2. PROBLEMATIQUE
L'amélioration de la productivité du travail de
l'ensemble des agriculteurs en Afrique Subsaharienne constituera donc un
facteur clé de la satisfaction des besoins alimentaires des
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Les catastrophes naturelles, les famines et les guerres sont
trois exemples qui peuvent entraîner des êtres humains dans des
situations qui ne leur permettent plus de survivre par leurs propres moyens. Ce
n'est qu'avec le soutien d'autres personnes que ces hommes ont une chance de
subsister. L'aide humanitaire est l'une des réponses à la
détresse provoquée par ce genre de crise : elle permet de sauver
des gens, de les aider à reconstruire leur existence et essaie de leur
redonner un espoir en l'avenir. L'aide humanitaire peut se faire dans plusieurs
contextes mais elle vise toujours à venir en aide et répondre aux
besoins d'une population en difficulté. Elle peut s'activer en situation
d'urgence lorsque, par exemple une région est frappée par le
tremblement de terre (SEGUIN, 2019). L'aide humanitaire permet de
remédier à la détresse la plus grave.
L'aide humanitaire fait aujourd'hui face à de
nombreuses évolutions. Que l'on se réfère au changement
climatique, aux nouvelles technologies, à l'arrivée de nouveaux
acteurs ou à la réaffirmation de souveraineté, ces
changements mettent à mal les pratiques et modèles conventionnels
de l'aide. Les observations font état de nouveaux défis et
obligent un requestionnement (Loïc, 2017).
Une longue suite de situations difficiles et complexes ont
montré ces dernières années les limites des organes
humanitaires internationaux en termes de prévisibilité,
coordination, d'efficacité ou encore d'efficience, à ces
problèmes de fonctionnement se rajoute celui du manque de fonds (David
Manset, Lubica Hikkerova, 2017). Cette situation peut avoir de près ou
de loin un impact sur les activités agricoles constituant la survie de
la majorité de la population des pays sous-développés.
Pour cette dernière, la terre est leur souverain bien.
La population d'Afrique Subsaharienne qui devrait atteindre 1
998 millions d'habitants en 2050 selon les Nations Unies, subit actuellement
une transition démographique.
Même si la croissance de la population (3% de taux
annuel moyen) sur la période de 1960 à 2001 s'est
accompagnée également d'un accroissement de la population
agricole au taux moyen annuel de 1,9 %, la production agricole alimentaire
agrégée n'a cru que de 2,6 %. Sur cette même
période, la population agricole a dû nourrir une proportion sans
cesse croissante de personnes ne travaillant pas dans l'agriculture.
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populations dans un environnement international marqué
par une instabilité des prix des produits alimentaires sur le
marché international rendant le recours aux importations de plus en plus
onéreux et incertain (Alastaire, 2015).
En RD Congo, le potentiel agricole est unanimement reconnu
comme étant considérable : le pays disposerait d'une superficie
cultivable estimée à quelque 75 millions d'hectares dont moins de
10 millions d'hectares seraient exploités. Cette disponibilité
foncière et les énormes ressources en eau dont dispose le pays
avec le bassin hydrographique du fleuve Congo permettent d'entretenir l'espoir
d'une meilleure autosuffisance alimentaire réclamée avec
insistance par les Congolais. Ce potentiel fait aussi de ce pays et depuis
toujours une proie particulièrement convoitée pour l'accaparement
des terres, et ce d'autant plus que le sous-sol de la RDC renferme
d'importantes ressources minières (Al., 2014). La RD Congo longtemps
considérée comme perspective de développement
intéressante susceptible de contribuer au décollage
économique du pays, n'est pas parvenue à valoriser son potentiel
agronomique. Le pays doit continuer à faire face à des
défis humanitaires importants, d'où la faible production
conduisant au problème de la faim et ses conséquences.
En 2012, la RDC était classée 27e sur
79 pays selon l'indice mondial de la faim. Environ 70 pour cent de la
population n'a pas accès à une nourriture suffisante, tandis
qu'un enfant sur quatre souffre de malnutrition. Selon les estimations, 4,5
millions de personnes ont connu la crise alimentaire en RDC (Philippe LEBAILLY,
2014).
Au Sud Kivu, la terre joue un rôle important en tant que
moyen de production destiné à la subsistance des êtres
vivants. Au Bushi (la chefferie de Kabare en particulier), la densité
des populations est actuellement non proportionnelle aux espaces de culture et
expose ces dernières à une exploitation entre autre peu durable
et à l'insécurité alimentaire. Les morcellements de
terres, leur surexploitation, la déforestation, ...traduisent leur
dégradation et affectent l'accès aux moyens d'existence
(JONATHAN, 2010).
La province du Sud-Kivu à l'Est de la République
Démocratique du Congo est emprise aux crises multiples qui sont sources
des crises humanitaires graves.
Plusieurs acteurs humanitaires interviennent depuis plus d'une
décennie pour soulager dans la mesure du possible des millions de
personnes sinistrées avec une somme importante d'argent reçue de
la communauté humanitaire internationale.
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Il ressort que les interventions restent dans la plupart des
cas inscrits dans le domaine d'urgence avec impact à court terme et que
par ricochet les personnes et ou ménages assistés ne sont pas en
mesure de se libérer de ce régime d'assistance.
Souvent, c'est parce que ces bénéficiaires ne
sont pas totalement associés et écoutés, le gouvernement
n'est pas totalement impliqué et les acteurs humanitaires locaux n'ont
pas de moyens propres leur permettant de mettre sur pied leurs propres
politiques d'interventions. Il apparaît aussi que les capacités
locales ne sont ni considérées ni renforcées et que les
moyens de subsistances ne sont pas consolidés.
Pour quitter ce cycle infernal des besoins humanitaires, il
faut une prise de conscience de toutes les parties prenantes et mettre du temps
et le paquet nécessaire pour investir dans la production agropastorale
et soutenir les moyens de subsistance, améliorer les infrastructures,
redéfinir l'aide à partir des bénéficiaires,
investir dans la sécurisation et la prévention des catastrophes,
développer les capacités des ONG locales, accroître
l'implication du gouvernement pour finir par repenser le processus de l'aide
humanitaire (Mongane, 2014).
L'aide humanitaire malgré ses avantages dans les
résolutions des problèmes et misères des populations rend
certains paysans paresseux et tributaires de l'extérieur. C'est le cas
de la population des groupements de Bugorhe et Irhambi - Katana qui est notre
milieu cible pour cette étude. Il se constate dans cette entité
une situation de pauvreté et de famine sans précédent, les
sources alimentaires disponibles localement sont trop souvent insuffisantes,
comme conséquence : les maladies d'origine nutritionnelle dont la
kwashiorkor et le marasme ayant comme point de chute la mort.
Les enfants connaissent un taux élevé d'abandon
scolaire par manque de frais scolaires, le petit bétail qui constituait
la survie des ménages a été victime du vol et/ou pillage
par les groupes armés et autres bandits locaux. Nombreux sont ceux qui,
pour pallier à leur situation, se sont constitués en associations
villageoises d'épargne et de crédit (AVEC).
Plusieurs organisations humanitaires de développement
ont tenté d'intervenir pour apporter l'assistance aux nécessiteux
de ce coin soit de façon individuelle en octroyant le petit
bétail, les vivres, la construction des maisons soit de façon
collective en améliorant les infrastructures de base (la
construction des écoles, les hôpitaux, l'adduction d'eau potable,
l'entretien des routes de desserte agricole, ...).
è Découvrir et déterminer les actions
humanitaires de quelques ONG en faveur des groupements de Bugorhe et d'Irhambi
- Katana ;
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Cette étude cherche à répondre à une
problématique constituée de certaines questions dont :
- Quel est l'impact de l'aide humanitaire des ONG sur
l'amélioration des conditions de vie des bénéficiaires
de Kabare-Nord en général et des groupements de Bugorhe et
Irhambi-Katana en particulier ?
- Quelles stratégies faut-il mettre en place
pour permettre aux paysans de groupements susvisés de mener une vie
décente, d'auto-prise en charge et ne plus dépendre de l'aide
humanitaire seulement ?
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