2. KUBAKAMIA IBANGO
C'est en fait faire flamber les redevances de l'idego
au-delà de la convention ordinaire du payement en tenant compte de la
nature du décès survenu : décès survenu
à la suite d'un assassinat à l'aide d'une lance ; mort
survenu à la suite des coups et blessures ainsi qu'une mort subite due
au gri-gri. La tristesse profonde provoquée par un tel
décès modifie les modalités de payement de la redevance de
l'Idego. C'est une mort volontairement provoquée qui angoisse toute la
communauté. Le proverbe lega « witabubi,
walegabusoga » (si tu tues mal, tu dois bien payer) traduit bien
cette réalité.
A la fin du rite de l'Idego, le Ntendi(porte-parole) est
payé au même titre que tous ceux qui ont un quelconque lien avec
le défunt(Bilongo). Ces derniers sont payés car ils sont
témoins et conseillers de la famille qui paye la redevance. Jadis, le
non payement de l'Idego provoquait des affrontements à l'arme blanche
débouchant au versement du sang. Certains décès
dérogeaient exceptionnellement au rite de l'Idego : la mort d'un
bébé (kazwa), mort par enflement du ventre, le
décès d'un fou (musile), décès d'une femme enceinte
(mpita, mpinde), mort par auto-pendaison (kwikama), mort d'épilepsie
(luungu), la mort d'un soldat au front (wakwaku bita) et la mort d'un albinos
(kyema). Ces derniers cas de décès ne font pas l'objet de l'Idego
parce que les intéressés n'ont rien légué à
la famille. Cependant, si un de ces cas de décès survient, un
bouc doit être offert et égorgé pour le repas entre les
deux familles éprouvées. Cette cérémonie s'appelle
simplement « Kisabululu ». Si le destin a fait du
défunt un homme riche, la valeur de sa redevance d'idego prend de
l'ascenseur. Mais par contre, si c'était un indigent, sa redevance
d'idego reste tout ordinaire. Comme le propose l'objet de cette étude,
il sied de noter que les indemnisations funéraires ne sont plus
versées ou payées comme elles l'étaient dans les temps
immémoriaux. Des édulcorations de ces rites funéraires
sont tangiblement observées. L'argent a remplacé les cauris dans
le payement des Misonga. De même, la monnaie a remplacé certains
biens matériels de l'Idego.
Pour terminer, chez le peuple Lega, l'Idego n'est pas une
institution si vieille que ça. Les légendes de ce peuple le font
remonter au deuil d'une épouse dont l'époux a été
tellement rongé par le chagrin de la mort de sa femme bien aimée
qu'il a jugé opportun de repartir son patrimoine en deux parties. Une
partie a été offerte à sa belle-famille et l'autre partie,
a été donnée à sa propre famille. Il a
renoué et retissé les liens et l'amour avec sa belle-famille.
Cette reprise des relations aurait incité sa belle-famille à lui
donner la main d'une autre jeune femme. C'est pourquoi, il nous est convenable
de déduire que la signification profonde de l'Idego est de consolider
l'amour et combler le vide béat provoqué par la mort et
recréer la paix dans les deux familles éprouvées. L'Idego
est une communion entre les deux familles éplorées afin
d'éviter et d'amortir le sentiment de haine.
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