B. Création des plates-formes de cohabitation
L'instauration de la paix sociale entre les agriculteurs et
les éleveurs ne pourra pas se limiter aux simples ateliers ou
conférences de pacification. En réalité ces ateliers et
conférences ne constituent qu'une étape de la consolidation de la
paix entre les agriculteurs et éleveurs. Ils ne doivent donc pas rester
des initiatives vides mais s'insérer dans une stratégie à
long terme. Dans cet esprit, les conférences et les ateliers pourraient
converger vers des plates-formes ou cadres permanents de réflexion et de
concertation. Composées de manière paritaire par des
représentants des deux groupes en place, en particulier des sages, ces
plates-formes pourront jouer un rôle primordial dans la réflexion
sur l'avenir de la cohabitation, c'est-à-dire la détermination
des modalités pratiques et des mesures à prendre pour la
prévention des futurs conflits. Les chefferies traditionnelles des deux
côtés, étant les acteurs classiques dans le traitement des
conflits, doivent de préférence être des membres d'office
de ces cadres. S'il faut apprécier à sa juste valeur la mise en
place du Conseil des Sages et des Personnes Ressources (CSPR) qui correspond
à cet esprit de cadre, cependant, il reste beaucoup à faire pour
que ce cadre soit une plate-forme qui peut garantir une paix durable. D'abord
pour sa composition, les membres qui sont au nombre de huit (8) sont
insuffisants, certains chefs traditionnels sont exclus, il n'y a pas des places
exclusivement réservées à eux. Le président du
conseil est désigné par le gouverneur de la province. Son
objectif qui est d'instaurer une quiétude entre les communautés
pour une paix durable. Son rôle d'éveil, de surveillance,
d'information et de sensibilisation tout en servant au développement de
la province est noble mais les lacunes ci-haut mentionnées doivent
être réparées pour qu'elle puisse arriver à ses
missions. Le CSPR est siégé à Pala, loin des agriculteurs
et des éleveurs si ces derniers ne viennent pas eux-mêmes
solliciter son aide. Le CSPR peut désigner une représentation
permanente dans chaque canton de la province pour être plus proche des
populations. Au niveau du canton, le CSPR doit prendre en compte les traditions
de chaque localité pour mieux prévenir les conflits.
99
|