Appréciation des services et intention de switch dans une institution du système financier décentralisé: application aux membres de la COOPEC AKIBA YETUpar Etienne MUMBERE KASUMBA Université Libre des Pays des Grands-Lacs ULPGL/Goma - Licence 2020 |
I.1.2. Quelques services financiersL'offre des services adaptés aux exclus du système financier classique reste l'origine de la Microfinance. Dans cette sous-section, nous faisons mention, d'une manière brève, de quelques services financiers, pris de traditionnel, offerts par la quasi-totalité des institutions de Microfinance, à savoir le crédit, l'épargne, la micro assurance, et le transfert. I.1.2.1. Le créditÉtymologiquement, le mot crédit est d'origine latine « credere » qui signifie : « avoir confiance » ; « se fier à ». Il désigne « un acte de confiance se traduisant par un prêt en espèce ou en nature consenti par une personne, en contrepartie d'une promesse de remboursement dans un délai généralement convenu à l'avance. Crédit implique donc une réputation de solvabilité.21(*) Type de crédit Ainsi défini, on distingue alors deux types de crédits selon leur mode d'usage : Ø Le crédit non productif : C'est le crédit de consommation effectué par les ménages dans le but de l'acquisition des biens ou des services liés directement à la consommation. Comme son nom l'indique, ce crédit ne génère pas de revenus, les ménages recourent souvent à d'autres sources de financement comme leur salaire, les aides familiales pour rembourser, la plus-value issue de leurs AGR, etc. ; Ø Le crédit productif : C'est le crédit d'investissement sollicité par des personnes physiques ou morales dans le but de réaliser un projet nouveau, ou d'étendre une activité existante. En règle générale, c'est l'activité financée qui doit produire des revenus servant au remboursement du crédit de ce type ; Ø Crédit individuel22(*): C'est le type de crédit où l'emprunteur reçoit un prêt en son propre compte. Très souvent il doit apporter les garanties physiques ou des cautions. L'obtention de ce type de crédit est effective si le client ou bénéficiaire23(*)a une épargne. Cette notion s'oppose au thème de microcrédit solidaire qui est une méthodologie développée dans les années 70 qui permet aux emprunteurs de se former en groupe de 2 à 5 personnes pour bénéficier du crédit. Le crédit solidaire : un héritage de la Grameen BankGrâce aux succès opérationnels et médiatiques de la Grameen Bank, le « crédit solidaire » a servi de matrice à beaucoup d'initiatives de microcrédit dans le monde. Le produit a été bien évidemment adapté et transformé mais quelques principes de base restent généralement appliqués24(*) : Ø Les montants des crédits octroyés restent limités : En général endessous du PIB par habitant du pays. Pour des montantsde prêts plus élevés, le principe même de la caution solidaire seraiten effet remis en cause : au-delà d'un seuil donné, les membres d'ungroupe ne se sentent plus liés par la solidarité ; Ø Les prêts sont renouvelés avec des montants croissants : C'est un principe de base de la Microfinance, qui dépasse d'ailleurs le cadre du simple crédit solidaire. L'assurance d'obtenir rapidement un nouveau prêt d'un montant plus important crée pour le client une incitation au remboursement. Cette incitation est d'autant plus importante au moment des premiers cycles de prêt, quand le client n'est pas encore familier avec la logique contractuelle du crédit solidaire. Ainsi, les premiers prêts sont en général d'un montant faible, permettant à l'IMF de tester ses clients, et augmentent de façon plus ou moins rapide au fur et à mesure des cycles de prêt ; Ø La durée des crédits est courte : Généralement inférieure à un an. Cette durée est souvent adaptée à des prêts de montants faibles, destinés à de très petites activités ; c'est aussi une condition pour que le principe précédent de renouvellement croissant des prêts soit réellement efficace ; Ø Les taux d'intérêt sont élevés : Fréquemment supérieurs à 3% par mois. Ils restent bien inférieurs à ceux des prêteurs informels. Ils permettent à l'institution de Microfinance de couvrir ses coûts ; Ø Les remboursements sont fréquents et suivis avec rigueur. Les remboursements ou paiements d'intérêts sont souvent hebdomadaires ou mensuels. Les montants d'échéance sont donc faibles en valeur absolue, et ainsi plus faciles à mobiliser pour les emprunteurs. Par ailleurs, l'institution peut réaliser un suivi très serré des remboursements ; l'expérience montre que la rapidité de réaction de l'IMF, en cas de retard de remboursement, est tout à fait fondamentale dans la résolution du problème ; La connaissance de l'emprunteur et de sa moralité compte plus que l'étude du dossier de prêt. Dans un environnement informel, les techniques « classiques » d'analyse des crédits, comme l'étude de l'utilisation du prêt ou l'analyse des flux monétaires de l'emprunteur, sont peu fiables car les informations sur le projet de l'emprunteur sont difficiles à vérifier. Elles sont également trop coûteuses à rassembler, en comparaison des faibles montants prêtés. La réputation, l'honnêteté et l'intégration du client dans sa communauté sont, en revanche, des informations essentielles ;l'usage du crédit est généralement assez libre. En général, il sert à financer une activité productive (fonds de roulement ou, plus rarement, investissement), mais dans beaucoup de cas le choix de l'usage du crédit est laissé à l'emprunteur ; Ø L'institution de Microfinance va vers ses clients (et non l'inverse). La Microfinance propose des services de proximité, marquant là aussi une vraie rupture avec les pratiques des banques. Les agents de crédit sillonnent les villages ou quartiers pour rencontrer les clients, les connaître, les suivre, parfois aussi pour débourser les crédits ou récupérer les échéances dues. Plusieurs éléments distinguent le crédit solidaire du crédit individuel. Le tableau ici repris donne une brève divergence. Tableau n°1.1. Points communs et divergents entre le crédit individuel et le crédit solidaire25(*)
* 21 G. VOUKENG, Analyse des causes des impayés dans le processus d'octroi de crédit dans les institutions de Microfinance au Cameroun : cas de la Bourse d'Épargne et de Crédit (BEC), HEC-École de gestion de l'ULG Diplôme : Master en sciences de gestion, 2015-2016, pp.09-10. * 22Définition tirée du glossaire du « Baromètre de la Microfinance 2010 ». * 23Les clients ou bénéficiaires de microcrédit sont des micro-entrepreneurs ou des petits commerçants qui n'ont pas accès au système bancaire classique. * 24 S. BOYÉ et al., Le guide de la Microfinance, microcrédit et épargne pour le développement, 2ème édition, Éditions d'Organisation Groupe EYROLLES, Paris, 2009, pp.55-65. * 25 S. BOYE, Op.Cit., pp72-63 |
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