PARAGRAPHE II : MAUVAISE GESTION DES CONFLITS
L'erreur la plus abondante dans la gestion des conflits
liés à la mobilité pastorale est la méconnaissance
des acteurs autour de ces conflits (A), la corruption et les
fortes amendes lors de règlement de ces conflits sont aussi des effets
de la mauvaise gouvernance (B).
A. Le flou au tour des acteurs des conflits
Lorsqu'on pose mal un problème, on ne contribue plus
à le résoudre103. Le plus grand problème dans
la gestion des conflits liés à la mobilité pastorale,
c'est la méconnaissance des acteurs en présence. On a tendance
à ne voir que les agriculteurs et les éleveurs. Avant de donner
des détails sur les acteurs de ces conflits, il est intéressant
de connaitre le sens du mot acteur. L'acteur dans un conflit est un individu ou
groupes d'individus membre d'une communauté qui pose des actes selon les
objectifs qu'il vise. Plus simplement, l'auteur est la personne qui est
à l'origine de quelque chose. La théorie du conflit nous permet
de remarquer
101 MARTY (André) et al. ibid.
102 Rapport de la Délégation des Droits de
l'Homme sur le répertoire des foyers des conflits et des violations des
droits humains, 2019, pp. 5-6.
103 ATCHÉNÉMOU (Avocksouma Djona), Quand un
problème est mal posé, lu le 25 novembre 2020, page
Facebook.
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avec aisance que les acteurs en présence sont nombreux
et chacun lutte pour préserver ses intérêts. Les acteurs
des conflits liés à la mobilité pastorale sont : d'une
part les éleveurs et les bouviers qu'on peut qualifier d'acteurs actifs,
car c'est eux qui sont à la source de tout problème du fait
qu'ils se déplacent avec les animaux qui causent des dégâts
au long de leur trajet et d'autre part les agriculteurs, l'Etat et
accessoirement les pêcheurs qu'on peut qualifier d'acteurs passifs qui
subissent les dommages causés par les animaux. Les éleveurs
entrent en conflit avec les agriculteurs lorsque les animaux détruisent
les champs de ces derniers, avec les l'Etat lorsque les animaux en
déplacement côtoient les aires protégées et avec les
pêcheurs lorsque les animaux détruisent les filets de pêche.
La première catégorie d'acteurs, c'est sont les éleveurs,
qui sont les propriétaires de bétail. Ces éleveurs, dans
la zone du Mayo-Kebbi Ouest sont les peuls et les haoussas, tous des musulmans.
À ceux-ci, il faut ajouter les commerçants, les militaires, les
autorités administratives qui sont détentrices des capitaux
investis préférentiellement dans le bétail. C'est sont
ceux-là que le code pastoral nomme expressément « les
propriétaires de capital-bétail ». La deuxième
catégorie d'acteurs, c'est sont les agriculteurs. Ces agriculteurs sont
des sédentaires. Dans la région du Mayo-Kebbi Ouest, à
part les groupes sus cités, tous les groupes sont des agriculteurs,
chrétiens et animistes. Il y a une autre catégorie d'acteurs,
souvent négligée par tout le monde, pourtant ils sont les acteurs
les plus importants, c'est sont les bouviers. Ceux-ci sont les employés
des éleveurs et c'est eux qui sont au-devant de la scène. Ils
sont malproprement qualifiés d'éleveurs. La dernière
catégorie d'acteurs, c'est sont les pêcheurs. Ces derniers entrent
en conflit avec les éleveurs transhumants quand les animaux, au passage
détruisent les filets de pêche. Les conflits entre les
éleveurs et les pêcheurs sont assez rares, car le Mayo-Kebbi Ouest
n'est pas une zone d'intense pêche, excepté le Lac
Léré. Même si ces conflits ont eu lieu autre fois autour du
Lac Leré, ils restent très limités. L'Etat est un acteur
incontournable dans les conflits liés à la mobilité
pastorale, car il est souvent en conflit avec les éleveurs quand les
animaux entrent dans les aires protégés. Les écogardes
sont souvent tués et abandonnés en pleine brousse par les groupes
d'éleveurs. Ce flou au tour des acteurs des conflits liés
à la mobilité pastorale, la corruption et les fortes amendes lors
de règlements des conflits sont des freins à la bonne
gouvernance.
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