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Réussir son externalisation logistique


par Gauthier Bourdieu
ESG Toulouse - Mastère Manager de la logistique et de la Supply Chain 2021
  

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3. Sélection des prestataires :

Toute entreprise souhaite exécuter sa stratégie comme elle l'entend afin d'obtenir l'objectif final voulu. Mais ce n'est pas si simple, le marché est en constante évolution. On peut l'analyser mais on ne peut pas connaitre la répercutions d'évènement inattendus comme nous le vivons actuellement l'exemple avec la crise économique causée par le COVID 19. Cette idée est à prendre compte lors du choix d'un fournisseur de services. Lors de notre recherche de prestataires il ne faut pas s'attendre à trouver la perle rare qui sera répondre parfaitement à nos attentes pour obtenir l'objectif voulu. Il advient qu'il faut réfléchir autrement, il faut analyser les offres de manière à établir les options qui s'offre à nous. Plusieurs étapes essentielles sont nécessaires pour sélectionner le ou les futurs prestataires.

Création d'un cahier des charges et l'appel d'offre

Le cahier des charges doit décrire ce qui doit être fait d'un point de vue technique et fonctionnel et exposer les résultats que l'on souhaite obtenir. On peut aussi y introduire la vision de l'entreprise en termes de développement. Il n'est pas nécessaire de décrire en détail les processus pour y parvenir. Si on recherche un prestataire c'est que nos processus n'étaient plus à même de suivre l'évolution du marché. Le prestataire a probablement ses propres processus de travail. Contraindre le prestataire à appliquer un processus unique, c'est recréer un goulot, une individualité et rester dans une vision cloisonnée du marché rendant la fonction peu performante et non compétitive. Les processus doivent se créer collectivement et traduire une volonté de partage social. Le rôle des employés doit être intégrés à différents niveau dans le cahier des charges afin d'assurer leur statut et leur sentiment d'appartenance au groupe. L'organisation du suivi du contrôle de la qualité et de l'amélioration des

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performances sont à émettre dans le cahier des charges afin d'être rapidement opérationnel.

Nous pouvons également effectuer du Sourcing et e-Sourcing pour étendre notre spectre de recherche et dénicher des candidats dit « passif » c'est à dire des candidats qui ne recherchent pas activement un emploi mais qui ne refusent pas d'offrir leur prestation. Cependant il faut prendre en compte le temps et le coût financier que cela engendre.

Traitement de réponses et approches multicritères

Une fois l'appel d'offre clôturé il faudra faire un choix parmi les candidats à la prestation. Le choix doit être réfléchis et tenir compte de différents paramètres. Une approche multicritère est relativement efficace, le principe est de choisir des critères de sélection adéquate à la situation et aux objectifs visés.

L'analyse multicritères permet de faire face à deux contraintes :

? La subjectivité dans l'importance des critères. Les critères doivent être communs et non contradictoires afin qu'ils soient réalistes.

? L'hétérogénéité des critères. « Si quelques critères sont définissables objectivement (les coûts, la qualité, les délais, le profil financier du partenaire), d'autres, plutôt comportementaux, intègrent une part de subjectivité (climats social chez le prestataire, compatibilité culturelle, compétences réelles, expérience, capacités d'adaptation, les relations personnelles, implication future...). » 11 . Ces critères sont parfois complexes à comparer, ils doivent être abrégeables et rationnels.

? Evaluation de l'importance relative des critères sélection :

L'efficacité d'une analyse multicritère dépends donc du choix des critères mais aussi de l'importance qu'on leur accorde sous forme de pondération. La détermination du poids des critères découle de négociations internes. Des désaccords peuvent s'observer car chaque individu ou équipe vont lister les critères en fonctions de leurs

11 Construire collectivement le processus de sélection d'un prestataire logistique, T. SAUVAGE

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propres besoins. Pour rationaliser le poids de ces critères il faut appliquer une démarche constructive de manière à gérer les désaccords. L'opération consiste à échanger avec les acteurs définissant les critères afin de leur fournir des informations et une vision plus large de la stratégie d'externalisation. Le but est d'enrichir et stabiliser leur point de vue.

Cette démarche doit permettre de sélectionner des critères distincts et en nombres réduits afin de faciliter leur pondération. Pour déterminer le coefficient de pondération, des méthodes mathématiques peuvent également être utilisées, on peut notamment citer la méthode ELECTRE (développée par Bernard Roy en 1968) basée sur les notions de concordance et discordance des critères.

? L'agrégation des préférences internes :

Le processus de sélection d'un prestataire logistique affectera de nombreux acteurs directs (logistique, achat, ...) et indirects (ressources humaines, communication ...). Les différents services peuvent avoir des avis qui divergent et donc être en conflit sur la pondération des critères sélectionnés. Pour pallier à ce problème et obtenir un système cohérent et significatif des préférences internes, on peut attribuer un coefficient de pondération aux individus ou service en fonction de leur pouvoir d'influence sur les résultats.

L'approche multicritère est résumée en annexe 11 sous la forme d'un tableau.

On remarque que la modélisation ne suffit pas, un travail de terrain est nécessaire

pour identifier, discriminer, restreindre et pondérer le nombre de critères. L'utilisation de cette méthode demande du temps et une gestion minutieuse.

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Contractualisation de la prestation :

Un contrat pourrait être définit comme « un accord de volontés concordantes entre

une ou plusieurs personnes (les parties) en vue de créer une ou des obligations juridiques. C'est aussi la relation juridique qui découle de cet accord » 12 .

Le contrat est un outil de contrôle de la prestation et de la structure inter-organisationnelle qui en découle. Il permet de fixer la structure de la relation de manière légale. Il définira la gestion des processus et des relations mis en place, son impact est ciblé sur les objectifs à atteindre. Par conséquent, le contrat de prestation doit :

? De s'appuyer sur le cahier des charges fonctionnel et technique pour décrire la prestation et les moyens à mettre en oeuvre

? D'indiquer les tarifs de la prestation (coût variables et fixes)

? De fournir les modalités de résiliation afin d'éviter une rupture soudaine des relations commerciales

? De prévoir les clauses générales

? Contrôler efficacement les fournisseurs de services avant de conclure

un accord

Différents points doivent être contrôlés avant la signature d'un contrat. Il est conseillé de faire des visites sous forme d'audit chez les prestataires présélectionnés, afin de vérifier leurs ressources, leurs process, leur stabilité financière ... De même, il peut être profitable de faire appel à des consultants du secteur pour avoir un avis extérieur.

De plus le développement d'une stratégie de Sourcing en amont s'avère efficace

et doit permettre d'avoir une approche nette du marché et c'est aussi cette stratégie qui conduit au processus décisionnel et à la prise de décision d'externaliser.

12 Le Droit des obligations, P. TERCIER et P. PICHONNAZ, 2012

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4 Ouvrir ses portes aux prestataires présélectionnés :

Le receveur de service devra « ouvrir ses portes » aux prestataires présélectionnés. Le but est de permettre aux prestataires de voir les méthodes de travail des opérations ayant un lien direct ou indirect avec la prestation qui lui sera peut-être confiée. Cela permet d'identifier les processus internes bancals qui peuvent altérer la prestation. Les fournisseurs de services pourront également aider à l'amélioration de ces processus dans le cadre d'une mission stratégique d'amélioration de la chaîne.

La finalité de cette démarche est d'annoncer les mauvaises nouvelles au plus tôt pour savoir comment les modifier et adapter le contrat à ces contraintes. Le prestataire doit connaitre le fonctionnement de l'entreprise receveuse avant que la transition ne se fasse. « Ce niveau d'ouverture, qui semble contre-intuitif par rapport à certains achats simples de marchandises, est essentiel lorsque le travail fait partie du système de livraison de la valeur (par exemple, planification logistique, centres d'appel du service clientèle, promotion des ventes/publicité) ou de la gestion interne de l'entreprise (comptabilité, gestion des commandes, comptes fournisseurs, technologie de l'information). » 13 Dans ces conditions le contrat aura plus de chance de perdurer dans le temps car les facteurs internes de l'entreprise seront pris en compte dans sa rédaction. A contrario, un contrat rédigé sans une vision globale de la situation interne de l'entreprise sera voué à l'échec.

4 Définir méthodiquement la durée du contrat qui serait la plus avantageuse

Au début de l'externalisation, les contrats convenus entre receveurs et fournisseurs de services s'étalaient sur de longues périodes allant jusqu'à dix ans. Les contrats à court terme (entre un et deux ans) sont souvent mis de côtés du fait du temps de Sourcing qu'il faudrait y engager. De mon point de vue, le temps passé pour le remaniement d'un contrat ou la recherche d'un prestataire plus compétitif peut être intéressant notamment lors d'une première externalisation. (Un contrat à court terme permettra par exemple de rebondir sur des erreurs ou le manque de détails dans la

13 The supply-based advantage, Stephen C. Rogers, 2009

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rédaction d'un premier contrat ou bien lors un choix précipité dû à une stratégie de Sourcing néophyte).

Mais tous cela n'est que purement subjectif et dépend de la complexité de l'opération à externaliser et de l'horizon de nos objectifs.

4 Quelques risques liés à la contractualisation :

Parfois les exécutants au contrat s'exposent à différents risques :

- Juridique : Ils se voient dans l'embarrât de contourner les clauses du contrat. Il arrive que la nature des processus soit si complexe que les personnes les exécutant ne les réalisent pas tel que décrit dans le contrat. Les accords écrits sont trop restreints et sans marge de manoeuvre.

- Différences d'interprétations de ce qui a été convenu (entre les fonctions en interne et avec le prestataire par rapport au contrat)

- Coûts imprévus

- Dégradation des niveaux de service

-

...

4 Les clauses liées au contrat :

Pour éviter ces risques il faut élargir la capacité et la maniabilité du contrat, des scénarios d'évolution positif et négatif amenant à différentes options doivent être proposés. Egalement l'inscription au contrat des conséquences dû à l'échec d'un accord sur une des options des scénarios permet d'avoir une sécurité supplémentaire. Cet enrichissement du contrat permet aux deux parties de se mettre en accord sur des conditions imprévues et donc de clarifier le contrat, en d'autre terme le contrat doit être vivant et évolutif.

Gouvernance : là ou se trouve vraiment l'avantage concurrentiel :

Une fois le contrat signé suite à un accord trouvé entre les parties, la gouvernance

du contrat et la nouvelle gestion qu'il engendre est tout aussi important. En effet une externalisation réussit et ne dérivant pas vers un échec nécessite une bonne

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gouvernance. Une bonne gouvernance engendrera une bonne relation entre les parties prenantes au contrat. On pourrait définir la gouvernance comme un système de gestion utilisé pour établir et gérer des relations, et pas seulement un processus de mesure. Le fournisseur de services et son client utilisent le système de gouvernance pour gérer mutuellement : la relation, les dépendances contractuelles, la prestation de services et les attentes. Pour cette gestion mutualisée il faut adopter un ensemble de processus et de pratiques qui comprennent la relation, le contrat, le changement, la performance et la gestion des conflits.

? Gouvernance dans les grands contrat d'externalisation :

Lorsque qu'une entreprise externalise une activité importante encadrée autour de nombreux accords, il est fréquent que sa gestion demande du personnel commercial et technique. La faute à ne pas commettre est de se détacher complètement du processus à externaliser et d'en perdre les compétences, la gouvernance qui s'en suit sera biaisée de la réalité. Il est important de maintenir ses connaissances sur l'activité externalisée pour que la gouvernance suive une ligne directrice correct.

Lors de grands contrats un ensemble de comités est mis en place pour la gouvernance du contrat, chaque personne intégré dans la gouvernance est qualifiée dans la gestion d'une partie du contrat. Si un processus est partagé entre le prestataire et l'entreprise, les comités de gouvernance doivent être très bien structurés et la gouvernance du prestataire et du client doivent travailler conjointement. Une bonne gouvernance avec une bonne gestion des relations va permettre de reconstruire une connaissance interne sur des processus évolutifs ou nouveau.

Dans ce type de cas, prestataire et client peuvent se retrouver à travailler dans les mêmes locaux physiquement ou virtuellement. Se met alors en place une hiérarchie commune pour diriger collectivement l'opération de prestation. On peut par exemple citer le cas de Daher, expert dans la logistique intégrée ayant repris la logistique d'Airbus en France en 2017. Suite à cela un nouveau Hub a été créé en 2018 à Cornebarrieu en périphérie de Toulouse. La gestion de cette plateforme logistique nommée Airlog II a été confié à Daher qui travaille conjointement avec Airbus sur ce site.

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? Une gouvernance mutualisée :

Les groupes de gouvernance du prestataire et de son client interagissent pour diriger l'activité externalisée et gérer et entretenir la culture commune de la relation et des infrastructures. La réduction de ces efforts en vue de diminuer les effectifs est contre-efficient et formule une fuite de valeur et non une création de valeur. L'idée est d'aborder le travail d'externalisation des services comme s'il s'agissait d'une unité commerciale commune et inter fonctionnelle vendant ses services au client final. Cette mentalité est source d'avantages concurrentiels car elle permet de créer un ensemble de points de contact pour maintenir la communication et l'action à mesure que les choses changent. Ces points de contact comprennent :

- Des liens et des responsabilités claires entre les dirigeants, mais aussi des principes sur la manière d'interagir dans les relations et les processus de déploiement pour communiquer avec le personnel de gouvernance des deux entreprises

- Des KPI (indicateurs clés de performance) partagés et communs afin d'éviter une double vérification inefficiente

- Des réunions régulières, avec des ordres du jour clairs et communs

- Des unités de travail commune afin de diminuer le nombre de petites unités créant trop d'indépendance

- Des processus clairs et compréhensibles par les deux parties

La finalité d'une telle gouvernance est de créer de la valeur et un avantage concurrentiel en s'appuyant sur une unité commerciale commune et inter fonctionnelle par le biais de bonnes relations entre les parties interne et externe. La clé consiste à essayer de rendre les conflits constructifs plutôt que destructeurs.

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CONCLUSION

Réussir son externalisation logistique n'est pas chose facile, la complexité du marché et les risques encourus font que les entreprises sont réticentes à l'idée d'externaliser certaines de leurs activités. Le premier constat à faire est de déterminer les activités à forte valeur ajoutée et celles en périphérie mais aussi d'identifier les activités qui battent de l'aile, difficilement gérées en interne et qui sont d'avantage un poids pour l'entreprise qu'une création de valeur. En d'autre l'entreprise doit faire un constat de de sa situation afin se situer dans son environnement, connaitre ses faiblesses et ses forces pour anticiper ses besoins. La situation éclairée en interne va permettre de mieux entrevoir l'externalisation de certaines activités. L'acte de la prise de la prise de décision peut s'appuyer sur des modèles comme on a pu en citer. La collaboration est également un point central dans la réussite d'une externalisation. Elle intervient dans toute les étapes de réflexion et d'application du process d'externalisation, que ce soit dans la prise de décision en définissant les critères de sélection, dans l'élaboration du cahier des charges, dans la contractualisation avec le prestataire puis dans la gouvernance commune et mutuelle devant être mis en place pour assurer la gestion de ces activités. Le contrat doit être le plus complet possible, prestataire et client doit l'élaborer ensemble se mettre d'accord sur les processus, les relations et l'investissement qu'il engage. L'inscription de clauses au contrat est aussi essentielle pour limiter les risques. La dernière clé de réussite est la gouvernance du contrat, l'application des règles définit dans celui-ci.

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NOMBRE DE MOTS : 1753

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus