CONCLUSION DU CHAPITRE III
Pour finir, nous pouvons retenir de ce troisième
chapitre portant sur les mesures d'atténuation des conflits liés
à la mobilité pastorale au niveau de l'Etat que, pour
atténuer ces conflits ce dernier doit soutenir une gestion consensuelle
et décentralisée de l'espace agropastoral en aidant les
Collectivités Autonomes à zoner leur espace agropastoral en des
zones spécifiques à l'agriculture et des zones spécifiques
à l'élevage. Ces zones doivent impérativement être
respectées surtout pendant la saison des pluies. Il doit
également soutenir une gestion consensuelle des conflits en
privilégiant les règlements des conflits à l'amiable et en
renforçant les capacités des autorités traditionnelles et
coutumières en matière de gestion des conflits et surtout en les
rendant moins dépendants des citoyens lambda. Pour être plus
efficace, l'Etat doit également penser à améliorer et
harmoniser les textes régissant le monde rural et déterminer par
une loi le champ d'intervention exact des acteurs d'application de ces textes.
La décentralisation entamée par le Tchad depuis les années
1996, voudrait que l'Etat accompagne les Collectivités Autonomes
à l'accomplissement de certaines tâches administratives en les
transférant les compétences nécessaires. Dans cet
état d'esprit, ces collectivités peuvent eux aussi initier des
mesures d'atténuation des conflits liés à la
mobilité pastorale. C'est dans ce sens que, nous avons consacré
le second chapitre de la seconde partie aux mesures d'atténuation des
impacts des conflits liés à la mobilité pastorale dans la
perspective de la décentralisation.
![](Impacts-des-conflits-lies--la-mobilite-pastorale-sur-le-developpement-et-la-gouvernance-dans-la3.png)
LES MESURES D'ATTÉNUATION DES
IMPACTS DES CONFLITS LIÉS À
LA
MOBILITÉ PASTORALE DANS LA
PERSPECTIVE DE LA
DÉCENTRALISATION
CHAPITRE IV :
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Le Tchad est un Etat unitaire décentralisé. Il a
deux niveaux de décentralisation que sont les communes et les provinces.
Comme le recommande les sacro-saints principes de la décentralisation,
l'Etat doit transférer certaines de ses compétentes aux
Collectivités Autonomes. Les collectivités étant plus
proches des populations et connaissant mieux les besoins de ces derniers,
l'Etat doit les accompagner pour garantir la sécurité et la
quiétude à la population de leur terroir. Ayant reçu des
compétences de la part de l'Etat, les Collectivités Autonomes
doivent multiplier des initiatives pour garantir la sécurité des
personnes et de leurs biens dans la province. Dans cet esprit et pour lutter
contre les conflits liés à la mobilité pastorale, les
Collectivités Autonomes dans lesquelles ces conflits sont
fréquents peuvent mettre sur pied un système communautaire
d'alerte précoce (Section 1) et un plan de
communication, de sensibilisation et d'éducation des populations
(Section 2) dans les localités où elles sont
territorialement compétentes.
SECTION 1 : MISE SUR PIED D'UN SYSTÈME
COMMUNAUTAIRE D'ALERTE PRÉCOCE
L'objectif premier d'un système d'alerte précoce
est de permettre aux individus et aux communautés de réagir
à temps et de manière appropriée aux dangers afin de
réduire les risques de décès, de blessures, de pertes
matérielles et de dégâts. Les alertes doivent
réussir à faire passer le message et à inciter les
personnes en danger à agir. Pour réussir la mission de ce
système communautaire d'alerte précoce, la communication lors des
alertes, (Paragraphe I) la connaissance des risques et les
mesures d'intervention (Paragraphe II) doivent être des
priorités.
PARAGRAPHE I : LA COMMUNICATION LORS DES ALERTES
La communication lors des alertes précoces est la
condition sine qua non pour la réussite du système
d'alerte précoce. Pour remplir les conditions d'une communication
profitable à la population, cette dernière doit être
efficace (A) et ses moyens (B) doivent
être connus de tous.
A. Efficacité de la communication
La diffusion est la fourniture de messages d'alerte, mais on
parle de communication que lorsque l'information est reçue et comprise.
Le fondement de toute communication des messages d'alerte reposera sur le
format et la formation des messages, sur les méthodes de diffusion, sur
l'éducation et la préparation des parties prenantes, ainsi que
sur la
91
compréhension des risques qu'elles courent. La
définition classique de l'efficacité est le fait de «
produire l'effet attendu, d'atteindre son but, d'aboutir à des
résultats utiles. », donc une communication efficace est une
communication qui atteint son objectif.122
Les messages d'alertes efficaces doivent être courts,
concis, compréhensibles et exploitables, ils répondront aux
interrogations « quoi ? », « où ? », « quand ?
», « pourquoi ? » et « comment réagir ? ». Les
volontaires doivent rester cohérents au fil du temps. Il faut concevoir
les messages d'alerte en fonction des besoins précis des utilisateurs
visés. L'utilisation d'un langage clair avec des phrases courtes et
simples améliore la compréhension du message de la part des
utilisateurs. En outre, l'information la plus importante du message doit
être présentée en premier lieu, suivie des autres
renseignements.
Une communication efficace des risques et des alertes exige de
connaître les destinataires. Dans toutes les localités de la
province, les populations sont très variées, avec des origines,
des expériences, des perceptions, des circonstances et des
priorités différentes. Il faut donc tenir compte de cette
diversité lors de toute tentative de communication. Lors de
l'émission des messages d'alertes, il convient donc d'identifier les
préoccupations de la communauté touchée de façon
à protéger leurs intérêts (par exemple les
instructions visant à protéger le bétail) avec des moyens
aussi efficaces que possibles.
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