Hypothèses générale :
La forte croissance urbaine dans le centre urbain de Dakar
crée des problèmes d'urbanisation galopante, de gouvernance dans
la périphérie dakaroise, Tivaoune Peulh étant une
périphérie dakaroise connait un tel fait.
Hypothèses spécifiques :
Hypothèse spécifique 1 :
L'étalement urbain de Dakar entraine l'urbanisation de sa zone
périurbaine.
Hypothèse spécifique 2 :
l'urbanisation galopante transforme la structure socio-économique,
spatiale et pose les problèmes de litiges fonciers et d'accès aux
services urbains de base à Tivaoune Peulh.
Hypothèse spécifique 3 : les
documents de planification tels que le PDU et le PUD n'ont pas réussi
à canaliser cette urbanisation et ceci du fait que les différents
acteurs sont moins impliqués dans la gestion urbaine de la commune.
17
3. Clarification conceptuelle
Pour une meilleure compréhension de notre thème,
il est nécessaire de clarifier les concepts qui le structurent. Elle
nous permettra de bien saisir les mots clés, de maitriser notre
problématique mais aussi de savoir comment les appréhender dans
le cadre de notre étude. C'est dans ce sens qu'EMILE DURKHEIM
dans « Les règles de la méthode »
PUF, Paris, 1997 disait que « tout discours scientifique doit utiliser
des concepts clairs et précis afin de se démarquer de la
confusion qui caractérise le sens commun ». Ainsi plusieurs
concepts clés que nous utiliserons tout au long de ce document se
dégagent : Urbanisation, Gouvernance, Commune, Ville, Croissance
urbaine, Périphérie, Foncier,
Acteurs.
? Urbanisation
L'urbanisation dérive du verbe Urbaniser.
L'urbanisation désignant en ce sens la concentration des populations
dans les villes. C'est un processus, maîtrisé ou subi, qui se
caractérise par la croissance des villes et de leur
périphérie au détriment des espaces ruraux. Dans le
dictionnaire le Grand Robert, le terme urbanisation est
défini comme une concentration croissante de la population dans les
agglomérations urbaines. De là nous pouvons comprendre que
l'urbanisation peut désigner un groupement important de population
groupée dans un territoire aménagé. Ce pendant
l'urbanisation peut désigner un groupement important de population
groupée dans un territoire non aménagé ou parfois mal
aménagé. C'est l'exemple des quartiers
périphériques de Pikine, Tivaoune Peulh, Yeumbeul entre
autres.
Et selon le dictionnaire de WACKERMANN,
l'urbanisation désigne une « transformation plus moins rapide du
paysage rural en paysage urbain, processus entrainant de profondes mutations
environnementales, structurelles et fonctionnelles»14. Par
ailleurs celle proposée par Pierre George nous semble plus exhaustive :
« l'urbanisation au sens strict est le processus de
développement des villes, en nombre d'habitant, en extension
territoriale, en terme aussi des modes de vie... »15.
Cette définition nous parait plus explicite dans la mesure où, en
parlant de « mode de vie » l'auteur évoque l'idée d'un
milieu rural et un milieu urbain diffèrent par leur organisation
sociale, économique et spatiale.
Dans la même mouvance JACQUELINE BEAUJEU-GARNIER
(1995) la définit comme « le mouvement du
développement des villes, à la fois en nombre et en taille,
numérique et
14 WACKERMANN, G., 2005, « Dictionnaire de
Géographie » p 397
15 PIERRE GEORGE cité par KANE, O., 2015, dans
son mémoire de master II
18
spatiale ; il concerne tout ce qui est lié à la
progression directe du phénomène urbain, et transforme peu
à peu les villes ou les banlieues et souvent les deux ». Au regard
de ces définitions émient par les auteurs, nous pouvons dire que
l'urbanisation est un processus de développement des villes et de
concentration des populations dans ces dernières.
? Gouvernance
La gouvernance est une notion parfois controversée, car
définie et entendue de manière diverse et parfois contradictoire.
La revue des définitions de la notion de gouvernance (REY,
VALETTE ET AL, 2008) témoigne du caractère
polysémique et flou de cette notion, qui présente du coup
d'avantage de permettre « Des réceptions et usages
différenciés à du bricolage », selon les termes de
R. PASQUIER ET AL (2007). Mais on peut retenir que la notion
de gouvernance est issue des travaux sur les modalités d'organisation et
de fonctionnement des entreprises. Cette gouvernance publique ou privée,
a pour but de fournir l'orientation stratégique, de s'assurer que les
objectifs sont atteints, que les risques sont gérés comme il faut
et que les ressources sont utilisées dans un esprit responsable. Selon
MODOU FALL (2014) dans sa Thèse de Doctorat unique,
souligne que « la gouvernance est étroitement associée
aux politiques publiques ou privées et se spécifie, selon les
spécialistes, en fonction des angles d'analyse, des échelles
territoriales qu'elles soient urbaines ou rurales ou à quelconque
domaine». A cet effet, on assiste à la prolifération
des expressions comme Gouvernance mondiale, Gouvernance de l'environnement,
Gouvernance urbaine, gouvernance locale, bonne gouvernance etc. De la
MICHEL CASTEIGTS dans son article sur « la Gouvernance
des villes en crise » évoque que la gouvernance en tant
modèle politique accorde la priorité à la participation de
la société civile aux décisions publiques, notamment par
l'intermédiaire des associations. La gouvernance est alors à la
fois un outil de structuration des mouvements sociaux locaux et un instrument
de renforcement de la légitimité des gouvernements locaux par la
combinaison de la démocratie participative et de la démocratie
représentative16. Elle a pour objet d'élargir le
consensus local autour des choix politiques fondamentaux pour améliorer
le rapport de forces entre les villes et les autorités régionales
ou
16 CASTEIGTS, M., 2003, LA GOUVERNANCE DES
VILLES EN CRISE - Les modèles occidentaux sont-ils transposables aux
pays en développement ?. Gouvernance partagée: la lutte contre la
pauvreté et les exclusions Conférence régionale
internationale de l'Institut international des sciences administratives, Jul
2003, Yaoundé, Cameroun. ffhalshs-00321360v2f.
19
nationales. Ce modèle se rencontre souvent lorsque les
pouvoirs locaux disposent d'une base institutionnelle ou financière
fragile.
Aujourd'hui, la gouvernance renvoie à l'organisation et
à la gestion de l'action publique et privilégie l'interaction
entre l'Etat et les divers acteurs entrant en jeu. Ainsi la prise de
décision verticale imposée par l'Etat centrale est
reléguée au second plan et le partenariat entre acteurs est
privilégié. Ainsi, la BM met en avant le concept de gouvernance
en misant sur l'efficacité voire l'efficience, la responsabilité
voire l'autonomisation, la participation de tous et la transparence dans la
gestion. L'apparition de cette notion est ainsi pour favoriser la promotion de
la démocratie et la lisibilité dans la gestion de l'action
publique. Tivaoune Peulh étant une nouvelle commune connait une telle
problématique de gouvernance d'où la nécessité de
clarifier cette notion de commune
? Commune
La commune demeure un concept difficile à
définir et analyser dans la sphère géographique. Pour
certains le fondement du concept repose uniquement sur la politiques
territoriales, donc pour eux la commune est purement administrative hors
l'évolution des décisions administratives relevant de la
décentralisation pousse les géographes à s'interresser
plus sur le sens qu'à son contenue textuelle. En France, elle est «
la plus petite subdivision administrative du territoire, administrée
par un maire, des adjoints et un conseil municipale ».17
En ce sens, la commune est un espace de terre au sein du territoire bien
fondé et délimité regroupant un ensemble de personne
jouissant le désir d'être en communauté restreint ou
élargie en y adjoignant leur volonté et la gouvernance locale.
Celle qui renvoie à son aspect géographique est « une
circonscription territoriale pouvant correspondre à une ville, à
un bourg, avec ses villages ou à un groupe de village
»18. Dans ce cas, elle peut-être rurale ou urbaine ou
bien sur une portion du territoire rurale ou urbaine, c'est le cas au
Sénégal. Au Sénégal, la commune est
créée par décret qui fixe en même temps le nom, le
chef-lieu et les limites (périmètre). Ainsi avec l'Acte III de la
décentralisation de 2013, elle est définie comme « la
collectivité territoriale qui regroupe les habitants de la même
localité unis par la solidarité, résultant du voisinage et
désireux de traiter leurs propres intérêts et afin capables
de trouver les ressources nécessaires
17 Dictionnaire Le Grand Robert
18
https://fr.m.wikipedia.org
20
à leurs propres affaires »19.
C'est une entité admirative composée de trois organes à
savoir le Maire, le conseil municipal et la municipalité et le tout dans
un territoire bien déterminé.
? Ville
La ville a toujours fait l'objet de nombreuse controverse
selon les auteurs et les spécialistes des questions urbaines quant
à la définition qu'on devrait l'attribuer. Elle est l'une des
formes marquantes de la modernisation des sociétés
contemporaines. Sa définition diffère d'une entité
géographique à une autre. Mais les critères tels que le
paysage, le nombre d'habitants et les activées dominantes permettent
d'esquisser une définition de la ville. C'est ainsi que d'autres auteurs
ont tenté de donner une définition de la ville malgré
cette complexité. C'est le cas de PIERRE GEORGE (1990)
définit la ville comme « un groupement de population
agglomérée caractérisé par un effectif de
population et par une organisation économique et sociale
».20 Cette définition montre l'aspect important
d'habitants et leur organisation sur le plan socio-économique.
MERLIN P. ET CHOAY F., 1988, considère
que « la ville nait fondamentalement des fonctions centrales
d'échanges ». Cette considération montre le caractère
essentiel de la ville fondé autour des activités et constitue un
lieu de rassemblement des populations. AYDALOT (1976),
rapprochant le jugement d'un certain nombre de spécialistes,
écrit : la ville existe concrètement ; elle est le cadre
d'exercice d'une fonction sociale (culture, valeur, protection de l'individu) ;
elle est l'élément fonctionnel d'un système
économique, le cadre d'un pouvoir de décisions exercées
par une bourgeoisie cohérente, l'unité définie par la
« quotidienneté » du marché du travail.
Celle donnée par JACQUELINE BEAUJEU GARNIER
semble plus explicite pour nous, ce dernier la conçoit comme :
« une concentration d'hommes, de possibilités de toutes sortes
(travail, information...) ayant une capacité d'organisation et de
transmission, elle est à la fois sujet et objet. En tant qu'objet, elle
existe matériellement ; elle attire et accueille des habitants auxquels
elle fournit par sa production propre ou par son commerce, et par ses
équipements divers la majeure partie de tout ce dont ils ont besoin
»21. Ici ce que nous tirons comme conclusion est la
capacité de la ville liée à sa fonction d'organisation et
de transmission, de son
19 Cours de Licence 3 sur Droit des
collectivités territoriales, 2020 où cette définition a
été donnée par le professeur Diouf. Donc on peut
comprendre que la collectivité territoriale est un maillage du
territoire et gérée par les élus locaux et regroupe les
habitants qui ont le désir de traiter une même question.
20 George, P., 1990, Dictionnaire de
géographie, 475 pages
21 GARNIER, J.B., 1980, Géographie urbaine,
Armant Colin, Paris, 360 pages
21
caractère attractif aux services qu'elle offre aux
citadins. Elle occupe donc une place centrale et constitue un point de
convergence où se font les échanges et les rencontres de toute
nature ; et concentre en son sein des activités secondaires et
tertiaires que primaires grâce à cette capacité de
production qu'elle a au détriment de la campagne.
? Croissance urbaine
La croissance reflète plus une idée de
dimension, de quantité que de qualité. Dans les pays africaines,
la croissance urbaine perçu se fait pour la plus part sans
règles, ni normes. Dans ce contexte que ceux qui viennent en ville,
répondent plus à un besoin qu'à une ambition.
Etymologiquement urbain vient « du latin urbs, la ville
»22 La première manifestation de la croissance
d'une ville est l'augmentation de sa population ; c'est également le
développement dans la ville et autour, de certaines activités
spécifiques.
A cet effet pour qu'il y ait croissance urbaine, il faut
d'abord « une extension des formes urbaines, de l'occupation et de
l'organisation de l'espace qui sont interdépendantes »
(ALAIN DURANT ET AL, 1976). Cette extension des formes
urbaines découle de phénomène d'urbanisation dont la
conséquence est la forte croissance démographique et l'extension
spatiale vers les périphéries.
? Périphérie
La périphérie ou aire d'extension d'une
agglomération est une entité spatiale située à la
limite de ville. Elle se distingue du centre qui est le lieu de commandement et
de concentration des richesses, et elle est toujours dominée par ce
dernier. Selon le Grand Robert c'est un « ensemble des
quartiers éloignés du centre et situé de part et d'autre
de la limite, de l'enceinte d'une ville, soit à l'extérieur
(banlieue), soit à l'intérieur. Elle est occupée pour la
plus part, par l'habitat précaire qui se traduit par la création
des quartiers irréguliers et spontanés.
? Foncier
Le foncier « relatif à un bien-fonds » selon
le Dictionnaire le Grand robert. En parlant aussi on
sous-entende l'idée de « propriété foncière
», qui possède un fonds, des terres. C'est qui fait dire à
COMBY dans son dictionnaire du foncier : « le foncier
c'est le terrain ». Dans cette acception première, « le
foncier désigne la terre » (et parfois, par extension, les
constructions et aménagements qui sont dessus), non pour
elle-même, mais en tant fonds d'une exploitation
22 LACOSTE, Y., 2007,
cité par Thierno Kane., 2013, dans son Mémoire de Master
II
22
ou d'une rente ». Il ajoute qu'il n'y a de foncier sans
une notion d'appropriation et de valorisation. Dans l'étude foncier, le
juridique et l'économique sont intimement liés. Sans droit
d'appropriation (individuelle ou collective), une terre n'a aucune valeur
particulière : lorsqu'elle sort du champ juridique, la terre sort
également du champ économique. Cette idée d'appropriation
nous amène à dire que le foncier, c'est la ressource et
l'ensemble des hommes autour de cette ressource.
? Acteurs
Il est souvent complexe de parler des acteurs du
développement au niveau local en excluant la relation entre la bonne
gouvernance et les notions de responsabilisation et de participation. C'est
partant de ces notions que s'inscrit la définition donnée par le
Dictionnaire Le Grand Robert : « personne qui joue un
rôle important, prend une part active (dans une affaire ou ouvrage).
Autrement dit, personne qui intervient dans un domaine. Partant de cette
clarification du concept nous pouvons dire que les acteurs sont des personnes
qui interviennent dans la gestion d'une affaire comme l'organisation d'une
entité, le développement, à savoir l'Etat, les
sociétés civiles, les associations communautaires, les
organisations non gouvernementales (ONG) etc. Au Sénégal dans le
cadre de la gouvernance, de la décentralisation, l'implication de ces
acteurs est une nécessité pour assurer développement local
mais aussi de pouvoir parvenir à une bonne gouvernance surtout dans le
cadre de la gestion urbaine.
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