III. 2.2.4. Le risque de disparition de l'idego
Jadis, nous avions des rites réparateurs de
séparation et de deuil : les parents, amis, voisins, venaient
veiller le mort et lui dire au revoir. Il y avait les vêtements noirs,
les fleurs et les couronnes, des cérémonies de tout genre, les
prières, les adieux, l'enterrement. On faisait l'éloge du
défunt. Il y avait les visites, les lettres de condoléances et de
remerciements, la sortie du deuil et la messe d'anniversaire. Il y avait
aussi, juste après la cérémonie mortuaire, des repas
conviviaux au cours desquels la vie sociale reprenait. Boire et manger ensemble
étaient un rite d'union, quelle qu'en soit l'occasion. On parlait du
disparu, on se souvenait des bons moments passés ensemble. Ce temps de
convivialité pouvait être un repas en famille, une simple
collation chez soi, dans un restaurant ou café, près du
cimetière. C'était un moment important, ressourçant, afin
de ne pas repartir seul avec des tristes pensées. La
convivialité, le fait d'être ensemble, entourée
d'êtres qui nous aiment, peut soulager la tension de l'adieu et apporter
un certain réconfort. Dans l'ensemble, ces rites que l'on retrouvait
dans les sociétés traditionnelles, ne sont plus
intégralement pratiqués de nos jours. Il y a de plus en plus des
deuils non faits qui se sont accumulés au fil du temps. De même,
certains rites consubstantiels à la mort et au deuil courent le risque
de disparaitre. C'est le cas de l'Idego qui de plus en plus est
considéré d'anabaptiste par certaines religions et inutilement
onéreux dans une société où la théorie de la
rationalité (coût-avantage) forge les comportements des individus
et des sociétés.
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