Chapitre 1 : LES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE DES
BANQUES AU
SENEGAL.
INTRODUCTION.
La politique monétaire de I'LIEMOA a connu à
partir de 1989, une réforme qui s'est traduite par l'adoption
progressive d'un mécanisme de régulation monétaire
indirecte. Il s'agit pour la banque centrale de rendre plus efficace la
politique monétaire par un meilleur contrôle de la
liquidité de l'économie. Il a fallu d'abord :
. étendre l'encadrement du crédit aux
crédit de campagne dont le refinancement était automatique ;
. évoluer vers une politique de réserves
obligatoires, instituée depuis le 24/04/1990 ;
.le renforcement du rôle du marché
monétaire dans le refinancement des banques sur l'escompte ;
. l'introduction d'une politique dynamique des taux
d'intérêt;
. le renforcement de la surveillance bancaire dans le cadre de
la régulation conjoncturelle et prudentielle ;
ensuite, le 01/10/1993 marque l'entrée en vigueur du
nouveau dispositif de gestion monétaire, qui repose sur :
. le marché monétaire rénové. Il
se traduit par l'adjudication hebdomadaire par enchères sous
régionales, et qui devra être complété par la
titrisation des concours consolidés par la BCEAO.
. les réserves obligatoires;
. la libéralisation des condition des banques depuis le
02/10/1989 et, qui est actuellement effective pour leurs conditions
débitrices.
La surliquidité est devenue apparente depuis la
réforme de 1989. Elle s'est consolidée avec le rapatriement des
capitaux suite au frein mis contre la fuite des capitaux et l'entrée en
vigueur du marché monétaire rénové. Elle est
devenue problématique depuis la dévaluation, devant la
nécessité de faire perdurer la compétitivité
retrouvée.
Le passage de la régulation monétaire directe
à celle indirecte se traduit par l'avènement des adjudications
hebdomadaires. Celles ci permettent à la banque centrale, grâce
à la confrontation entre les offres et les demandes de monnaie centrale,
de déterminer le taux d'intérêt qui permet de minimiser cet
écart. L'analyse du processus des adjudications et la confrontation
entre les offres et les demandes nous permet de mettre en évidence les
déterminants de la surliquidité des banques Ensuite, il s'agira
de voir comment les banques s'y prennent-elles pour résoudre la
surliquidité Enfin, nous aborderons les implications en terme de
politiques économiques de la surliquidité.
L'analyse du marché monétaire
rénové (étapes de la mises en oeuvre de la nouvelle
politique monétaire et le processus d'adjudications hebdomadaires) nous
permettra de mettre en évidence les déterminants potentiels de la
politique monétaire. Ensuite, par la régression pas à pas,
nous allons discriminer entre ces différentes variables sensées
expliquées la surliquidité pour en extirper ses véritables
déterminants
que nous analyserons afin de pouvoir émettre des
recommandations pour résoudre la surliquidité des banques.
s
Section 1: SURLIQUIDITE ET ENVIRONNEMENT MONETAIRE.
La surliquidité se manifeste sur le marché
monétaire par un excès d'offre de monnaie centrale par rapport
à la demande, de la part des banques. Elle pose la problématique
du contrôle de l'offre de monnaie par la Banque Centrale, et aussi, celle
de la contribution de l'autorité monétaire à la
réalisation des objectifs de croissance réelle et de
stabilité monétaire grâce à la stabilité des
prix et à la compétitivité de la monnaie nationale . La
régulation monétaire indirecte, pour être efficace, suppose
une politique monétaire exogène. D'où
l'intérêt de s'appesantir sur le nouveau instrument d'intervention
de la banque centrale : l'adjudication par enchères
hebdomadaires.
II: L'ADJUDICATION PAR ENCHERES HEBDOMADAIRES
.
La surliquidité se manifeste sur le marché
monétaire par un excès de réserves des banques . Le
marché monétaire rénové traduit le passage de la
régulation monétaire directe à celle indirecte qui repose
sur les mécanisme du marché monétaire. La principale
action de la banque centrale sur la monnaie passe dorénavant par le
contrôle du volume de réserve des banques primaires . Le passage
en revue des étapes de mise en oeuvre de la nouvelle politique
monétaire et du processus des adjudication nous permettra de
déceler les déterminants potentiels de la surliquidité des
banques.
A/Les étapes de la mise en oeuvre de la nouvelle
politique monétaire.
Dans un système de contrôle indirect de la masse
monétaire, de type open
market, le principal instrument de contrôle
monétaire devrait être l'action de la banque centrale sur les taux
d'intérêt monétaires grâce à sa
capacité à gérer la base monétaire. Les taux
monétaires affectent â leur tour, les conditions des banques. La
mise en ouvre de la politique monétaire, dans ces conditions, comporte
nécessairement quatre principales étapes (A.ROE, N.SOWA):
i) le ciblage explicite de la base monétaire comme un
objectif intermédiaire de contrôle;
ii) le choix de la composante réserves bancaires de la
base monétaire comme la partie déterminante de la cible de
contrôle;
iii) l'estimation ou la prévision
régulière de l'offre de réserves bancaires
qui prévaudrait en l'absence d'intervention des autorités
monétaires et la comparaison de cette offre avec la demande de
réserves bancaires;
iv) l'identification et l'utilisation active d'un instrument
de politique monétaire qui permet d'éliminer l'écart
entre l'offre et la demande estimées de réserves bancaires en vue
d'atteindre des objectifs finals tels que l'inflation, la croissance de la
production, et l'équilibre extérieur ;
Les adjudications d'enchères régionales ont
été choisies comme instrument d'intervention de la BCEAO
sur le marché monétaire. Elles sont de type open market.
L'entrée en vigueur du nouveau dispositif de gestion
monétaire a révélé le phénomène
d'excès d'offre de réserves des banques sénégalaise
par rapport à la demande. Ceci se traduit par le maintien dans leur
compte auprès de la BCEAO, de réserves inutilisées.
9
A partir de 1989, on note d'une manière
générale, un recul net des créances de la BCEAO sur les
banques au Sénégal, passant progressivement de 189,9957
milliards, à 151,5381 milliards en juillet 1994. Ceci est surtout
dû à une réduction de ses avances aux banques sur le
marché monétaire. Ces dernières, qui étaient d'un
montant de 50,827 milliards en 1989, ne sont plus que de 1,1 milliards en
Juillet 1994.
avances .sur .marché .monétaire
e --
créances .aux .banques
Le ratio e a évolué comme suit
années
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1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994 juillet
|
e
|
0.16
|
0.27
|
0.02
|
0.019
|
0.04 0.04
|
0.007
|
La restructuration du secteur bancaire s'est donc traduit par
un net recul des avances de la banque centrale sur le marché
monétaire annonçant des difficultés pour la banque
centrale de contrôler la liquidité des banques dans un contexte de
surliquidité généralisée.
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