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Analyse des formes de criminalité (situations-problématiques) dans les services fnanciers mobiles: mobile money


par Nicot KAZADI KADI MOYO K.
Ecole de Criminologie/Universite de Lubumbashi - Master en Criminologie Economique et Environnementale 2020
  

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II.3 « Le marimisage» ou « Imprudence »

Du swahili lushois « marimi » qui veut dire « non avisé », « imprudent », « ignorant », « non méfiant ». C'est une action par laquelle le délinquant motivé profite de l'imprudence, de manque de souplesse ou de manque de méfiance de sa cible pour passer à l'acte. Le marimisage est beaucoup pratique pendant que la personne (future victime) donne son téléphone au convoiteur tout en lui communiquant même son PIN.

Cette forme de criminalité est fréquente surtout lors des retraits de fonds auprès des agents par les clients qui n'ont pas assez d'expériences dans les manipulations téléphoniques (technologiques). Voici les représentations sociales que maman Kolwezi, cliente dans le mobile money, retient de son vendeur des services, monsieur Tshopo.

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« Mutoto, aba bantu bakuleta makuta kupitia ma téléphone ni ba mwiji sana. Shi unaona shiye bamama yenu bya ma téléphone hatujuwi kabisa ku bifanya. Shiku moya minaenda kwa wa cabine ili ni bebemo makuta ; ananyuliza kusema muko ngapi ? minamonesha kusema shijuwe, mutoto yangu anawekakatu. Njoo namupa téléphone ya kwangu, anavinyavinya ananilomba kama passe kama nini (mot de passe) ile yakufungula nayo. Ule alinifunguliaka aliwekaka mwaka wa dipanda ya Congo (1960) juu nishisabwe. kisha ananipa makuta natoka naenda.

Shiku ingine tena naenda anavinya ananipa makuta na shiku ingine tena. Sasa shiku moya minaenda tena asema nibebe, mukubwa yako ule ananitumiaka arinyambiaka kusema ananitumia 50.000 FC. Sasa minafikako anavinya tena ananipa paka 30.000 FC, minamwambia kusema mu téléphone muko 50.000 FC anibebee yote ; ananyambia kusema murikuya paka 35.000 FC njoo anabeba 30.000 FC na ma frais à retrait. Minamwita mukubwa yako ule minamwambia anashirika anamulombesha na ku téléphone anamufokea sana kiisha ananyambia asema nishanje kwendako tena juu arinibaka. Ni mwiji ».

Ceci pour dire :

« Mon fils, tu vois ces gens auprès de qui nous avons l habitude de récupérer l argent à travers le téléphone, sont des grands voleurs. Comme tu le sais, nous vos mamans n avons pas une connaissance approfondie dans la manipulation des téléphones. Un jour, j étais allée auprès d un cabinier pour retirer de l argent. Le cabinier me demande combien il y avait comme solde, je lui dis que je ne savais pas, mes enfants envoient seulement. Je lui donne le téléphone puis me demande le mot de passe parce que celui qui avait ouvert pour moi le compte mobile money avait mis comme mot de passe la date de l indépendance de notre pays (1960) pour que je m en souvienne chaque fois.

Un autre jour, je suis encore partie, il me donne et un autre jour encore. Maintenant, arrivé un autre jour, je suis allée pour retirer. Avant, ton grand frère qui m avait envoyé l argent m avait déjà dit qu il avait envoyé 50.000 FC. J y arrive, comme il était déjà habitué à mon téléphone, me donne 30.000 FC. Je lui dis que dans le téléphone, il y a 50.000 FC et que j avais besoin de retirer toute la somme. Avec insistance, il me dit qu il n y avait que 35.000 FC et qu il y avait possibilité de retirer au moins 30.000 FC sans oublier les frais de retrait. Puis

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j'appelle ton grand frère qui avait envoyé l'argent pour lui dire ce qui était passé, il me demanda de le lui passer au téléphone, il lui gronda sérieusement par la suite me dit de ne plus y aller car le monsieur m'avait volé. C'est un voleur ».

Monsieur Lubumbashi, à son tour, relate le phénomène de cette

manière :

« Vous savez avec ces histoires là de monnaie numérique, la plus meilleure sécurité c'est le mot de passe du compte mobile ; eeh I Ce code là qui vous permet d'accéder au compte. Alors un jour j'avais fait cette imprudence là j'étais en déplacement à Kinshasa. Comme je ne me sentais pas du tout bien et que j'étais dans le besoin d'argent ; j'appelle un neveu là je lui donne le téléphone ainsi que le mot de passe pour qu'il récupère un peu d'argent et pour lui c'était une opportunité de me voler.

Pour moi, le neveu ne pouvait rien faire ce qui fait que je n'avais même pas vérifié le solde quand il était rentré. Mais à ma grande surprise ; deux jours après quand je voulais maintenant acheter la marchandise, je me rends compte que le solde n'était pas exact. Au total, dans le compte il y avait 1.800.000 FC. Pour moi, après avoir retiré 200.000 FC ; normalement il fallait qu'il reste dans le compte au moins 1.500.000 FC et plus si on doit y ajouter les frais de retrait. Ce n'est qu'après deux jours que je m'étais rendu qu'il y avait un manquant de 500.000 FC et plus. Cette situation là m'avait tellement affecté.

Voilà au moins le mauvais souvenir que je retiens du mobile money parce qu'à un certain moment, je m'étais dis si par exemple j'avais avec moi l'argent en espèces peut être que cela ne pouvait pas m'arriver ».

Le marimisage est aussi possible dans le cas des vendeurs imprudents qui se contentent seulement du message entrant (dépôt, retrait ou paiement de services) sans prendre le temps de vérifier le solde. Tel est le cas de monsieur Lualaba qui relate ce qu'il vit au quotidien en cette matière :

« Nawaza kusema inaweza kuya paka possible. Njo pale unaona mina insister sana pa confiance na souplesse de soi. Supposons que wakutuma naye ana souple ; mutu anaweza avant a retirer anasema par exemple que eko besoin ya ku

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retirer 20.000 FC mais pa ku retirer, ashi retirer tena 20.000 FC mais ana retirer 15.000 FC. Ma cas ya ivi ndisha ku i rencontra ka pa ma cabine ya mingi sana.

Alors, ba clients ba mingi banaletaka ma raison ya kusema que ile 20.000 FC njo ile arikuya nayo mu compte oubliant que kunekalaka ma frais de retrait. Bon ! ile ni ma raisons atutakatala mais s'il arrive que agent ashi ku tenir compte ya ku vérifier message mu téléphone yake et que anabebatu makuta juu barimutaiya 20.000 FC et que anatosha 20.000 FC anamupatia na kama uyu client arikuya déjà na akiri ya bwizi mais ataenda na ile makuta et par conséquent, agent atapoteza. Ii ma cas ni ya byakweri. Kuko ba clients bengine beeko nakuya kutwiba vile».

La traduction française peut se faire en ces termes :

« Je pense que cela est toujours possible. C'est pourquoi tu vas constater que j'insiste sur la confiance et la souplesse de soi. Supposons que le vendeur aussi ne soit pas souple, le client peut avant de retirer vous parler par exemple d'un montant donné (20.000 FC par exemple) mais lors du retrait, il ne retire plus la somme dictée mais plutôt une autre inférieure à celle dictée (15.000 FC). Ce genre des cas sont fréquents.

La plupart des clients quand ils se retrouvent dans ce genre des cas, ont l'habitude de dire que le montant dicté est celui qui était dans le compte et qu'oubliant il fallait aussi les frais de retrait, c'est pourquoi il y a eu cela. Au fait, tout ça ne sont que des raisons on ne refuse pas mais ce qui est inquiétant est que si le vendeur n'est pas prudent, c'est-à-dire sans vérifier le message et qu'il donne seulement la somme dictée au lieu de la somme retirée véritablement là il perd non ? Ce sont des cas vrais, il y a des clients qui viennent aussi nous voler comme ça».

A la question de savoir comment certains clients arrivent à communiquer leur PIN à d'autres personnes, monsieur Tshwapa, vendeur du service mobile money rejette la responsabilité aux victimes :

« Cher étudiant, même toi-là comment tu peux arriver à donner ton mot de passe à quelqu'un. C'est quand même grave. Tel que tu me vois là, j'ai beaucoup de mots de passe des gens. Surtout les mamans, tu vas voir elle arrive puis te donne

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et le téléphone et le mot de passe, tu retire pour elle. Si j'étais voleur par exemple, tu ne vois pas que j'ai la possibilité de gagner de l'argent comme ça. Pour te prouver que ce que je dis là est vrai, je te communique aussi le mot de passe d'une de mes clientes : « 1070 » et comme tu le connais pas, tu ne feras rien mais moi il suffit que j'ai son téléphone dans mes mains et directement j'ai l'argent s'il y en a bien sûr ».

Comme nous le démontrent les propos de nos enquêtés et tel que nous l'avons défini, le dribblage est la résultante d'une confiance inconsciente que la personne manifeste à l'endroit des tiers. Cela par mauvaise compréhension ou quasiment par manque des connaissances du système financier moderne qu'elle utilise.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle