II.3 Sur le plan Politique
Ancienne colonie britannique «au nord» et italienne
«au sud», la Somalie a acquis son indépendance en 1960. Neuf
ans plus tard, le régime parlementaire est renversé par un coup
d'État du général Siad Barre, qui s'installe comme
président de la République. Mais cette soudaine centralisation du
pouvoir n'efface pas les divisions, principalement claniques, qui minent la
société somalienne. Une guerre civile éclate à la
fin des années 1980, qui aboutit à la chute de Siad Barre. Avec
son régime, c'est l'État qui s'effondre en
Somalie37.
Dans le même temps, la tentative d'intervention
militaire des Nations unies, États-Unis en tête, ne parvient pas
à endiguer la violence. Après cet échec, la Somalie n'est
plus apparue comme une priorité dans l'agenda international
jusqu'à l'apparition du risque du djihadisme terroriste lié
à al-Qaida. En l'absence d'un État capable de gérer le
pays, les chefs religieux islamiques ont pris peu à peu le pouvoir, via
l'Union des tribunaux islamiques (UTI). Le 11-Septembre va placer l'UTI dans la
ligne de mire des États-Unis, dans le cadre de la guerre contre le
terrorisme. Mais là encore, les tentatives plus ou moins souterraines de
déstabiliser le pouvoir islamique échouent. Elles aboutissent au
contraire à la rupture de la frange dure de l'UTI, les shebab, qui
entrent en conflit avec le pouvoir de Mogadiscio, soutenu à bout de bras
par la communauté internationale. Ainsi, depuis 2011, la scène
politique somalienne s'est quelque peu apaisée. En 2012, une
constitution provisoire a été adoptée. Elle a permis la
mise en place d'un Parlement qui a élu Hassan Sheikh Mohamoud à
la magistrature suprême. Mais les mandats du Parlement et du chef d'Etat
de la République fédérale viennent à
échéance en 2016. Or, le maintien des institutions, au coeur de
la transition politique, est crucial. Les grandes réalisations
comprennent les élections pacifiques de février 2017, qui ont
désigné un nouveau président et un parlement
fédéral où les femmes et les jeunes sont mieux
représentés, et la création de plusieurs États
fédéraux autonomes. Les efforts visant les
37 Carlos Jiménez Piernas,L estados
fracasados y el derecho internacional: el caso de Somalia, 2010, Revista
Española de Derecho Internacional, p. 2.
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questions constitutionnelles doivent être
accélérés, et un règlement fédéral
doit être accepté pour définir la répartition des
pouvoirs et la meilleure façon d'affecter les ressources et les
recettes.
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