INTRODUCTION GENERALE.
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« Il n'est guère de période de l'histoire
où les hommes du moins, les plus conscients d'entre eux_ n'aient
essayé d'affirmer leur liberté à l'encontre du pouvoir.
»1.Cette affirmation de Georges Burdeau rend
véritablement compte de la situation de quête perpétuelle
qui caractérise les libertés publiques dans leurs rapports avec
l'État. Cette quête est davantage accrue en ce qui concerne les
libertés considérées comme hostiles voire
nuisibles2 et susceptibles de compromettre «le régime et
ses dignitaires ».3En effet, il s'agit ici des mouvements
collectifs prenant généralement la forme d'une revendication ou
d'une contestation exprimées à l'occasion des manifestations
exercées à l'endroit du pouvoir politique. En raison de leur
nature instrumentale et généralement politique, lesdites
manifestations constituent des canaux d'extériorisation au premier chef
de la liberté d'opinion et d'expression, mais au second plan d'autres
droits fondamentaux tels que les droits politiques et les libertés
syndicales4. C'est donc à dire de manière
générale que les manifestations sont en réalité des
vecteurs5 à travers lesquels s'expriment d'autres
libertés à l'exemple du droit de grève sur lequel nous
nous appesantirons.
Il existe donc inextricablement une corrélation entre
le droit de grève et les manifestations publiques6, que la
doctrine rassemble généralement sous le vocable de « pouvoir
de la rue »7. C'est au regard de l'ampleur et de l'influence
sans cesse grandissante du phénomène dans le monde en
générale et au Cameroun en particulier, que nous
étudierons la question de la police de grève en droit
administratif camerounais. Pour ce faire il conviendra au préalable de
situer l'étude dans un cadre particulier (section I) tout en
spécifiant son objet et sa méthode (section II).
1 BURDEAU (G), Les libertés
publiques, Paris librairie de droit et de jurisprudence, Pichon (R).
et Durand-Auzias (R) 1966 ; P.12
2 METOU (B-M), « vingt ans de contentieux des
libertés publiques au Cameroun », RASJP, vol 8, n°1, 2011,
P.275
3 ALCARAZ (H), LECUCQ (O), La liberté de
manifestation dans, AURELIE DUFFY-MEUNER et PERROUD (T), l'espace public en
Espagne in La liberté de manifester et ses limites : perspective de
droit comparé P.9 4Ibid. P.8
5 Idem
6 CORNU (G) définit justement la
manifestation comme « l'action d'extérioriser un sentiment, une
idée, une volonté, plus spécialement une affirmation
publique, sous forme d'un rassemblement, d'une opinion, de convictions ou de
revendications (...) et qui n'est pas en soi une atteinte à la
tranquillité publique. » voir CORNU (G), vocabulaire juridique,
PUF, 8e éd., 2007, p.636.
7 DUFFY-MEUNER (A) et PERROUD (T) introduction, La
liberté de manifester et ses limites : Perspective de droit
comparé. P.4
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SECTION I : CADRE DE L'ETUDE
Définir le cadre de l'étude reviendra pour nous
à déterminer le cadre contextuel et le cadre conceptuel de la
présente étude.
I- CADRE CONTEXTUEL
« L'état du droit dans un pays et à un
moment déterminé ne peut se dissocier de phénomènes
plus larges ni être isolé des sources de son contexte
»8 c'est donc en suivant cette logique qu'il sera question ici
de présenter le cadre géographique avant de délimiter le
cadre temporel.
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