4. Synthèse bibliographique
Dans cette partie, il s'agit de procéder à la
synthèse et l'analyse d'ensemble des documents lus à travers les
différents lieux de documentation. Ce qui nous amène à
visiter les différentes bibliothèques et documentation à
l'intérieur et en dehors de l'université. Parmi les
bibliothèques et d'autres lieux de documentations visitées nous
avons visité la bibliothèque universitaire de l'UGB, la
bibliothèque numérique de l'UCAD, le centre documentaire de l'UFR
LSH plus particulièrement celui de géographie, Google...Dans
cette documentation nous nous sommes intéressés sur
différents documents : ouvrages généraux et
spécifiques, documents officiels, rapports de recherche, articles,
revues, thèses de doctorat, mémoires de maitrise et de master II
entre autres. C'est ce qui nous a permis de connaitre les auteurs qui ont
porté leur plume sur la question de l'urbanisation mais aussi le
problème lié à la gouvernance.
Le phénomène d'urbanisation et son
historicité en Afrique sont évoqués par CATHERINE
COQUERY VIDROVITCH (1988), qui traite tout au long de son ouvrage
comment s'est déroulée cette urbanisation en Afrique. Mais il
s'avère que le processus d'urbanisation déclenché par la
colonisation est plus intéressant que le fait urbain noté pendant
la période qui précède l'avènement de l'Islam. Ici
la préoccupation de l'auteur est la dynamique d'occupation du sol, les
modalités d'appropriation foncière aboutissant ainsi de
reconstituer l'histoire de la ville africaine. Les filiations et les
héritages entre villes coloniales et contemporaines y sont aussi
développés. Cet ouvrage nous a permis de comprendre comment s'est
manifestée l'urbanisation en Afrique, ce qui a poussé les
européens à s'installer le long des côtes au
détriment des zones du continent. GABRIEL WACKERMANN
(2000), dans son ouvrage intitulé « Géographie
urbaine » nous donne une idée sur la naissance de l'urbanisation,
la place de la ville et son rôle dans l'économie du monde actuel.
En effet, selon l'auteur, « l'urbanisation est née de la
complexification des phénomènes urbaines. Elle est liée
à l'extension de l'espace urbain et aux problèmes qui
accompagnent celle-ci. Et la ville est le lieu par excellence de performance
des changements humains. Son rayonnement attire ruraux et urbains ». A
travers ces arguments nous comprenons la place fondamentale que joue la ville
à travers ces différentes fonctions dont celle économie
semble être au premier rang. En plus c'est pratiquement dans la ville
qu'on trouve l'extension de l'espace avec tous ces caractéristiques, les
mutations de toute sorte en termes d'innovation, d'idées
émancipatrices, de pouvoir de décisions. La ville est aussi cet
espace qui polarise les espaces environnants. Par ailleurs PIERRE
GEORGE (1970) aborde la question de la difficulté à
définir le concept de ville, la structuration et la population urbaine
ainsi que les activités et les fonctions des villes. De même
GARNIER ET CHABOT
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(1963) ont expliqué comment se manifeste les modes de
croissance des villes et leurs impacts sur le foncier rural ainsi que
l'organisation anarchique qui en découle. D'autres auteurs vont
être plus explicites dans leurs ouvrages en expliquant le
phénomène urbain. Le phénomène urbain est l'un des
traits les plus frappants de notre civilisation contemporaine, dont la ville
est le creuset (Racine, 1968). Dans son article «
Géographie urbaine et aménagement urbaine » RACINE
(1968) explique que la ville est aujourd'hui tout à la fois le
reflet de la projection au sol d'une société toute
entière, et un reflet le plus souvent inadapté, du fait des
contradictions entre la ville héritée et les formes
d'activités et de vie sociale qui doivent aujourd'hui y trouver place,
l'inégalité des rythmes de transformation du contenant et du
contenu étant la cause essentielle du malaise urbain actuel. Par
ailleurs, s'il est vrai que « l'urbanisme redevient une des pièces
maîtresses de la planification et se confond avec l'aménagement du
territoire, parce qu'on ne peut pas résoudre les problèmes d'une
ville sans concerner en même temps tout son cadre régional, qui
est à la fois sa source et sa zone d'influence ». Dans cette
étude l'auteur montre le caractère quantitatif des sciences
humaines. « On ne peut plus se contenter de classer les
phénomènes à étudier, de les comparer; on tend de
plus en plus à les mesurer ». Or il faut bien convenir que c'est
à ce niveau que les études des géographes français
sont le plus remarquablement insuffisantes. II semble bien que le plus souvent
c'est à priori que la valeur et l'intérêt de la mesure, ne
serait-ce que la mesure de corrélations simples, soit rejetée. Il
essaye de montrer la complexité de l'organisation de l'espace urbain.
Pour mieux spécifier le phénomène d'urbanisation
AMADOU DIOP disait « A Dakar, la ville a
été secouée dans toutes ses prenants tantôt l'allure
d'un vaste champ de ruine à reconstruire tantôt celle d'une ville
moderne. La croissance fulgurante de la ville rend cruciale la gestion foncier
urbain. Cette position semble cadrer, la croissance de la population urbaine
est un trait majeur de l'Afrique contemporaine (Diop, 2008).
Cette urbanisation entraine de profondes mutations sociales et spatiales. En
outre les études de MOMAR DIONGUE (2010) dans son
article sur « Périurbanisation différentielle : mutations et
réorganisations de l'espace à l'est de la région dakaroise
(Diamniadio, Sangalkam et Yene), Sénégal » dans la revue
carnet de géographie » nous semble plus intéressant
dans le cadre de notre étude. Selon lui la ville
sénégalaise a enregistré des mutations
accélérées qui affectent les dynamiques spatiales et
sociales, les processus de production, les cadres comme les types de gestion.
L'agglomération dakaroise est marquée par deux processus :
spatial par une densification horizontale et verticale, et économique
par une redistribution des activités et des différentes
catégories sociales dans la ville par les mécanismes du
marché. Ainsi les différents projets réalisés par
l'Etat sur l'axe Ouest-Est ont changé la nature des relations entre
l'agglomération dakaroise et ses périphéries.
25
Ainsi la ville comme Diamniadio, Sangalkam et Yene ont subi
l'enjeu lié à ce phénomène qui positionne cet
espace périurbain au centre de problème. Il part d'une approche
territoriale comparative de la périurbanisation et de
décentralisation. Cette démarche montre les logiques qui
sous-tendent leurs dynamiques et leurs effets sur la gouvernance territoriale
et le développement local. Quant à MOR DIOUF
(2008) dans son mémoire de maitrise sur « Eaux et
urbanisation dans la banlieue dakaroise : l'exemple de la commune
d'arrondissement de Thiaroye-sur-mer » évoque les conditions
de création de la ville de Pikine suite à un processus
d'urbanisation de la capitale dakaroise et l'étouffement de cette
dernière en tant que métropole. Pour expliquer cela il montre que
deux phénomènes sont à l'origine : l'aspect
économique et social qui sont inhérents du processus
d'urbanisation. Il s'agit donc d'une urbanisation de crise. Parce qu'elle
reflète une poussée démographique issue de tension
économique et sociale non résolues. Sous la forte croissance que
connait la région de Dakar, en raison de son urbanisation
accélérée sans aménagement conséquents,
combinés à l'afflux des immigrés et à son fort
accroissement naturel, la métropole commence à étouffer
dans son cadre général faisant de Pikine une ville satellite et
l'éponge de l'urbanisation du bulldozer qui se traduit par le
réceptacle des déguerpissements. Partant de ces faits Diouf
évoque quelques caractéristiques de l'urbanisation de Pikine
à savoir une croissance urbaine brutale issue d'une volonté
politique des autorités de l'époque qui en ont fait la pierre
angulaire de l'urbanisation accélérée qui s'est traduit
par les problèmes qui résultent d'un accroissement
démographique important et de l'immigration massive, d'une expansion
spatiale non contrôlée qui est la conséquence des surfaces
irrégulières urbanisées et enfin une ville à
croissance double. A cela il ajoute Thiaroye-sur-mer, en tant que zone amphibie
fait fille du déversement urbain périphérique. Ici il
expose divers facteurs qui ont impulsé la dynamique urbaine de la zone.
Ces facteurs sont à l'origine de la croissance urbaine de
Thiaroye-sur-mer. Il s'agit entre autres les facteurs socio politiques et les
facteurs démographiques et spatiaux. De même que ARAME
FAYE (2019) qui souligne que « l'étalement urbain de Dakar
engendre l'urbanisation de sa zone périurbaine »23.
LATSOUCABE MBOW retrace dans thèse intitulée
« Dakar : croissance et mobilité urbaine » l'historique de
Dakar et son double Pikine et leurs différentes phases d'extension
spatiale. Ses études ont permis de bien comprendre les mécanismes
d'extension de la ville de Dakar et de Pikine, à sa fragmentation en
territoires restreints au sein desquels s'expriment le plus
23 FAYE, A., 2019, Urbanisation et problèmes
fonciers à Sangalkam, mémoire de master II, Département de
Géographie, FLSH, UCAD, 107 pages.
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intensément les manières de vivre la ville.
Cette urbanisation fulgurante dans la capitale sénégalaise
conduit à de sérieux problèmes d'insertion
économique, sociale et professionnelle.
La commune de Tivaoune peulh étant une
périphérie dakaroise connait un tel état de fait.
Même si la zone n'avait pas jusqu'ici fait l'objet d'étude
scientifique néanmoins elle constitue un intérêt
particulier pour les chercheurs. C'est dans cette perspective que s'inscrit les
travaux de CHEIK ABDOU LAHAT NGOM (2013) dans mémoire
de master II sur « Urbanisation et problème de
l'aménagement urbain dans la périphérie de Dakar : le cas
de la localité de Tivaoune Peulh-Niaga ». Selon l'auteur le
rythme de croissance urbaine est devenu un phénomène
spectaculaire qui n'a pas fini d'étonner des décideurs
politiques, des spécialistes et les citoyens car depuis 2007 la
moitié de l'humanité vit en milieu urbain. Ainsi
l'agglomération de Dakar qui exerce une forte attraction de population
s'inscrit dans cette logique. De ce fait l'extension périphérie
de la ville de Dakar, l'étalement urbain ou la périurbanisation a
suscité une importance réflexion pour les dirigeants, les
chercheurs du fait de la rapidité du phénomène et les
diverses mutations qu'ils engendrent dans les périphéries
dakaroises plus particulièrement à Tivaoune Peulh-Niaga
situé à trente kilomètres (30km) du centre de Dakar. Il
ajoute que la forte croissance est d'abord liée par le croit naturel et
l'exode rural à Dakar qui ont conduit à l'épuisement des
terres qui s'est traduit par la nécessité d'être
attirée par d'autres lieux comme Tivaoune Peulh-Niaga et l'ampleur des
mutations s'explique du fait de l'occupation très rapide de l'espace et
les divers profils qui caractérisent les arrivants se traduisant par les
changements sociodémographiques, morphologiques et fonctionnels. C'est
dans cette logique que s'inscrivent les propos de GORA DIA
(2018) dans son mémoire de master II sur «Dynamiques
spatio-démographiques et gestion urbaine dans les
périphéries de l'agglomération dakaroise : le cas de
Tivaoune Peulh-Niaga ». Pour lui la dynamique urbaine de la zone
semble suivre le rythme très rapide de la ville de Dakar. Ainsi, il
évoque que l'urbanisation galopante est source d'insuffisance de
services sociaux de base, d'équipements et d'infrastructures, mais aussi
d'une inégale répartition de ces services dans l'espace.
L'urbanisation grandissante résulte de deux facteurs l'importance du
taux d'accroissement naturel dans les villes et l'apport migratoire qui
s'explique par les inégalités spatiales en matière de
dynamique économique dues « aux héritages de l'histoire des
civilisations agraires, de la colonisation et aux choix politiques post
indépendances »24.
24 KANE, O., 2015, Urbanisation et développement local
socioéconomique dans la périphérique dakaroise : cas de la
commune de Sébikotane, Mémoire de master II, Département
de géographie, FLSH, UCAD. 82pages et Annexes
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Outre que l'urbanisation, la question de la gouvernance a
été abordée aussi par les chercheurs. Dans sa thèse
de Doctorat unique sur la « Gouvernance territoriale et enjeux de
l'intercommunalité : cas du département de Pikine »,
MODOU FALL traite la question de la gouvernance comme
l'incohérence des politiques territoriales et pose des enjeux
environnementaux, économiques ainsi que politiques dans le
département de Pikine en particulier. Cette problématique de
gouvernance pose le problème de développement et de
l'aménagement dans la zone. Il souligne que cette problématique
devient une réalité incontestable avec une urbanisation galopante
occasionnant une demande accrue d'accès aux services sociaux de base.
De même que MOR KHARY FALL (2008) dans
son mémoire de maitrise sur « la gouvernance urbaine, et la
démocratie locale participative : nature et organisation des acteurs
dans la commune d'arrondissement de Ouakam » traite la question
gouvernance autrement c'est-à-dire s'il a problème gouvernance
cela veut dire la démocratie locale participative n'est pas effective.
De là nous comprenons que la bonne gouvernance nécessite
l'implication efficient de divers acteurs locaux. Il ajoute que si la
participation des différents acteurs n'a pas contribué à
la bonne gouvernance et au développement économique et
socioculturel c'est qu'il y a un mauvais management l'organisation des acteurs
locaux.
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