LE RITE INDEMNISATOIRE D'IDEGO
Comme dit précédemment à l'introduction
de cette étude, l'idegoest constitué, en fait, des biens ou
redevances que la famille paternelle du défunt paye à la famille
maternelle. Il peut s'agir d'un enfant qui meurt, dans ce cas son père
est redevable de l'idego auprès des oncles de son fils (sa
belle-famille). Il peut également s'agir d'une épouse et dans ce
cas d'espèce, c'est son mari éploré qui doit verser
l'indemnité funéraire de l'Idego. Ça concernerait
également un homme adulte qui meurt. Dans ce cas, sa famille
élargie doit verser son indemnité funéraire à ses
oncles.
Son sens est de resserrer davantage les liens familiaux et de
perpétuer le lien du mariage. L'Idego est généralement et
invariablement constitué d'une chèvre (Kiburikyampene), du
Musanga (100 unités de cauris ou coquillage) ou Magana mabele ma
mosanga(2000 FC), du byomamorobakamo, de l'Isuusimwanakunina(pièce de
pagne en raphia) et les redevances corporelles et les outils de travail jadis
utilisés par le défunt.
Ordinairement, cette dernière partie de ces redevances
compensatoires varie selon les sexes des défunts. Ainsi, pour l'homme
adulte et valide, l'ensemble des biens suivants doivent également faire
partie de la composition de l'Idego : le Minkwankete( deux ossements du
dentier de la chèvre), le Munkinini( deux parties du tronc), le
Buntonto( le cervelet ou la moelle épinière), l'Isumo( la lance),
le Mugusu(la machette), le Mwene( couteau) et le nsago( le sacoche
traditionnel). Par contre pour la femme, le byoma (métal), le luzi(
panier ) et le Mwene.
La redevanceindemnisatoire de l'Idegobénéficie
en premier lieu à la parentèle du défunt alors que la
pitance alimentaire dite Mibulobulo est une manne collective
bénéficiant à tous les deuilleurs présents ou aux
neveux du défunt ainsi qu'à tous les passants. Les
bénéficiaires de la pitance alimentaire dite
« Mibulobulo » sont les petits-fils et
arrières-petits fils du défunt. Ils sont appelés en
dialecte lega « Basawakalanga ». Les neveux
également en sont bénéficiaires ou les membres de
certaines tribus qui ont un quelconque lien avec les Lega, comme les
Bangubangu, considérés comme les descendants de la soeur des
Lega, appeléeNgalia. A ceux-ci, le Mibulobulo est constituée
d'une poule, d'une vanne de paddy ou de farine de manioc, d'une bouteille
d'huile et un colis de sel. Le Bangubangu, par contre, payent aux Lega, en cas
de décès d'un Mubangubangu les biens suivants : un bouc,
unbassin de paddy ou de farine de manioc et un colis du sel.
La chèvre (Kiburikyampene) constitutive de la redevance
de l'idego est d'une importance capitale. En fait, cette chèvre n'est
pas destinée à la consommation mais plutôt à
l'élevage de sorte que si elle parvient à avoir des chevreaux,
ceux-ci serviront de dot pour le mariage d'un jeune, membre de la famille
maternelle du défunt. Et, le nouveau marié à l'aide de la
chèvre de Maliba, en cas de procréation, est soumis à
l'obligation de donner au nouveau-né le nom du défunt pour
assurer, croit-on, la perpétuation de ce dernier. C'est pourquoi un
adage lega illustre bien cette croyance en ces termes :
« Muntuntende, ikolo », c'est qui voudrait dire
littéralement que l'homme ne meurt pas, c'est un rejet de l'igname. Il
ne disparait pas complètement, il faut qu'il se réincarne au sein
de la famille. Par ailleurs, le bouc du Misonga ou Mibulobulo est
égorgé immédiatement alors que la chèvre de Maliba
est élevée pour la pérennisation du nom du
défunt.
L'idego joue également le rôle de resserrement
des liens familiaux que le vide créé par la mort allait
détruire ou affaiblir. Un proverbe lega l'illustre très bien en
ces termes : « bukutibwamubuto »
(révérence à la fraternité) ou
« kubulunganiamubuto »(ne pas s'acquitter de l'idego
équivaut à la destruction des liens familiaux).
L'Idegorecèleégalement deux facettes
(idegoenankundumabele) :
1. IBANGO (La manière dont vous mangez)
C'est la convention implicite de payement de l'Idego. Le barza
lega a fixé le mode de payement pour le décès
ordinaire.
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