II.1.4. Hydrologie de la zone
Le Logone et le Logomatya sont les seuls cours d'eau
permanents de la plaine d'inondation. Le reste du réseau hydrographique
est constitué de cours d'eau saisonniers et temporaires (ou mayo en
dialecte locale) issus des Monts Mandara, dont les deux principaux sont le mayo
Tsanaga et le mayo Boula. Ces mayo sont caractérisées par des
crues violentes qui durent juste le temps d'un orage, avec un débit qui
décroit rapidement de l'amont vers l'aval en raison des infiltrations
dans des alluvions (Mvondo et al., 2003). Chaque année, de
septembre à novembre, la plaine du Logone est inondée par les
eaux de débordement du fleuve Logone et des crues des tributaires des
Monts Mandara et du Lac de Maga (Mvondoet al., 2003). La baisse de
pluviométrie, qui est passée de 700 mm avant les années 70
à environ 500 mm vers les années 80, suite au changement
climatique global, a affecté l'étendue et la durée de
l'inondation (Loth, 2004).
Afin de réduire la dépendance de l'agriculture
vis-à-vis des précipitations et des inondations, les
autorités camerounaises ont, dans le cadre du projet rizicole
dénommé SEMRY (Société d'Expansion et de
Modernisation de la Riziculture de Yagoua), construit en 1979 un barrage
hydro-agricole sur les rives du fleuve Logone au niveau de la localité
de Maga. À la suite de ces aménagements, le système
hydrologique du yaéré a été
profondément perturbé. Réalisés après la
baisse du régime des précipitations dans la région, ces
aménagements ont accentué la
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diminution du volume des inondations (Sighomnou, 2003) et cela
a sévèrement endommagé l'écosystème de la
plaine (Loth, 2004). Selon Sighomnou et Naah (1997), avec la construction du
barrage, la superficie totale inondée jadis a diminué de 60%.
En 1994, le régime hydrologique de la plaine a
été amélioré grâce à un vaste
programme de ré-inondation de la plaine de Waza-Logone entrepris par
l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Ce programme a
consisté à l'ouverture de deux cours d'eau saisonniers connectant
le fleuve Logone à la rivière Logomatya à partir de
laquelle des flux d'eau significatifs inondent la plaine (Niasse et
al., 2004). Cette opération a permis d'augmenter partiellement
l'inondation de la plaine entrainant une amélioration rapide de
l'état de l'environnement naturel et par une reprise spectaculaire des
activités économiques liées à la crue (Mvondo
et al., 2003).
II.1.5. Milieu de vie
La plaine d'inondation du Logone et sa zone d'impact sont
depuis des siècles habitées par une multitude de
communautés ethniques et culturelles dont chacun ayant ses propres
intérêts par rapport à l'accès et à
l'utilisation des ressources naturelles de la plaine (Loth, 2004). Elles sont
composées essentiellement des Kotoko, des Mousgoum, des Arabes Choa, des
Foulbé et des Bornouang (Mvondo et al., 2003).
Les Arabes Choa représentent 42% de la population du
département du Logone et Chari (Mvondo et al., 2003). Ils
étaient, à l'origine, des pasteurs nomades. Se
déplaçant dans une région à cheval sur l'actuel
Tchad et l'actuel Soudan, ils vinrent coloniser les abords du Lac Tchad vers la
fin du 18ème siècle, se heurtant, alors aux
populations Kotoko. Avant les peuls et les Arabes Choa constituèrent la
première société de pasteurs nomades du Nord Cameroun. Ils
devaient, peu à peu, se sédentariser. Alternant, dans un premier
temps, culture pluviale de sorgho et transhumance, ils devaient, bientôt,
devenir de véritables agropastoralismessédentaires (Mvondo et
al., 2003). Eleveurs par excellence, les peuls, localement appelés
Foulbé se subdivisent en jamare'en, woila'en, Alijama'en, Adamke'en
et Anagamba'en. Ils sont arrivés dans la région vers la fin
du 17ème siècle (Scholte, 2005). Ils y seraient
arrivés par l'Ouest (le Mali). Les Foulbés sont, à l'heure
actuelle, des pasteurs nomades, ou semi-nomades, ou agro-pastoralismes
semi-sédentaires (Loth,2004). Ils sont particulièrement
présents à l'intérieur et aux alentours de la
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plaine inondée, au Sud du parc National de Waza. Ils
pratiquent la transhumance à la recherche de bons pâturages pour
leurs bovins.
À ces populations sédentaires qui vivent dans
les secteurs exondés de la plaine, il faudrait ajouter les bergers
nomades qui viennent des différents pays de la région pour faire
paître leurs animaux en saison sèche de décembre à
mai. La population directement concernée par l'écosystème
du yaéré peut-être actuellement
évaluée à plus de 200000 habitants (ACEEN, 2007 ; Loth,
2004).
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