93
Conclusion
Le football européen a évolué au rythme
des transformations qui ont affecté la société
occidentale, devenue majoritairement libérale et capitaliste. Le
processus de financiarisation qui s'est démocratisé a
influé sur le fonctionnement même des clubs de football, au
même titre que les évolutions juridiques qui ont
généralement profité aux clubs les plus puissants. De
cette financiarisation, les points à retenir sont la diversification des
sources de financement des clubs qui est apparue au courant des années
1990 et l'influence grandissante des financeurs du football européen qui
ont désormais des motivations diverses. Toutefois, il est
indéniable de constater l'inopérante régulation du secteur
footballistique au niveau européen, qui a favorisé la
concentration des revenus et des forces sportives au sein d'un cartel de clubs.
Ce manque de contrainte budgétaire historique a fragilisé
l'équilibre compétitif des compétitions nationales et
supranationales. Tout compte fait, on observe un effet de mimétisme du
football sur la société civile. Le football n'est que le miroir
grossissant de ce que nous observons depuis le tournant financier pris par nos
sociétés occidentales : financiarisation de l'industrie, hausse
des inégalités et concentration des richesses chez les
très puissants. L'évolution de l'influence croissante des grands
clubs dans les décisions institutionnelles sera décisive pour
comprendre le futur visage du football européen. Pour l'heure, la
convergence d'intérêts entre les financeurs (groupes audiovisuels
et sponsors) et les grands clubs amène à penser que l'importance
de ces derniers ne va cesser de croitre, amenuisant une incertitude du
résultat déjà très affectée.
La financiarisation de l'industrie footballistique entraine
mécaniquement des fluctuations : le bien-fondé même d'un
club étant la maximisation de ses résultats, son activité
mène à un surendettement. Le système de ligue ouverte
présent en Europe couplé à la capacité de
négociation des joueurs poussent les clubs à des charges
élevées. Les grands clubs ne sont pas réellement
inquiétés par ces dépenses, à la différence
des clubs intermédiaires et inférieurs. Ces premiers sont
soutenus par d'importants financeurs et bénéficient de droits TV
(notamment grâce à la très lucrative LDC) très
élevés. L'absence de réglementation limitant cet
écart croissant de revenus fragilise l'équilibre
économique du football européen au profit de clubs ultra
puissants, accroissant le risque d'une crise financière du secteur.
Les nouvelles exigences de l'industrie footballistique
européenne obligent les clubs à s'adapter pour pouvoir être
compétitif. L'OL, fort de ses succès au début des
années 2000, a su saisir le
94
virage capitalistique du secteur en parvenant à
modifier son business model pour en tirer profit. Ainsi, la construction d'un
nouveau stade 100% privé a fait changer de dimension le club rhodanien.
Le nouveau modèle économique du club, au prix d'investissements
importants, lui permet de se fixer comme objectif de devenir l'un des vingt
clubs qui génèrent le plus de revenus d'ici cinq ans.
La volonté de l'OL d'axer son offre sur un concept de
« full entertainment » est le coeur de sa nouvelle politique. Cette
dernière s'inscrit dans une conception plus globale du groupe ; l'OL
n'est plus un simple club de football mais une véritable industrie du
divertissement. Au-delà de la progression quasi instantanée des
revenus, cela permet au club de déconnecter ses revenus de ses
résultats sportifs et d'en sécuriser une partie. Les nombreuses
concessions accordées aux entreprises permettent au club d'attirer une
clientèle B2B friande de nouveaux concepts. La modernisation de l'offre
du club en fait un véritable précurseur en la matière.
Elle lui permet de fidéliser de nombreux spectateurs tout en en attirant
de nouvelles catégories.
La direction a bien saisi les nouveaux enjeux relatifs
à la gestion d'un club de football d'envergure européenne et
apparait comme un acteur important de son secteur.
95
|