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Analyse des formes de criminalité (situations-problématiques) dans les services fnanciers mobiles: mobile money


par Nicot KAZADI KADI MOYO K.
Ecole de Criminologie/Universite de Lubumbashi - Master en Criminologie Economique et Environnementale 2020
  

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TROISIEME CHAPITRE

REGARD CRIMINOLOGIQUE SUR LES SERVICES FINANCIERS MOBILES :
MOBILE MONEY

[Les hommes et les affaires ont leur point de perspective. Il y en a dont on ne juge jamais si bien que quand on en est éloigné et d'autres qu'il faut voir de plus près pour en bien juger. Duc de la Rochefoucauld, Maximes]

Le présent chapitre met en lumière les formes de criminalité qui se vivent dans les services financiers mobiles (mobile money). Ce chapitre récence les informations possibles en rapport notre objet et notre question de recherche, sans oublier les questions connexes. De manière détaillée, il répond à la question de recherche suivante : Quelle analyse porter sur les formes de criminalité dans les services financiers via le téléphone portable ? Autrement dit, comment comprendre les formes de criminalité dans les services financiers via mobile money ?

Rappelons que cette question centrale est accompagnée des questions connexes ci-après: Quels sont les acteurs impliqués dans les services financiers via mobile money ? De quelle manière les dossiers judiciaires relatifs au mobile money sont-ils pris en charge à Lubumbashi ? Enfin, Quels peuvent être les facteurs à la base de la vulnérabilité dans les services financiers via mobile money ?

Pour y répondre, nous avons structuré ce chapitre en six principales sections :

Dans la première, nous identifions les acteurs clés impliqués dans les services financiers via mobile money. Dans la deuxième section, nous mettons en lumière les différentes formes de criminalité observées dans les services financiers mobiles, la troisième essaye de démontrer la manière dont la justice prend en charge les dossiers relatifs au mobile money. La quatrième section essaye d'expliquer les facteurs à la base de la vulnérabilité dans les services financiers mobiles. La cinquième donne un aperçu général sur l'évolution technologique du téléphone portable et en plus cherchera à comprendre la manière dont ces acteurs se servent de cet outil technologique pour réaliser les projets de déviance. Enfin la sixième et dernière section propose un mécanisme de sécurité dans les services financiers via mobile money.

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Section I. Acteurs de l' « écosystème » des services monétaires par téléphonie mobile (mobile money)

Nous référant à Michel Crozier et Erhard Friedberg (1977), un acteur n'est pas celui qui tient un rôle (on considère alors l'individu enfermé, même de son plein gré) ; c'est celui qui agit dans la situation.

Pour les auteurs, l'acteur est celui qui adopte des stratégies qui tiennent compte des relations de pouvoir et qui majorent ses gains personnels. Il dispose d'une certaine autonomie et est capable de prendre une décision. Il n'a pas d'objectif clair ; ceux-ci sont multiples, plus ou moins contradictoires. Il a un comportement actif, qui n'est jamais déterminé (« même la passivité est toujours le résultat d'un choix »), et qui a toujours un sens, son comportement a toujours deux aspects : un aspect offensif (la saisie d'opportunité en vue d'améliorer sa situation) et un aspect défensif (maintenir et élargir sa marge de liberté). « Les acteurs individuels ou collectifs ne peuvent jamais être réduits à des fonctions abstraites et désincarnées.

Les auteurs renchérissent que ce sont des acteurs à part entière qui, à l'intérieur des contraintes souvent très lourdes que leur impose « le système », disposent d'une marge de liberté qu'ils utilisent de façon stratégique dans leurs interactions avec les autres ».

Rappelons que le mobile money est un outil important pour l'inclusion financière. Il permet d'insérer dans le circuit bancaire une tranche importante de la population qui avant était non bancarisée. La plate-forme type des services monétaires mobiles met en présence plusieurs acteurs et parties prenantes qui ont des rôles différents et retirent divers avantages de l'ensemble de l'«écosystème» (Jenkis, B., 2008).

S'appuyant sur la manière dont Michel Crozier et Erhard Friedberg conçoivent un acteur, deux catégories majeures d'acteurs ayant en leur sein des sous-catégories émargent dans les services financiers via mobile money. L'utilisation du mobile money met en jeu plusieurs intervenants (acteurs) ; il s'agit d'une part des acteurs internes, de l'autre, des acteurs externes.

a. Acteurs internes

La catégorie d'acteurs internes sont appelés ainsi par le simple fait qu'ils sont internes par rapport au système de mobile money. Ils sont à la fois fabricants du mobile money et distributeurs de ce service. Ce sont eux qui ont été à la base de l'existence de cette monnaie numérique, tandis que les autres ne sont que des acteurs qui subissent les initiatives

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des premiers. Dans cette catégorie, figurent les banquiers et les opérateurs de téléphonie mobile.

? Les banquiers

Les banquiers (à travers les banques centrales) réglementent le Mobile Money en instituant un partenariat entre eux, les seules qui ont l'autorisation d'émettre la monnaie électronique afin de rendre le service accessible à leurs clients. C'est donc la banque qui est l'unique dépositaire de tous les fonds virtuels circulant sur la plate-forme Mobile Money.

La banque partenaire gère l'argent équivalent aux flottes virtuelles qui circulent dans les comptes « mobile money ». Elle contrôle et garantit l'émission de la monnaie électronique, assure la conformité des opérations avec les lois en vigueur relatives au blanchiment d'argent et au financement du terrorisme.

? Opérateurs de téléphonie ou réseau mobile

Un opérateur de réseaux mobiles (ORM) est toute personne physique ou morale qui a comme mission de mettre à la portée non seulement des clients mais aussi des vendeurs des services liés au mobile money. Il fournit l'infrastructure des services monétaires mobiles et amène une clientèle qui utilise déjà ses services de communication.

Les ORM assurent la conformité aux réglementations et à la politique du pays en matière de télécommunications. Ils sont nombreux à s'être fait un nom grâce à leurs campagnes de commercialisation et aux services qu'ils fournissent. Les services monétaires mobiles sont avantageux pour les ORM, car c'est un moyen pour eux de fidéliser leur clientèle, de réduire les coûts de distribution du temps de consommation et d'exploiter une nouvelle source de revenus.

L'opérateur de téléphonie mobile est chargé à la fois de développer le réseau Mobile Money, de fournir les Sims aux clients, et généralement de gérer la plate forme Mobile Money. Celui-ci obtient de l'argent virtuel par le dépôt d'un équivalent de trésorerie physique à la banque. On appelle également le marchand par le fait que c'est lui qui reçoit les paiements des clients mobile money. Il est aussi comme un autre agent (de la banque) voilà pourquoi certains auteurs l'appellent « super agent ».

Dans le cas d'espèce, il s'agit de toutes les maisons de télécommunications (Vodacom, Airtel et Orange) offrant des services financiers mobiles (M-Pesa, Airtel money et Orange money) à leur clientèle.

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? Agents officiels

Dans le cadre de ce travail, ces opérateurs étant des personnes morales, sont représentés par une catégorie que nous appelons « agents officiels » oeuvrant au sein des organisations, leurs employeuses. Ce sont des agents recrutés, formés et engagés par ces opérateurs. Ceux-ci ont comme mission de répondre à toutes les plaintes d'ordre technique et transactionnel que les clients rencontrent. Ce sont eux qui gèrent au quotidien tous les problèmes liés au mobile money, notamment l'ouverture des comptes mobiles, le déblocage des comptes mobiles bloqués, le contrôle des services financiers, la restauration des PIN oubliés par leurs propriétaires, la vente des SIM11 actives et SIM blanches...

Comme le confirme monsieur Kamalondo, agent débrouillard (non employé) chez Vodacom RDC, cette catégorie d'acteurs est en étroite collaboration avec les agents officiels représentant les opérateurs de téléphonie mobile.

« Oui, nous collaborons et d'ailleurs la plupart des travailleurs qui sont à l'intérieur sont nos amis avec qui, nous avons commencé ici. Parce qu'il arrive que s'ils ont parfois besoin de quelqu'un à prendre ; ils prennent toujours parmi nous ici. On ne doit pas aller chercher quelqu'un à la cité ou en ville ici qui ne connait rien ; ils prennent toujours parmi nous parce qu'ils savent que nous connaissons déjà le travail et même s'il faudra qu'on m'ajoute d'autres connaissances ça ne sera pas beaucoup. Ce qui fait que quand on traîne ici ; c'est parfois dans l'espoir d'entrer un toujours à l'intérieur ».

A la question de savoir dans quelles circonstances les agents débrouillards collaborent avec les officiels, monsieur Kampemba, agent officiel de Airtel dit ceci :

« Oui ! Parmi eux il y a des amis et même des frères, comment on ne peut pas collaborer ? D'ailleurs, au-delà même des relations amicales et parentales, ils sont aussi agents comme nous même s'ils ne sont pas payés par l'entreprise. Pour votre information, un client qui passe par eux peut être bien servi que ceux qui viennent ici directement ».

11 Suscriber Identify Module ou Identification Module en français

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand