Quand la violence impacte la relation soignant-soignépar Clara Kuntz iFMS Mulhouse - Diplôme d'Etat d'Infirmier 2019 |
1.5) L'impact de la violence sur la victimeEntre confronté à une situation de violence peut engendrer chez la victime un stress. Il s'agit d'une réaction physiologique que la psychologue clinicienne, Christiane Donati caractérise dans son livre le stress intelligent 47(*)comme fondamental à la vie. Elle définit ainsi le stress comme une réaction non « homogène sur la durée »48(*). Comme l'explique Docteur Luminet, professeur de psychologie à l'Université de Louvain en Belgique, le stress que ressent un individu dépend de sa manière de percevoir l'élément stresseur. Un élément devient source de stress uniquement s'il est considéré comme tel. Comme Docteur Luminet l'a évoqué il n'y a pas de « stresseur universel »49(*). Madame Donati, décrit le stress comme ce qui entraine des modifications dans le temps, qui se réalisent en trois étapes.
En effet, lorsqu'une personne est confrontée à un élément déclencheur de stress la première réaction est la phase d'alarme. La psychologue définit cela comme d'une réaction de forte intensité sur un court temps. Dans son ouvrage elle explique que le système neuro-végétatif donne le signal à l'organisme d'utiliser ses « ressources physiques »50(*) pour adapter le comportement de l'individu en mettant en place l'attaque ou la tentative de fuite par exemple. Dans son ouvrage la psychologue explique que durant la phase d'alarme les facultés d'attentions, de concentration sont mises « en tension ». De plus, les réactions émotionnelles comme « la colère », ou « l'inquiétude » par exemple peuvent alors être observées. L'auteure rajoute alors que lorsque ces réactions sont d'une intensité « modérée » les réponses comportementales sont alors souvent plus adaptées à la situation. C'est alors ce que Madame Donati décrit comme le stress positif. Au contraire, si l'intensité de la colère ou de l'inquiétude devient trop importante l'attitude comportementale de la personne devient « disproportionnée » et donc souvent « inefficace » car il s'agit d'une « réaction de panique ». C'est alors ce que la psychologue décrit dans son ouvrage comme le stress négatif. La deuxième réaction de stress est la phase « d'adaptation ». Il s'agit comme l'explique la psychologue d'un « travail d'ajustement » de l'organisme. Le système hormonal sécrète de la cortisol et des catécholamines (adrénaline, et noradrénalines). Comme l'indique Docteur Luminet51(*), ces hormones entrainent des modifications biologiques, comme la transformation des lipides en glucides au niveau hépatique, l'augmentation de la pression artérielle par exemple. Le but est de permettre à l'organisme d'avoir l'énergie de répondre au stress. Madame Donati, explique alors que dans les cas favorables la situation est surmontée. Cependant, parfois cela n'est pas le cas. Lorsque la situation de stress perdure, cela entraine alors la troisième phase du stress « l'épuisement »52(*). On remarque alors une baisse des capacités d'adaptation de l'organisme. Cela peut entrainer comme l'expose la psychologue dans son ouvrage, une augmentation de « l'irritabilité, des troubles de l'humeur, perte de la capacité de concentration, insomnies multiples »53(*). La répétition de situation de violence n'est pas sans conséquences sur la victime. Pierre Canouï psychiatre, et Aline Mauranges psychologue clinicienne évoque dans leur ouvrage Le burn-out à l'hôpital54(*) l'idée de l'épuisement professionnel chez les soignants. Ils définissent dans leur ouvrage le burn-out comme l'expression du « stress chronique au travail et le surmenage professionnelle pouvant parfois conduire à des dépressions ». Ils parlent alors d'un « épuisement émotionnel » dû à ce stress chronique. Le sentiment « de perte d'accomplissement de soi » accompagné de la dévalorisation de soi, de sa compétence professionnelle, d'une perte de confiance, d'une envie de changer de profession. Les deux auteurs rajoutent ensuite dans cet ouvrage, un concept important dans le burn-out du soignant celui de la « déshumanisation de la relation avec autrui ». En effet, cela est bien souvent la source d'une perte d'empathie et peut créer chez le soignant des comportements maltraitants et des réactions de violences. La personne victime d'épuisement professionnelle peut alors devenir distante envers ses collègues, ses proches, et avoir tendance à rechercher l'isolement. Nous comprenons alors bien que les conséquences ne se retrouvent pas seulement sur la vie professionnelle de la personne puisque l'impact est aussi présent dans sa vie privée. Docteur Canouï et madame Mauranges soulève dans leur ouvrage l'idée que les soignants n'écoutent pas assez les « signaux d'alarme du burn-out »55(*). Ils expliquent que les soignants sont « attentifs à autrui » mais qu'ils ont du mal à « s'écouter eux-mêmes ». Les professionnels confrontés alors au burn-out ne s'arrêtent parfois que lorsque physiquement et psychologiquement ils ne peuvent vraiment plus exercer. L'ouvrage évoque bien l'idée que reconnaitre que nous sommes victimes de burn-out est parfois vécu comme l'idée d'être quelqu'un de vulnérable. Il y a bien souvent une « connotation de faiblesse ». * 47 Donati, C. Le stress intelligent. Cahors. Demos. Février 2002. P 18-21. * 48 Ibid. * 49 Luminet, O. Psychologie des émotions. Nouvelle perspective pour la cognition, la personnalité et la santé. Bruxelles. De Boeck. Année 2013. P151. (317) * 50 Donati, C. Le stress intelligent. Cahors. Demos. Février 2002. P 18-21. * 51 Luminet, O. Psychologie des émotions. Nouvelles perspective pour la cognition, la personnalité et la santé. Bruxelles. De Boeck. Année 2013. P 151. * 52 Donati, C. Le stress intelligent. Cahors. Demos. Février 2002. P 18-21. * 53Ibib. * 54 Canouï, P et allii. Le burn-out à l'hôpital. Le syndrome d'épuisement professionnel des soignants. Paris. Elsevier Masson. 5è édition. Septembre 2015. Pages 28-30. * 55 Ibid. P 35 |
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