V. L'intervention externe en SOMALIE
Après avoir étudié la situation politique,
économique et les problèmes structurels de la
Somalie, nous essaierons d'aborder le rôle de la
communauté internationale dans ce pays africain pauvre à travers
le rôle de certaines organisations telles que les Nations Unies et la
Banque mondiale. Notre objectif ici est essayé de découvrir
l'assistance fournie par ces organisations afin de résoudre les
problèmes sécuritaires, économiques, politiques et
structurels du pays.
V.1 Les nations unies
V.1.1 ONUSOM
Le Conseil de sécurité décide de l'envoi
d'observateurs et d'une force de sécurité pour surveiller le
cessez-le-feu à Mogadiscio et permettre l'acheminement de l'aide
humanitaire. Ainsi est créée la première mission de l'ONU
en Somalie, ONUSOM. Le 3 décembre 1992, le Conseil de
sécurité se réunit, dresse un bilan de la situation en
Somalie, appelle à la fin des hostilités. Le secrétaire
général recommande l'intervention d'une force sous le
commandement d'un État et le Conseil de sécurité, en vertu
du chapitre VII de la Charte des Nations unies autorise à employer tous
les moyens nécessaires pour instaurer aussitôt que possible des
conditions de sécurité pour les opérations de secours
humanitaire en Somalie. La résolution 733 du 23 janvier 1992 appelle
à un cessez-le-feu et à l'embargo sur les armes à
destination de la Somalie, mais elle sera suivie de peu d'effets. La
résolution 751 autorise la
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mise en place d'une opération à Mogadiscio
à partir d'avril 1992 : l'Opération des Nations unies en Somalie
«ONUSOM».
Cette opération a pour but de :
Restaurer la sécurité intérieure en
Somalie ;
Surveiller le respect du cessez-le-feu à Mogadiscio
;
Assurer la protection du personnel, des installations et du
matériel de l'ONU à Mogadishu ; Escorter l'acheminement de l'aide
humanitaire jusqu'aux centres de distribution de la capitale et de ses environs
immédiats.
En août 1992, le mandat et l'effectif d'ONUSOM I ont
été élargis de manière à lui permettre de
protéger les convois humanitaires et les centres de distribution dans
l'ensemble de la Somalie. Reposant sur le chapitre VI de la Charte des Nations
Unies, qui prévoit la résolution pacifique des conflits, l'ONUSOM
I est constituée d'une cinquantaine d'observateurs accompagnés
d'environ 500 soldats.
L'ONUSOM n'est pas parvenue à remplir les objectifs
fixés par son mandat : faciliter la cessation immédiate et
effective des hostilités et le maintien d'un cessez-le-feu dans
l'ensemble du pays afin de promouvoir le processus de réconciliation et
de règlement politique en Somalie et de fournir d'urgence une aide
humanitaire. Après l'échec de la première mission
de l'ONU en somalie, Le Conseil de sécurité
décide dans sa résolution 794 du 3 décembre 1992 de la
création d'une force d'intervention, l'UNITAF, sous autorité de
l'ONU mais sous commandement autonome des États. Il s'agit de la
première intervention menée au nom du droit international
d'ingérence humanitaire. Cette force d'intervention unifiée a
pour mission d'employer tous les moyens nécessaires pour instaurer
aussitôt que possible des conditions de sécurité pour les
opérations de secours humanitaire en Somalie, se basant cette fois sur
le chapitre VII de la charte de l'ONU qui autorise le recours à la force
armée.
Reprendre les activités de la force d'intervention
unifiée, force multinationale organisée et dirigée par les
États-Unis d'Amérique qui, en décembre 1992, avait
été autorisée à employer "tous les moyens
nécessaires" pour restaurer des conditions de sécurité
pour les opérations de secours humanitaire en Somalie. Le mandat
d'ONUSOM II consistait à prendre les dispositions appropriées, y
compris des mesures de coercition, pour instaurer dans toute la Somalie des
conditions de sécurité pour les opérations de secours
humanitaire. A cette fin, ONUSOM II s'est efforcée de terminer,
grâce au désarmement et à la réconciliation, la
tâche commencée par la force d'intervention unifiée en vue
du rétablissement de la paix, de la stabilité et de l'ordre
public. Elle était chargée notamment de contrôler la
cessation des
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hostilités, de prévenir la reprise de la
violence, de saisir les armes de petit calibre non autorisées, d'assurer
la sécurité dans les ports, aéroports et sur les voies de
communication nécessaires pour l'acheminement de l'assistance
humanitaire, de poursuivre le déminage et de faciliter le rapatriement
des réfugiés en Somalie. ONUSOM II a également
été chargée d'aider le peuple somalien à
reconstruire l'économie et la vie sociale du pays, à remettre en
état les structures institutionnelles, à assurer la
réconciliation politique nationale, à reconstituer un Etat
somalien fondé sur un régime démocratique et à
réorganiser l'économie et l'infrastructure du pays. En
février 1994, après plusieurs incidents violents et agressions
contre des soldats des Nations Unies, le Conseil de sécurité a
révisé le mandat d'ONUSOM II pour exclure l'utilisation de
méthodes de coercition. ONUSOM II s'est retirée au début
du mois de mars 1995.
Toutefois une mauvaise analyse de la situation et une
méconnaissance de la structure sociale et politique de la Somalie vont
conduire à un échec de cette dernière mission. La
réconciliation politique nationale prônée par l'ONU vise
à reconstituer un État somalien avec un régime
démocratique fondé sur le modèle d'un Etat nation. Dans
cette logique, la négociation avec les différents protagonistes
ne s'accompagne pas de l'élaboration d'une solution adaptée et
conduisent à des confrontations armées avec les forces
onusiennes. Finalement, l'ONU décide son retrait du pays en mars 1995.
Le pouvoir politique est encore plus désorganisé et aucune
autorité ne réussit à s'imposer sur l'ensemble du
territoire. L'intervention onusienne laisse donc derrière elle une
Somalie dans une situation presque plus chaotique qu'à son
arrivée.
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