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Analyse se l'évolution des modes de gestion des déchets solides urbains par les ménages au Cameroun entre 2007 et 2014


par Albert Racel Kingue Moudoute
Université de Yaounde II - Master en Économie de l'environnement du développement rural et de l'agroalimentaire 2020
  

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INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

La littérature récente répertorie une variété de facteurs susceptibles d'influencer les ménages sur le choix du mode d'évacuation des DSU pour ce faire de nombreuses études ont été menées dans le cadre de l'explication du comportement des ménages dans le choix de leur mode de gestion des déchets (J. Sotamenou, 2010), nombreux sont ces auteurs qui se sont appuyés sur le comportement des ménages, pour expliquer le choix du mode de gestion des déchets solides urbains observés dans l'économie c'est le cas notamment de Choe & Fraser (1999); Ngambi, (2015); J. Sotamenou et al. (2008) qui ont axé leurs études sur les généralités entourant la gestion des déchets ; concept qui tourne autour de sa définition et de sa composition. Le concept de déchet et de gestion de déchets a été abordé sous des angles différents et ont des perceptions différentes ; c'est pour comprendre le comportement des ménages dans le choix de leur mode de gestion que plusieurs théories vont être élaborées à la suite de la clarification des concepts de notre étude. Les théories phares qui conduiront cette étude sont celles des préférences révélées de Samuelson (1938) et de celles de la nouvelle théorie économique de Lancaster (1966).

En s'inscrivant dans cette lancée, notre objectif dans cette partie sera d'analyser théoriquement la gestion des déchets dans le monde en général et au Cameroun en particulier. Pour ce faire, nous subdiviserons cette première partie en deux chapitres. Le Chapitre 1 qui traite du cadre conceptuel de la gestion des déchets solides et le Chapitre 2 qui analyse la revue théorique et empirique de la gestion des déchets solides urbains par les ménages.

Rédigé et présenté par : KINGUE MOUDOUTE Albert Racel

ANALYSE DE L'EVOLUTION DES MODES DE GESTION DES DECHETS SOLIDES URBAINS PAR LES MENAGES AU CAMEROUN ENTRE 2007 ET 2014

CHAPITRE I :

CADRE CONCEPTUEL DE LA GESTION DES DECHETS

SOLIDES

De nombreuses études ont été menées dans le cadre de l'explication du comportement des ménages dans le choix de leur mode de gestion des déchets (Joël Sotamenou, 2010), en passant par Parrot et al., (2009) et Mukuku et al., (2018), nombreux sont ces auteurs qui se sont appuyés sur le comportement des ménages, pour expliquer le choix du mode de gestion des déchets solides urbains observés dans l'économie. Pour préserver l'environnement et la santé des populations, les municipalités des pays en développement gagneraient à accentuer les stratégies de gestion de déchets plus efficaces (J. Sotamenou, De Jaeger, & Rousseau, 2019). Au Cameroun, les opérations de gestion des déchets ménagers se cantonnent à débarrasser les ménages plus ou moins quotidiennement de leurs déchets afin d'assurer l'hygiène et la salubrité des domiciles. La préservation de l'environnement n'est pas toujours prise en compte. Si le coût direct d'élimination (collecte, transport et traitement) est évaluable, les coûts externes (pollutions de l'atmosphère, du sol, de l'eau, etc.), voire sociaux ne sont pas monétairement mesurables. Ces externalités se situent à un double niveau : D'une part, le producteur de déchets ne fait pas face à l'ensemble des coûts techniques et environnementaux liés à l'élimination des déchets ménagers ; d'autre part, ceux qui sont chargés de la gestion des déchets ménagers (les municipalités) ne tiennent pas compte des coûts environnementaux dans le traitement des déchets ménagers.

Le présent chapitre est consacré à la présentation de déchets et de leur gestion suivant une approche conceptuelle et contextuelle. Pour cela, nous organiserons notre travail autour de deux sections : la première est relative aux généralités sur les déchets solides et la seconde fait une présentation de l'état des lieux et des systèmes de gestion des DS.

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I.1. GENERALITES SUR LES MODES DE GESTION DES DECHETS SOLIDES PAR LES MENAGES

Cette section a pour objectif de présenter les généralités sur la gestion des déchets solides. Ainsi nous présenterons d'une part le concept de « déchets » dans sa pluralité et leurs caractéristiques et d'autre part nous présenterons les déchets solides et la production d'externalité

I.1.1. Les déchets et leurs caractéristiques

Parler de la nature des déchets revient à identifier les différents types de déchets que l'on rencontre généralement dans les zones urbaines, et à présenter leurs caractéristiques ; mais avant d'y arriver, définissons le terme « déchet ».

I.1.1.1. Quelques définitions du terme « déchet »

Le concept de déchet peut s'avérer avoir plusieurs sens et sa définition a connu une évolution dans le temps, selon les perceptions sociales collectives ou individuelles, et selon les disciplines dans lesquelles il est associé. Etymologiquement, le déchet dérive du bas latin « cadere », qui découle de « déchié », forme régulière du participe passé du verbe « déchoir », qui traduit la réduction de valeur d'une matière, d'un objet, jusqu'au point où il devient inutilisable en un temps et en un lieu donné (Pichat, 1995).Pour mieux appréhender ce concept, il sera défini selon plusieurs approches.

L'OMS9 définit le déchet comme quelque chose que son propriétaire ne veut plus et qui n'a pas de valeur commerciale courante ou perçue (Lhuilier & Cochin, 1999). Dans la même lancée Bertolini (1990) définit le déchet comme étant un produit dont la valeur d'usage et la valeur d'échange sont nulles pour son détenteur ou son propriétaire. Ces deux définitions ne donnent aucune valeur économique au déchet. Toutefois, ce déficit en valeur économique tient du fait que le déchet n'est pas un produit rare. Pour s'en débarrasser le détendeur ou le propriétaire devrait le faire lui-même ou payer quelqu'un pour le faire. Cependant cette définition qui montre la nullité de la valeur économique du déchet est néanmoins

9 Organisation Mondiale de la Santé

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superficielle, car en effet ce que les uns considèrent comme déchets peut servir de matières premières aux autres pour leur permettre de fabriquer d'autres produits ou d'autres biens. Il est à noter qu'un bien ou un objet ne garde pas la même valeur dans le temps, ce qui justifie le fait que le temps influence la valeur du bien ; ce raisonnement est parfaitement illustré par L. Y. Maystre et al (1994); Tchuikoua ( 2010) qui stipulent que « un objet débarrassé d'un vieux grenier peut devenir objet de brocante, puis une antiquité. Quelques vieux papiers dans une poubelle sont un déchet alors qu'un ballot de vieux papiers imprimés dans un conteneur est une matière de récupération et recyclable ».

Deux conceptions majeures des déchets sont considérées à savoir la conception subjective et la conception objective.

Selon la conception subjective « un bien ne devient déchet que lorsque son détenteur a marqué sa volonté de s'en débarrasser ». Pour la conception objective, un déchet est « un bien dont la gestion doit être contrôlée au profit de la protection de la santé publique et de l'environnement » (Bertolini, 1990; Ngambi, 2015).

La législation française définit le déchet comme « tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l'abandon » (Code de l'environnement, art. L.541-1 ; (Graindorge, de Frahan, & Howitt, 2000).

Au Cameroun, la loi n°96/12 du 05 août 1996 article 4 alinéa C portant Loi Cadre relative à la gestion de l'environnement votée par l'Assemblée Nationale définit « déchet » comme « tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance ou tout matériau produit ou, plus généralement, tout bien meuble ou immeuble abandonné ou destiné à l'abandon. On entend par abandon, tout acte tendant, sous le couvert d'une cession à titre gratuit ou onéreux, à soustraire son acteur aux prescriptions législatives et réglementaires ». On constate que cette définition camerounaise a fait un emprunt à celle de la France. La définition du déchet donnée par la loi française du 15 juillet 1975 a été et reste jusqu'à présent un outil juridique important. Cette définition française a donc servi de base à la définition de la notion de déchet dans plusieurs pays qui l'ont adaptée à leur contexte socio-économique.

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Le déchet tel que précédemment défini montre une fois de plus le caractère univoque de ce concept. Quelle que soit la définition prise, il en ressort la notion de relativité10 et d'obligation11 d'élimination de déchet. (Lucien Yves Maystre et al., 1994), montre aussi que la définition juridique du déchet est basée sur la subjectivité et l'objectivité. Dans les pratiques usuelles, les ménages n'ayant pas les moyens de traiter leurs déchets, remplissent leurs obligations à travers le tri sélectif, le compostage individuel ou collectif et le payement des taxes des ordures ménagères (TOM) qui permettent de financer le traitement des déchets.

Les déchets sont des sources de nuisance dès lors qu'ils n'ont pas été rendus inertes. Les effets sont directs (paysage, brûlage, percolation) ou indirects (risque du transport, déchet lors du traitement). C'est pourquoi plusieurs insistent sur la composition du déchet comme critère d'identification.

I.1.1.2. La nature des déchets solides

Pour Maystre & Viret (1995), les déchets peuvent être perçus sous plusieurs angles notamment l'angle économique, juridique et environnemental. Sur le plan environnemental, les déchets englobent les DS, liquides (eaux usées, huiles, boues) et gazeux (gaz et fumées). Toutes ces catégories de déchets ont des compositions spécifiques à chacune mais nous nous intéressons spécifiquement à celles des DS. Ces catégories de déchets sont en principe incinérées, recyclées ou mis en décharge (Sotamenou, 2012).

Selon les Nations Unies, « Les déchets solides comprennent toutes les ordures ménagères et déchets non dangereux, tels que les déchets des établissements commerciaux et collectifs, les balayures de voierie et les gravats. Dans certains pays, le système de gestion des déchets solides s'occupe aussi des déchets humains tels que déjections, centres d'incinération, vidanges de fosses septiques et boues résiduaires des stations d'épuration. Si ces déchets

10 La relativité renvoie à la valeur du déchet qui évolue dans le temps, les perceptions sociales et les usages

qu'on en fait.

11 L'obligation fait référence à la responsabilité du producteur du déchet de s'en débarrasser ou de le faire éliminer, car de par ses caractéristiques et ses propriétés, le déchet peut être dangereux pour l'homme et l'environnement.

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présentent des caractéristiques dangereuses, ils devraient être traités comme des déchets dangereux » (Tounkara, 2015).

Selon Gillet (1985), on distingue dans les DS :

y' Les particules « fines » de diamètre inférieur à 20 mm ;

y' Les déchets végétaux ;

y' Les papiers et cartons ;

y' Les chiffons et autres déchets textiles ;

y' Les matières plastiques ;

y' Les os et les métaux ;

y' Les débris combustibles et incombustibles non classés ;

y' Les verres, porcelaine et faïence.

Le tableau 1 présente la composition des DS dans quelques pays.

Tableau 1 : Composition des DS dans quelques pays

Pays

Fermentiscides et
végétaux

Verres

Papiers et cartons

Plastiques

Métaux

En Amérique et en Océanie

Australie

47,0

7,0

23,0

4,0

5,0

Canada

24,0

6,0

47,0

3,0

13,0

Cuba

34,0

22,0

5,0

11,0

10,0

Etats-Unis

25,0

5,0

34,0

12,0

4,0

Mexique

55,0

4,0

15,0

4,0

6,0

Pérou

34,0

7,1

6,0

7,2

2,8

En Europe

Allemagne

14,0

12,0

34,0

22,0

5,0

Autriche

47,0

7,0

23,0

4,0

5,0

France

32,0

10,0

20,0

9,0

3,0

Grèce

47,0

5,0

20,0

9,0

5,0

Italie

29,0

13,0

28,0

5,0

2,0

En Asie

Chine

49,0

2,0

16,0

16,0

2,0

Corée

28,0

5,0

24,0

8,0

3,0

Japon

34,0

5,0

33,0

13,0

3,0

Taiwan

22,7

7,5

28,4

19,7

4,1

En Afrique

Bénin

52,9

0,7

2,7

4,3

1,2

Cameroun

61,7

2,1

3,7

2,1

3,8

Côte d'Ivoire

50,9

0,6

5,8

6,8

1,0

Maroc

68,0

0,7

19,0

2,5

5,6

Nigéria

56,0

2,0

13,0

6,0

-

Tchad

25,0

1,0

3,0

6,0

2,0

Source : Sotamenou (2012)

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La fraction fermentescible est beaucoup rencontrée dans le continent africain (52,9% au Benin, 56,3 au Sénégal, 61,7% au Cameroun et 68% au Maroc). On observe également que le Cuba est parmi les plus grands producteurs de déchets « verres ». Pour les déchets « papiers cartons » ils sont en majorité produits en Amérique soit 34% aux USA et 47% pour le Canada. L'Allemagne cependant produit beaucoup plus les déchets « plastiques » soit 22%. Concernant les déchets « métaux » le Nigéria en produit très peu.

I.1.2. Les déchets solides et la production d'externalité

Selon Salanié (1998), on dit qu'il y'a effets externes ou externalités, quand les actions d'un agent influencent directement les possibilités de choix (c'est-à-dire l'ensemble de production ou l'ensemble de consommation) d'un autre agent.

Pour Varian (2003), une situation économique implique une externalité de consommation si un consommateur se préoccupe directement de la production ou de la consommation d'un autre agent. De même, il y'a externalité de production quand les possibilités de production d'une entreprise sont influencées par le choix d'une autre entreprise ou d'un consommateur. On distingue les effets externes positifs et les effets externes négatifs.

I.1.2.1. Les effets externes négatifs

On appelle externalités négatives tous les désagréments que provoque la production des déchets solides des ménages aussi bien sur les agents économiques que sur l'environnement.

Les tas de déchets solides produits et abandonnés sur les trottoirs par les ménages favorisent la prolifération et la transmission des germes pathogènes par les insectes, ces insectes qui sont des vecteurs de transmission des maladies. La transformation chimique de ces déchets dégage de très fortes odeurs, détériorant ainsi la qualité de l'air que l'on respire et mettant en danger la santé des ménages qui respirent cet air.

La mise en décharge du déchet produit des eaux de percolation, Lixiviats qui polluent les eaux souterraines et les cours d'eau, lorsque ces eaux ne sont pas traitées avant le rejet dans la nature.

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L'environnement est un ensemble des éléments physiques (l'eau, la terre, l'air, ressources naturelles, faune et flore) ainsi que des interrelations entre ces éléments et entre l'homme. La mauvaise gestion des déchets a pour conséquence, la contamination de l'air, de l'eau et du sol.

- Dégagement des gaz toxiques : L'incinération ou les feux incontrôlés des dépôts de déchets ménagers provoquent le dégagement de volumes importants d'acide chlorhydrique gazeux, l'incinération des mousses de polyuréthane provoque l'émanation d'un gaz assez toxique : le phosgène. Il faut aussi noter que la mise en décharge occasionne la production de volumes importants de méthane : ce gaz peut donner naissance à des explosions et provoquer des incendies. De plus, le méthane et le gaz carbonique libéré contribuent à accentuer l'effet de serre, cause de réchauffement de la planète.

- Encombrement : Lorsque les déchets ne sont pas régulièrement enlevés, ils encombrent les trottoirs et les chaussées, ternissant ainsi l'image de la ville. L'obstruction des caniveaux et ouvrages d'évacuation des eaux usées sont source d'inondation en saison de pluie.

I.1.2.2. Les effets externes positifs

Dans le cas plus précis des déchets ménagers, nous allons considérer comme effets externes positifs, tous les avantages que procure la production des déchets ménagers.

Selon une étude de l'ADEME, à prix égal, la collecte séparative (absente au Cameroun) génère dix fois plus d'emplois que l'incinération, trente fois plus que la mise en décharge (comme au Cameroun). La collecte séparative entraîne une augmentation des personnels de l'ordre de 5 à 10 % variable selon la densité de l'habitat. Si la collecte elle-même n'apporte que peu de changements en termes d'emplois, le tri, qui est un complément indispensable, induit des mouvements plus significatifs.

Lorsque les déchets sont recyclés, ils jouent un rôle important dans les exploitations agricoles. En effet, du fait des substances organiques qu'ils contiennent (plus de 50% des de la composition des DS) ils fertilisent le sol. Le compost est la forme décomposée de ces déchets ménagers et joue un rôle très important dans la fertilisation des sols, sols qui ne sont pas toujours fertiles.

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I.2. ETAT DES LIEUX ET SYSTEMES DE GESTION DES DECHETS SOLIDES

En considérant la moyenne mondiale de production des DS à 0,6 kg par jour et par personne, l'on estime à plus de 1,6 milliard de tonnes, les quantités de DS produites en 2009 à l'échelle mondiale. En 2016 cette production mondiale en DS est passée à 2,01 milliards de tonnes et sous l'effet de l'urbanisation rapide et de la croissance démographique, la quantité de déchet produite chaque année dans le monde devrait grimper à 3,4 milliards de tonnes autours des trois prochaines décennies.

I.2.1. Etat des lieux de la production des déchets dans les PED et au Cameroun

L'augmentation des déchets produits est la conséquence de la croissance démographique, de l'urbanisation et du changement des modes de consommation. En effet, dans les pays en développement, la production d'ordures ménagères tourne au tour de 0,75 kg/hbt/jr (Farinet & Niang, 2004; Tounkara, 2015).

I.2.1.1. La production des déchets dans les FED

Farinet & Niang (2004) et Tounkara (2015) stipulent que dans les quartiers spontanés, cette valeur est de 0,3kg/hbt/jr. En revanche, elle est observée à 1,7 kg/hbt/jr dans les quartiers de haut standing, clame toujours la même source. En fait, la composition de ces ordures ménagères est de 40 à 50% de matières fermentescibles pour les pays en développement, et de 25% en Europe (Farinet & Niang, 2004). Cette tendance est dépassée avec l'explosion démographique et l'urbanisation accélérée. La composition des ordures ménagères s'est vue à la hausse ces dernières décennies en ce qui concerne les putrescibles dans les pays en développement ; 50 à 65% (Tounkara, 2015). Au regard de toute la littérature sur la production des déchets ménagers par kg/hbt/jr dans les pays en développement lié à leur population, la connaissance de la masse de déchets produite par un individu et par jour permettrait qu'on puisse estimer le tonnage annuel de déchets ménagers sur le territoire afin de rendre le résultat fiable. L'augmentation de la quantité de déchets produits oblige donc à sa gestion pour un meilleur cadre de vie. Les quantités produites sont fonction de la taille des ménages.

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Le ratio journalier est la quantité de déchet produit par habitant et par jour. Sa connaissance est une étape primordiale lors de la mise en place de stratégies de gestion des déchets (Aina & Susman, 2006). La quantité de déchets générée est souvent très hétérogène et variable suivant les pays, les lieux de vie (villes ou villages), les modes et culture de vie et le niveau socio-économique. L'écart entre la moyenne des déchets produits dans les Pays Industrialisés (PI) et celle des Pays En Développement (PED) est important (Tableau 2).

Tableau 2 : Niveau de production des déchets dans les PI et les PED

Catégories des pays

Intervalle moyen des déchets

produits

Source

Pays Industrialisés

Entre 1,4-1,9kg/hab/j

(Charnay, 2005)

Pays en Voie de Développement

Entre 0,2-0,9kg/hab/j

(Charnay, 2005)

Production mensuelle par pays

USA

1,80kg/hab/j

(EPA, 2006).

Malaisie

Entre 0,5-0,8 kg/hab/j

(Sivapalan, Yunus, Sopian, & Samsuddin, 2003)

Yaounde

Entre 0,6-0,98 kg/hab/j

(E. Ngnikam, 2002)

Production annuelle

USA

Près de 700kg/hab/an

(de l' Environnement, 2005)

France

Près de 500kg/hab/an

(de l' Environnement, 2005)

PED

300kg/hab/an

 

Brasil

Entre 40 et 150

 

Source : Par nos soins

L'évolution des modes de vie, des habitudes alimentaires, de la consommation associée à la croissance démographique ont une forte incidence sur la quantité et la typologie de déchets produits. Cette production varie également d'une ville à une autre à l'intérieur du même pays, ou d'un quartier à l'autre à l'intérieur d'une même ville, souvent en fonction du niveau de vie des populations.

I.2.1.2. La production des déchets au Cameroun

D'après les données du service de collecte et les observations de terrain, HYSACAM collecte en moyenne 11t d'ordures ménagères par jour. Avec une densité estimée à 0,60 et une collecte réalisée tous les jours de l'année, nous avons pu à partir du tonnage collecté par HYSACAM estimer à 43800t/an en tenant compte des opérations « coup de poing » lors desquelles la collecte est intensifiée pour lutter contre les débordements des bacs.

Au Cameroun, comme dans de nombreux pays en développement, la production des DSM augmente considérablement d'année en année. On observe par exemple qu'entre 2008 et

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2014, la production des DSM des villes camerounaises est passée de 972000 tonnes/an à plus de 1 327 400 tonnes/an, connaissant ainsi une augmentation de plus de 36% (INS 2016). Après Douala, la ville de Yaoundé est la ville camerounaise qui produit le plus de déchets. En effet chaque jour les habitants de Yaoundé produisent en moyenne 12.6 tonnes/ jour (E. Ngnikam et al., 1993).

Toutefois, après des études faites dans certaines villes du Cameroun, la Stratégie Nationale de Gestion des Déchets (SNGD, 2007) estime que la production des déchets ménagers et assimilés est de 0,6 kg/hbt/jr.(E. Ngnikam et al., 1998; Emmanuel Ngnikam & Tanawa, 2006),(Ngambi, 2015; Tchuikoua, 2010) ont démontré plutôt un dynamisme dans la production tout en faisant l'analyse par rapport aux types d'habitat. Il ressort de leur analyse qu'il y aurait une diminution du taux de production des déchets par habitant au fur et à mesure qu'on passe des secteurs ou quartiers à hauts standing et moyens standing (0,95 à 1,31kg/hbt/jr) aux secteurs ou quartiers spontanés (0,5 à 0,8kg/hbt/jr). Il est aussi à noter que la production varie selon le climat et les villes. Ainsi, nous pouvons affirmer comme le dit Hamza, (2014) que le volume de la production est changeant d'une ville à une autre, d'un quartier à l'autre. Les volumes sont nettement supérieurs (presque deux fois) dans les villes de plus de 100 000 habitants que dans les villes plus petites (0,6 kg contre 0,33 kg) Hamza, (2014).

Tableau 3 : Potentiel des déchets solides au Cameroun

Ville du Cameroun

Quantités traitées sur les sites fin 2015 (en tonnes)

Potentiel évalué de collecte journalier en 2016 (en tonnes)

Édéa

130 201

94

Kribi

213 263

103

Buea

144 509

107

Limbe

273 170

106

Bafoussam

671 920

250

Ebolowa

159 243

113

Sangmélima

84 409

43

Meyomessala

18 800

12

Bertoua

151 231

152

Garoua

434 858

209

Maroua

419 830

190

Ngaoundéré

204 825

141

Douala

5 712 072

1 500

Yaoundé

5 558 049

1 350

Source : Hysacam (2016)

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I.2.2. Le système de gestion des déchets solides

Le système de gestion des DSU au Cameroun se limite dans quelques villes aux opérations de collecte à travers les bacs à ordures et camions de ramassage et de transfert dans une décharge. Quelques fois, les déchets collectés sont recyclés.

I.2.2.1. Le ramassage par bac/camion et mise en décharge

Le bac à ordures peut être considéré comme étant un récipient mis à disposition pour collecter les ordures de plusieurs usagers préalablement ciblés et ce dans une zone circonscrite. Il est un instrument d'une de nos méthodes collecte qui est le ramassage par bac. Le ménage à la possibilité de se débarrasser de ses ordures à travers un bac, bac qui peut être à proximité du logement du ménage ou un peu éloigné ; S'il n'y a pas de bac devant le logement d'un ménage alors deux autres situations sont envisageables. Soit le ménage est desservi par un camion de la collecte porte à porte qui passe à un moment de la journée devant chez lui, soit le bac qui le dessert se trouve dans un rayon d'environ deux cents mètres aux environs de son domicile. Mais il faut noter que le bac à ordures ne doit en principe pas remplacer la poubelle domestique que devrait posséder chaque ménage pour conserver ses ordures, sinon il faudrait placer des bacs devant chaque maison. Imaginez donc quel en serait les coûts

Au Cameroun, une entreprise détenait le monopole du marché en ce qui concerne la collecte et le traitement des déchets, il s'agit de l'entreprise Hygiène et Salubrité du Cameroun (HYSACAM). HYSACAM est une entreprise privée qui assure l'activité de collecte et de traitement des ordures ménagères dans les villes où elle travaille. La législation camerounaise attribue la responsabilité de ce service aux municipalités. Certaines ont choisis de concéder ce service à une entreprise spécialisée qu'est HYSACAM, à travers un marché public. HYSACAM est donc payée par les communes des villes où elle enlève les ordures soit directement, soit à travers des subventions que l'Etat accorde à ces villes.

Les marchés publics que la société HYSACAM passe avec les villes sont très précis sur la quantité des déchets à collecter. Dans la ville de Yaoundé, par exemple, avec quelques 50 camions et plus de 600 personnes, travaillant 24h/24, HYSACAM collecte 700 tonnes d'ordures par jour.

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Tous les habitants des villes ont droit au même service de propreté et de collecte des ordures. Il n'y a pas de quartiers privilégiés. Cependant, la collecte des ordures ménagères dépend fondamentalement de la desserte en voirie. Les quartiers les mieux desservis seront plus facilement collectés que les quartiers enclavés ou les bas-fonds. Par ailleurs, il se trouve que les populations de ces quartiers bien desservis sont aussi les plus nanties et sont ceux qui ont un niveau de vie assez élevé. Ce sont les quartiers où on retrouve le plus grand nombre de poubelles réglementaires que les gardiens ou les concierges sortent des domiciles au moment du passage du camion de collecte. Ce qui facilite encore plus le service. Ainsi, dans les quartiers comme Bonapriso, Bonanjo, à Douala, et bastos à Yaoundé, le service de collecte est beaucoup plus facile. Ce qui donne l'impression que ces quartiers sont favorisés. Or dans la réalité, HYSACAM déploie plus de moyens matériels et de ressources humaines dans les quartiers difficiles d'accès, avec un résultat qui n'est pas le même, parce que le travail y est plus difficile. Ces quartiers sont non seulement plus denses en termes de populations, mais également plus difficiles parce que les gens y déversent les déchets un peu partout.

I.2.2.2 Le recyclage dans le cadre de l'économie circulaire

Nous mobiliserons cette notion par rapport à notre sujet parce qu'elle est un système dans lequel, il y'a des enjeux d'ordre social, économique et environnemental. Il permet de valoriser les gisements sans toutefois causer les problèmes environnementaux.

De manière simple, l'économie circulaire peut être un système qui redonne de la valeur aux déchets, tout en contribuant à mieux les gérer (Arnsperger & Bourg, 2016). Pour une meilleure appréhension de ce concept, nous analysons tour à tour les points de vue de certains auteurs dont l'économie circulaire a fait leur objet d'étude.

Le concept de l'économie circulaire a commencé au Cameroun lors des Premières Assises Nationales sur les déchets en 2016. Ainsi, le Ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED) et plusieurs autres entreprises se sont réunis pour travailler sur le thème afin de faire de la gestion des déchets, un maillon important dans le développement économique du pays. Monsieur Hélé Pierre, le chef de département du MINEPDED a déclaré que l'économie circulaire, non linéaire, désigne « un concept économique qui s'inscrit dans le cadre du développement durable et dont l'objectif

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est de produire des biens et services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières ».

Ngambi (2015), dans sa thèse « la gestion linéaire des déchets ménagers à Yaoundé vers l'économie circulaire », a montré que le passage d'une gestion linéaire vers une économie circulaire dans les villes camerounaises nécessite une intervention efficace des administrations publiques et une législation claire. Ceci peut être une stratégie pour inciter les populations et les investisseurs à s'intéresser aux gisements des déchets encore peu exploités dans les villes. Ainsi, la récupération étant à la base de tout processus de valorisation, elle se présente comme un moyen efficace pour la réduction des flux de déchets vers les décharges.

L'économie circulaire repose sur 7 axes qui se combinent et génèrent des emplois

- Le premier axe, l'approvisionnement durable qui concerne le mode d'exploitation et d'extraction des ressources.

- Le deuxième axe, l'écoconception (ou « Eco design »), prend en compte, au stade de la conception, tous les impacts environnementaux sur l'ensemble du cycle de vie d'un procédé ou d'un produit. Par exemple, la hausse de la durée de vie tout en réduisant la masse du pneu.

- Le troisième axe, l'écologie industrielle, est un mode d'organisation industrielle mis en place par plusieurs entreprises d'un même territoire et caractérisé par une gestion optimisée des ressources (eau, matière, énergie).

- L'économie de fonctionnalité constitue le quatrième axe. Elle privilégie l'usage à la possession et tend à vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes.

- Le réemploi, cinquième axe, permet de remettre dans le circuit économique les produits ne répondant plus aux besoins du premier consommateur. C'est ce qui correspond à la vente de pneus d'occasion.

- Le sixième axe est celui de la réparation. Les biens en panne (comme les pneus crevés) peuvent retrouver une deuxième vie par le biais de la réparation avec des pièces neuves ou d'occasions issues du processus de réutilisation.

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- Enfin, le dernier axe est bien connu : il s'agit du recyclage. Il vise à réutiliser les matières premières issues des déchets soit en boucle fermée (pour produire des produits similaires) soit en boucle ouverte (utilisation dans la production d'autres types de biens), comme les terrains de sport et les souliers fabriqués à partir de pneu recyclé.

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