II) Situation d'appel
La situation que j'ai choisi de développer s'est
déroulée lors de mon stage de semestre 2 en service de
diabétologie-endocrinologie-nutrition.
Monsieur X, est un patient âgé de 90 ans qui est
hospitalisé pour un diabète de type 2
déséquilibré. Il n'a pas d'autre problème de
santé excepté une hypertension déjà traitée.
Ce jour, monsieur X, a subi une artériographie des
membres inférieurs. En revenant de son examen le patient a reçu
comme consignes médicales de ne pas se lever du lit pendant 24h. Les
barrières lui ont été mises en place sur prescription
médicale par l'infirmière qui l'a raccompagné dans sa
chambre à son retour d'examen. L'artériographie est un examen qui
peut engendrer un risque hémorragique. Il est nécessaire que le
patient garde son pansement compressif et ne se lève pas pendant les
vingt quatre heures qui suivent l'intervention.
Environ une heure plus tard, monsieur X voulait tout de
même se lever car il avait besoin d'aller aux toilettes et n'acceptait en
aucun cas la décision médicale qui lui a été
expliquée par l'infirmière.
Le patient, a donc décidé qu'il allait se lever
pour se rendre à la salle de bain. Son épouse, présente
dans sa chambre à ce moment-là lui a visiblement demandé
de se calmer et a essayé de le raisonner. Monsieur X, a demandé
à sa femme de lui baisser les barrières et de l'aider à se
lever. Cette dernière ayant répondu négativement à
ses demandes, le patient a essayé de passer au-dessus des
barrières du lit. Son épouse ne sachant pas quoi faire a
utilisé la sonnette pour alerter le personnel. Je me suis donc rendu
dans la chambre et ai trouvé monsieur X entrain d'essayer de passer au
dessus des barrières. Sachant qu'il n'avait pas le droit de se lever
à cause de l'artériographie qu'il venait d'avoir et voyant les
risques qu'il était entrain de prendre je me suis rendue auprès
de lui pour lui demander d'arrêter et de m'expliquer ce dont il avait
besoin. Il me répond qu'il doit aller aux toilettes et se met à
hurler que « c'est un scandale qu'on ne le laisse pas se lever comme
il veut ».
Il était très agressif et insultant lorsque je
lui ai dit que ce n'était pas pour l'énerver que le
médecin lui a demandé de ne pas se lever mais bien pour une
raison médicale due à son examen. Je lui ai expliqué que
j'allais lui apporter le bassin mais que je ne baisserai pas les
barrières car je n'ai pas le droit de le faire. Monsieur X, m'a
insulté en me criant qu'il ne voulait pas le bassin. Il était
verbalement très agressif et a même essayé de me lancer au
visage le téléphone présent sur la table de nuit. Le
téléphone étant un fixe il n'a pas réussi à
le prendre entièrement depuis son lit, mais le geste était bien
là. Cela m'a beaucoup questionné. Je ne savais vraiment pas
comment réagir à ses menaces et comment je devais faire pour que
le patient se calme.
J'ai essayé alors d'amorcer une discussion avec lui
pour lui permettre de se calmer et de lui faire comprendre l'importance de la
mesure. J'ai essayé de le raisonner en lui disant que s'il passait
par-dessus les barrières il allait tomber au sol, et risquait de se
fracturer quelque chose. Monsieur X, a donc lâché la
barrière et s'est assis dans le lit en m'ordonnant de le laisser
tranquille et de sortir de sa chambre. J'étais déconcertée
par son comportement et toute la violence dont il faisait preuve. Je me sentais
démunis et en colère face à son attitude.
C'est à ce moment-là, qu'une aide-soignante
est passée devant la chambre et que j'ai pu lui demander d'intervenir.
En effet je n'avais pas eu le temps de refermer la porte entièrement
lorsque je suis entrée dans la chambre, car ma priorité
était de faire en sorte que le patient descende immédiatement de
la barrière et se recouche dans son lit.
L'aide-soignante est donc intervenue, je lui ai rapidement
expliqué la situation et elle a essayé de négocier avec le
patient en lui disant qu'elle allait chercher l'infirmière pour qu'il
puisse s'il souhaite s'entretenir avec elle, tout en expliquant bien qu'en tant
qu'aide soignante elle ne pouvait pas aller à l'encontre de la
décision du médecin donc qu'il était inutile de nous
manquer de respect car ça ne changerait rien.
Malgré cela, monsieur X, devenait de plus en plus
insultant et s'est mis à crier des menaces à l'aide soignante.
L'infirmière qui a entendu le patient depuis le couloir est alors
entrée dans la chambre pour demander à ce patient de se calmer en
lui expliquant bien qu'il se trouve dans un hôpital, qu'il n'est pas le
seul patient pris en soins dans le service et donc qu'il ne peut pas se
permettre de déranger de cette façon tous les autres patients.
Elle lui a expliqué calmement que nous comprenions sa demande mais que
nous ne pouvions pas y répondre favorablement de suite car il s'agissait
une décision médicale. Son épouse est alors intervenue
pour essayer de le raisonner, mais en vain. L'aide-soignante est alors
allée chercher le médecin qui a prescrit la mise en place des
barrières. Je suis restée dans la chambre avec
l'infirmière et nous avons tant bien que mal essayé de
négocier quelques minutes avec le patient pour qu'il reste
allongé le temps que le médecin arrive, tout en essayant de lui
faire comprendre que cette mesure est mise en place uniquement dans son
intérêt. J'ai eu le sentiment de ne pas arriver à
échanger avec la personne. Je sentais que quoi que je dise ça
n'allait pas arranger les choses. L'infirmière elle-même avait des
difficultés à se faire écouter par le patient. Quand elle
essayait de donner des informations, monsieur X lui coupait la parole et
haussait le ton. Je voyais qu'elle prenait sur elle pour rester professionnelle
et essayer de maintenir une communication avec le patient pour pouvoir
désamorcer la situation.
Lorsque le médecin est entré dans la chambre,
il lui a expliqué les raisons de la mesure et lui a demandé de se
calmer. Le patient s'est montré toujours très agressif, et
menaçant. Le médecin lui a signifié qu'il le laisserait se
lever à condition qu'il arrête d'être violent envers le
personnel et qu'une discussion soit possible. Monsieur X, s'est
légèrement calmé. Le médecin lui a alors
baissé une barrière et à demandé à
l'aide-soignante de l'aider à s'assoir aux bords du lit dans un premier
temps et de l'accompagner ensuite aux toilettes si le patient s'en sentait
capable. Le médecin a quitté la chambre. Monsieur X, s'est assis
aux bords du lit pendant quelques instants car il disait avoir « la
tête qui tourne ».
Au bout quelques minutes, il s'est levé
accompagné de l'aide soignante et s'est rendu aux toilettes. Il
était un peu moins agressif dans son comportement même s'il
restait tout de même désagréable. J'ai fini par quitter la
chambre et l'aide soignante est restée pour attendre le patient.
Un peu plus tard, j'ai pu parler de ce qu'il venait de se
passer avec l'infirmière et l'aide soignante. J'ai expliqué que
cette situation m'a questionné, que je ne savais tout simplement pas
quoi faire vis-à-vis de son comportement que sur le moment j'ai
trouvé injuste. J'ai exprimé le fait que j'appréhendais de
retourner dans sa chambre. Je me sentais impuissante et j'ai eu l'impression
que cette situation venait de mettre « un froid » dans la
relation avec ce patient. J'ai ressenti de la colère car je trouvais
cela injuste et inadmissible que le patient se comporte de cette manière
avec l'équipe comme avec moi.
L'infirmière m'a répondu que nous avons le
droit d'être agacé ou énervé de la situation mais
qu'il fallait essayer de prendre le maximum de recul et surtout ne pas croire
que le patient s'adresse à nous de manière personnelle. Elle m'a
expliqué que pour elle la situation était aussi compliquée
et que « ce n'est pas facile en tant que soignant d'être
face à des patients qui réagissent comme cela ».
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