de l'expérience et ces valeurs ; et enfin nous
montrer comment démocratie et éducation peuvent aller de pair.
Quel peut-être donc la portée de l'implémentation de cette
pédagogie dans le système éducatif africain
précisément celui du Cameroun.
21
61 Ibid., p. 257.
62 Ibid., p. 104.
22
CHAPITRE III
PERSPECTIVES ET ENJEUX PROFESSIONNELS DE L'EDUCATION
PROGRESSIVE AU CAMEROUN
John Dewey est considéré comme l'un des piliers
de l'éducation aux Etats Unis d'Amérique voir même le plus
capital dans la reconstruction du système éducatif
américain.
Il est le penseur éducatif le plus important de son
époque voir du 20e siècle. En tant que philosophe,
réformateur, sociologue et éducateur, il a apporté un plus
sur les approches fondamentales de l'enseignement et de l'apprentissage. Ses
idées sur l'éducation découlaient d'une philosophie
pragmatiste et étaient au centre du mouvement progressiste. Compte tenu
de son importance, il est ironique qu'un nombre de ses théories aient
été relativement mal comprises et appliquées au hasard au
cours des cent dernières années.
Le concept d'éducation de Dewey met l'accent sur une
activité significative d'apprentissage et de participation à la
démocratie en classe. Contrairement aux modèles d'enseignement
antérieurs, qui reposaient sur l'autoritarisme et l'apprentissage par
coeur, l'éducation progressive affirmait que les élèves
devaient être investis dans ce qu'ils apprenaient. Dewey a soutenu que le
programme d'études devrait être pertinent pour la vie des
élèves. Il considérait que l'apprentissage par la pratique
et le développement de compétences pratiques pour la vie
étaient essentiels à l'éducation des enfants. D'où
une insistance sera faite sur la professionnalisation de l'éducation des
enfants.
Regardant le rôle que joua Dewey dans
l'amélioration du système éducationnel des Etats-Unis,
quelles peuvent être les enjeux et perspectives de son éducation
progressiste dans l'amélioration ou dans le renforcement du
système éducatif camerounais ? Bien avant d'apporter quelques
indices de réponses à cette interrogation, il serait louable pour
nous de premièrement montrer que c'est l'éducation qui est faite
selon les attentes de l'Etat ; c'est-à-dire que l'Etat, selon la forme
de société qu'il veut avoir, définit son système
d'éducation. Dans un deuxième temps on
présentera le contexte dans lequel se trouve l'éducation africain
en général, puis le système éducatif camerounais
actuel : ses forces et ses faiblesses. Et enfin on verra comment
l'éducation progressive (aspect professionnel) de John Dewey peut
améliorer le système éducatif camerounais.
1. L'éducation : source de la forme d'une
société.
La première chose qui nous vient à l'esprit
lorsque nous pensons à l'éducation c'est l'acquisition des
connaissances. L'éducation est donc cet outil qui fournit aux gens
des
23
connaissances, des compétences, des techniques, des
informations, leur permettant de connaître leurs droits et devoirs envers
leur famille, la société ainsi que la nation. Elle élargit
la vision et les perspectives pour voir le monde. Elle développe les
capacités de lutte contre l'injustice, la violence, la corruption et de
nombreux autres mauvais éléments de la société.
L'éducation nous donne la connaissance du monde qui nous entoure. Elle
développe en nous une perspective de regarder la vie. C'est
l'élément le plus important de l'évolution de la nation
car c'est lui qui donne une forme à l'Etat. Sans éducation, on
n'explorera pas de nouvelles idées. Cela signifie que l'on ne pourra pas
développer le monde parce que sans idées il n'y a pas de
créativité et sans créativité il n'y a pas de
développement de la nation.
Depuis l'époque antique donc en passant par le
Moyen-âge puis par le temps moderne jusqu'au temps contemporain,
l'éducation occupe une place primordiale dans l'émancipation
d'une société. Avec Platon, dans ces ouvrages : Les Lois
et La République, l'éducation vise un monde
intelligible : monde de la pure réalité, un monde où
règne la Vertu. L'éducation est prise comme cette lumière
qui éclaire l'homme dans le but de le sortir de son
opulence.63 L'éducation donne, donc, à la
société le meilleur qu'elle puisse avoir, elle détermine
et fonde la société.
L'éducation est un aspect indispensable pour une
société car grâce à elle l'individu se forme une
entité, s'exprime et s'épanouit. Dans cette lancé si un
individu est bien éduqué, le développement de la
société est assuré. Sans personnes instruites, ce monde ne
peut pas devenir un meilleur endroit. C'est pourquoi une éducation
appropriée est nécessaire pour transformer ce monde en un
meilleur endroit. Par conséquent, nous pouvons conclure que pour
l'évolution d'un pays, il y a un besoin d'éducation et la forme
d'un Etat dépend de l'éducation transmise.
Ayant donc présenté le rôle que joue
l'éducation dans la constitution de la forme d'une
société, quel peut donc être la réalité de
l'éducation en Afrique précisément au Cameroun ? Nous
allons donc essayer d'apporter quelques éléments de
réponse en présentant les forces et les faiblesses du
système éducatif camerounais mais bien avant cela nous essayerons
de présenter le contexte actuel de l'éducation en Afrique.
2. Une éducation africaine au bout du
péril.
L'éducation africaine tire son origine des colons venus
de l'occident. Cette éducation a vu le jour « dans la plupart
des pays africains des nécessités coloniales. On peut même
dire que sa venue a été dictée par des
nécessités économiques même si les objectifs plus
humanitaires ont souvent officiellement justifié son implantation.
»64 Autrement dit l'école
63 Platon, La République : Livre
VII,Paris, Flammarion, 1489p.
64 Siméon ESSAMA OWONO, Cours de l'histoire de
l'éducation, Yaoundé, UCAC, 2018, Inédits.
24
occidentale, de par son implantation sur le sol africain,
visait la formation des cadres auxiliaires de l'administration coloniale avec
un grand souci d'assimilation de ces derniers. En effet, la plupart des
systèmes éducatifs en Afrique sont modelés sur
l'idéologie coloniale de telle manière que ces systèmes ne
font que reproduire des administrateurs des bureaux, car d'aucuns pensent que
la réussite à l'école se traduit par l'occupation d'un
poste dans l'administration publique. Ce qui fait qu'aujourd'hui, il ne soit
plus surprenant de voir bien des jeunes diplômés trainer avec des
diplômes et qui chôment, parce qu'ils attendent
l'intégration à la fonction publique ; ceci dû à une
négligence de l'aspect professionnel dans le cursus éducationnel.
D'ailleurs, tout parent qui finance les études de ses enfants s'attend
toujours à ce que ces derniers deviennent « quelqu'un » ; et
devenir « quelqu'un » c'est devenir fonctionnaire. A l'heure
actuelle, l'on se rend à l'évidence que les systèmes
éducatifs actuels ne permettent pas une véritable insertion
sociale des jeunes après des longues études faites. Une telle
situation quasi dramatique a poussé bien des penseurs à plaider
pour une décolonisation, pour une réappropriation de
l'éducation en prenant compte du contexte africain.
Jean Marc Ela, dans son analyse, a d'une manière
repensée ce que John Dewey promouvait dans son école-laboratoire.
A cet effet Jean Marc pense qu'il est temps de repenser les systèmes
éducatifs y compris les manuels scolaires en considérant la
réalité africaine. Parce que cette éducation ne tient pas
compte de la réalité de l'Africain et le coupe de ses racines. Il
faut une « reconversion radicale de l'enseignement »65 car
« le but de l'enseignement n'est pas de former des salariés mais de
rendre les Africains capables de devenir eux-mêmes des
accélérateurs du développement d'ensemble de leur
congénère. »66 C'est dans cette logique que le
titre de son ouvrage La plume et la pioche se veut une invitation
« à réaliser la synthèse du livre et de l'outil ; il
(enseignement) devra donc apprendre à tenir à la fois la plume et
la pioche en d'autres termes devra être théorique et pratique. Ou,
si l'on préfère, il faut que la main et l'esprit collaborent
étroitement au développement de l'Afrique nouvelle
»67 puisqu'un « enseignement qui n'émane de la
culture d'un peuple ne peut produire que des ratés, des
complexés, des déchets, des épaves, c'est-à-dire en
somme, des gens qui n'ont absolument pas de racines et qui ne s'abreuvent
à aucune source véritable. »68 Il y a une urgence
à agir parce que l'éducation telle qu'elle est aujourd'hui «
serait à l'origine de tous les bouleversements sociaux profonds survenus
en Afrique noire. Elle n'a pas seulement entamé et
déstructuré le
65 Jean-Marc ELA, La plume et la
pioche, Yaoundé, CLE, 2011, p.17.
66 Ibid., p. 19.
67 Ibid., pp.99-100.
68 Ibid., p.21.
25
paysage culturel africain en remettant en cause tout son
système de valeurs morales et symboliques, mais plus profondément
elle a défait le lien social. »69 C'est ainsi que
vouloir parler de la formation intégrale de l'homme, c'est vouloir
« investir dans une éducation au service du développement
intégral de l'Afrique. L'éducation doit viser la formation
intégrale de l'homme : le développement physique, la formation de
la conscience morale, l'acquisition des valeurs auxquelles la
société s'identifie et qui oriente son avenir.
»70 Cette formation intégrale de l'homme veut donc
prendre en compte les valeurs culturelles de l'Afrique tout en s'ouvrant aux
autres cultures. Celles-ci peuvent également contribuer au
progrès de la personne humaine. Il s'agit d'une « éducation
au service du développement intégral de l'humain.
»71 Par ailleurs, il nous faut nous libérer au plus vite
des structures de notre aliénation, du syndrome du mimétisme ou
du perroquet pour élaborer un système éducatif qui
promeuve la formation à la créativité, à
l'inventivité et à l'initiative. Au-delà de la
capacité de mémorisation, qui est encore exaltée de la
maternelle à l'université, il est urgent de chercher à
mettre à contribution les forces d'analyse, de réflexion et de
créativité des élèves72.
Prendre en compte les situations et problèmes
endogènes de nos sociétés et faire preuve de
créativité ne signifie pas que nous allons nous couper du monde
pour nous enfermer dans une coquille à force de slogan et
d'idéologie, loin de là. L'Afrique faire partie des sept
milliards de voisins qui peuplent l'humanité. Il y a donc un lien
historique, géopolitique, affectif avec les autres continents. Il
s'agira donc pour nous de promouvoir un principe de créativité
« au service d'un projet mondial de vie bâti à partir de
l'émancipation de nos esprit (...) pour construire de nouveau
modèles de connaissance irrigués par ce que l'évolution
des connaissances partout dans le monde permet d'imaginer »73.
L'école deviendra ainsi un lieu d'ouverture des africains à eux
même et aux forces positives de l'espace mondial. Ce qui permettra
à l'Afrique d'apporter une pierre originale à la construction de
la civilisation ou encore à l'intelligence de l'universel.
L'éducation africaine peut être encore
sauvée si elle prend en considération les aspects de chaque
culture et également si une importance est accordée à
l'aspect professionnelle ce qui limitera le taux de chômage et boostera
l'économie Africaine pour son développement. Qu'en est-il du
système éducatif Camerounais ?
69 Marcus NDONGMO, Education scolaire et lien
social en Afrique noire. Perspectives éthiques et théologiques de
la mise en place d'une nouvelle philosophie de l'éducation,
Yaoundé, 2004, ICERH, p.8.
70 Hermann HABIB KIBANGOU, Paulin Poucouta, le
serviteur de la parole de Dieu. Entretiens, Abidjan, Editions Paulines,
2016, pp.146-147.
71 Ibid., p.148.
72 Kä Mana, « Juguler la crise du
système éducatif en Afrique : le problème et ses
dimensions » in Michel FOA-LENG et Jean-Blaise KENMOGNE (dir).,
L'école dans les sociétés africaines en mutation.
Défis, enjeux et pers-pectives, Editions Terroirs, Yaoundé,
2009, p.23.
73 Ibid, p. 25.
26
3. Forces et faiblesses du système
éducatif Camerounais.
L'éducation scolaire est l'entreprise la plus
délicate qui soit, et fait social le plus complexe. Engelbert Atangana
la définit comme « une institution qui consiste à faire de
l'enfant un adulte, à l'initier peu à peu, dès son premier
âge, aux joies d'une saine amitié, du service rendu de bon coeur
à cultiver en lui les sentiments de solidarité et du respect de
l'autre ».74 Au Cameroun, le système éducatif est
régi par la loi d'orientation de l'éducation numéro 98/004
du 14 Avril 1998 article 17. Il y figure différents niveaux
d'enseignement à savoir : l'enseignement maternelle, primaire,
secondaire et supérieur. La même loi réaffirme l'option
nationale du biculturalisme du Cameroun à travers deux
sous-systèmes : le sous-système francophone et le
sous-système anglophone, ce qui montre que le système
éducatif camerounais est un héritage colonial. Vu cette
diversité du système éducatif camerounais, quelles peuvent
être donc ses forces ? quelles sont ses faiblesses ? Cet exercice nous
invite à une analyse des facteurs sociaux, économiques,
politiques ; mais nous allons présenter la situation du système
éducatif camerounais de façon général.
a. Les forces du système éducatif
Camerounais
Le système éducatif camerounais est l'un des
plus important de la sous-région d'Afrique Centrale. Convoiter par
plusieurs pays, il tire sa force de :
· Une Ressource humaine considérable : La
structure de la population camerounaise laisse apparaitre l'importance
démographique des enfants et des jeunes. Près de 50 % de la
population est âgée de moins de 18 ans, environ 64 % de la
population a moins de 25 ans et 43 % de la population a moins de 15 ans. Selon
le Ministère de l'Éducation de Base, le nombre théorique
d'enfants à scolariser serait donc passé de 2,5 millions en 2002
à près de 3,4 millions en 2015, soit une progression de 34,5 %.
C'est évidemment un défi important pour
l'État.75 Le taux d'enfants à éduquer est
encourageant et ceci laisse croire à un futur prometteur. C'est un atout
important dans la mesure où si leur éducation est bien prise en
considération dès le bas âge ceci favorisera une meilleure
vie.
· La diversité linguistique : Bien que le
système ait déjà été établi en
Français et en Anglais, la multitude des langues est un atout
considérable dans la mesure où si un retour
74Engelbert Atangana, Cents ans
d'éducation scolaire au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996, p.4
75
https://afrique.latribune.fr/think-tank/2017-04-17/au-cameroun-l-education-comme-priorite-nationale.html,
consulté ce 31/03/2020 à 10h.
27
effectif à ces langues permettra à l'enfant de
s'approprier de ses propres origines afin de les utiliser pour son
développement.
· Le caractère obligatoire de l'enseignement
primaire et la suppression des frais de scolarité à
l'école primaire publique depuis 2000 : De ce fait l'enfant a une
obligation sans contrainte de se rendre dans une école pour son
éducation reste donc à la famille de veiller à son bon
suivi.
b. Les faiblesses du système éducatif
Camerounais
Malgré qu'il soit l'un des systèmes les plus
considéré en Afrique Centrale, il en demeure moins qu'il regorge
des faiblesses. Nous citerons entre autres :
· Un taux brut de scolarisation : le taux de
scolarisation de l'éducation primaire a subi une forte augmentation
depuis le début du millénaire ; les taux bruts de scolarisation
de l'enseignement secondaire sont quant à eux peu
développés. Le taux brut d'accès est en effet de l'ordre
de 95% ce qui indique que l'accès à l'école n'est plus un
problème déterminant au Cameroun en particulier depuis la mesure
de gratuité du primaire. Cependant, cette mesure a entraîné
la surévaluation de certains frais tels que les frais d'APE, par
exemple, la corruption des dirigeants d'école et la mauvaise gestion...
Tout ceci fait que ce taux est un peu biaisé, car cela ne reflète
pas fidèlement les proportions de redoublement qui sont notables rendu
au niveau du CM2, classe intermédiaire qui permet d'accéder
à l'enseignement secondaire.76
· La qualité de l'enseignement : L'enseignement
au primaire relève d'une approche encyclopédique, non seulement
par le volume, mais aussi par le contenu des enseigne-ments.77 De la
SIL au CM2, les programmes donnent une place considérable à
l'expres-sion française et anglaise, au calcul et aux exercices
d'observation. L'éducation civique, le chant, le dessin, l'histoire, la
géographie, la biologie, le travail manuel et l'éducation
physique et sportive sont dispensés au même titre que les autres
matières du programme. Par ailleurs les enseignements souffrent aussi
d'une lourdeur notable. L'illustration en est du programme d'histoire qui donne
une place considérable à l'histoire du monde européen au
détriment d'une approche locale de cette matière.
S'attarder sur quelques forces et faiblesses du système
éducatif Camerounais avait pour objectif de montrer que ce
système nécessite une réappropriation en tenant compte de
ses propres
76
http://casea-asso.over-blog.com/2015/10/le-systeme-educatif-au-cameroun.html
à 11h. 77 Ibid.
28
réalités. C'est la raison pour laquelle nous
jugeons important de faire appel à John Dewey à travers sa
pédagogie progressive pour une amélioration dudit système
camerounais.
4. Perspectives et enjeux professionnel de
l'éducation progressive pour une amélioration du système
éducatif camerounais.
Dans ce siècle où l'on assiste à une
croissance rapide de certains pays, ceci due à une éducation
solide, il est impératif d'interpeller le système éducatif
afin de redoubler d'effort en convergeant vers une professionnalisation de son
éducation dans l'optique de réduire le taux de chômage, de
promouvoir l'innovation. Mais comment donc y procéder ?
Aujourd'hui recourir à la pédagogie progressive
de John Dewey nous sera très utile. Il a beaucoup oeuvré pour son
pays les Etats-Unis à travers son école-laboratoire où il
promouvait la professionnalisation, une éducation par
l'expérience où l'enfant est le centre d'attention
indépendamment de son niveau d'étude. Le maître ici est un
guide et l'élève apprend en agissant. Dewey veut donc
réconcilier esprit et action, travail et loisir, intérêt et
effort. Il pense que l'enfant doit agir plutôt que d'écouter.
Regardant la situation actuelle du système éducatif camerounais,
l'on peut avoir l'impression que c'est ce qui est vécu sur le terrain
mais grande est notre surprise de constater le contraire.
Faire de l'enfant le centre d'intérêt en
éducation favorisera non seulement un esprit créatif et critique
mais aussi la capacité pour l'enfant de faire face aux problèmes
réels et d'en trouver des solutions par lui-même. Il fera donc
usage de la théorie donnée par le maître afin de consolider
le résultat par la pratique. Le Pape Jean Paul II avait raison de nous
dire en parlant du rapport entre la foi et la raison : « la foi et la
raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de
s'élever vers la contemplation de la vérité.
»78 En éducation donc, la théorie et la pratique
sont comme ces deux ailes qui favorisent l'élévation de l'enfant
à la maturité, qui le rendent social, cet être qui
contribue à l'épanouissement et à la construction d'une
société démocratique.
Le programme valable se rapporte à l'expérience
quotidienne de l'enfant à la maison et dans la communauté, Dewey
attache une très grande importance aux occupations de la maison et de la
communauté, donc au travail manuel. Ce dernier fournit, à travers
les phases variées des diverses occupations, d'excellentes
opportunités pour apprendre les matières du programme, non
simplement comme une information en vue de fins scolaires, mais comme
connaissance issue des situations de la vie réelle. Le programme sera en
fonction de l'âge, les
78 Jean Paul II, Fides et Ratio,
Limete/Kinshasa (RDC), Médiaspaul, 1998, p.3.
29
plus jeunes, de 4 ou 5 ans, se consacreront à des
activités déjà rencontrées dans le milieu familial
: la cuisine, la couture ou la menuiserie, par exemple, l'idée
étant bien d'assurer la continuité entre école et
société à travers des activités pratiques. Ces
occupations deviennent ensuite progressivement l'occasion d'un apprentissage de
matières plus théoriques. « L'enfant vient en classe pour
faire des choses : cuisiner, coudre, travailler le bois et utiliser des outils
pour des actes de construction simples ; et c'est dans le contexte et à
l'occasion de ces actes que s'ordonnent les études : écriture,
lecture, arithmétique, etc. »79 Par exemple, à
l'âge de 6 ans, les enfants vont construire une maquette de ferme dans le
bac à sable de la classe et semer du blé d'hiver dans la cour de
l'école. L'édification de la maquette sera alors l'occasion
d'apprendre certaines notions mathématiques :
« Lorsqu'il a fallu diviser le bac à sable
matérialisant l'exploitation en plusieurs champs destinés
à recevoir les cultures de blé, de maïs et d'avoine, et
prévoir aussi l'emplacement de la maison d'habitation et de la grange,
les enfants ont employés comme unité de mesure une règle
d'un pied et sont arrivés à comprendre ce que signifiait un
quart, une moitié ; même si les divisions qu'ils effectuaient
n'étaient pas exactes, c'étaient des approximations suffisantes
pour leur permettre de délimiter leur ferme. Et à mesure qu'ils
se familiarisaient avec l'usage de la règle et apprenaient à
manier le demi pied, le quart de pied et le pouce, on en vint naturellement
à attendre d'eux, et à obtenir, un travail plus précis...
La construction des bâtiments de la ferme nécessitait quatre
poteaux d'angle et six ou sept lattes de bois d'égale hauteur.
Lorsqu'ils mesuraient ces dernières, les enfants oubliaient souvent de
maintenir le point de départ de la graduation de la règle sur
l'extrémité gauche de la latte, de sorte qu'ils devaient s'y
reprendre à deux ou trois fois avant d'obtenir des mesures exactes. Puis
ils refaisaient pour un autre côté de la maison ce qu'ils avaient
fait pour le premier et, avec l'entraînement, leur travail gagnait
naturellement en rapidité et précision. »80
Les mathématiques n'apparaissaient alors plus à
l'enfant comme une matière inerte mais comme un véritable outil
de résolution de problèmes pratiques. Dans le même ordre
d'idées, les élèves seront amenés à
construire eux même leur propre matériel scolaire, ou à
cuisiner ensemble le repas du jour, ce dernier exemple étant un moyen de
les familiariser avec les unités de mesure, la botanique ou la biologie,
mais également de développer leur sens de la vie sociale
coopérative. Sous cette approche éducative, on retrouve cette
idée que le développement de la pensée en connaissance
passe par la résolution de problème en situation active, que la
pensée doit être testée par l'action pour passer dans
l'ordre de la connaissance. Selon cette perspective,
79 Dewey J., « A pedagogical experiment
», in Early works of John Dewey, Carbondale, Southern Illinois
University Press, 1972, vol. 5, pp. 244-246.
80 Mayhew et Edwards, The Dewey school, 1966,
pp. 83-84.
30
le véritable test de l'apprentissage ne passe pas par
une série d'examens en fin d'année, il consiste en
l'accroissement de la capacité de l'enfant à affronter de
nouvelles situations par le développement d'habitudes d'actions
réfléchies au sein d'un environnement social.
Face à la mondialisation, le camerounais assiste
à une évolution rapide de l'éducation ce qui favorise
l'essor du pays. On assiste au Cameroun a un accroissement rapide de la
population scolaire. Si autrefois, seules les élites étaient
éduquées, aujourd'hui presque tous ont accès à
l'éducation. Malgré cette sur-scolarisation de la population,
cette population est « mal éduquée »81.
Quantitativement, l'éducation s'améliore au Cameroun mais
qualitativement, nous assistons à une éducation de plus en plus
dégradante. Face à ce boom scolaire, l'Etat est devenu incapable
de répondre à la demande scolaire au Cameroun d'où
l'urgence d'une professionnalisation du système éducatif
camerounais : création des écoles-laboratoires dès le
primaire. À ce niveau l'enfant sera capable d'entrer en contact avec sa
propre nature et d'utiliser ces ressources à des fins utiles. A long
terme l'enfant développera des aptitudes lui permettant de combattre le
chômage et de répondre aux besoins de la société en
ce sens donc il s'agit en fait de mettre l'école à
l'écoute de la société et d'ouvrir la
société à toutes les dynamiques créatives de
l'école afin que des transformations en profondeur soient
engagées en fonction des idéaux qu'un imaginaire de la
construction d'un Cameroun nouveau devrait nourrir avec l'économie de la
connaissance et la promotion des nouveaux savoirs.82 Il y a donc une
urgence de pallier à la non-conformité qu'il y a entre
l'école et le marché du travail car ceci remet le système
éducatif camerounais en question.
Notons aussi qu'au Cameroun, l'école a
été faite pour le culte de diplômes, les
éduqués aux sorties de celle-ci manquent un esprit de
créativité et de spontanéité et ne peuvent donc
être embauchés surtout par le secteur privé où ils
restent incompétents d'où un vibrant appel à
l'implémentation du « Learning by doing » (apprendre par
l'action) que soutient Dewey. Une réappropriation des propos de
Fichte sera également utile pour le système éducatif. Il
dit : « on n'étudie pas pour, tout au long de sa vie et comme si
l'on était constamment prêt pour l'examen, reproduire en ces
propos ce que l'on a appris, mais pour l'appliquer aux situations survenant
dans l'existence et ainsi le mettre en oeuvre (...) par conséquent, ce
n'est en aucun cas le savoir qui constitue ici le but ultime, mais bien
plutôt l'art d'utiliser le savoir ».83
Le sujet de l'éducation au Cameroun perd sa valeur
suite au manque d'éducateur bien
81 M., Ndongmo, La Scolarisation dans la
politique du développement au Cameroun. Réflexions éthique
et théologique sur la pratique éducative dans le
processusd'humanisation, Paris, Institut Catholique de Paris, 1994, p.9.
82Kä Mana, L'Afrique, notre projet : Révolutionner
l'imaginaire africain,Sénégal, Editions terroirs, 2009, pp.
301302.
83Vincenti., L, Education et liberté. Kant
et Fichte, Paris, PUF, 1992, p. 48.
formé. Le centre d'intérêt n'est plus
l'apprenant mais le maître. Les enfants sont éduqués dans
une certaine médiocrité où les notes sont vendues et
quelques fois échangées contre le sexe. Certains
enseignants ne notent plus les aptitudes et les compétences de leurs
éduqués mais plutôt leur docilité à
satisfaire leur plaisir sexuel et la capacité de ces enfants à
payer pour ces notes. « L'autre éduqué » (enfant), est
confondu à un objet sexuel que l'on peut manipuler à sa guise.
C'est ainsi qu'éduquer aujourd'hui « est devenu synonyme de pouvoir
sur quelqu'un, synonyme de privilège ».84
L'éducation, dans son sens plein, ne se limite pas seulement dans la
transmission des compétences intellectuelles ; il doit être
pratique et exemplaire dans le sens que le maître doit être un
modèle à imiter pour les enfants. Avec Jean Jacques Rousseau nous
constatons également que l'expérience est primordiale : « Au
lieu de coller un enfant sur des livres, si je l'occupe dans un atelier ses
mains travaillent au profit de son esprit, il devient philosophe et croit
n'être qu'un ouvrier. »85 Rousseau va ainsi placer
l'expérience au coeur de la formation de l'intelligence. Il s'agit de
permettre à l'enfant de faire corps avec la nature au moyen des
expériences diverses et concrètes.
Il doit aussi avoir la transmission des valeurs spirituelles et
morales qui des fois manques en éducation. Bref le système
éducatif doit s'attarder sur une éducation complète de
l'enfant (éducation du physique et de l'âme) et également
sur une éducation des mentalités qui est très demandant vu
l'allure avec laquelle le monde tend vers sa perdition particulière le
Cameroun. Au terme de cette partie, nous avons vu que la pensée
deweyenne sur l'éducation reste et demeure d'actualité pour les
pays Africains, notamment pour le Cameroun, qui est sans cesse à la
quête d'une harmonie sociale durable et dont l'éducation sera
porteuse des valeurs de notre temps. Son éducation progressive reste
très bénéfique pour un pays si elle est bien mise en
pratique et si on en fait bon usage.
84 G. Pallante, L'autre éduqué :
cours de philosophie de l'éducation, Yaoundé, COGESET, 2007,
p.49.
85 Jean-Jacques ROUSSEAU, Emile ou de
l'éducation, p.443.
31
32
CONCLUSION GENERALE
Au demeurant, il était questions pour nous d'analyser
l'éducation progressive de John Dewey et de la portée qu'elle
peut avoir dans les systèmes éducatifs africains notamment celui
du Cameroun. La question qui guida notre réflexion était celle de
savoir en quoi la pédagogie progressive de John Dewey peut-elle
être utile pour le Cameroun. En d'autres termes, il était question
de savoir si l'éducation progressive de Dewey peut, dans une certaine
mesure, répondre aux besoins et aux défis actuels de
l'éducation ; c'est-à-dire l'adaptation aux besoins que posent
notre société actuelle. A travers son éducation
progressive, Dewey va faire un dépassement de l'éducation
traditionnelle qui reposait sur le maître. A cet effet, pour mener
à bout notre réflexion, nous avons subdiviser notre travail en
trois grands chapitres. Dans le premier chapitre, nous avons
présentés l'éducation traditionnelle. On retient donc que
ce modèle d'éducation repose sur le maître. Il est ici le
modèle à suivre par les apprenants. Elle demeure donc un
modèle passif. Malgré sa passivité, l'éducation
traditionnelle n'est pas dépourvue de sens, Dewey n'aura donc pas la
prétention d'annihiler cette approche, mais de la parfaire.
Dans le deuxième chapitre, la méthode
éducative de John Dewey (éducation progressive) sera largement
présentée. A travers sa pédagogie progressive,
l'éducation sera dynamique. Elle sera une éducation
centrée sur l'enfant. Nous retenons, donc, de John Dewey que
l'éducation progressive repose sur l'apprentissage par
l'expérience.
Dans le troisième chapitre, il fut question pour nous
de montrer en quoi la pédagogie progressive de John Dewey peut
améliorer l'éducation en Afrique notamment au Cameroun. Pour cela
nous avons présentés les failles de l'éducation en Afrique
et au Cameroun.
A la lumière de l'orientation et de l'ouverture
pédagogique deweyenne, il s'avère important pour la
communauté éducative d'en faire un lieu de mise à
découvert, d'explication et de tentative de réponse aux
interrogations que soulèvent la question de l'éducation dans
notre contexte. Ainsi, l'éducation, en enracinant l'enfant dans sa
subjectivité avec tout ce qu'il a d'original, de connu et
d'inédit, en le mettant dans les conditions de rencontre avec l'autre
dans sa différence, pourrait permettre à l'éducation dans
notre contexte de relever les défis de l'heure. Dewey, à notre
entendement, reste donc d'actualité car sa conception de
l'éducation peut s'adapter en tout temps.
33
BIBLIOGRAPHIE
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consulté ce 31/03/2020 à 10h.
http://casea-asso.over-blog.com/2015/10/le-systeme-educatif-au-cameroun.html.
TABLE DE MATIERES
DEDICACE i
REMERCIEMENTS II
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I 3
SPECIFICITES DE L'ECOLE TRADITIONNELLE 3
1.La pédagogie du savoir. 3
a)Le maître et le programme scolaire 4
b)Le modèle comme référence 5
2.La Pédagogie du Savoir 7
a.L'enfant et élève 7
3.La Pédagogie de l'Autorité 9
CHAPITRE II 11
ESQUISSE DE L'EDUCATION PROGRESSIVE DE JOHN DEWEY. 11
1.Fondements de l'école progressive 11
a.L'enfant 12
b.Le Maître 13
2.Expérience et ces valeurs 15
a)L'expérience 15
b)Continuité Et Interaction : La Valeur De
L'expérience 17
3.Démocratie et éducation 19
a.L'idéal démocratique 19
b.Rôle de l'éducation dans la démocratie
20
CHAPITRE III 22
36
PERSPECTIVES ET ENJEUX PROFESSIONNELS DE L'EDUCATION
PROGRESSIVE
37
AU CAMEROUN 22
1.L'éducation : source de la forme d'une
société. 22
2.Une éducation africaine au bout du péril 23
3.Forces et faiblesses du système éducatif
Camerounais. 26
a.Les forces du système éducatif Camerounais
26
b.Les faiblesses du système éducatif Camerounais
27
4.Perspectives et enjeux professionnel de l'éducation
progressive pour une amélioration du
système éducatif camerounais. 28
CONCLUSION GENERALE 32
BIBLIOGRAPHIE 33
TABLE DE MATIERES 36
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