INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
La littérature récente répertorie une
variété de facteurs susceptibles d'influencer les ménages
sur le choix du mode d'évacuation des DSU pour ce faire de nombreuses
études ont été menées dans le cadre de
l'explication du comportement des ménages dans le choix de leur mode de
gestion des déchets (J. Sotamenou, 2010), nombreux sont ces auteurs qui
se sont appuyés sur le comportement des ménages, pour expliquer
le choix du mode de gestion des déchets solides urbains observés
dans l'économie c'est le cas notamment de Choe & Fraser (1999);
Ngambi, (2015); J. Sotamenou et al. (2008) qui ont axé leurs
études sur les généralités entourant la gestion des
déchets ; concept qui tourne autour de sa définition et de sa
composition. Le concept de déchet et de gestion de déchets a
été abordé sous des angles différents et ont des
perceptions différentes ; c'est pour comprendre le comportement des
ménages dans le choix de leur mode de gestion que plusieurs
théories vont être élaborées à la suite de la
clarification des concepts de notre étude. Les théories phares
qui conduiront cette étude sont celles des préférences
révélées de Samuelson (1938) et de celles de la nouvelle
théorie économique de Lancaster (1966).
En s'inscrivant dans cette lancée, notre objectif dans
cette partie sera d'analyser théoriquement la gestion des déchets
dans le monde en général et au Cameroun en particulier. Pour ce
faire, nous subdiviserons cette première partie en deux chapitres. Le
Chapitre 1 qui traite du cadre conceptuel de la gestion des déchets
solides et le Chapitre 2 qui analyse la revue théorique et empirique de
la gestion des déchets solides urbains par les ménages.
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
CHAPITRE I :
CADRE CONCEPTUEL DE LA GESTION DES DECHETS
SOLIDES
De nombreuses études ont été
menées dans le cadre de l'explication du comportement des ménages
dans le choix de leur mode de gestion des déchets (Joël Sotamenou,
2010), en passant par Parrot et al., (2009) et Mukuku et al.,
(2018), nombreux sont ces auteurs qui se sont appuyés sur le
comportement des ménages, pour expliquer le choix du mode de gestion des
déchets solides urbains observés dans l'économie. Pour
préserver l'environnement et la santé des populations, les
municipalités des pays en développement gagneraient à
accentuer les stratégies de gestion de déchets plus efficaces (J.
Sotamenou, De Jaeger, & Rousseau, 2019). Au Cameroun, les opérations
de gestion des déchets ménagers se cantonnent à
débarrasser les ménages plus ou moins quotidiennement de leurs
déchets afin d'assurer l'hygiène et la salubrité des
domiciles. La préservation de l'environnement n'est pas toujours prise
en compte. Si le coût direct d'élimination (collecte, transport et
traitement) est évaluable, les coûts externes (pollutions de
l'atmosphère, du sol, de l'eau, etc.), voire sociaux ne sont pas
monétairement mesurables. Ces externalités se situent à un
double niveau : D'une part, le producteur de déchets ne fait pas face
à l'ensemble des coûts techniques et environnementaux liés
à l'élimination des déchets ménagers ; d'autre
part, ceux qui sont chargés de la gestion des déchets
ménagers (les municipalités) ne tiennent pas compte des
coûts environnementaux dans le traitement des déchets
ménagers.
Le présent chapitre est consacré à la
présentation de déchets et de leur gestion suivant une approche
conceptuelle et contextuelle. Pour cela, nous organiserons notre travail autour
de deux sections : la première est relative aux
généralités sur les déchets solides et la seconde
fait une présentation de l'état des lieux et des systèmes
de gestion des DS.
10
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
11
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
I.1. GENERALITES SUR LES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES PAR LES MENAGES
Cette section a pour objectif de présenter les
généralités sur la gestion des déchets solides.
Ainsi nous présenterons d'une part le concept de « déchets
» dans sa pluralité et leurs caractéristiques et d'autre
part nous présenterons les déchets solides et la production
d'externalité
I.1.1. Les déchets et leurs
caractéristiques
Parler de la nature des déchets revient à
identifier les différents types de déchets que l'on rencontre
généralement dans les zones urbaines, et à
présenter leurs caractéristiques ; mais avant d'y arriver,
définissons le terme « déchet ».
I.1.1.1. Quelques définitions du terme «
déchet »
Le concept de déchet peut s'avérer avoir
plusieurs sens et sa définition a connu une évolution dans le
temps, selon les perceptions sociales collectives ou individuelles, et selon
les disciplines dans lesquelles il est associé. Etymologiquement, le
déchet dérive du bas latin « cadere », qui
découle de « déchié », forme
régulière du participe passé du verbe «
déchoir », qui traduit la réduction de valeur d'une
matière, d'un objet, jusqu'au point où il devient inutilisable en
un temps et en un lieu donné (Pichat, 1995).Pour mieux
appréhender ce concept, il sera défini selon plusieurs
approches.
L'OMS9 définit le déchet comme
quelque chose que son propriétaire ne veut plus et qui n'a pas de valeur
commerciale courante ou perçue (Lhuilier & Cochin, 1999). Dans la
même lancée Bertolini (1990) définit le déchet comme
étant un produit dont la valeur d'usage et la valeur d'échange
sont nulles pour son détenteur ou son propriétaire. Ces deux
définitions ne donnent aucune valeur économique au déchet.
Toutefois, ce déficit en valeur économique tient du fait que le
déchet n'est pas un produit rare. Pour s'en débarrasser le
détendeur ou le propriétaire devrait le faire lui-même ou
payer quelqu'un pour le faire. Cependant cette définition qui montre la
nullité de la valeur économique du déchet est
néanmoins
9 Organisation Mondiale de la
Santé
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
12
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
superficielle, car en effet ce que les uns considèrent
comme déchets peut servir de matières premières aux autres
pour leur permettre de fabriquer d'autres produits ou d'autres biens. Il est
à noter qu'un bien ou un objet ne garde pas la même valeur dans le
temps, ce qui justifie le fait que le temps influence la valeur du bien ; ce
raisonnement est parfaitement illustré par L. Y. Maystre et al
(1994); Tchuikoua ( 2010) qui stipulent que « un objet
débarrassé d'un vieux grenier peut devenir objet de brocante,
puis une antiquité. Quelques vieux papiers dans une poubelle sont un
déchet alors qu'un ballot de vieux papiers imprimés dans un
conteneur est une matière de récupération et recyclable
».
Deux conceptions majeures des déchets sont
considérées à savoir la conception subjective et la
conception objective.
Selon la conception subjective « un bien ne devient
déchet que lorsque son détenteur a marqué sa
volonté de s'en débarrasser ». Pour la conception
objective, un déchet est « un bien dont la gestion doit
être contrôlée au profit de la protection de la santé
publique et de l'environnement » (Bertolini, 1990; Ngambi, 2015).
La législation française définit le
déchet comme « tout résidu d'un processus de production,
de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit
ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son
détenteur destine à l'abandon » (Code de
l'environnement, art. L.541-1 ; (Graindorge, de Frahan, & Howitt, 2000).
Au Cameroun, la loi n°96/12 du 05 août 1996 article
4 alinéa C portant Loi Cadre relative à la gestion de
l'environnement votée par l'Assemblée Nationale définit
« déchet » comme « tout résidu d'un processus
de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance ou tout
matériau produit ou, plus généralement, tout bien meuble
ou immeuble abandonné ou destiné à l'abandon. On entend
par abandon, tout acte tendant, sous le couvert d'une cession à titre
gratuit ou onéreux, à soustraire son acteur aux prescriptions
législatives et réglementaires ». On constate que cette
définition camerounaise a fait un emprunt à celle de la France.
La définition du déchet donnée par la loi française
du 15 juillet 1975 a été et reste jusqu'à présent
un outil juridique important. Cette définition française a donc
servi de base à la définition de la notion de déchet dans
plusieurs pays qui l'ont adaptée à leur contexte
socio-économique.
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
13
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
Le déchet tel que précédemment
défini montre une fois de plus le caractère univoque de ce
concept. Quelle que soit la définition prise, il en ressort la notion de
relativité10 et d'obligation11
d'élimination de déchet. (Lucien Yves Maystre et al., 1994),
montre aussi que la définition juridique du déchet est
basée sur la subjectivité et l'objectivité. Dans les
pratiques usuelles, les ménages n'ayant pas les moyens de traiter leurs
déchets, remplissent leurs obligations à travers le tri
sélectif, le compostage individuel ou collectif et le payement des taxes
des ordures ménagères (TOM) qui permettent de financer le
traitement des déchets.
Les déchets sont des sources de nuisance dès
lors qu'ils n'ont pas été rendus inertes. Les effets sont directs
(paysage, brûlage, percolation) ou indirects (risque du transport,
déchet lors du traitement). C'est pourquoi plusieurs insistent sur la
composition du déchet comme critère d'identification.
I.1.1.2. La nature des déchets
solides
Pour Maystre & Viret (1995), les déchets peuvent
être perçus sous plusieurs angles notamment l'angle
économique, juridique et environnemental. Sur le plan environnemental,
les déchets englobent les DS, liquides (eaux usées, huiles,
boues) et gazeux (gaz et fumées). Toutes ces catégories de
déchets ont des compositions spécifiques à chacune mais
nous nous intéressons spécifiquement à celles des DS. Ces
catégories de déchets sont en principe incinérées,
recyclées ou mis en décharge (Sotamenou, 2012).
Selon les Nations Unies, « Les déchets solides
comprennent toutes les ordures ménagères et déchets non
dangereux, tels que les déchets des établissements commerciaux et
collectifs, les balayures de voierie et les gravats. Dans certains pays, le
système de gestion des déchets solides s'occupe aussi des
déchets humains tels que déjections, centres
d'incinération, vidanges de fosses septiques et boues résiduaires
des stations d'épuration. Si ces déchets
10 La relativité renvoie à
la valeur du déchet qui évolue dans le temps, les perceptions
sociales et les usages
qu'on en fait.
11 L'obligation fait
référence à la responsabilité du producteur du
déchet de s'en débarrasser ou de le faire éliminer, car de
par ses caractéristiques et ses propriétés, le
déchet peut être dangereux pour l'homme et
l'environnement.
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
14
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
présentent des caractéristiques dangereuses,
ils devraient être traités comme des déchets dangereux
» (Tounkara, 2015).
Selon Gillet (1985), on distingue dans les DS :
y' Les particules « fines » de diamètre
inférieur à 20 mm ;
y' Les déchets végétaux ;
y' Les papiers et cartons ;
y' Les chiffons et autres déchets textiles ;
y' Les matières plastiques ;
y' Les os et les métaux ;
y' Les débris combustibles et incombustibles non
classés ;
y' Les verres, porcelaine et faïence.
Le tableau 1 présente la composition des DS dans quelques
pays.
Tableau 1 : Composition des DS dans quelques pays
Pays
|
Fermentiscides et végétaux
|
Verres
|
Papiers et cartons
|
Plastiques
|
Métaux
|
En Amérique et en Océanie
|
Australie
|
47,0
|
7,0
|
23,0
|
4,0
|
5,0
|
Canada
|
24,0
|
6,0
|
47,0
|
3,0
|
13,0
|
Cuba
|
34,0
|
22,0
|
5,0
|
11,0
|
10,0
|
Etats-Unis
|
25,0
|
5,0
|
34,0
|
12,0
|
4,0
|
Mexique
|
55,0
|
4,0
|
15,0
|
4,0
|
6,0
|
Pérou
|
34,0
|
7,1
|
6,0
|
7,2
|
2,8
|
En Europe
|
Allemagne
|
14,0
|
12,0
|
34,0
|
22,0
|
5,0
|
Autriche
|
47,0
|
7,0
|
23,0
|
4,0
|
5,0
|
France
|
32,0
|
10,0
|
20,0
|
9,0
|
3,0
|
Grèce
|
47,0
|
5,0
|
20,0
|
9,0
|
5,0
|
Italie
|
29,0
|
13,0
|
28,0
|
5,0
|
2,0
|
En Asie
|
Chine
|
49,0
|
2,0
|
16,0
|
16,0
|
2,0
|
Corée
|
28,0
|
5,0
|
24,0
|
8,0
|
3,0
|
Japon
|
34,0
|
5,0
|
33,0
|
13,0
|
3,0
|
Taiwan
|
22,7
|
7,5
|
28,4
|
19,7
|
4,1
|
En Afrique
|
Bénin
|
52,9
|
0,7
|
2,7
|
4,3
|
1,2
|
Cameroun
|
61,7
|
2,1
|
3,7
|
2,1
|
3,8
|
Côte d'Ivoire
|
50,9
|
0,6
|
5,8
|
6,8
|
1,0
|
Maroc
|
68,0
|
0,7
|
19,0
|
2,5
|
5,6
|
Nigéria
|
56,0
|
2,0
|
13,0
|
6,0
|
-
|
Tchad
|
25,0
|
1,0
|
3,0
|
6,0
|
2,0
|
Source : Sotamenou (2012)
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
15
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
La fraction fermentescible est beaucoup rencontrée dans
le continent africain (52,9% au Benin, 56,3 au Sénégal, 61,7% au
Cameroun et 68% au Maroc). On observe également que le Cuba est parmi
les plus grands producteurs de déchets « verres ». Pour les
déchets « papiers cartons » ils sont en majorité
produits en Amérique soit 34% aux USA et 47% pour le Canada. L'Allemagne
cependant produit beaucoup plus les déchets « plastiques »
soit 22%. Concernant les déchets « métaux » le
Nigéria en produit très peu.
I.1.2. Les déchets solides et la production
d'externalité
Selon Salanié (1998), on dit qu'il y'a effets externes
ou externalités, quand les actions d'un agent influencent directement
les possibilités de choix (c'est-à-dire l'ensemble de production
ou l'ensemble de consommation) d'un autre agent.
Pour Varian (2003), une situation économique implique
une externalité de consommation si un consommateur se préoccupe
directement de la production ou de la consommation d'un autre agent. De
même, il y'a externalité de production quand les
possibilités de production d'une entreprise sont influencées par
le choix d'une autre entreprise ou d'un consommateur. On distingue les effets
externes positifs et les effets externes négatifs.
I.1.2.1. Les effets externes
négatifs
On appelle externalités négatives tous les
désagréments que provoque la production des déchets
solides des ménages aussi bien sur les agents économiques que sur
l'environnement.
Les tas de déchets solides produits et
abandonnés sur les trottoirs par les ménages favorisent la
prolifération et la transmission des germes pathogènes par les
insectes, ces insectes qui sont des vecteurs de transmission des maladies. La
transformation chimique de ces déchets dégage de très
fortes odeurs, détériorant ainsi la qualité de l'air que
l'on respire et mettant en danger la santé des ménages qui
respirent cet air.
La mise en décharge du déchet produit des eaux
de percolation, Lixiviats qui polluent les eaux souterraines et les cours
d'eau, lorsque ces eaux ne sont pas traitées avant le rejet dans la
nature.
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
16
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
L'environnement est un ensemble des éléments
physiques (l'eau, la terre, l'air, ressources naturelles, faune et flore) ainsi
que des interrelations entre ces éléments et entre l'homme. La
mauvaise gestion des déchets a pour conséquence, la contamination
de l'air, de l'eau et du sol.
- Dégagement des gaz toxiques
: L'incinération ou les feux incontrôlés des
dépôts de déchets ménagers provoquent le
dégagement de volumes importants d'acide chlorhydrique gazeux,
l'incinération des mousses de polyuréthane provoque
l'émanation d'un gaz assez toxique : le phosgène. Il faut aussi
noter que la mise en décharge occasionne la production de volumes
importants de méthane : ce gaz peut donner naissance à des
explosions et provoquer des incendies. De plus, le méthane et le gaz
carbonique libéré contribuent à accentuer l'effet de
serre, cause de réchauffement de la planète.
- Encombrement : Lorsque les
déchets ne sont pas régulièrement enlevés, ils
encombrent les trottoirs et les chaussées, ternissant ainsi l'image de
la ville. L'obstruction des caniveaux et ouvrages d'évacuation des eaux
usées sont source d'inondation en saison de pluie.
I.1.2.2. Les effets externes
positifs
Dans le cas plus précis des déchets
ménagers, nous allons considérer comme effets externes positifs,
tous les avantages que procure la production des déchets
ménagers.
Selon une étude de l'ADEME, à prix égal,
la collecte séparative (absente au Cameroun) génère dix
fois plus d'emplois que l'incinération, trente fois plus que la mise en
décharge (comme au Cameroun). La collecte séparative
entraîne une augmentation des personnels de l'ordre de 5 à 10 %
variable selon la densité de l'habitat. Si la collecte elle-même
n'apporte que peu de changements en termes d'emplois, le tri, qui est un
complément indispensable, induit des mouvements plus significatifs.
Lorsque les déchets sont recyclés, ils jouent un
rôle important dans les exploitations agricoles. En effet, du fait des
substances organiques qu'ils contiennent (plus de 50% des de la composition des
DS) ils fertilisent le sol. Le compost est la forme décomposée de
ces déchets ménagers et joue un rôle très important
dans la fertilisation des sols, sols qui ne sont pas toujours fertiles.
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
17
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
I.2. ETAT DES LIEUX ET SYSTEMES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES
En considérant la moyenne mondiale de production des DS
à 0,6 kg par jour et par personne, l'on estime à plus de 1,6
milliard de tonnes, les quantités de DS produites en 2009 à
l'échelle mondiale. En 2016 cette production mondiale en DS est
passée à 2,01 milliards de tonnes et sous l'effet de
l'urbanisation rapide et de la croissance démographique, la
quantité de déchet produite chaque année dans le monde
devrait grimper à 3,4 milliards de tonnes autours des trois prochaines
décennies.
I.2.1. Etat des lieux de la production des
déchets dans les PED et au Cameroun
L'augmentation des déchets produits est la
conséquence de la croissance démographique, de l'urbanisation et
du changement des modes de consommation. En effet, dans les pays en
développement, la production d'ordures ménagères tourne au
tour de 0,75 kg/hbt/jr (Farinet & Niang, 2004; Tounkara, 2015).
I.2.1.1. La production des déchets dans les
FED
Farinet & Niang (2004) et Tounkara (2015) stipulent que
dans les quartiers spontanés, cette valeur est de 0,3kg/hbt/jr. En
revanche, elle est observée à 1,7 kg/hbt/jr dans les quartiers de
haut standing, clame toujours la même source. En fait, la composition de
ces ordures ménagères est de 40 à 50% de matières
fermentescibles pour les pays en développement, et de 25% en Europe
(Farinet & Niang, 2004). Cette tendance est dépassée avec
l'explosion démographique et l'urbanisation
accélérée. La composition des ordures
ménagères s'est vue à la hausse ces dernières
décennies en ce qui concerne les putrescibles dans les pays en
développement ; 50 à 65% (Tounkara, 2015). Au regard de toute la
littérature sur la production des déchets ménagers par
kg/hbt/jr dans les pays en développement lié à leur
population, la connaissance de la masse de déchets produite par un
individu et par jour permettrait qu'on puisse estimer le tonnage annuel de
déchets ménagers sur le territoire afin de rendre le
résultat fiable. L'augmentation de la quantité de déchets
produits oblige donc à sa gestion pour un meilleur cadre de vie. Les
quantités produites sont fonction de la taille des ménages.
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
18
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
Le ratio journalier est la quantité de déchet
produit par habitant et par jour. Sa connaissance est une étape
primordiale lors de la mise en place de stratégies de gestion des
déchets (Aina & Susman, 2006). La quantité de déchets
générée est souvent très
hétérogène et variable suivant les pays, les lieux de vie
(villes ou villages), les modes et culture de vie et le niveau
socio-économique. L'écart entre la moyenne des déchets
produits dans les Pays Industrialisés (PI) et celle des Pays En
Développement (PED) est important (Tableau 2).
Tableau 2 : Niveau de production des déchets dans les PI
et les PED
Catégories des pays
|
Intervalle moyen des déchets
produits
|
Source
|
Pays Industrialisés
|
Entre 1,4-1,9kg/hab/j
|
(Charnay, 2005)
|
Pays en Voie de Développement
|
Entre 0,2-0,9kg/hab/j
|
(Charnay, 2005)
|
Production mensuelle par pays
|
USA
|
1,80kg/hab/j
|
(EPA, 2006).
|
Malaisie
|
Entre 0,5-0,8 kg/hab/j
|
(Sivapalan, Yunus, Sopian, & Samsuddin, 2003)
|
Yaounde
|
Entre 0,6-0,98 kg/hab/j
|
(E. Ngnikam, 2002)
|
Production annuelle
|
USA
|
Près de 700kg/hab/an
|
(de l' Environnement, 2005)
|
France
|
Près de 500kg/hab/an
|
(de l' Environnement, 2005)
|
PED
|
300kg/hab/an
|
|
Brasil
|
Entre 40 et 150
|
|
Source : Par nos soins
L'évolution des modes de vie, des habitudes
alimentaires, de la consommation associée à la croissance
démographique ont une forte incidence sur la quantité et la
typologie de déchets produits. Cette production varie également
d'une ville à une autre à l'intérieur du même pays,
ou d'un quartier à l'autre à l'intérieur d'une même
ville, souvent en fonction du niveau de vie des populations.
I.2.1.2. La production des déchets au
Cameroun
D'après les données du service de collecte et
les observations de terrain, HYSACAM collecte en moyenne 11t d'ordures
ménagères par jour. Avec une densité estimée
à 0,60 et une collecte réalisée tous les jours de
l'année, nous avons pu à partir du tonnage collecté par
HYSACAM estimer à 43800t/an en tenant compte des opérations
« coup de poing » lors desquelles la collecte est intensifiée
pour lutter contre les débordements des bacs.
Au Cameroun, comme dans de nombreux pays en
développement, la production des DSM augmente considérablement
d'année en année. On observe par exemple qu'entre 2008 et
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
19
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
2014, la production des DSM des villes camerounaises est
passée de 972000 tonnes/an à plus de 1 327 400 tonnes/an,
connaissant ainsi une augmentation de plus de 36% (INS 2016). Après
Douala, la ville de Yaoundé est la ville camerounaise qui produit le
plus de déchets. En effet chaque jour les habitants de Yaoundé
produisent en moyenne 12.6 tonnes/ jour (E. Ngnikam et al., 1993).
Toutefois, après des études faites dans
certaines villes du Cameroun, la Stratégie Nationale de Gestion des
Déchets (SNGD, 2007) estime que la production des déchets
ménagers et assimilés est de 0,6 kg/hbt/jr.(E. Ngnikam et al.,
1998; Emmanuel Ngnikam & Tanawa, 2006),(Ngambi, 2015; Tchuikoua, 2010) ont
démontré plutôt un dynamisme dans la production tout en
faisant l'analyse par rapport aux types d'habitat. Il ressort de leur analyse
qu'il y aurait une diminution du taux de production des déchets par
habitant au fur et à mesure qu'on passe des secteurs ou quartiers
à hauts standing et moyens standing (0,95 à 1,31kg/hbt/jr) aux
secteurs ou quartiers spontanés (0,5 à 0,8kg/hbt/jr). Il est
aussi à noter que la production varie selon le climat et les villes.
Ainsi, nous pouvons affirmer comme le dit Hamza, (2014) que le volume de la
production est changeant d'une ville à une autre, d'un quartier à
l'autre. Les volumes sont nettement supérieurs (presque deux fois) dans
les villes de plus de 100 000 habitants que dans les villes plus petites (0,6
kg contre 0,33 kg) Hamza, (2014).
Tableau 3 : Potentiel des déchets solides au Cameroun
Ville du Cameroun
|
Quantités traitées sur les sites fin 2015 (en
tonnes)
|
Potentiel évalué de collecte journalier en 2016
(en tonnes)
|
Édéa
|
130 201
|
94
|
Kribi
|
213 263
|
103
|
Buea
|
144 509
|
107
|
Limbe
|
273 170
|
106
|
Bafoussam
|
671 920
|
250
|
Ebolowa
|
159 243
|
113
|
Sangmélima
|
84 409
|
43
|
Meyomessala
|
18 800
|
12
|
Bertoua
|
151 231
|
152
|
Garoua
|
434 858
|
209
|
Maroua
|
419 830
|
190
|
Ngaoundéré
|
204 825
|
141
|
Douala
|
5 712 072
|
1 500
|
Yaoundé
|
5 558 049
|
1 350
|
Source : Hysacam (2016)
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
20
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
I.2.2. Le système de gestion des déchets
solides
Le système de gestion des DSU au Cameroun se limite
dans quelques villes aux opérations de collecte à travers les
bacs à ordures et camions de ramassage et de transfert dans une
décharge. Quelques fois, les déchets collectés sont
recyclés.
I.2.2.1. Le ramassage par bac/camion et mise en
décharge
Le bac à ordures peut être
considéré comme étant un récipient mis à
disposition pour collecter les ordures de plusieurs usagers
préalablement ciblés et ce dans une zone circonscrite. Il est un
instrument d'une de nos méthodes collecte qui est le ramassage par bac.
Le ménage à la possibilité de se débarrasser de ses
ordures à travers un bac, bac qui peut être à
proximité du logement du ménage ou un peu éloigné ;
S'il n'y a pas de bac devant le logement d'un ménage alors deux autres
situations sont envisageables. Soit le ménage est desservi par un camion
de la collecte porte à porte qui passe à un moment de la
journée devant chez lui, soit le bac qui le dessert se trouve dans un
rayon d'environ deux cents mètres aux environs de son domicile. Mais il
faut noter que le bac à ordures ne doit en principe pas remplacer la
poubelle domestique que devrait posséder chaque ménage pour
conserver ses ordures, sinon il faudrait placer des bacs devant chaque maison.
Imaginez donc quel en serait les coûts
Au Cameroun, une entreprise détenait le monopole du
marché en ce qui concerne la collecte et le traitement des
déchets, il s'agit de l'entreprise Hygiène et Salubrité du
Cameroun (HYSACAM). HYSACAM est une entreprise privée qui assure
l'activité de collecte et de traitement des ordures
ménagères dans les villes où elle travaille. La
législation camerounaise attribue la responsabilité de ce service
aux municipalités. Certaines ont choisis de concéder ce service
à une entreprise spécialisée qu'est HYSACAM, à
travers un marché public. HYSACAM est donc payée par les communes
des villes où elle enlève les ordures soit directement, soit
à travers des subventions que l'Etat accorde à ces villes.
Les marchés publics que la société
HYSACAM passe avec les villes sont très précis sur la
quantité des déchets à collecter. Dans la ville de
Yaoundé, par exemple, avec quelques 50 camions et plus de 600 personnes,
travaillant 24h/24, HYSACAM collecte 700 tonnes d'ordures par jour.
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
21
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
Tous les habitants des villes ont droit au même service
de propreté et de collecte des ordures. Il n'y a pas de quartiers
privilégiés. Cependant, la collecte des ordures
ménagères dépend fondamentalement de la desserte en
voirie. Les quartiers les mieux desservis seront plus facilement
collectés que les quartiers enclavés ou les bas-fonds. Par
ailleurs, il se trouve que les populations de ces quartiers bien desservis sont
aussi les plus nanties et sont ceux qui ont un niveau de vie assez
élevé. Ce sont les quartiers où on retrouve le plus grand
nombre de poubelles réglementaires que les gardiens ou les concierges
sortent des domiciles au moment du passage du camion de collecte. Ce qui
facilite encore plus le service. Ainsi, dans les quartiers comme Bonapriso,
Bonanjo, à Douala, et bastos à Yaoundé, le service de
collecte est beaucoup plus facile. Ce qui donne l'impression que ces quartiers
sont favorisés. Or dans la réalité, HYSACAM déploie
plus de moyens matériels et de ressources humaines dans les quartiers
difficiles d'accès, avec un résultat qui n'est pas le même,
parce que le travail y est plus difficile. Ces quartiers sont non seulement
plus denses en termes de populations, mais également plus difficiles
parce que les gens y déversent les déchets un peu partout.
I.2.2.2 Le recyclage dans le cadre de
l'économie circulaire
Nous mobiliserons cette notion par rapport à notre
sujet parce qu'elle est un système dans lequel, il y'a des enjeux
d'ordre social, économique et environnemental. Il permet de valoriser
les gisements sans toutefois causer les problèmes environnementaux.
De manière simple, l'économie circulaire peut
être un système qui redonne de la valeur aux déchets, tout
en contribuant à mieux les gérer (Arnsperger & Bourg, 2016).
Pour une meilleure appréhension de ce concept, nous analysons tour
à tour les points de vue de certains auteurs dont l'économie
circulaire a fait leur objet d'étude.
Le concept de l'économie circulaire a commencé
au Cameroun lors des Premières Assises Nationales sur les déchets
en 2016. Ainsi, le Ministère de l'Environnement, de la Protection de la
Nature et du Développement Durable (MINEPDED) et plusieurs autres
entreprises se sont réunis pour travailler sur le thème afin de
faire de la gestion des déchets, un maillon important dans le
développement économique du pays. Monsieur Hélé
Pierre, le chef de département du MINEPDED a déclaré que
l'économie circulaire, non linéaire, désigne « un
concept économique qui s'inscrit dans le cadre du développement
durable et dont l'objectif
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
22
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
est de produire des biens et services tout en limitant la
consommation et le gaspillage des matières premières
».
Ngambi (2015), dans sa thèse « la gestion
linéaire des déchets ménagers à Yaoundé vers
l'économie circulaire », a montré que le passage d'une
gestion linéaire vers une économie circulaire dans les villes
camerounaises nécessite une intervention efficace des administrations
publiques et une législation claire. Ceci peut être une
stratégie pour inciter les populations et les investisseurs à
s'intéresser aux gisements des déchets encore peu
exploités dans les villes. Ainsi, la récupération
étant à la base de tout processus de valorisation, elle se
présente comme un moyen efficace pour la réduction des flux de
déchets vers les décharges.
L'économie circulaire repose sur 7 axes qui se combinent
et génèrent des emplois
- Le premier axe, l'approvisionnement durable qui concerne le
mode d'exploitation et d'extraction des ressources.
- Le deuxième axe, l'écoconception (ou «
Eco design »), prend en compte, au stade de la conception, tous les
impacts environnementaux sur l'ensemble du cycle de vie d'un
procédé ou d'un produit. Par exemple, la hausse de la
durée de vie tout en réduisant la masse du pneu.
- Le troisième axe, l'écologie industrielle, est
un mode d'organisation industrielle mis en place par plusieurs entreprises d'un
même territoire et caractérisé par une gestion
optimisée des ressources (eau, matière, énergie).
- L'économie de fonctionnalité constitue le
quatrième axe. Elle privilégie l'usage à la possession et
tend à vendre des services liés aux produits plutôt que les
produits eux-mêmes.
- Le réemploi, cinquième axe, permet de remettre
dans le circuit économique les produits ne répondant plus aux
besoins du premier consommateur. C'est ce qui correspond à la vente de
pneus d'occasion.
- Le sixième axe est celui de la réparation. Les
biens en panne (comme les pneus crevés) peuvent retrouver une
deuxième vie par le biais de la réparation avec des pièces
neuves ou d'occasions issues du processus de réutilisation.
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
- Enfin, le dernier axe est bien connu : il s'agit du
recyclage. Il vise à réutiliser les matières
premières issues des déchets soit en boucle fermée (pour
produire des produits similaires) soit en boucle ouverte (utilisation dans la
production d'autres types de biens), comme les terrains de sport et les
souliers fabriqués à partir de pneu recyclé.
23
Rédigé et présenté par :
KINGUE MOUDOUTE Albert Racel
ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS
SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014
|
|