La situation de la femme marocaine en général et le travail de terrain des associations féminines dans la région du nord du Marocpar Fadma Ouaiaou ULB / BRUXELLES - Master 2011 |
IV.3. MOUVEMENT FEMINISTE ET LES TABOUS RESISTANTSIV.3.1. Loi sur l'héritage maintenue par la religion et la parenté patriarcale La région du Nord du Maroc fait partie de la région Méditerranée ou encore appelée selon la 142 Aujourd'hui le Maroc 13 octobre 2008 143 ALAMI M'CHICHI, H. (2010), P 85. 144 Une association féminine qui fait partie de notre échantillon. 145 Entretien avec Mme Soudia Touati présidente de la section LDDF à Larache réalisé en décembre 2010. 47 géographie-politique, MOAN (Moyen Orient et Afrique du Nord). Cette région est historiquement connue pour l'organisation de la filiation selon la famille patrilinéaire; ce qui explique la nature patriarcale des sociétés arabes et musulmanes qui suivent toutes, ce lignage. Cette filiation impose aux femmes, une domination masculine de la part du groupe de lignage en plus de la domination masculine au sein de la famille. Aussi, pour renforcer la place et la légitimité du lignage, les femmes étaient exclues de l'héritage. Ce processus ne sera pas totalement aboli par l'Islam car celui-ci préserve toujours la base des relations de parenté146. Avant la naissance de l'Islam, dans le nord du Maroc comme dans toute l'Afrique du Nord d'ailleurs, la femme n'avait pas droit à l'héritage. Cependant, avec l'Islam, la femme a acquis ce droit mais elle n'a que la moitié de l'homme héritier. En effet, dans le Coran147, la succession et le partage de l'héritage montre que la femme reçoit toujours une part deux fois inferieure à celle de l'homme148. Force est de constater, l'importance d'approcher les différents points de vue des trois composantes du féminisme marocain sur la loi sur l'héritage qui n'a pas été reformée dans le Code de la famille de 2004. Selon le code de la famille149, le principe de la tradition patriarcale est maintenu. En effet, comme précisé ci-dessus, la part de l'héritier est le double de celle de l'héritière. Cependant, contre toute attente, l'inégalité de cette loi a engendré très peu de contestations ou de revendications de la part des féministes Seule la Ligue Démocratique des Droits de la Femme a remis la légitimité de cette loi en question à l'époque. Plus récemment, en mai 2008, ADFM a pris l'initiative de discuter la réforme de la loi mais sans sortir du cadre islamique150. C'est un combat qui tient très à coeur à la présidente de la section de LDDF à Larache, Soudia Touati qui a déclaré: « la ligue maintient encore et toujours sa détermination de pousser en avant le processus de l'égalité à part entière entre les femmes et les hommes, en se basant sur les conventions internationales ». Toutefois, il ne faut pas négliger le fait que le changement de cette loi ne serait pas perçu comme un changement favorable par toute la population. Il importe donc, d'approcher les arguments présentés par les défenseurs de la loi sur l'héritage et ceux, présentés par les revendicateurs de la réforme de cette loi. 146 MAYA CHARRAD, M. (2007), Citoyenneté inégale. Enjeux de justice de genre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, publié sur le site : http://network.idrc.ca/fr/ev-111820-201 consulté le 15 mai 2011. 147 TALBI, M. (1997), « Lecture historique des versets 34 et 35 de la sourate du Coran Intitulée « les femmes » », PRROLOGUES, 9(5-7) : 89-106. 148 MINCES, J. (1980), 98. 149 Code de la famille, 2004, Articles : de 315 jusqu'à l'article 320. 150EDDOUADA, S & PEPECILLI, R (2010), «Maroc: vers un «féminisme islamique d'Etat» », Critiques internationales, 46 : 67-100. 48 |
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